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6 mai 2008 2 06 /05 /mai /2008 20:23
Aujourd'hui, dimanche 4 Mai au mouillage de Petit Saint Vincent, je débute la rédaction de cet article consacré aux Grenadines dans lesquelles nous musardons depuis trois bonnes semaines. Après l'épisode crachin breton du jour anniversaire de Ramatoa, nous avons retrouvé le beau temps sans pluie, des vents plus raisonnables et des températures très agréables.


Le lundi 14 avril, nous quittons Roadney bay pour rejoindre l'anse des deux pitons, toujours sur l'île de Sainte Lucie. Les deux pitons, deux mornes granitiques qui plongent abruptement dans la mer du haut de leurs 750-800 mètres sont l'emblème du pavillon national de cette république. Sainte Lucie, comme la Dominique a conservé l'empreinte de la présence française. Longtemps convoitée par les Anglais et les Français, Sainte Lucie devient définitivement britannique en 1814 et devient indépendante en 1979. L'agriculture reste la première ressource économique de l'île avec la noix de coco, le cacao, les agrumes et la banane. Le tourisme est en plein essor avec un aéroport international, une infrastructure hôtelière variée et de qualité et le port de Castries capable d'accueillir trois à cinq paquebots simultanément. Cependant le pouvoir d'achat des habitants reste inférieur à celui de l'île voisine, la Martinique.


Le mouillage des deux pitons, très pittoresque, est cependant assez inconfortable : les fonds sont abyssaux, les bouées douteuses par 30 à 50 mètres de fond à moins de 30 mètres de la plage de sable noir, de plus des rafales tombent de la montagne avec une force incroyable. Le paysage est cependant sublime avec un hôtel de luxe qui s'est installé dans la cocoteraie au fond du vallon.


Mardi 15 avril, nous rejoignons Cumberland Bay sur l'île de Saint Vincent. La trentaine de milles nautiques est avalée à bonne allure sous un alizé de travers qui souffle à 25 nœuds, mais la mer reste peu agitée dans le canal. L'histoire de Saint Vincent est très proche de celle de sa voisine, Sainte Lucie. Le 6 mai 1902, le volcan de la Soufrière dans le nord de l'île, entra en éruption et fit plus de 2000 morts... catastrophe vite oubliée car deux jours plus tard la Montagne Pelée carbonisait 30 000 habitants de Saint Pierre en Martinique. L'agriculture reste le secteur économique prédominant (sol volcanique très riche). Le tourisme reste encore peu développé à St Vincent, contrairement à ses dépendances des Grenadines. De plus une certaine insécurité (liée à la production et au trafic de drogue) dans plusieurs mouillages contraignent les voiliers de passage à ne fréquenter qu'une ou deux escales : Cumberland bay est actuellement la plus usitée.


Nous avions déjà apprécié cette baie lors de notre premier passage en montant vers la Martinique, malgré une surpopulation chronique (30 bateaux sur deux épaisseurs !). Cette fois-ci le flux incessant des voiliers de location en provenance de Martinique et à destination des Grenadines est presque tari... nous ne sommes que quelques voiliers (5 à 8) au mouillage dans cette micro baie au dessin quasi parfait. Nous y restons trois jours : snorkeling, nage avec les poissons, ballades à pied sont au programme. Le « Black Baron », le restaurant Pirate de Bruno & Line (français installés depuis trois ans) accueille tous les voiliers de passage dans un décor tout à fait extraordinaire. Il est vrai que le film « Pirate des Caraïbes » a été tourné en décor naturel sur l'île de St Vincent dans la baie voisine de Wallilabou.


Le vendredi 18 avril nous quittons avec regret cette escale attachante et faisons route vers Bequia, 18 milles plus au sud. La traversée est agréable avec un vent assez régulier de 15-20 nœuds. Nous prenons un coffre devant Port Elisabeth dans Admiralty bay. Lors de notre premier passage le 1° janvier 2008, le mouillage était bondé avec plusieurs centaines de bateaux. Aujourd'hui le nombre de bateaux est réduit et la petite bourgade de Port Elisabeth a retrouvé son calme et sa nonchalance tropicale. Escale d'une petite journée pour faire le plein de légumes, le plein d'argent à la banque, effectuer les formalités d'entrée à Saint Vincent car nous sommes dans l'illégalité depuis quelques jours déjà ! Le lendemain nous restons sur Bequia mais changeons de mouillage et laissons tomber notre ancre à Friendship Bay au sud-est de l'île.... où nous ne sommes que deux voiliers et un pécheur dans ce mouillage calme mais qui s'avère être un peu rouleur tout de même.


