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16 avril 2011 6 16 /04 /avril /2011 04:28

 

Déjà un mois que nous sommes à quai à la marina Apooiti de Raiatea. Nous nous sommes vite intégrés dans la petite communauté de voileux résidents, juste une petite vingtaine de voiliers, tout le reste de la marina étant occupé par les flottes de voiliers de location.

 

Vers le 20 mars, Béatrice et Stéphane nous rejoignent à la marina sur leur vaillant « Lazarina ». Retrouvailles, discussions sans fins, apéros et petits repas ensemble, bref la dure vie de ponton ! Il y aura même une soirée épique où Jo et Stef se sont découverts rugbyman tous les deux, ont réalisé qu'ils se retrouveraient à Wellington en Nouvelle Zélande lors de la prochaine coupe du monde de rugby... la bouteille de rhum arrangé s'en souvient encore !

POL05-02POL05-03Le week-end du 25 mars nous partons sur les motu de Tahaa en compagnie de « Lazarina ». Mouillage au motu Ceran, le grand classique puis le lendemain nous avons mouillé dans un petit paradis : l'ilot Moute. Seul un bateau nous y précède, le mouillage est calme, préservé et abrité car proche du récif, les fonds sont splendides. Nous débarquons sur le motu, naturellement privé, où se trouve un beau petit fare. Le récif est tout proche derrière le motu, mais un requin pointe noire patrouille dans 50 cm d'eau et pas trop courageux nous abandonnons l'exploration du récif.

POL05-04Nous effectuons à nouveau un tour de Tahaa par le nord, intégralement à la voile et à bonne allure, mais malheureusement le mouillage du motu Tautau est impraticable et nous nous replions vers le Taravana Yacht club à la marina iti.

 

Le lundi après-midi, nous sommes de retour sur Raiatea et prenons un coffre au carénage. La semaine va s'écouler rapidement avec la livraison et l'installation de la nouvelle survie. La liste des bricolos se réduit à une peau de chagrin et nous attendons maintenant les pièces détachées amenées par « Ti Soaz » pour terminer nos travaux en attente.

 

Dominique de son coté termine également les séance de kinésithérapie restantes. Les soirées se multiplient avec « Lazarina », Jo & Sophie sans oublier Gaby & Ricardo de « Riga II ».... ca sent le départ prochain des uns vers l'ouest (Nouvelle Calédonie, Australie) et des autres vers d'autres cieux moins cléments (France métropolitaine).

 

Le 1° avril Françoise et Jean-Pierre de « Ti Soaz » arrivent et ce n'est pas un poisson d'Avril ils ont dans leurs bagages nos pièces détachées. Le frigo retrouve vite une nouvelle jeunesse avec une pompe de circulation neuve et avec Fred nous tronçonnons allégrement les dernières cages de ridoir récalcitrantes. Le gréement dormant de Ramatoa peut à nouveau être réglé correctement et retendu.

POL05-09POL05-05POL05-08Le mardi 5 avril, nous rejoignons à nouveau le Taravana yacht Club pour sa fameuse soirée polynésienne. Nous sommes une tablée de 12 personnes et l'ambiance est à son top. Buffet de spécialités locales et spectacle de danses polynésiennes. Je suis même débauché pour une démonstration de port de pareo … Si le spectacle de danses est tout à fait classique, il y a eu par contre une superbe danse du feu, il s'agit de danseurs effectuant des figures très spectaculaires avec des flambeaux sur une musique de percussions obsédante.

POL05-06POL05-07POL05-10Au mouillage du carénage, Pierre sur « Ké'a » nous a fait goûter de la viande séchée sur son bateau. C'est absolument délicieux, on dirait de la viande des Grisons.... même les helvètes apprécient ! Dominique s'est immédiatement lancée dans la production de saucissons à la mode Ramatoa.... et ils rencontrent un très vif succès... surtout à l'apéro. La recette du séchage est aussi applicable à des filets de poisson... mais pour cela il faut que je pêche et c'est une tout autre histoire ! Pour découvrir la recette, cliquez sur le lien de la recette de « Ké'a ».

 

Le vendredi 8 avril, nos amis suisses de « Riga II » quitte le mouillage par vent faible pour rejoindre Rarotonga aux îles Cook du sud. Nos sillages devraient se croiser de nouveau un peu plus loin dans le Pacifique aux îles Tonga ou aux Fidji.

POL05-01

A notre tour le samedi 9 avril nous quittons définitivement Raiatea pour rejoindre Bora Bora où nous espérons saisir une bonne fenêtre météo avec du vent modéré mais surtout une houle faible pour nous rendre dans les deux dernières îles de la Société, Maupiti : île haute avec lagon à 20 milles de Bora Bora et Mopelia : atoll corallien à fleur d'eau à 24 heures de mer. Ces deux îles ont des passes d'accès difficiles à négocier par houle supérieure à 2 mètres. A Maupiti la passe est orientée au sud et il se forme une barre infranchissable, houle de secteur sud contre un courant sortant de 5 à 8 nœuds, cette barre est digne de celle d'Etel. A Mopelia la passe est moins exposée mais très étroite et elle peut être le siège de courant de 8 nœuds créant des marmites infranchissables. De plus une fois rentré dans ces deux lagons il faudra également des conditions favorables pour en repartir... ce n'est pas si simple. J'ai bien peur que le créneau météo ne se présente pas dans les huit-dix jours d'attente que nous comptons passer à Bora Bora.

POL05-13POL05-14Nous en profitons pour rejoindre un mouillage que nous n'avions pas fait avec les enfants lors de leur venue en août 2009. Nous sommes mouillés dans une baie bordée d'un belle plage de sable blanc entre les pointes Raititi et Matira dans le sud du lagon. Ramatoa est à l'ancre dans une belle flaque d'eau bleu foncé par 9-10 mètres d'eau en bordure d'un immense banc de sable de couleur turquoise habité par des dizaines de raies. Le site est superbe et il n'est fréquenté que par 6 ou 7 voiliers résidents, l'accès est réservé aux catamarans et aux dériveurs. Loin des envahissants hôtels sur pilotis et de leur agitation nautique (jetski, navettes, ski nautique etc....). L'hotel « Bora Bora » qui occupe la pointe Raititi, le plus ancien de l'île, est fermé depuis le cyclone Oli de l'an dernier. Seuls les bateaux surpuissants du club de plongée voisin perturbent le calme de ce beau mouillage. Jeudi 13 avril, nous avons vu arriver au mouillage le petit ketch jaune « Sarah » de Sabine, Gary et du petit Sloane. Nous ne les avions pas revus depuis les Galapagos et ils ont séjourné une année scolaire aux Gambier. Sympa ces retrouvailles inattendues !

POL05-11Au quai de Vaitape, le bourg principal de Bora Bora, nous découvrons un bateau -libellule tout à fait exceptionnel, il s 'agit du bateau solaire « PlanetSolar ». Ce catamaran expérimental vaudois a été réalisé en Allemagne. Long de 30 mètres et large de 16 mètres, le navire est équipé de plus de 500 m2 de panneaux solaires photovoltaïques alimentant les quatre moteurs. Pour le tour du monde, les deux membres de l’équipage comptent rester le plus près possible de l'Équateur pour bénéficier d’un ensoleillement maximal. Le voyage de quelques 40.000 kilomètres est prévu pour durer environ 140 jours, en partant du principe que le bateau puisse maintenir une vitesse moyenne de 8 nœuds, "une vitesse considérable pour un bateau fonctionnant à l’énergie solaire", selon PlanetSolar. Le multicoque au pavillon Suisse a déjà traversé l’Océan Atlantique, le Canal de Panama, il navigue actuellement dans le Pacifique, et traversera ensuite l’Océan Indien avant de passer par le Canal de Suez pour rejoindre la Mer Méditerranée.

POL05-12Nous allons prochainement quitter la Polynésie française et son confort de connexions WiFi et internet. Nos prochaines escales aux îles Cook à Suvarov, puis à Niue et aux îles Tonga ne nous premettront probablement pas de mettre en ligne de nouveaux articles sur le blog. Mais en juin aux îles Fidji nous rattraperons le temps perdu et votre patience sera récompensée.

 

Benoît & Dominique sur Ramatoa à Bora Bora le 15 avril 2011.

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 06:00

 

Le 30 janvier 2011, nous débarquions à Papeete en fin de soirée et avons rejoint la pension « le Tangara » sur les hauts de Faaa. Nuit bien plus confortable que celle de l'an dernier que nous avions passée sur les bancs en bois de l'aéroport.

Dans nos 92 kg de bagages, il y a bien 80 kg de pièces détachées pour Ramatoa.... un vérin de pilote, le PC fixe du bateau et l'alternateur Mastervolt, de l'outillage etc... au passage de la douane nous serrons toujours un peu les fesses redoutant les questions indiscrètes que pourrait poser un fonctionnaire un peu trop zélé. Naturellement ce soir le contrôle est quasi systématique. Question d'usage sur le nombre de bouteilles d'alcool : deux seulement... c'est bien surprenant avec tous ces sacs... donc passage des bagages au scanner.... et tout se passe bien car il n'y avait pas d'autres bouteilles d'alcool dissimulées. Nous en sommes quitte pour une montée d'adrénaline et une bonne suée.

 

Le lundi 31 janvier, nous rejoignons Raiatea par un vol en fin d'après-midi et retrouvons Ramatoa dans son enclos au Chantier Naval des Iles sous le vent. Plat de spaghetti bolognaise partagé sur le bord de « Lutin » de notre copain Bernard et vite au lit.

