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18 décembre 2006 1 18 /12 /décembre /2006 20:02
Chez certains équipages du rallye, la traversée vers Salvador de Bahia est une affaire d'importance et monopolise les esprits depuis de longues semaines déjà, allant jusqu'à les empêcher de profiter des moments présents vécus sur le Saloum ou même à Dakar ou au Cap -Vert. Ce n'est pas notre cas !
Sur Ramatoa cette transatlantique vers le Brésil n'est pas prise à la légère, car c'est une grande première pour nous trois avec le passage de l'équateur, mais elle ne représente qu'un peu plus de deux fois la traversée entre Tenerife aux Canaries et Mindelo aux Cap-Vert. La difficulté, si difficulté il y a..., réside plus dans la logistique et l'avitaillement que dans les conditions de navigation que nous devrions rencontrer. Bernard nous a rejoint à Dakar et nous sommes trois pour traverser. Voici un bref résumé de notre transat jour après jour.... que du bonheur !
Vendredi 1° décembre 2006 : Départ à 10 heures après avoir dégonflé et rangé l'annexe. Tour d'honneur dans le mouillage sous les encouragements des bateaux du rallye. Dans le 1° groupe (des petits) nous sommes six bateaux mais seuls quatre partiront aujourd'hui. Le vent est faible et irrégulier, nous progressons au moteur pendant quelques heures pour faire de l'eau douce et remplir les 430 litres du réservoir. A une quinzaine de milles de la côte nous prenons un bout et un filet dans l'hélice, le moteur ne cale pas mais nous perdons deux noeuds de vitesse. Il nous faut attendre que la mer se calme un peu pour descendre sous la coque en plongée pour dégager l'hélice. Les alizés s'installent progressivement au Nord Est.
Samedi 2 décembre 2006 : 118 milles nautiques parcourus dans la 1° journée. Le vent souffle régulièrement maintenant entre 20 et 25 noeuds de Nord Est. Nous avançons au vent arrière, voiles en ciseaux, grand voile haute et génois un peu roulé et tangonné. Ramatoa est étonnamment stable sous cette allure et il est parfaitement contrôlé par le pilote automatique malgré une houle qui se creuse et une mer agitée. Prise d'un beau thon rouge de 8 à 10 kg après une belle bagarre d'une vingtaine de minutes. Je suis content d'avoir changé les 300 mètres de nylon du moulinet par un nylon plus épais de façon à éviter les casses intempestives connues avec des dorades coryphènes perdues le long du bord du bateau.