Avec Bequia nous entrons dans l'archipel des Grenadines. L'histoire de ce micro archipel est intimement lié à l'histoire de Saint Vincent et Grenade. L'état de St Vincent y favorise un développement touristique et nautique assez spectaculaire. L'île de Bequia, la plus proche de Saint Vincent, et Union en bordure des remarquables Tobago Cays sont, de par leur situation et leur petit aéroport, les deux plaques tournantes de cette partie de l'archipel. Par contre Carriacou et Petit Martinique dépendantes de Grenade sont restées en retrait de cet intense essor touristique ce qui leur confère moins de facilités mais plus d'authenticité.

Cette poussière d'îles vocaniques et ces confettis de sable sertis de récifs coralliens sont l'archétype du « paradis tropical » et sont, à la haute saison, envahis par des centaines de voiliers de location et un nombre croissant de grosses unités de charter. Toutefois en avril-mai, une fois les vacances de Pâques terminées, le calme revient et la fréquentation des mouillages est tout à fait raisonnable et supportable.

 
C'est à voile que les Grenadines se découvrent de la façon la plus agréable. Les distances sont courtes entres les îles (souvent moins de sept milles), les paysages sont variés, les mouillages sont bordés et entourés de « cayes », la navigation est intéressante car les bancs de coraux nombreux, les passes parfois délicates à négocier et les courants assez forts (2-3 nds).


 
Le dimanche 20 avril, nous faisons un saut de puce et rejoignons Mustique, l'île habitée la plus au vent des Grenadines où en 1971 s'échoua et brûla le paquebot « Antilles » fleuron de la flotte de croisière française. A l'origine, les plages de Mustique n'étaient fréquentées que par des pêcheurs. Jusqu'au jour où cette petite île de 5 km² fut investie par un promoteur britannique qui l'a transforma, à la fin des années 60, en un repère de 90 demeures de rêve pour de richissimes clients en mal de solitude sur fond de mer des Caraïbes. Cette « Île aux milliardaires » voit défiler des célébrités du Show Biz et de la Jet set internationale. La Mustique Company représentant l'ensemble des propriétaires gère toute l'intendance de l'île. Nous y restons trois jours sur bouée dans une eau de couleur émeraude de toute beauté. A terre, tout est superbement entretenu, clean et aseptisé, on devine des villas de plusieurs milliers de m² nichées et dissimulées dans la végétation luxuriante. Dans le nord de l'île, une ancienne plantation de coton est devenue un des hôtels les plus sélect des Caraïbes.

 
Mercredi 23 avril, nous quittons ce havre de luxe pour rejoindre Mayreau. A la voile par un vent agréable de 15-20 nœuds nous passons devant Petit Canouan et Canouan où nous ne nous arrêtons pas. En route nous capturons avec la nouvelle canne et le nouveau moulinet achetés à Saint Martin (beaucoup plus sérieux que les anciens) un barracuda de 8-10 kg que nous relâchons, craignant d'être infecté par la ciguatera... quel dommage pour notre ordinaire. Nous rejoignons un mouillage de carte postale tout au nord de l'île de Mayreau : Salt Whistle Bay. Arrivé en fin de matinée, nous ne sommes pas les seuls au mouillage envahi par les catamarans de location et de charter. Nous trouvons cependant une place au ras de la plage dans 2 mètres d'eau. On est ici aux portes des Tobago cays.... les places sont chères. L'eau est belle, la plage superbe, les cocotiers agités par l'alizé... tout comme sur les cartes postales ! Les « boat boys » vendeurs en tout genre (légumes, fruits, teeshirts, coquillages, services divers, poisssons et langoustes...) sont nombreux mais ils ne sont pas trop insistants et s'écartent rapidement du bateau quand on ne désire rien.

 
Jeudi 24 avril, Ramatoa contourne Mayreau et entre dans les Tobago cays... une navigation de trois milles et 45 minutes pour accéder à un univers exceptionnel des Caraïbes. Les Tobago Cays apparaissent sur la cartographie du bord comme cinq petits îlots déserts perdus dans une multitude de coraux, accessibles par un grand nombre de passes souvent étroites, protégées de la houle du large par une vaste barrière de corail : le « fer à cheval » et une seconde plus petite et plus à l'est : le récif de « la fin du monde ». Le parc marin des Tobago Cays avec ses marine rangers tente de canaliser la foule croissante des voiliers, gros et petits, qui y font escale en haute saison. Nous sommes contents d'avoir zappé cette étape en montant en Martinique (début janvier 2008) car la saturation des mouillages pourtant vastes devait être totale. En cette période, c'est tout autre chose... nous avons même passé des nuits avec seulement un vingtaine de voiliers à l'ancre.