POL04-03

Dès le lendemain tout s'organise assez rapidement : - Ramatoa est déplacé vers une zone du chantier plus hospitalière - Dominique obtient ses rendez-vous avec le kinésithérapeute d'Uturoa – Affiliation en moins de huit jours à la Caisse de Prévoyance Sociale (la sec soc de Polynésie).

Nous retrouvons notre copain « Jo » avant son envol vers la Nouvelle Zélande et nous partagerons avec Sophie son véhicule jusqu'à son retour vers le 18 mars. Bref notre petite vie s'organise sur le terre plein du chantier. Le temps est plutôt beau et les averses pas trop fréquentes.

POL04-04De mon coté j'attaque la longue liste de travaux ordinaires, comme le carénage et le réarmement du bateau, mais aussi les remontages des diverses pièces ramenées de France. La survie Zodiac part en révision à Papeete. Les habituels 10-11 jours de travaux au sec seront un peu juste cette fois-ci et Ramatoa ne retrouvera son élément liquide que le jour de la saint Valentin le 14 février. Nous poursuivons l'armement à flot au ponton du CNI où nous sommes les seuls.

Seule la vedette inter-îles « Maupiti Express 2 » est remorquée au chantier voisin pour être tirée au sec après être violemment montée à 18 nœuds sur le récif à Huahine... à 11 heures du matin, il faisait beau mais le capitaine avait bien trop sommeil ! Mais en attendant la population de Maupiti est privée de son principal lien avec les autres îles et cela pour plusieurs mois.

POL04-07POL04-08A la remise en service du voilier, il y a toujours des petites surprises. Cette fois-ci c'est le groupe frigorifique qui donne des signes de fatigue après trois ou quatre semaines de fonctionnement apparemment normal, la pompe de circulation d'eau douce se désamorce fréquemment, a donc un débit trop faible et s'arrête même de tourner... démontage et remontage sans avoir rien vu d'anormal et tout est reparti... jusqu'à la prochaine panne. Cependant j'alerte le chantier Alubat qui va me faire parvenir une pompe de rechange c'est plus sure car elle introuvable sur place à Tahiti. Un frigoriste est aussi appelé en renfort car la charge de gaz semble insuffisante, recharge de gaz et échange du filtre déshydrateur, le groupe fait du froid, tourne longtemps et l 'évaporateur givre peu.... bref les bières ne sont pas toujours glacées ! La pompe doit arriver dans les bagages du skipper de « Ti Soaz » le 1° avril... j'espère que cela ne sera pas une blague.

POL04-12La réinstallation du vérin (échange standard) du pilote et la purge de l'installation se font sans difficultés particulières si on suit scrupuleusement la procédure de Lecomble & Schmitt. Rassure toi Jean-Pierre, la chape du vérin est cette fois remontée copieusement remplie de graisse sous-marine et elle sera vérifiée à chaque hivernage. Test du pilote... tout est ok, pas de fuite.

POL04-05Le remontage de l'alternateur Mastervolt (échange standard également) nécessite de faire tourner à nouveau des bagues sur l'axe pour une adaptation parfaite au support. Ensuite pas de difficultés.... à la remise en route du moteur IB... le cliquetis suspect est toujours là, le roulement de l'alternateur n'était donc pas en cause ! Je suis furieux d'avoir perdu quelques centaines d'euros et d'avoir transporté inutilement une dizaine de kg sur près de 36.000 km. Mais d'où provient alors ce cliquetis inquiétant... pour les uns : un réglage de soupape s'impose, pour les autres : c'est un bruit de roulement mais lequel ? Finalement, j'appelle Thierry le mécanicien du CNI, il est formel, ce n'est pas la culbuterie mais plutôt un roulement... auscultation approfondie... c'est peut-être celui de l'alternateur Volvo.... puis il a un éclair de génie et me demande une bombe anti-moustiques. Il pulvérise l'intérieur strié de la courroie plate et le bruit cesse immédiatement ! En fait la courroie est neuve mais elle est sèche car je l'ai en stock depuis le départ. La courroie est légèrement détendue.... le cliquetis a disparu. C'est beau l'expérience !

POL04-10POL04-11Heureusement les choses sont plus simples mais parfois assez longues à réaliser avec la majorité des autres pièces détachées : - Installation d'un feu de mouillage automatique sur le pataras babord – Remplacement du tableau de bord du moteur Volvo – Remplacement des condensateurs du groupe électrogène et du désalinisateur – Remise en place sur la console de la descente du Gyrographic NKE (Mise à niveau du soft offerte par NKE) - Mise en place du nouveau vaigrage en Komacel au dessus de la table à cartes – Remise en place du jeu complet de rideaux (échange ALUBAT sous garantie) – Installation du kit de réparation pour les petits panneaux Lewmar – Remise en place du PC fixe après remplacement de ses deux ventilateurs devenus bruyants.

POL04-06POL04-13Bref mes journées sont bien remplies d'autant plus que nous sommes plus actifs le matin et assez amortis l'après-midi après la sieste.

 

Dominique de son coté vaque à ses nombreuses occupations à un rythme compatible avec son épaule. Les multiples séances de kinésithérapie sont complétées par des baignades nombreuses. L'intendance, la préparation d'un avitaillement conséquent pour les mois à venir où nous serons loin des supermarchés, des travaux de couture et le lavage systématique de tous les coussins du cockpit et de toutes les housses du carré et des cabines remplissent également ses journées.

POL04-02Nous profitons d'être motorisé pour effectuer les appros en ville et se balader. Nous sommes retournés nous baigner au grand Marae de Taputapuaeta sur la côte est. L'île de Raiatea est superbe, extraordinairement verte et fleurie car nous sommes à la fin de la saison chaude et humide. Chaleur et humidité toute relatives estiment les polynésiens. Nous trouvons même que la température de l'eau est bonne mais pas supérieure à celle des mois d'hiver en juillet et août.

 

Depuis le 25 février nous avons quitté le ponton du CNI pour prendre une place à quai à l'extrémité du mole de la marina Apooiti. L'ambiance est agréable et c'est plus calme que le chantier. L'agent Zodiac qui assure la révision de la survie nous contacte pour nous apprendre que notre radeau est en très mauvais état, décollé, irréparable, bon pour la réforme. C'est une très mauvaise nouvelle pour cette survie achetée à Colon au Panama en mars 2009. Immédiatement nous suspectons le revendeur et craignons d'avoir été victime d'une escroquerie, il n'en est rien. En fait l'agent de Papeete a fait remonter l'incident à Zodiac France qui a demandé le retour en urgence du radeau par avion pour expertise. L'avenir dira si la garantie va fonctionner. De toute façon il nous faut acquérir une nouvelle survie pour poursuivre notre voyage. Nous attendons la suite donnée à cette affaire par Zodiac France. On en reparlera.

 

Notre première tentative pour fuir la marina et aller passer quelques jours au mouillage dans le lagon avait échoué de part ma faute car je m'étais enfilé une écharde dans le pied. Cette fois-ci tout va bien et nous nous échappons du jeudi 10 mars au matin (après la kiné de Dominique) et nous revenons le lundi 14 mars (avant la séance de kiné suivante !). Grand beau temps, alizé à 15-20 nœuds, route à la voile... quel bonheur. Nous partons pour un tour de Tahaa par le nord.

POL04-14Jeudi soir nous sommes au mouillage du Motu Ceran près de la passe Tohaotu alors qu'à notre insu la terre tremble violemment au Japon.

Nous y avons donc développé une théorie simple pour échapper au tsunami qui s'en suivit :

- Ne pas écouter la radio, ce que nous faisons généralement quand nous dormons et nous dormions du sommeil du juste au moment du déclenchement de l'alerte à 04:30.

- Être dans un mouillage désert sans aucun voisin, ce qui n'était pas notre cas car trois catamarans de location étaient à quelques encablures et, c'est l'un d'eux armé par des Teutons tout rouge de coups de soleil, qui ont alerté Dominique qui prenait tranquillement son café au lait matinal dans le cockpit à 06:10.

 

Une fois alerté on ne peut raisonnablement pas ignorer l'alerte... écoute de la radio Polynésienne qui nous apprend que le passage de l'onde est attendue à 06:50 pour Raiatea-Tahaa-Huahine.

Branle bas de combat : annexe hissée sous le portique, safran et dérive baissés, moteur démarré et mouillage remonté. A 06:30 nous étions dans la passe toute proche grand-voile haute et avons gagné le large de Tahaa où nous avons fait des ronds dans l'eau et parcouru une douzaine de milles nautiques.

En réalité nous n'avons rien vu ni ressenti ; une fois la passe franchie la mer était peu agitée et le ciel nous a gratifié d'un petit grain à 25 nœuds et d'une grosse avalasse. Vers huit heures nous avons regagné le lagon et avons remouillé et pris notre petit déjeuner !

 

Il est vrai que pour les îles hautes de l'archipel de la Société protégées par un lagon le risque est très limité, la vague annoncée était de moins de 1 mètre. Par contre, le risque pour les îles Marquises (sans lagon protecteur) et les Tuamotu (atolls bas sur l'eau) est bien réel. Au nord de Nuku Hiva aux îles Marquises, la vague de 1 mètre a envahi les terres sur près de 400 mètres à l'embouchure d'une vallée. Tout cela reste très modeste par rapport à la catastrophe japonaise.

POL04-01Voilà donc résumé les dernières news de Ramatoa du bord. Pas de navigation sensationnelle, mais nous préparons activement notre départ vers l'ouest à la mi avril, à la fin de la saison cyclonique. Nous avons beaucoup apprécié notre retour anticipé en Polynésie, de retrouver la chaleur et de laisser derrière nous le froid et la grisaille de l'hiver de Charente Maritime.