Dimanche 3 décembre 2006 : 140 milles nautiques parcourus dans la 2° journée. Les conditions de vent et de mer sont inchangées. Les nuits sont claires avec une  pleine lune et une température très douce. Le rythme des quarts est maintenant pris.
Lundi 4 décembre 2006 : 135 milles nautiques parcourus dans la 3° journée. Nous changeons l'heure légale du bord pour passer à TU-1 (Une heure en moins tous les six à huit degrés de longitude gagnés vers l'ouest). Vent et mer inchangés dans la journée, mais la nuit venu le vent tombe sérieusement et la houle qui persiste nous contraignent à faire route au moteur un partie de la nuit.
Mardi 5 décembre 2006 : 112 milles nautiques parcourus dans la 4° journée. Le vent est de retour au petit matin et nous reprenons notre cavalcade au vent arrière voiles en ciseaux. Coté pêche : deux touches et un leurre de perdu en fin d'après-midi. Le temps se couvre un peu au coucher du soleil, signe que nous approchons doucement du pot au noir. Avec un peu plus de 500 milles nautiques depuis Dakar, nous avons effectué le premier quart de la traversée. A la vacation BLU de 21H00 UTC nous apprenons que nos amis Hubert & Charlotte du catamaran Natibou sont obligés de se dérouter vers Mindelo au Cap-Vert à cause d'une panne persistante et récurrente sur le système hydraulique de l'appareil à gouverner... les deux safrans ne restent plus parallèles. Nous espérons qu'ils pourront réparer et nous rejoindre au mois de janvier à Salvador de Bahia.
Mercredi 6 décembre 2006 : 132 milles nautiques parcourus dans la 5° journée. Ce matin temps gris et mer grise... quel changement ! Cette nuit le vent est resté soutenu, la moyenne oscille entre six et sept noeuds. Ramatoa est très sale, il est recouvert d'une épaisse couche de poussière rouge, les cordages sont raides, nous avons les mains sales dès que nous manoeuvrons. Les premières averses du pot au noir sont attendues avec impatience pour délayer ou nettoyer tout cela ! En début d'après-midi, nous infléchissons notre route vers le sud pour essayer de traverser au plus court le pot au noir. Après plus de cinq jours au vent arrière voiles en ciseaux, nous gouttons au plaisir du vent de travers et nous filons toujours près de six à sept noeuds.
Jeudi 7 décembre 2006 : 134 milles parcourus dans la 6° journée. Nuit calme dans un vent d'est mollissant. Le ciel est couvert, les éclairs de chaleur sont nombreux mais nous passons à coté des grains. Premier grain sérieux ce matin, le vent est monté à 30 noeuds... la crasse est maintenant délayée ! A midi le vent tombe et le moteur est mis en route jusqu'à 22 heures où le vent revient et oh surprise du sud est à 15 noeuds ! Nous n'osons pas croire que les alizés de sud est s'installent déjà alors que nous sommes encore par 3° 45'N.
Vendredi 8 décembre 2006 : 113 milles parcourus dans la 7° journée. Première semaine de navigation écoulée et le pot au noir semble être derrière nous... quelle chance nous l'aurons passé avec seulement une dizaine d'heures de moteur. Mais faute de pluies violentes et abondantes le bateau est à moitié lavé... toute la crasse et la poussière délayées ont coulé sur le coté tribord... on ne peut pas tout avoir... du bon vent et un bateau propre et rincé ! Au coucher du soleil nous prenons notre 2° thon de la traversée, mais il est plus modeste et parfait pour trois personnes... deux repas quand même !
Samedi 9 décembre 2006 : 100 milles parcourus dans la 8° journée. Dans la nuit le vent s'évanouit et nous remettons le moteur, la nuit est calme, la mer belle est parcourue de la longue ondulation de la houle océanique. En début de matinée, le vent de sud - sud est remonte à 10-12 noeuds et nous glissons de nouveau à la voile pour quelques heures car le vent retombe dans l'après-midi. De plus les fichiers météo reçus ce matin ne sont pas optimistes et n'annoncent pas le retour d'alizés soutenus avant 200 à 300 milles... encore un peu de patience ! Ramatoa vient d'enregistrer son 5000° mille nautique parcouru depuis sa mise à l'eau.... ce n'est pas moi qui le dit mais le GPS !
Dimanche 10 décembre 2006 : 108 milles parcourus dans la 9° journée. Nous changeons de nouveau l'heure légale du bord pour passer à TU-2. En milieu de nuit le vent est revenu du  sud ? sud est, nous retrouvons le silence du vent dans les voiles.... et il ne nous quitte pas jusqu'au « passage de la ligne ». Dominique, en direct sur la « Fréquence Femmes » a fait basculer Ramatoa dans l'hémisphère sud à 16H41 UTC ! Comme un bonheur n'arrive jamais seul... la distance restant à parcourir est maintenant inférieure à 1000 milles. Ce soir, dîner de fête pour célébrer dignement la passage de la ligne. Au menu : confit de canard, pommes sautées sarladaises et champagne !
Lundi 11 décembre 2006 : 122 milles parcourus dans la 10° journée. Depuis deux heures du matin l'alizé souffle frais à 18-20 noeuds et Ramatoa cavale entre 6,5 et 7,3 noeuds entre les grains de pluie. Aujourd'hui le temps est lourd et partiellement couvert... mais la moyenne quotidienne, faiblarde depuis trois jours, devrait sérieusement remonter si le vent se maintient. Tous les soirs nous complétons notre plein d'eau douce par une heure ou une heure et demi de désalinisateur. Nous croisons quelques cargos qui sont sur la route qui relie l'Amérique du sud à l'Europe.
Mardi 12 décembre 2006 : 152 milles parcourus dans la 11° journée (moyenne : 6,33 nds). L'alizé est maintenant bien installé à 20 noeuds, la mer est un peu agitée, le temps chaud avec quelques averses de pluie. Nous avons avec Bernard passé notre matinée à rechercher une fuite d'eau de mer que nous retrouvions en quantité dans les fonds depuis deux ou trois jours que nous marchons fort avec une gîte sur tribord. Après avoir tout déviré sur le coté tribord, inspecté les fonds de placard, démonté des cloisons, nous avons finalement découvert que l'échappement du groupe électrogène n'était pas étanche (n'avait été probablement jamais étanche) et que de l'eau de mer rentrait dès qu'il était sous l'eau à la gite. Le passe coque a été resserré, la fuite est réduite à quelques litres par 24 heures, mais son étanchéité devra être refaite ultérieurement une fois le bateau au sec. Coté pêche, plusieurs touches qui se sont décrochées... mais rien dans l'assiette... nous attaquons les conserves !

