Deux indissociables questions, préalable indispensable, à tous les voyages à la voile !
Tout d'abord... quel projet ?
Pour notre part, nous avons d'abord résolu la question du programme de navigation avant de déterminer le type voilier souhaité. Le programme, il est résolument tropical, Atlantique, Indien voire Pacifique. Les destinations moins exotiques ne sont pas privilégiées mais ne sont pas exclues (Écosse par exemple). Par contre les latitudes extrêmes sont exclues.
Les voyages se feront à deux en couple avec ou sans le renforcement d'un ou deux équipiers pour certaines étapes. Lors de vacances, l'effectif du bord doit pouvoir grimper à six personnes, sans le dépasser pour des navigations côtières courtes.
Notre précédent voilier, un Zoufri de 9 mètres nous avait démontré que cette taille était notoirement insuffisante pour vivre à bord sur de longues périodes avec le confort requis par des quinquagénaires. Nous devons pouvoir vivre à bord sur des périodes de plusieurs mois, voire une année sans éprouver un impérieux besoin de rentrer au coin du feu en Charente maritime !
Plus récemment la location d'un Océanis de 40 pieds aux îles Seychelles nous avait permis de vérifier que cette taille de voilier se manoeuvrait très bien en couple dès lors que son équipement est adapté.
Ensuite... quel bateau ?
Quand le programme est mieux défini, les questions qui se posent alors pour le choix de la monture sont souvent conditionnées par le budget global du projet que l'on est prêt à y consacrer. Partant de ce principe on pourrait penser que tout est affaire d'argent et de budget, c'est partiellement vrai car d'autres questions se posent quand même. Nous allons vous donner en quelques lignes les arguments qui ont conduit à notre choix.
Un monocoque ou un catamaran ?
Le choix entre monocoque ou catamaran de croisière a été vite réglé à la vue des prix pratiqués par les principaux chantiers. Je concède aisément qu'un catamaran offre un confort inégalable et cela est bien tentant. Mais par contre, mon expérience en catamaran est très réduite et je ne suis pas certain que le confort à la mer soit un point fort du multicoque. La gîte disparaît, le roulis au mouillage également mais les catamarans de croisière tanguent fortement dans une mer formée ou dans un clapot marqué, nombreux sont les équipages de catamaran surpris de ce relatif inconfort à la mer. Enfin esthétiquement parlant, je reste classique et ne suis pas convaincu par l'offre des chantiers français pour un catamaran de 11 ou 12 mètres, mais enfin du goût et des couleurs ... vous connaissez la chanson !
Quelle taille ?
Elle s'est imposé d'elle même : une douzaine de mètres. Bon compromis à nos yeux pour un confort raisonnable, pour une facilité de manoeuvre à deux, pour des performances correctes avec une longueur à la flottaison de dix mètres au moins. Enfin nous pensons qu'il vaut mieux rogner un peu sur la longueur hors tout et posséder un meilleur niveau d'équipement plutôt que l'inverse.
Quel matériau ?
A mon sens tous les matériaux modernes conviennent : polyester, acier, aluminium, CP époxy, bois moulé, strip planking. Je ne vois guère que le bois classique et le ferrociment qu'il faut écarter. Le choix relève souvent de convictions personnelles ! Pour ma part j'avais été convaincu de l'aluminium sur mon premier bateau, mais j'étais également très attiré par de belles construction en strip planking ou en CP époxy. L'acier, pour des questions d'entretien, et le polyester, pour des difficultés de réparation, ne m'attiraient pas. Donc assez rapidement, je ne me suis tourné vers des coques à bouchains en CP époxy ou en aluminium. Par ailleurs les avantages annoncés de l'aluminium épais ne m'ont jamais paru évidents.
Voilier de série ou non, occasion ou neuf ?
Occasion, pourquoi pas ! D'excellents voiliers bien équipés pour de grandes croisières hauturières sont disponibles sur le marché de l'occasion. Mais l'opération n'est pas si simple (expertise de qualité et fiable ?) car il faut connaître l'état réel du bateau pour le payer à son juste prix. Enfin l'examen du marché montre que les bonnes occasions (bateau en état et correctement équipé) sont très rares ou alors à des tarifs proches du neuf, en particulier pour les bateaux en aluminium récents qui font apparaître une surcote importante.
La question du bateau de série est plus complexe, car pourquoi ne pas choisir un voilier de série si les critères de qualité de construction et d'équipement sont remplis dans votre propre grille d'évaluation. En réalité ils le sont souvent pour des chantiers haut de gamme (Wauquiez, Amel, Nauticat etc..) et plus rarement pour des chantiers de grande série (Jeanneau, Bénéteau, Bavaria etc...). La construction à l'unité pour notre programme me semble tout à fait superflue et coûteuse. Par contre opter pour un chantier où chaque unité de la série (petite série généralement) peut être personnalisée me paraît raisonnable. Enfin il est clair que là aussi sur ces points – neuf ou occasion, unité ou série – le budget est un facteur déterminant.
Quel type d'appendice, quillard, dériveur ou biquille ?
Le débat philosophique est souvent âpre sur ce sujet ! Pour ma part je ne suis pas sectaire et pense qu'un tirant d'eau fixe s'il reste inférieur à 1,80 mètre n'est pas une contrainte insurmontable. Après c'est une question de goût... notre expérience du Zoufri (dériveur intégral aluminium en forme) a été prépondérante dans le choix final, même si les biquilles modernes nous ont très favorablement impressionnés par leurs performances à la voile.
Quel niveau d'équipements, minimaliste ou pléthorique ?
Nous ne concevons pas de voyager sans un confort minimum, mais il ne faut pas devenir esclave de la technique embarquée. Le choix de solutions éprouvées en matière d'équipements a guidé ma démarche, établie en étroite collaboration avec le chantier.
Une bonne maturation du projet, une confrontation des idées et du temps sont nécessaires pour apporter selon ses propres critères les bonnes (on l'espère) réponses aux questions que nous venons d'évoquer rapidement.
Et alors... in fine... quel est notre choix ?
Pour nous le choix s'est assez vite réduit autour de deux nouvelles unités de construction récentes dans deux types différents mais qui apportent toutes les deux des compromis intéressants. Il s'agissait du RM 1200 construit par Fora Marine à La Rochelle et de l'Ovni 395 de chez Alubat aux Sables d'Olonne. Ces deux voiliers avaient à mes yeux de nombreux avantages et répondaient assez bien au cahier des charges que je m'étais fixé. Tous les deux rentraient dans les limites de l'épure.
Au final, notre première expérience réussie d'un dériveur intégral en aluminium, a fait pencher la balance en faveur de l'Ovni 395.
Le choix fait, il fallait passer au concret.... c'est ce que nous avons fait en passant commande auprès du chantier Alubat à la mi février 2005 pour une livraison annoncée à la mi mars 2006. C'est à dire que je disposais d'une dizaine de mois pour peaufiner le projet en matière d'équipements en particulier.