 

Benoît & Dominique sur Ramatoa [16° 36,3 S – 151° 33,5 W]-Mis en ligne le 15/03/2011.

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 16:11

Janvier 2011, il est bien tard pour relater les deux mois passés en solitaire sur Ramatoa dans les îles de la Société. Pas d'excuse valable pour justifier un tel retard, si ce n'est qu'à mon retour en Charente Maritime le 10 septembre 2010, je me suis très vite trouvé accaparé par des activités diverses et incessantes.

La naissance de Clément notre deuxième petit-fils alors que je volais entre Papeete et Los Angeles est une surprise bien agréable à mon arrivée. Les soins fréquents et la rééducation contraignante de Dominique pour soigner son épaule imposent de nombreux déplacements. Enfin les travaux chez notre fille cadette qui vient de s'installer à Tonnay-Charente, m'ont bien occupé jusqu'aux fêtes de Noël.

POL03-05Revenons donc en arrière à Tahiti au mouillage de la marina Taina. Le 6 juillet, Dominique s'envole pour rejoindre la mère patrie et tenter de se faire soigner dans de bonnes conditions. Je reste au mouillage sur un coffre de la marina où je complète mes pleins (eau, gasoil, antifouling etc...) et effectue un avitaillement. Je suis en bonne compagnie auprès de « Riga II » de Gaby et Ricardo. Les deux catamarans « Pascaux » et « Thetis » avec qui nous avons séjourné à Toau sont justes devant Ramatoa.

Il y a aussi une bien curieuse pirogue polynésienne traditionnelle « Upoo'Tahiti » sur laquelle de courageux et farfelus navigateurs vont tenter de rallier la Chine avant la fin de l'exposition universelle à Shanghai. En réalité ils ne dépasseront pas les Samoa où la pirogue s'est totalement disloquée.

POL03-06Le 11 juillet j'assiste depuis le mouillage au spectacle céleste de l'éclipse totale du soleil... à 9 heures du matin, la pénombre s'installe, les feux des balises du lagon s'allument, les animaux se taisent... l'ambiance est très particulière, mais quelques instants plus tard, la lumière et la vie reprennent leurs droits. Sur le pont de tous les voiliers au mouillage, des curieux chaussés d'étranges lunettes protectrices en carton observent le phénomène. Selon les astronomes, la prochaine éclipse solaire totale visible depuis la Polynésie n’aura lieu que le 4 août 2176.

POL03-10Le jeudi 15 juillet, je quitte le mouillage et rejoins l'île sœur de Moorea et vais mouiller dans le lagon au sud de Vaiare. Nous sommes deux ou trois voiliers au mouillage et nous assistons de loin au trafic incessant des ferrys et navettes qui relient Vaiare à Papeete. En annexe je suis tout proche de la petite marina et de ses commerces. J'y retrouve Béatrice et Stéphane qui se préparent à quitter « Lazarina » pour un séjour métropolitain de quelques mois. Nous devrions les retrouver dans la Société à notre retour en Polynésie. Les journées s'écoulent tranquillement entre balades en vélo à terre, petites courses au « Champion », et de nombreuses opérations d'entretien et de maintenance sur le bateau. Dans le mouillage dans le lagon au nord de Vaiare, il y a l'Ovni 36 « Maupiti » de Gérard, solitaire également,... mais à chacune de mes tentatives pour le rencontrer... il est absent du bord.

 

Mardi 20 juillet je quitte le mouillage pour rejoindre Haipiti au sud de Moorea. Route au moteur pour longer le récif sous le dévent total de l'île. La passe Matauvau est étroite et bien couverte par un alignement. La houle brise furieusement de part et d'autre sur le récif... mais ca y est, les eaux se calment déjà, je suis dans le lagon face à une curieuse petite église à deux clochetons rouge. Le lagon est vaste et je descend sur tribord et trouve un mouillage sur un beau talus de sable par 2-3 mètres d'eau. Une reconnaissance en annexe me permet de me glisser encore plus loin et je mouille avant et arrière sur un magnifique banc de sable. Le lagon est calme et seul le grondement lointain du récif et les oiseaux se manifestent dans ce petit coin de paradis... encore un de plus !

POL03-07A mon arrivée je suis seul au mouillage, le lendemain un très beau yacht classique d'une vingtaine de mètres mouille à quelques encablures de Ramatoa. Au lever du jour une barque quitte le rivage et souquant ferme sur les avirons je vois Olivier de Kersauzon se diriger vers ce très beau gréement et rendre visite à ses occupants... il ne vient pas à mon bord... quelle déception !

 

Vendredi 23 juillet, je quitte le mouillage solitaire d'Haipiti pour rejoindre la foule des voiliers au mouillage dans la baie Openohou. Dans la passe de Matauvau, ça brasse fort avec les 2-3 mètres de houle de sud, le vent est nul sous le vent de cette île haute. Peu avant midi, j'embouque la passe Tareu qui conduit à la gigantesque baie d'Openohou. Le mouillage dans le lagon est encombré de nombreux voiliers, une bonne trentaine, mais je réussis à trouver une place par fond de sable de 5 à 6 mètres. Il y a de nombreux mouvements de voiliers : départs et arrivées, et il faut veiller à sauvegarder son espace vital ou tout du moins son cercle d'évitage. L'alizé est bien établi et de ce coté de l'île rien ne l'arrête. Les journées s'écoulent tranquillement et je rencontre Gérard de « Maupiti ». Son Ovni 36 est superbement entretenu et nous nous racontons d'interminables histoires d'Ovni autour d'un apéro ou d'une bière fraîche ! Nous effectuons quelques promenades en vélo et des ravitaillements aux épiceries de Papetoai, de l'autre coté de la baie. Ces quinze jours de mouillage autour de Moorea ont complété merveilleusement avec des mouillages sauvages notre périple de l'an dernier avec les enfants où nous avions fréquenté uniquement le mouillage surpeuplé d'Openohou.

POL03-08Mardi 27 juillet, nous sommes plusieurs voiliers à quitter Moorea pour rejoindre Huahine. A la tombée du jour, je franchis la passe en même temps que « Jolly Roger » un catamaran Léopard 40. Bob et Martine sont les anciens propriétaires du « Balae » de notre ami Laurent. Route voile toute la nuit avec un alizé soutenu de 15-20 nœuds et quelques grains de pluie au lever d'un jour bien gris. Initialement je voulais explorer un mouillage à l'est de Huahine un peu plus au nord que celui de la passe Farerea pratiqué l'an dernier. En arrivant devant la passe Tiare, les grains de pluie se succèdent à un rythme incessant, le vent souffle à 20-25 nœuds et le soleil est absent. Je tourne un peu devant la passe dans l'attente d'une amélioration et d'un peu de lumière favorable pour pouvoir ensuite me glisser dans le lagon vers le sud. Finalement vers 8 heures du matin, j'abandonne la partie et je rejoins le mouillage de Fare en contournant l'île par le nord. A 9 heures, je suis au mouillage à l'ouest du village, nous sommes une petite dizaine de voiliers au mouillage. J'y retrouve Gérard et son « Maupiti ».

POL03-04Avitaillement rapide à Fare et dès le lendemain je descends vers le sud dans le très beau lagon pour rejoindre le mouillage d'Avea. Je vais rester dans ce site splendide pendant plus de deux semaines. Si parfois le mouillage est envahi une soirée par une bruyante flotte de catamarans de location, bien souvent nous ne sommes que quatre ou cinq voiliers sur ce mouillage fort vaste. Les clients de l'hôtel voisin ne se bousculent pas, le calme des lieux est préservé.

Très vite, je prends mes marques à terre, vélo pour aller chercher du pain à l'épicerie de la pointe, truck du matin pour aller faire de temps en temps quelques courses à Fare. A bord le temps passe vite, partagé entre travaux de maintenance sur Ramatoa, baignades, promenades à terre, promenades en annexe le long du récif, beaucoup de lectures, un peu de cuisine pour ne pas dépérir et des lessives pour rester présentable !

POL03-09Ce check-up matériel du bateau me permet de découvrir que j'ai des ridoirs de bloqué, que la contre plaque de la colonne de barre est colonisée par la rouille, que la rotule à l'extrémité de la tige du vérin hydraulique est irrémédiablement bloqué et le contre écrou lui même foiré interdit ainsi le démontage de la chape. La liste des matériels à emmener en France pour réparation s'allonge et mon bagage s'alourdit déjà : Le vérin du pilote (rotule bloquée), l'alternateur Mastervolt (roulement de la poulie qui donne des signes de fatigue), le PC du bord (échange de la pile de sauvegarde car soudée sur la carte mère et remplacement des deux ventilateurs qui commencent à devenir bruyants).

POL03-02Le lundi 16 août, je remonte à Fare où je bidonne un peu de gasoil de façon à ne pas avoir à compléter mon réservoir en arrivant à Raiatea où la manœuvre en solitaire à la station service d'Uturoa peut être difficile si le vent est de la partie.

 

Le mercredi 18 août je quitte le mouillage de Fare pour rejoindre le lagon de Raiatea. Le vent de sud-est est faible à modéré mais me permet de faire route à la voile. En début d'après-midi je prends une bouée devant la marina Apoiti. Le lendemain je suis au quai des visiteurs. Il me reste tout juste deux semaines pour préparer la mise au sec de Ramatoa au CNI, comme l'an dernier. Les journées sont bien remplies et passablement fatigantes avant mon envol le 8 septembre.