Mercredi 13 décembre 2006 : 162 milles parcourus dans la 12° journée (moyenne : 6,75 nds). Cela constitue le record de Ramatoa sur 24 heures. La nuit a été assez ventée avec 25 noeuds en moyenne et des rafales à 30. Ramatoa est secoué, le pont régulièrement rinçé par les vagues qui s'invitent à bord, la vie à bord est plus difficile, mais la foulée s'allonge à 7,5 noeuds et des pointes à 8 quand la vague pousse la coque. Nous avons croisé plusieurs cargos dont un avec qui  nous avons conversé à la VHF, il remontait d'Argentine vers l'Espagne. Mais ce matin l'alizé est plus raisonnable et la vitesse redescend à 6,5 nds. L'hydrogénérateur que nous remorquons pour produire de l'électricité nous fait perdre 0,3 à 0,5 noeuds de vitesse (ce qui représente tout de même une bonne dizaine de milles perdus par 24 heures) mais par contre cette production d'énergie ajoutée à celle de l'éolienne, nous permet depuis 48 heures par vent de travers soutenu d'être auto suffisant en électricité et de compenser les consommations du pilote, du frigo, des feux de navigation, et par intermittence du PC et de la BLU. Ce n'est pas si mal et des heures de groupe électrogène en moins ! 
Jeudi 14 décembre 2006 : 151 milles parcourus dans la 13° journée. Nuit calme avec un vent assez régulier, mais ce matin après avoir traversé une ligne de grains nous nous retrouvons sans vent pendant une à deux heures ! Le vent de sud est se rétablit et le soleil revient dans la matinée. Soir et matin il y a les vacations radio BLU pendant lesquelles les bateaux donnent : position, distance restante et conditions de vent. Les informations de la vacation du matin sont ensuite reportées sur le site internet des Îles du Soleil. La BLU est un outil de communication convivial qui permet de bavarder avec les autres bateaux... les femmes sont bavardes... mais les hommes ne le sont pas moins !
Vendredi 15 décembre 2006 : 148 milles parcourus dans la 14° journée. Nous bouclons ce matin la deuxième semaine de navigation. Nous longeons les côtes nord est du Brésil à une quarantaine de milles au large. Nous ne voyons pas la terre mais nous la devinons et la nuit dernière nous avons vu la lueur de la ville de Recife à plus de cinquante milles. Nous portons le spinnaker depuis 8 heures ce matin mais le vent est mollissant depuis la fin de la sieste. L'avitaillement a été réalisé de mains de maître par Dominique à Dakar avec l'aide de Ludivine. Nous mangerons, jusqu'à la fin, tous les jours des légumes ou des fruits frais, nous n'avons perdu qu'une douzaine d'oeufs. Les conserves réalisées à Châtelaillon s'avèrent excellentes. La pêche est plus aléatoire car le compteur est toujours bloqué à deux prises (thons rouges) depuis le départ du Sénégal.... mais il nous reste encore  48 heures pour revenir au score !
Samedi 16 décembre 2006 : 137 milles parcourus dans la 15° journée. Les bateaux les plus rapides approchent ou arrivent à Salvador. Météore, un catamaran Outremer de 60 pieds, est au ponton depuis hier soir. Pour nous la nuit a été pénible avec une succession de vent faible puis de grains de pluie. Au petit matin le vent s'établit plus régulièrement et nous marchons d'abord sous spi puis voiles en ciseaux avec le génois tangonné sous un vent de Est de 18 ? 20 noeuds. A bord les pronostics d'arrivée à Salvador de Bahia vont bon train.... pour la messe du dimanche matin... cela va être un peu court... mais pour les vêpres... pas de problème nous devrions y être si Eole ne nous joue pas un mauvais tour. Tous les soirs, depuis que nous sommes près des côtes, des dauphins viennent jouer devant l'étrave de Ramatoa.... nous ne nous lassons pas du spectacle !
Dimanche 17 décembre 2006 : 152 milles parcourus dans la 16° journée. Eole nous a abandonné en fin de nuit et nous avançons au moteur. Au lever du jour nous longeons la côte au nord de Salvador et profitons pleinement de l'arrivée sur la baie de tous les saints et sur la ville de Salvador de Bahia. Accueil ENORME de la part des équipages qui nous ont précédé de quelques heures voire d'une journée pour les plus véloces. Accueil brésilien ENORME de la part de Philippe et Nicolas du comité d'organisation et du centre nautique bahianais [CENAB] avec Caïpirinha, Bahainaise en costume traditionnel et plateau de fruits frais. Le ponton est noir de monde et nous sommes un peu saoulés de bruit et de monde, par tout ce tumulte après 16 jours de calme en mer ! Ramatoa se trouve amarré par des dizaines de mains amis. Voilà la transatlantique est terminée, elle ne nous a pas déçus et la réalité est au dessus du rêve... que du bonheur !

