L'archipel des Canaries est distant de Madère d'environ 300 milles, il est composé de 9 îles. Les deux plus petites : Alegranza est déserte et Graciosa est séparée de Lanzarote par un étroit bras de mer large d'un mille. C'est sur cette dernière que nous avons jeté notre dévolu.
La route directe de Quinta do Lorde vers Graciosa, longue de 275 milles, nous fait longer les îles Desertas à quelques 15 milles au large de Madère. Elles sont de véritables montagnes sorties du fond de l'océan car nous croisons à 2 ou 3 milles des côtes inhospitalières et nous sommes sur des sondes supérieures à 2000 mètres de profondeur.
Départ mardi 19 septembre tôt... à 8 heures tout de même... le vent de nord nord-est ne se lève pas avant que nous soyons dégagés du dévent de Madère et des îles Désertas. Après le déjeuner, nous établissons la voilure et envoyons le spi asymétrique que nous conserverons jusqu'à la tombée de la nuit. Quelques heures de pure bonheur à glisser à 6 ? 7 noeuds sur une mer peu agitée, mais avec une houle de un mètre. Dans la nuit le vent tombe totalement et la houle reste... situation assez inconfortable... et c'est parti pour des heures de moteur ! Au lever du jour, nous bouclons nos premières 24 heures de traversée avec 125 milles au compteur et 11H30 de moteur !
La deuxième journée est difficile avec des vents toujours inférieurs à 9 noeuds, c'est une alternance de voile et de moteur... mais ce dernier l'emporte largement ! Le temps est beau, chaud mais le ciel est chargé de grosses barres nuageuses générées par l'ex cyclone Gordon qui se promène entre les Açores et le Golfe de Gascogne . A minuit le vent revient timidement d'ouest nord-ouest et il ne nous quittera plus jusqu'à notre arrivée à La Sociedad, le petit port de Graciosa. Ces dernières 24 heures nous avons parcouru 120 milles dont 9 heures de moteur... c'est mieux... mais peut mieux faire ! Il nous reste une trentaine de milles pour atteindre Graciosa.
La dernière journée, le vent d'ouest nord-ouest est assez faible, de 10 à 13 noeuds, mais il ne nous quitte pas, nous finissons notre traversée à la voile. Pour l'atterrissage nous nous glissons entre les îles Alegranza et Graciosa. Le paysage volcanique est superbe avec en toile de fond la montagne tabulaire de Lanzarote. Le temps est toujours beau et ensoleillé mais le ciel reste encombré de gros nuages qui amènent quelques petites averses.
Le port de Graciosa est assez encombré, les deux pontons pour les bateaux de plaisance sont partiellement délabrés et donc saturés, nous nous en faisons éjecter et accostons le ponton pêche, mais nous sommes sur un siège éjectable à guetter qu'une place se libère parmi la flottille d'une cinquantaine de bateaux baladeurs de toutes nationalités. Notre traversée de 274 milles est bouclée en 54 heures à une moyenne de 5 noeuds et un bonne vingtaine d'heures de moteur ! A quand notre première traversée sans devoir mettre en route la risée Volvo-Penta ?
Si l'accueil reste très espagnol et très peu organisé, en revanche la vue sur le port et le petit village aux rues de sable est splendide. Par son paysage et son habitat de maisons blanches avec des toits plats, on se croirait dans le sud Maroc, la propreté en plus. Le dépaysement rappelle celui de notre escale à Porto Santo dans un style plus africain.
Le village de pêcheurs, encore actif, est aussi un lieu de villégiature pour des canariens de la grande Canarie. Les anchois sèchent encore au soleil sur le port et sur la place du village... mais pour combien de temps encore ?
Vous trouverez de nouvelles photos sur l'album de l'étape 02 Lisbonne - Canaries et sur l'album de Ramatoa au quotidien.
Rappel... les photos des mariés du mois d'août sont en ligne en suivant ce lien : www.19aout2006.new.fr
Benoît & Dominique sur Ramatoa, rédigé et posté à Graciosa le 23/09/2006.