POL03-01En conclusion de ces deux mois passés en solitaire dans les îles de la Société, je conserve de cette expérience un souvenir mitigé. Si la navigation en solo est excitante et enrichissante car elle nécessite, encore plus que d'habitude en équipage réduit à un couple, d'anticiper énormément les situations et les évènements et de préparer méticuleusement toutes les manœuvres, par contre voyager seul est tristounet quand on a pris l'habitude de voyager à deux, de partager avec son épouse les émotions, les découvertes et les rencontres. De plus pour ceux qui connaissent mon caractère un peu sauvage, dans notre couple c'est bien Dominique qui possède toutes les qualités et facultés nécessaires pour communiquer avec les « étrangers » et lier facilement de nouveaux contacts à une nouvelle escale ou dans un mouillage.

POL03-03Dans moins de trois semaines nous retournons à bord de Ramatoa à Raiatea. Dominique y poursuivra sa rééducation car nous ne mettrons pas cap à l'ouest avant la deuxième quinzaine du mois d'avril. Mais tout cela est une autre histoire que je vous raconterai en temps utile. A bientôt donc sur le blog pour une nouvelle saison de navigation qui nous conduira vers la Nouvelle Calédonie ou l'Australie.

 

Benoît & Dominique à Chatelaillon-plage - le 11 janvier 2011.

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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 17:26

Voeux-2011-B-D.jpg

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13 juillet 2010 2 13 /07 /juillet /2010 08:54

 

Un peu plus d'un mois après notre arrivée en Polynésie, nous quittons le lagon de Raiatea et Tahaa à destination de Huahine et de ses mouillages sauvages. Le lundi 26 avril, nous traversons les 25 milles qui séparent notre mouillage du motu Mahaea de celui de Fare le « village capitale » de Huahine. L'île appelée dans les temps anciens « Matairea », qui signifie « peu de vent » (cela explique pourquoi nous avons fait la route au moteur !) est certainement l'une de celles qui symbolisent le mieux les traditions et les valeurs polynésiennes.

Contrairement à notre précèdent passage à Fare, le mouillage est presque vide avec seulement un ou deux voiliers à l'ancre... c'est vraiment la basse saison. Rapide complément d'avitaillement dans le plus beau supermarché des îles sous le vent puis nous glissons dans le lagon vers le sud pour aller mouiller près de la pointe Tiva dans la baie d'Avea. Nous y retrouvons un mouillage désert sur le banc de sable du platier dans moins de deux mètres d'eau de couleur turquoise... c'est superbe. Nous reprenons nos petites habitudes et nos activités : guetter la camionnette du boulanger le soir à 18 heures, et aller avec le truck faire quelques courses à Fare. Cette fois-ci au retour, le conducteur du  nous a gratifié d'un tour complet de Huahine iti car il devait déposer un ou deux passagers dans les hameaux de la côte est de l'île. C'était splendide et nous avons revu de la terre le très beau mouillage du motu Mori Mahora que nous avions pratiqué l'an dernier avec les enfants en arrivant de Moorea. Les journées sont bien remplies : baignades pour nous deux, repos pour l'épaule de Dominique et bricolage pour le skipper... la liste est bientôt finie.... mais je trouve toujours de nouveaux item à y rajouter, cette « To do list » est un puits sans fond.
POL02 01Le vent est faible voire inexistant, la houle modérée, nous en profitons pour rejoindre Tahiti. C'est une étape  de 112  milles nautiques que nous effectuons en bonne partie de nuit. Partis d'Avea sur Huahine en début d'après-midi le samedi 1° mai nous embouquons la passe Taapuna à 8h30 le dimanche matin et nous prenons une bouée devant la marina Taina. L'escale à Papeete est mise à profit pour les recomplètements (vivres, alcools, essence, huile, gaz et gasoil). Nous retrouvons des bateaux copains et des têtes connues, c'est sympa d'autant plus que le beau temps est de la partie et que le mouillage n'est pas encore plein à craquer. Avec l'aide de Régis & Jeanne du voilier XE je dépanne l'aérien du radar Furuno et je continue à bricoler... au programme : réparation de l'arceau au dessus de la colonne de barre et débouchage durite des WC... pouah ! La pompe de lavage HP eau de mer est régulièrement utilisée pour nettoyer le cockpit et la jupe arrière... c'est vraiment un plus !

Nous guettons une fenêtre météo favorable pour traverser vers les Tuamotu car cette étape d'environ 240 milles s'effectue contre le vent et le courant. L'idéal serait un vent de sud-est, mais actuellement l'alizé est encore assez haut à l'est voire au nord-est... pour nous c'est du près serré ou pire du vent dans le nez. De plus des trains de houle (2 à 3 m) générés par les tempêtes au sud des îles Australes envahissent régulièrement le bassin entre Tahiti et les Tuamotu. Finalement le 11 mai la météo nous annonce une accalmie de 48 à 72 heures dans la houle mais le vent devrait rester faible et d'est. Au lever du jour nous quittons notre coffre, faisons le plein de gasoil à la station de la marina, chenalons dans le passage au nord de l'aéroport de Faa et quittons Tahiti par la grande passe de Papeete. La météo est exacte : vent faible ou nul d'est nord-est, mer belle et houle inférieure à 1 mètre... bref le bonheur.... pour le moteur et la charge des batteries. Mais la perspective d'une traversée au moteur de 48 heures ne nous enchantent pas du tout... depuis le départ de Raiatea nous n'avons jamais fait route sous voiles pendant plus d'une ou deux heures !

Début de traversée bercé par le ronronnement du moteur, première nuit calme, mais le lendemain le ciel est gris, les averses nombreuses, le vent faible et de face. La météo nous prédit à terme une détérioration des conditions avec un retour d'une forte houle houle sud sud-est de 3 mètres. Le 2° soir et la dernière nuit, le vent revient du nord-est avec 12-15 nœuds... pile dans le nez, les grains à 20-25 nœuds se multiplient et la mer se creusant nous décidons de poursuivre au moteur pour atteindre l'atoll de Toau et s'abriter dans l'anse Amyot. Au lever d'un jour bien gris et pluvieux nous découvrons l'atoll et à 6h45 nous prenons un coffre devant chez Gaston et Valentine. Si nous avions du tirer des bords à la voile depuis le départ nous ne serions qu'à mi parcours. Bref cette traversée ne nous laissera vraiment pas un souvenir impérissable, mais nous sommes content d'être à l'abri alors que dehors la houle se lève sérieusement et que le temps perturbé gagne du terrain. Dominique est bien contente d'être arrivée car en mer elle peine à caler confortablement son épaule douloureuse.
POL02 03POL02 11Dans nos projets, assez vagues et imprécis,  de navigation aux Tuamotu nous pensions rester à l'anse Amyot une semaine – dix jours. En réalité nous y resterons près de trois semaines ! Eh oui, nous y sommes bien même si le nombre des voiliers en escale est plus important que l'an dernier. Beaucoup de voiliers des États-Unis, des GB, des NeoZed et quelques Australiens. En fait les voiliers français présents en cette deuxième quinzaine de mai sont des voiliers qui en sont à leur deuxième saison en Polynésie et qui sont arrivés des Marquises l'an dernier. C'est le cas de « Thetis » de Nathalie et Bruno et de « Pascaux » de Pascale et Pascal avec qui nous sympathisons rapidement.

L'an dernier à notre départ de Toau, vers la mi-juillet, nous avions promis à Gaston et Valentine de venir les revoir dans un an si nous restions en Polynésie. Ils ne nous avaient cru qu'à moitié car ils sont bien trop habitués à ne pas revoir les voiliers qui font escale dans leur petit coin de paradis. Après avoir pris le coffre et amarré Ramatoa, Gaston est venu nous voir et nous sommes allés à terre et là quel accueil mes amis ! Du coté de chez Leiza même accueil délirant : embrassades, rigolades... nous faisons désormais partis de la famille de l'anse Amyot à Toau. Nous arrivons avec des provisions, des fruits, de légumes pour Valentine et Gaston hérite de mon ancienne drisse de grand-voile et des bosses de ris.
POL02 04Les journées s'écoulent tranquillement avec tous les jours une activité particulière : - pêche à la traîne à l'extérieur du lagon devant la passe dans la barque de Gaston au lever ou au coucher du soleil, nous ramenons thons, bonites ou daurades coryphènes que nous partageons ensuite avec eux à table, – pêche de langoustes sur le récif extérieur : si la mer est calme et sans houle, débarquement sur le récif , Gaston, Bruno et Pascal à quatre pattes avec de l'eau jusqu'à la taille explorent méthodiquement chaque trou ou anfractuosité du récif corallien, je reste à quelques mètres de la barrière à piloter le bateau dans lequel ils viennent déverser la récolte (une trentaine de langoustes en moins de deux heures),- pêche des varos sur le banc de sable, là seul un spécialiste comme Gaston réussit à en sortir quelques-uns de leurs trous, - récolte du poisson (des perroquets) dans les pièges installés dans les coureaux entre les motu. Il ne faut pas oublier la sortie pilotée par Leiza où nous avons ramassé des bénitiers par centaines sur une grosse patate de corail dans le lagon. De leur coté Bruno et Pascal partent tous les soirs à la tombée du jour chasser le long du tombant, ils ramènent régulièrement de belles pièces (4-8 kg) du thon, de la carangue ou du mérou.
POL02 02POL02 29Depuis le mouillage de l'anse Amyot un petit chenal sommairement balisé permet de traverser en annexe le plateau corallien et de rejoindre le lagon. Nous y avons fait des rencontres étonnantes : des tortues mais surtout un couple de raies manta dont la plus petite mesurait près de 3 mètres de diamètre. Les voire évoluer et planer dans quelques mètres d'eau sur un fond de sable dans une eau turquoise, les suivre et nager près d'elles... sont des moments magiques dont nous ne nous lassons pas.
POL02 25A terre chez nos hôtes, les soirées musicales et les anniversaires se multiplient, toutes les occasions sont bonnes pour partager une salade de poisson cru, un sashimi de thon rouge ou un mérou au BBQ. Un chirurgien, skipper d'un grand et beau voilier américain, ausculte l'épaule de Dominique et lui prédit une guérison difficile et très longue, bref de ce coté là le moral n'est pas au beau fixe. Les skipettes prennent des cours de cuisine et échangent des recettes avec Valentine. Le temps est généralement beau, ensoleillé et le vent faible, mais juste après notre arrivée et au moment de notre départ nous avons subi une météo perturbée avec du vent fort, des grains orageux, de la pluie et une houle forte.