 
Les îlots portent de jolis noms tels que : Petit Bateau, Petit Rameau, Baradal, Petit tabac et Jamesby. On y trouve des plages splendides, de beaux récifs coralliens, le tout baigné par des eaux limpides.


Nous y séjournons huit jours pleins en pratiquant plusieurs mouillages à l'abri entre deux îles ou juste derrière la barrière de corail. Ramatoa est posé par 3 mètres de fond sur une flaque d'eau couleur turquoise ou émeraude selon l'éclairage du soleil. Le beau temps est avec nous et le vent se calme progressivement, les conditions de séjour sont idéales.

 
Au programme de nos journées : baignade, nage avec les tortues et les raies autour du bateau, promenades en annexe : sur les plages pour des parties de scrable endiablées avec les bateaux copains - sur les îles pour des ballades à pied - snorkeling sur la barrière de corail pour aller voir les poissons dans moins d'un mètre d'eau... un véritable aquarium. A coté de ces réjouissances, il faut continuer à entretenir Ramatoa : grattage de la carène en plongée avec l'aide de Rémi... l'herbe y pousse dans ces eaux chaudes et claires à une vitesse stupéfiante.

 
Là aussi, il y a le petit business des « boat boys » qui viennent de Clifton pour vendre du pain, des fruits, des poissons et de langoustes. Avec Grikypac et Météore, nous leur demandons d'organiser un BBQ de langoustes grillées sur la plage... c'était excellent et l'ambiance très sympathique. Les journées défilent trop vite et à mi séjour nous faisons en une matinée un aller-retour à Clifton sur l'île d'Union pour un ravitaillement et poster du courrier. J'y trouve même le moyen d'y remplir les cubes Butagaz, ce qui s'était avéré impossible plus haut dans les îles françaises !

 
Le vendredi 2 mai nous quittons pour de bon les Tobago Cays en direction d'Union où nous passons l'après-midi à remplir la cambuse de vivres frais essentiellement des légumes et des fruits. J'effectue les formalités de sortie à l'aéroport de Clifton dernier port d'entrée-sortie des Grenadines de Saint Vincent. Le petit village de Clifton se rendort tout doucement après le coup de feu de la haute saison touristique. Le charme désuet du village et de son marché aux légumes, la gentillesse des habitants nous laissent un excellent souvenir de notre courte escale à Union.

 
Samedi 3 mai, nouvelle grande navigation de moins de cinq milles nautiques pour rejoindre le mouillage sous l'île de Petit Saint Vincent... PSV pour les habitués des lieux. Nous nous glissons entre les bancs de coraux et les deux petits îlots, tout juste des bancs de sable, de Punaise et Morpion. Nouveau mouillage dans 3 mètres d'eau couleur émeraude. PSV est la dernière île dépendant de Saint Vincent, elle est entièrement exploitée par un hôtel de luxe : le « PSV resort ». Les plages, libres d'accès, sont splendides. PSV est séparé de Petit Martinique par un bras de mer de moins d'un demi mille et fermé à l'est par une barrière corallienne et des hauts fonds.

 
Petit Martinique fait partie du territoire de Grenade. A l'écart des flux touristiques intenses Petit Martinique comme sa voisine Carriacou reste authentique. Nous traversons le bras de mer en annexe pour aller y faire une ballade à pied. Nous y découvrons un chantier naval artisanal qui poursuit la construction de voiliers et bateaux locaux.

 
Lundi 5 mai, nous quittons PSV pour aller faire notre entrée à Hillsborough sur l'île de Carriacou. Dans le bureau de l'immigration... surprise... nous tombons sur... François & Monique du voilier « Mobilis 2 » un Ovni 435 dont nous avions perdu la trace depuis notre départ de Trinidad.

Vous trouverez de nombreuses nouvelles photos des Grenadines dans
l'album Caraïbes-4.

Benoît & Dominique sur Ramatoa à Petit Saint Vincent le dimanche 4 Mai, posté à Tyrell Bay sur Carriacou le 6 Mai 2008.
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commentaires

P
Je trouve tes photos et tous ces paysages sublimes : quelle merveilleuse aventure merci de partager avec nous ces moments magiques
M
Quelle belle eau translucide ! ce we je fonce à Paimpol pour en voir, voire en boire !!! restes calme, elle est encore un peu froide...Juste pour que vous mesuriez notre bonheur de vous savoir heureux là-bas.

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