Bilan de la traversée en chiffres :
Distance parcourue : 2133 Nm.
Durée du parcours : 16 jours et 3H30.
Moyenne traversée : 5,50 nds.
Meilleure journée : 162 Mn le 13 décembre 2006.
Plus mauvaise journée : 100 Mn le 9 décembre 2006.
Nombre de bateaux arrivé avant Ramatoa : 12.
Nombre de bateaux arrivés après Ramatoa : 10.
Place de Ramatoa dans le groupe 1 : 3° sur 7 bateaux du groupe 1.
Nombre d'heures moteur : 80 heures.
Nombre d'heures groupe électrogène : 32 heures.
Quantité de gasoil consommé : 280 litres.
Quantité d'eau douce produite : 1480 litres.

De très nombreuses photos de notre transatlantique sont sur l'album de l'étape 04 Transat.

Benoît & Dominique sur Ramatoa, rédigé en cours de traversée et posté à Salvador Brésil le 18/12/2006.
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commentaires

M
Bravo pour cette traversée ! C'était vraiment sympa de lire vos aventures quotidiennes et de nous faire partager votre vie à bord...<br /> Bon Noël à terre ou en mer ?
J
Bonjour les amis,<br /> Moi qui vous envoie toujours un mail je viens de découvrir "ajouter un commentaire" !  j\\\'apprends tous les jours..................<br /> FELICITATIONS pour votre superbe voyage que nous suivons, ainsi que pour cette belle traversée. <br /> Notre fils est installé dans l\\\'Etat de Bahia, il tient une boutique d\\\'artisanat avec sa femme Lia et leur petit Noam de 6 mois à côté de Porto Séguro dans le sud, ARRAIL d\\\'AJUDA  leur logo c  GENTE DE MUNDO et la boutique et au 1er étage dans une rue animée !<br /> Sait-on jamais...........<br /> Bon Noël sur les côtes brésiliennes, bon vent et bonne continuation.  <br /> Amicalement  Josyane et Vincent TUCCI
G
Félicitations.<br /> Et pendant ce temps là, je survole le Mont Blanc enneigé en avion d'aéro-club...<br />  <br /> Michel Gay

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