Dès la fin du mois de Mai, nous guettons un créneau météo favorable pour quitter Toau et rejoindre Fakarava, atoll distant d'une quarantaine de milles. Il n'est pas toujours facile de concilier au mieux le créneau météo (du vent, mais pas trop et surtout pas dans le nez) et les heures d'entrée dans les passes des lagons où le courant sortant peut-être extrêmement violent. La passe Garue au nord de Fakarava est très large (1 mille) mais le courant sortant peut atteindre 5-7 nœuds. Lors de son passage, il y a deux ans « Pros per Aim » un ovni 395 qui nous précède sur le tour du monde y a été fortement bousculé, a inondé son carré et a subi quelques avaries. Je garde toujours présent à l'esprit leur mésaventure à l'approche d'une passe d'un atoll.
POL02 07POL02 09La météo est médiocre mais nous décidons tout de même de mettre en route très tôt le mardi 1° juin pour rejoindre Fakarava. Au lever du jour à 6H le coffre est libéré et nous commençons à contourner la côte nord-est de l'atoll de Toau. Très vite le vent contraire est fort à 20 noeuds et les violents grains de pluie réduisent la visibilité à une centaine de mètres. Ramatoa avance sous voilure réduite avec l'appui du moteur, c'est un véritable shaker, notre progression est très lente. Dominique est malade et je ne tarde pas à la rejoindre... après un peu plus de deux heures de route infernal, nous faisons ½ tour et rejoignons l'abri de l'anse Amyot, ¾ d'heure plus tard nous reprenons un coffre chez Gaston et Valentine qui rient bien de notre faux départ, mais ne sont pas surpris car ici aussi le temps est exécrable.

Le lendemain les choses iront mieux, les éléments s'étant calmés pendant la nuit. Nous faisons d'abord route au moteur avec un vent faible contraire puis sous voile jusqu'à la passe Garue que nous franchissons sans encombre avec un courant sortant résiduel de 1-2 noeuds, mais les marmites créées par le courant sont bien présentes. A 14 heures nous sommes au mouillage (une dizaine de voiliers mais il y a de la place) devant le village de Roto Ava, le bourg principal de l'atoll avec un aéroport (1 vol quotidien vers Tahiti), une poste, un dispensaire, deux supérettes, deux ou trois snacks, une route goudronnée d'une dizaine de kilomètres où circulent scooters et 4x4, bref c'est presque le retour à la civilisation. Mais il ne faut pas rêver les possibilités d'approvisionnement restent très limitées. Nous y retrouvons Leiza qui y réside en alternance avec l'atoll de Toau, sa fille aînée Sidonie y tient une roulotte.
POL02 10L'atoll de Fakarava est vaste (30 milles de long) c'est le deuxième atoll le plus vaste derrière celui de Rangiroa. Cette mer intérieure est si vaste que les conditions de navigation peuvent y être difficiles et surtout les mouillages intenables si le vent vient à tourner. C'est notamment le cas au nord de Fakarava à Roto Ava si vent forcit du sud-est au nord-ouest en passant par le sud, dans ce cas il faut décamper et gagner le sud de l'atoll et se mettre à l'abri des motus près de la passe sud. En fait nous resterons à ce mouillage une semaine avec un temps beau et des vents faibles, donc pas de problème. Le mouillage est animée avec des départs et des arrivées de voiliers, le passage du cargo mixte « Aranui » en route vers les Marquises et l'escale hebdomadaire de la goélette « Kobia » qui ravitaille les atolls de cette partie des Tuamotu. Une trentaine de goélettes, vieux caboteurs fatigués et pissant la rouille, sillonnent ainsi les eaux des cinq archipels polynésien.

Fakarava s'est ouvert au tourisme assez récemment, celui des plongeurs en particulier. On trouve donc des petites pensions et un hôtel de milieu de gamme. Mais avec la crise et la politique désastreuse du gouvernement polynésien le tourisme est en baisse et les prix en hausse.... quant à la perliculture elle est sinistrée depuis plusieurs années faute d'un marché centralisé, organisé et structuré.
POL02 16POL02 24Après une semaine nous quittons la civilisation de Fakarava nord et descendons par le lagon vers la passe sud distante de plus de 30 milles. Le chenal est parfaitement balisé, mais il ne faut pas s'en écarter : les cayes et les patates de corail n'en sont jamais très éloignées. Le vent faisant défaut, nous progressons au moteur. Plus on s'éloigne du village plus les motus deviennent sauvage, le paysage est splendide. Nous faisons halte pour la nuit dans un mouillage totalement sauvage et désert à 7 milles avant d'arriver à la passe sud de Fakarava. Nous sommes seuls au monde avec les requins et les raies qui abondent devant la plage et à proximité des bancs de sable qui bordent au sud  le motu Hirifa. Le lendemain nous atteignons le mouillage de Tetamanu à la passe sud où nous retrouvons à l'ancre une petite dizaine de voiliers, sans parler des deux ou trois gros pneumatiques de plongeurs qui descendent quotidiennement du nord pour explorer la passe sud.
POL02 26POL02 12POL02 13La passe sud porte un nom, elle s'appelle la passe Tumakohua et le motu de l'est de la passe abrite le petit village de Tetamanu. C'est l'ancienne capitale de Fakarava et également l'ancienne capitale administrative des Tuamotu. A l'exception d'une pension de famille, d'un club de plongée de deux ou trois familles de pêcheurs, le village est quasiment abandonné. Du village il reste deux grandes rues tracées au cordeau par les missionnaires, une église en corail très ancienne pour la Polynésie (1862) un bâtiment qui fut la prison et les murs de la résidence de l'administrateur. Le cimetière renferme des tombes anciennes et curieuses. On ressent dans ces lieux abandonnés une beauté sauvage et un peu de tristesse. On est vraiment au bout du monde, la goélette ne vient pas dans ce lieu retiré.
POL02 14POL02 15La passe peu profonde (5 à 10 mètres) se trouve au centre d'un groupe d'îlots et ouvre un étroit passage de 200 mètres de large entre le motu Tetamanu à l'est et le motu Pahereava à l'ouest. La réputation de cette passe tient à la qualité de ces eaux cristallines, à ses fonds de coraux absolument magnifiques et à la richesse de la faune qui l'habite. Pour jouir de ce spectacle extraordinaire, c'est assez simple : à la renverse de courant, il faut sortir de la passe vers l'océan avec l'annexe, se mettre à l'eau avec palmes masque et tuba, garder l'annexe attachée au poignet et se laisser porter par le courant rentrant. On parcourt ainsi un petit mille qui vous ramène vers les voiliers au mouillage.
POL02 05POL02 06Nous avons fait ce petit jeu deux jours de suite sur le coté tribord puis bâbord de la passe. Le spectacle est hallucinant, les coraux de toutes les couleurs tapissent le fond et les bords de la passe, ils abritent des bancs de poissons coralliens de toutes les tailles par milliers. On nage et on traverse ces bancs où les petits poissons viennent se heurter au masque. Sur les quelques fonds de sable des raies se prélassent et volent entre deux eaux. Et pour couronner le tout, de nombreux requins (gris, pointes noires et pointes blanches) sillonnent les eaux, les plus gros (1,5 -2 m environ) dans les eaux du fond de la passe, les plus petits et plus curieux dans moins d'un mètre d'eau ou au bout des palmes du plongeur. Tout ce monde vit en harmonie, se frôle, se croise dans le silence et offre une image unique de la beauté des fonds marins et de la faune sous-marine. C'est manifestement le plus beau spectacle et le plus joli site que nous ayons vus depuis que nous sommes en Polynésie.
POL02 27POL02 28POL02 30Après trois jours à Tetamanu, nous remontons toujours au moteur vers Fakarava nord et faisons halte pour la nuit au motu Kakaiau : là encore solitude assurée et beauté sauvage, pas une lumière à l'horizon, nous sommes seuls sur le motu. Le 13 juin nous sommes de retour à Roto Ava dans l'espoir de compléter notre cambuse dont le niveau baisse. Peine perdue, nous ne trouverons rien ou pas grand chose car à Tahiti c'est la grève générale et les goélettes de ravitaillement des îles n'ont pas quitté le quai du port de Papeete. Cela nous rappelle notre séjour forcé en Guadeloupe il y a un peu plus d'un an, mais ici le calme et la douceur polynésienne aident à surmonter cette petite difficulté.
POL02 18POL02 19Trois jours plus tard, le 16 juin nous remontons vers l'atoll de Toau et l'anse Amyot. Petits calculs de culmination de la lune pour franchir la passe Garue au meilleur moment et nous sommes en route sous voile... c'est la première étape depuis notre départ de Raiatea que nous effectuerons en totalité à la voile... quel bonheur. Sept heures après nous prenons un coffre devant le fare de Gaston et Valentine.

Le nombre de voiliers au mouillage est trop important et presque exclusivement anglophone. Nous retrouvons cependant avec beaucoup de plaisir une tête connue, celle de Béatrice sur « Lazarina ». Nous avions fait le stage médical ensemble il y a plus de quatre ans. Nous avions vu leur bateau en hivernage à trois reprises mais ils n'étaient pas à bord. Maintenant Stéphane et Béatrice sont retraités et poursuivent leur périple. C'est l'anniversaire de Béatrice et Valentine aidée de Gaston se met en cuisine... soirée grandiose encore une fois.
POL02 21POL02 22Le samedi 19 juin, nous quittons définitivement l'anse Amyot à destination d 'Apataki, un atoll où nous étions déjà passé l'an dernier. L'état de l'épaule de Dominique ne s'améliorant pas, bien au contraire, nous décidons d'écourter un peu notre séjour dans les Tuamotu et de rentrer plus vite vers Tahiti, un rendez-vous est pris auprès d'un orthopédiste le 12 juillet à Papeete. La traversée vers Apataki s'effectue au moteur encore une fois, le vent de nord nord-est n'atteint pas les cinq nœuds... quelle misère. A 9 heures nous embouquons la passe Pakaka avec un courant de deux nœuds qui nous pousse aux fesses. Deux heures plus tard nous sommes sur coffre devant la ferme perlière et le chantier naval de Pauline et Alfred. Là encore accueil chaleureux et joie de se retrouver un an plus tard. L'activité du chantier d'Alfred et Tony démarre doucement, les travaux aménagement également, le 20° bateau vient d'être tiré à terre et il  a des réservations pour l'hivernage. En fait une petite affaire qui vient judicieusement compléter l'activité réduite et déclinante de la ferme perlière. Pauline et Caroline ont la haute main sur la commercialisation des perles et la création de petits bijoux.

Nous voulions rester que trois ou quatre jours à Apataki et traverser vers Papeete dès que possible, mais la météo n'est pas satisfaisante et nous gratifie même d'une journée de pluie torrentielle qui nous permet de compléter nos réserves d'eau, cela tombe bien car le désalinisateur donne des signes de fatigue et deux pièces de rechange nous sont envoyés par le constructeur à Tahiti. Ce jour là lors de manipulation de seaux et de cuvette pleines d'eau de pluie, je fais un magnifique vol plané en descendant sur la jupe arrière détrempée avec une bassine dans les mains... bilan la cuvette est perdue car elle est tombée à la mer et j'étais trop sonné pour la récupérer, une bosse énorme sur l'arrière du crane, le coude éclaté et le coccyx endolori... deux jours sont nécessaires pour que je retrouve mes moyens.... mais il y a eu beaucoup plus de peur que de mal ! ... heureusement.
POL02 23Finalement ce n'est que le 25 juin que nous quitterons Apataki, la météo annonce du vent faible sur le début du parcours puis se renforçant sur la fin. L'état sanitaire de l'équipage est stationnaire : la skipette est de plus en plus handicapé avec son épaule, elle envisage même un retour sur la métropole anticipé de deux mois, le skipper a une fesse droite douloureuse et une sciatique qui s'est réveillée mais à part cela tout le reste va très bien.
POL02 17Les 240 milles de traversée débute par des heures de moteur, mais en début de nuit le vent rentre progressivement du sud puis du sud-est, nous faisons route à la voile à bonne allure (6-7 nœuds). Le lendemain le vent continue à se renforcer (20-25 nœuds) et le soir il est nécessaire de réduire très sérieusement la toile pour ne pas arriver de nuit dans la passe de Papeete. Le trajet se termine sous grand-voile à deux ris et trinquette, la houle de sud se creuse, le vent est travers et Ramatoa continue de cavaler à 7 nœuds de moyenne. Au lever du jour nous sommes dans la passe et à 7h30 nous mouillons devant la marina Taina, puis nous prenons une bouée  entre « Thetis » et « Riga II »... encore des têtes connues. Nous avons parcouru 238 milles en 41 heures. Le trajet retour des Tuamotu a été bien plus plaisant que celui de l'aller.

Voilà la boucle est bouclée, malgré un manque de vent quasi permanent, nous avons bien apprécié notre escapade de deux mois, notre retour aux Tuamotu même si les problèmes de santé de Dominique nous ont conduit à l'écourter un peu. La vie de la ville reprend vite le dessus : approvisionnement chez Carrefour, installation des pièces de rechange du désalinisateur, achat d'un billet d'avion et organisation du voyage retour. Un grand merci à ceux qui ont facilité, d'une manière ou d'une autre, le voyage retour de Dominique pour se soigner dans de bonnes conditions.
POL02 08Lundi 5 juillet 23h30, Dominique décolle pour Paris, je me retrouve seul à bord cela me fait drôle car depuis le départ de la Rochelle, il y a plus de quatre ans, nous avons toujours été ensemble ! Ma vie de solitaire s'organise au fil des jours et je compte mettre les voiles et rejoindre Moorea dans dans quelques jours vers le 14 juillet.... mais c'est une autre histoire et cela fera l'objet du prochain et dernier article du blog pour cette saison de navigation 2010.

Benoit & Dominique sur Ramatoa à Papeete- 12 juillet 2010.

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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 06:02

Déjà plus de trois semaines que nous sommes de retour en Polynésie et que nous avons rejoint Ramatoa. Les jours s'écoulent très vite, notre emploi du temps est bien rempli, et nous ne profitons du lagon que depuis deux ou trois jours.


Reprenons le fil des évènements... Mercredi 17 mars, nous fermons Châtelaillon et montons en Bretagne à Puceul chez Cécile, derniers câlins avec Thomas et le lendemain nous roulons vers Paris avec Guillaume qui nous dépose chez mes parents, nous y passons la journée du vendredi. Samedi à 6H45 Guillaume nous conduit à Roissy CDG, dans l'empressement du départ, il démarre alors que Dominique n'est pas montée à l'arrière dans la voiture, le lourd break lui roule sur la pointe du pied droit !! Arrivé au terminal, rien ne semble cassé, nous trouvons une pharmacie pour pommader ce pied dont les orteils grossissent et noircissent un peu. Débarrassés de nos volumineux bagages : quatre sacs pour un total de 82 kg auxquels il faut ajouter nos sacs de cabine avec les PC et nos petits bricolos habituels. Nous respirons après que tout cela se soit bien déroulé, car dans nos 82 kg, il y en a bien 70 pour Ramatoa avec des matériels ou des substances (poudre blanche stérilisante pour le désalinisateur !) qui peuvent paraître très suspects au contrôle sécurité ; dans la salle d'embarquement nous tendons l'oreille à chaque appel pour des reconnaissances de bagages.


Vol sans histoire sur Air Tahiti Nui avec une escale technique de deux heures à Los Angeles, les bagages restent à bord, mais on a droit au fichage en règle et en bonne et due forme des yankees. A 23 heures locales, arrivée dans la chaleur moite de l'aéroport de Papeete à Tahiti, formalités de Police, récupération des quatre sacs, passage de la Douane et direction la consigne de l'aéroport pour y déposer notre barda et rejoindre une pension de famille voisine pour une courte nuit. La consigne est fermée mais avec un mot sur la porte « je reviens dans cinq minutes... », nous sommes confiants et soufflons un peu assis au pied de nos deux chariots.... 25 minutes plus tard nous sommes moins confiants et Dominique part se renseigner.... il faut vite se rendre à l'évidence : aujourd'hui la vahiné de la consigne devait être un peu fiu et elle est rentrée chez elle avant l'arrivée des deux derniers vols internationaux... « Cela peut lui arriver ! » nous confie une vendeuse de colliers de fleurs, dont l'étal est voisin de la consigne.

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Impossible de rejoindre la pension de famille avec nos deux chariots, nous sommes donc SDF dans le hall de l'aéroport et condamnés à y passer la nuit dans l'attente de l'ouverture de l'enregistrement du vol Papeete – Raiatea à 8H00 le lendemain. La nuit sera longue et inconfortable sur l'étroit banc de bois à proximité immédiate du bar de l'aérogare qui reste ouvert toute la nuit. En fait, un calme relatif s'installe à partir de 2H, mais à 4H l'activité redémarre pour le premier vol vers Tokyo qui décolle à 6 heures. Enfin à 6H30 nous enregistrons nos bagages en payant un excédent de 40 kg à un tarif très raisonnable car si sur le vol international nous avions droit à 4 x 23 kg, sur le vol intérieur en ATR 72 nous sommes limités à 2 x 20 kg ! Courte escale à Moorea puis traversée vers Raiatea.

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Accueil de Sandrine et Laurent du voilier « Quickening », cela nous fait bien plaisir de retrouver des têtes connues et sympathiques. Nous déposons tous nos sacs à bord de Ramatoa et repartons nous doucher à la marina d'Uturoa à bord de leur voilier. Nous sommes épuisés après plus de trente heures sans douche et sans sommeil. A midi, invitation dans un petit snack au bord du lagon où nous retrouvons Jo. Courte sieste réparatrice sur Ra matoa et le soir nous dînons à bord de « Quickening »..... au retour avec Georges, nous nous endormons dans la voiture tous les deux sur le court trajet qui nous conduit au chantier, il est tout juste 21 heures ! Le pied de Dominique ne va pas plus mal qu'au départ de Paris, nous en concluons que tout va bien ! On se couche et on dort mal pour cause de moustiques, de décalage horaire, de chaleur.... enfin le voyage retour est terminé !

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Dès le lundi matin, nous attaquons la remise en état du bateau, il est assez propre extérieurement et intérieurement il est sec, peu d'humidité apparente même si du moisi s'est développé près des hublots et panneaux de pont. Rangement de nos bagages et pièces détachées, aération entre les averses et nous débutons la longue liste des opérations à effectuer avant la remise à l'eau.

Je ne vais pas détailler cette «  To do list du réarmement » mais sachez qu'elle comporte près de 200 opérations planifiées, certaines sont là pour ne pas les oublier et ne prennent que quelques instants, d'autres ne font qu'une ligne mais nous occuperont plusieurs jours. De plus j'ai classé ces items en travaux ordinaires (renouvelés à chaque réarmement : comme l'antifouling) et en travaux extraordinaires (remplacement d'une bague de safran ou d'une bague hydrolube par exemple), j'ai aussi catégorisé ces opérations si elles doivent être faites impérativement à sec, à flot ou indifféremment. D'une année sur l'autre, la durée des travaux est quasiment invariable et il nous faut une semaine à sec puis une deuxième semaine à flot pour finaliser le réarmement de Ramatoa. Ces périodes sont pénibles car, au début, nous sommes en décalage horaire, peu habitués à la chaleur et à l'humidité. De plus la vie sur le berceau à 3 mètres de haut, coincé entre deux hangars au dessus d'un cloaque infesté de moustiques n'est pas des plus confortable !

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Du coté des surprises, bonnes et mauvaises... il y en a toujours : pas de bestioles à bord (cafards ou rats), le pont est très propre, le cyclone OLI n'a laissé aucune trace particulière, le parc batteries est chargé à 100%, le moteur démarre au ¼ de tour, le groupe électrogène tousse et démarre également, bref pas de gros soucis du coté technique ; du coté des mauvaises surprises, nous découvrons qu'une fuite est survenue sur le panneau latéral tribord du roof, l'eau ruisselait le long d'une lisse aluminium puis gouttait sur la table à cartes qui s'est retrouvée inondée. Le livre de bord est perdu ainsi que deux ou trois documents. Le coffre qui me sert de réserve pour les pièces détachées était trempé, mais heureusement les pièces étaient toutes dans des boites étanches... ouf ! L'électronique de la table à cartes et le tableau électrique ont été épargnés car en dehors du ruissellement qui a duré probablement pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois qui se sont révélés être extraordinairement pluvieux cette année, en particulier après le passage du cyclone OLI. Le panneau plexi est tout d'abord protégé de la pluie par des sacs poubelles fixés au greytape, la fuite s'arrête immédiatement. Ensuite les vis du hublots sont démontées une par une, puis l'étanchéité est refaite avec du Sika, la vis est remise en place sans forcer exagérément pour ne pas casser le filet de mastic... c'est une opération longue et fastidieuse.

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Le weekend de Pâques est laborieux, mais le lundi nous quittons la petite marina du chantier pour rejoindre le mouillage du motu Tautau pour souffler un peu à proximité du plus luxueux hôtel de Polynésie : le « Tahaa Resort ». L'an dernier nous avions essayé d'y mouiller mais n'avions pas trouvé le bon emplacement. Ce petit galop d'essai effectué au moteur faute de vent, nous permet de constater : - en route que le capteur d'angle de barre du pilote NKE ne fonctionne plus, il sera changé dès le lendemain matin et tout rentre dans l'ordre – au mouillage que la chaîne d'ancre s'est transformée en un tas de rouille, les maillons sont soudées entre eux, pour mouiller il faut les débloquer à coups de marteau, le chaîne doit être remplacée. C'est une demie surprise car sur l'Amazone la chaîne avait été littéralement sablée à blanc et depuis elle rouillait inexorablement d'année en année. Contact mail avec le chantier pour réserver 80 mètres de chaîne de 10 mm, nous passerons le mercredi et le jeudi à effectuer ce remplacement au ponton du chantier (débarquement de la vielle chaîne fort entamée par endroit, nettoyage et peinture de la baille à mouillage souillée de taches de rouille, marquage et embarquement de la nouvelle chaîne et délestage du portefeuille de près d'un millier d'euros !).

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Au cours d'allers et retours en stop entre le Carénage et Uturoa, Dominique est transportée à plusieurs reprises par un journaliste, correspondant local de Raiatea pour la « dépêche de Tahiti ». Il vient nous voir à bord et relate aimablement mais à sa façon nos projets de navigation pour cette année. L'article est paru dans le journal du 14 avril.... tout y est ou presque... jugez par vous-même !


POL01-05A nouveau un break reposant au motu Tahaea près de Tahaa du vendredi 9 avril au lundi 12 avril : baignades, explorations et bricolages divers. Au mouillage, nous y côtoyons le catamaran à moteur de Laurent Bourgnon. Mardi 13 : approvisionnements au quai d'Uturoa quasiment devant le supermarché Champion, le caddy va directement sur le ponton... c'est commode.

POL01-04

Mercredi 14 avril, Laurent du voilier « Balaé » arrive de métropole pour réarmer son bateau. A notre tour, nous l'accueillons : récupération à l'aéroport en annexe, repas et douche à bord de Ramatoa avant d'aller reprendre possession de son bord.

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De notre coté nous sommes depuis deux jours à la marina Apoiti où nous avons une place à quai. Dominique alias Nicole (cela ne sort pas de la famille !) souffre depuis une dizaine de jours d'une sérieuse tendinite à l'épaule droite qui se révèle être très handicapante. Le corps médical consulté prescrit du repos et une immobilisation... on ne bouge donc pas pour quelques jours. Le départ vers Huahine ou Bora Bora est repoussé au début de la semaine prochaine... rien de bien grave, je mets ce temps à profit pour mettre en ligne cet article, poursuivre mes bricolages et rayer de nouveaux items sur ma « To do list »... quel plaisir !

POL01-13A bientôt pour la suite...


Benoît (alias Dominique) & Dominique (alias Nicole) sur Ramatoa à Raiatea le 15 avril 2010.



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28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 11:12
Voeux 2010 3
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20 octobre 2009 2 20 /10 /octobre /2009 13:27


Après le départ des enfants et petit-fils le 25 août, il nous reste encore un mois à vagabonder avant de désarmer Ramatoa et de le sortir de l'eau au Chantier Naval des Îles à Raiatea. Nous souhaitons mettre ce délai à profit pour retourner à Huahine et profiter des mouillages sur la côte ouest de cette île restée très authentique car épargnée des vagues touristiques.

Nous quittons rapidement le coffre de la marina d'Apooiti et rejoignons le mouillage du motu Mahaea à Tahaa à coté de la passe Tehaotu. Le temps est médiocre, venté, le lagon est agité d'un clapot assez désagréable. La météo n'annonce pas un retour du grand beau temps dans un futur proche.


Finalement le jeudi 27 août, nous quittons le mouillage devenu trop agité et rejoignons le fond de la baie d'Haamene, le temps est gris et la météo annonce un renforcement des vents de secteur sud, sud-est, un nouveau coup de Maramu s'annonce. Au mouillage sur fond de vase la tenue de l'ancre est bonne mais les rafales s'engouffrent dans la vallée et se renforcent par effet venturi. Le clapot est fort, le mouillage devient inconfortable sans être dangereux, les nuits sont bruyantes, le vent monte à 40-45 nœuds dans les rafales. Nous profitons de notre séjour forcé pour visiter la maison de la vanille qui traite la production de plusieurs centaines de petits producteurs de Tahaa et des îles environnantes de la Société.

Le lundi 31, profitant d'une relative accalmie, nous sortons de la baie et faisons route au moteur pour gagner un meilleur abri sur la côte est de Raiatea. Dans le canal séparant Tahaa et Raiatea le lagon est blanc et le vent est établi à 30-35 nœuds. Nous prenons un coffre à la marina d'Apooiti et y trouvons un calme relatif, la mer est plate mais les rafales secouent le bateau régulièrement. Dans la journée, une place se libère au quai d'accueil et nous sautons dessus. Les rafales et les grains nous tombent dessus par le travers et Ramatoa gîte sous les claques du vent. Nous restons bloqués à ce quai durant quatre journées. Les polynésiens sont surpris de ce mauvais temps à cette époque et du temps froid qui prévaut, la nuit nous avons ressorti les couvertures en fibres polaires ! Nous nous échappons pour le weekend de l'autre coté du canal sur Tahaa sur une des bouées du Taravana Yacht Club. Nous profitons d'être sous couverture WiFi pour commander nos billets d'avion retour sur Internet.


Finalement le mauvais temps se calme et le 8 septembre nous rejoignons de nouveau le mouillage du motu Mahaea à Tahaa et le lendemain nous embouquons la passe Tehaotu et parcourons les 20 milles qui nous séparent de Huahine. Le vent est faible et nous l'avons dans le nez, la route se fait à la voile aidée du moteur. Un peu avant midi, quatre heures plus tard nous sommes dans la passe Avamoa et mouillons au sud du village de Fare, principale bourgade de l'île. On y trouve quelques boutiques, deux banques, deux stations services et un supermarché bien mieux approvisionné que le Champion, passablement pourri, d'Uturoa à Raiatea.

Le mouillage est splendide en bordure du platier entre les deux passes qui conduisent à la rade de Fare, mais il est de très mauvaise tenue et nous devons nous y reprendre à cinq reprises pour que l'ancre finisse par tenir. Il y a bien un autre mouillage proche du village à l'ouest de Fare mais il est très encombré et la houle y pénètre largement par la passe toute proche et secoue la douzaine de voiliers.

Le jeudi 10 septembre, nous descendons vers le sud en restant dans le lagon, à l'abri de la forte houle qui déferle violemment sur la barrière de corail. Tranquille navigation de 8 milles qui nous conduit dans la baie la plus sud de Huahine : la baie d 'Avea qui passe pour être la plus belle plage et le plus beau mouillage de l'île. Au cours de cette navigation au moteur, où nous nous glissons entre les les patates de corail en respectant rigoureusement le balisage, nous franchissons au compteur du GPS le cap des 20 000 milles depuis la mise à l'eau de Ramatoa le 13 avril 2006 aux Sables d'Olonne... cela commence à faire une belle distance parcourue en un peu plus de trois ans !

Le mouillage dans la baie d'Avea se situe devant une très belle plage bordée par un récif frangeant, l'ancre descend par 12-13 mètres de fond, l'eau est si claire que nous la voyons parfaitement. Nous sommes 5-6 voiliers au mouillage mais cela bouge un peu tous les jours avec des arrivées et des départs, en particulier les voiliers des flottes de location et de charter.

De notre coté, nous apprécions ce mouillage vaste et tranquille ourlé d'une très belle plage. Nos journées sont bien remplies, baignades, exploration du lagon et de l'immense platier qui s'étend jusqu'à la barrière, promenades à pied et en « truck », le bus coloré construit sur un châssis de camion. Excursion en annexe jusqu'au plus ancien Marae de l'île. Nous allons même à la ville de Fare en truck pour compléter nos provisions. Un petit restaurant local « bb »est installé sur la plage, on y mage des plats locaux tout à fait corrects, et le soir la camionnette du boulanger klaxonne et s'y arrête.... notre petite vie tranquille s'organise au fil des jours.

Un Ovni 455, superbement entretenu, baptisé « Toa Marama » que nous avions repéré à notre passage à Tahiti à la marina Taina rejoint le petit groupe de voiliers au mouillage et va directement s'ancrer sur le platier de sable au beau milieu de la flaque d'eau turquoise dans 1,6 mètres d'eau. Nous faisons rapidement connaissance de Jean Pierre et Monique et sur leur conseil faisons de même dès le lendemain et les rejoignons dans cette piscine naturelle. La tenue y est excellente car l'alizé souffle à 25-30 nœuds. Quel bonheur de se baigner à coté du bateau en ayant de l'eau jusqu'à la poitrine. De temps en temps une raie ou une tortue passe sous le bateau et nous voyons les 20 mètres de chaine et l'ancre qui tirent à l'horizontal dans une eau cristalline. A coup sur c'est un mouillage qui aurait emballé les enfants quelques semaines plus tôt !

Après une semaine passée dans ce petit coin de paradis, nous faisons la route inverse et remontons vers Fare. Cette fois, il n'y a pas de houle, le temps est calme et le mouillage pas trop encombré, nous y trouvons une place pour y mettre notre ancre. Complément d'avitaillement, deux bidons de gasoil et nous goutons le soir aux délices d'un steak frites à la « roulotte » sur le quai de Fare en assistant au chargement de la goélette qui repart sur Tahiti... il y a du spectacle, du bruit, de la poussière et des rires !

Le dimanche 20 septembre, nous quittons Huahine par la passe Avamoa et faisons route rapidement à la voile vers Raiatea. Nous pénétrons dans le lagon par la passe Iriru et allons prendre un coffre dans la vaste baie de Faaroa. Le lundi nous regagnons par l'intérieur du lagon la ville d'Uturoa et allons faire le plein de gasoil au quai derrière la marina. En fin de matinée nous sommes à quai à la marina d 'Apooiti.

Le rendez-vous pour la sortie de l'eau est fixé au vendredi 25 septembre, mais d'ici là il y a une très longue liste d'opérations de désarment à effectuer avant de pouvoir sortir Ramatoa de l'eau. Nous profitons d'être à quai pour dégréer toutes les voiles, les plier et les donner à réviser. Avec plus de 8000 milles parcourus cette année, la grand-voile et le lazy-bag ont besoin d'une bonne révision. Le génois a peu souffert et sur la capote et le bimini il y a toujours des kilomètres de couture à reprendre. Tout le gréement courant est démonté, inspecté, rinçé, séché et rangé dans les coffres. Il faut également penser aux vidanges du moteur inboard et du groupe électrogène, à la stérilisation du désalinisateur... bref sur la « To do list du désarmement » il y a près de 200 opérations à effectuer. Dominique a débuté depuis Huahine le tri systématique de toute la pharmacie et de tout le stock alimentaire. Bref les journées sont bien remplies !

La veille de la sortie de l'eau de Ramatoa, nous prenons un coffre face au chantier. Au petit jour un très violent grain s'abat sur la zone de mouillage et le canal Tahaa-Raiatea, la mer est blanche, elle fume à l'horizontale le vent souffle en bourrasques à plus de 40-45 nœuds. Je surveille le coffre auquel nous sommes accrochés car il ne me semble pas d'une résistance à toute épreuve. Le grain dure, il est quasi stationnaire, je doute fort que la manutention du bateau puisse s'effectuer dans de telles conditions.

Finalement vers 9 heures du matin, le grain s'éloigne, le vent tombe et le soleil revient. Le chantier nous appelle à la VHF pour venir prendre position dans le chariot de sortie de l'eau. Ici ce n'est pas un travelift qui assure la manutention des bateaux mais un chariot supportant un berceau adapté au type de bateau (quillard, dériveur, catamaran...) qui descend dans l'eau sur un plan incliné. Le calage du bateau sur le berceau est effectué par des hommes dans l'eau. Le travail est lent mais très professionnel, le calage se révèle parfait une fois le voilier tiré au sec. C'est la première fois que nous utilisons ce système et sommes très intéressés de voir son déroulement. Il faut compter deux bonnes heures pour la sortie et encore une pour le calage sur le lieu de stockage... on est très loin de la productivité du chantier Peake à Trinidad !

Le chantier est de petite taille, l'équipe très sympathique se révèle être efficace et compétente. Comme toujours dans les chantiers, la vie sur un bateau à terre accroché à son berceau à près de 3 mètres de hauteur n'est pas toujours facile ni agréable. Les commerces sont éloignés, il faut y aller en annexe, mais tous les midi des plats sont livrés aux habitants des voiliers du chantier par une cuisinière voisine du CNI. C'est sur Ramatoa du haut de notre berceau que nous vivrons l'alerte au Tsunami après le séisme des îles Samoa... en réalité nous ne verrons rien, pas de vague seulement la fermeture en urgence de tous les commerces qui font d'Uturoa une ville morte pendant une bonne partie de la matinée.

Nous retrouvons nos amis Sandrine et Laurent de « Quickenning » qui rentrent de deux mois passés en France. Ils sont installés à la marina municipale d'Uturoa et comptent y rester pendant quelques mois pour remplir la caisse de bord. Nous serons heureux de les retrouver à notre retour au mois de mars 2010.


Le samedi 3 octobre, Sandrine et son copain Jo nous accompagnent à l'aéroport de Raiatea où nous embarquons pour Tahiti via Bora Bora. Sandrine veut nous voir revenir prochainement et sacrifie à la tradition polynésienne de nous offrir deux beaux colliers de coquillages. A l'aéroport de Faa à Tahiti dans la file d'attente à l'enregistrement de notre vol Los Angeles Paris, nous rencontrons Jeanne et Régis du voilier « XE » ils viennent raccompagner fils et belle fille, nous voyagerons ensemble. Voyage long mais bien moins pénible et fatiguant que les vols au retour de Trinidad.

Voilà c'est fini pour cette année, nous repartirons vers la Polynésie à la fin du mois de mars 2010. Pas d'article nouveau à attendre d'ici là, sauf des mises à jour des bilans techniques et la création de pages récapitulant tous les mouillages pratiqués au cours de la dernière année de navigation.... histoire d'occuper les longues soirées d'hiver qui arrivent !


Enfin en guise de surprise à la fin de cette année de navigation et d'articles... vous découvrirez :

  • La nouvelle mise en page et le nouveau look du blog, nous espérons qu'ils vous plairont.
  • Un magnifique diaporama réalisé par les enfants lors de leur séjour à bord de Ramatoa au mois d'aout dernier.


A très bientôt !


Benoît & Dominique à Châtelaillon-Plage le 20 octobre 2009.

 

 

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1 septembre 2009 2 01 /09 /septembre /2009 05:38

Nous sommes arrivés le jeudi 23 juillet au petit matin à la marina Taina à Tahiti. Le mouillage est saturé, toutes les bouées sont occupées, nous mouillons en limite du chenal au sud de la marina. Nous avons réservé une place à quai à la marina à partir du 30 juillet, cela facilitera les gros approvisionnements avant l'arrivée le 4 août de Cécile, Guillaume et Thomas.

 

Mais d'ici là nous avons de très longues listes de courses et de bricolos à effectuer tant du coté technique que du coté de l'intendance.

Pour ma part, il me faut :

  • Effectuer les formalités douanières d'entrée en Polynésie.

  • Réparer le support d'alternateur Mastervolt dans un atelier de mécanique générale qui me fait un travail remarquable, c'est comme cela que le montage d'origine aurait du être fait...

  • Acheter un moteur HB pour remplacer le 6cv 4 temps Tohatsu qui donne de graves signes de faiblesse et que Dominique ne peut pas démarrer. Mon choix (limité à Papeete) se tourne vers un Tohatsu 2 temps de 9,8 cv. Mise en vente de l'ancien HB.

  • Acheter de l'antifouling en prévision du prochain carénage à Raiatea.

  • Tenter sans succès de faire réparer le cordon du micro de la BLU Icom qui s'est usé et coupé.

  • Mettre en place des filets de protection dans les passavants pour le petit Thomas.

  • Effectuer les compléments habituels des pleins (huile, gasoil, essence et gaz...).

Du coté de l'intendante, la liste n'est pas moins longue :

  • Avitaillement pour 5 personnes et trois semaines, heureusement l'hypermarché Carrefour est à moins de 500 mètres et nous ramenons les caddies jusqu'au bateau sur le quai.

  • Lessives multiples.

  • Confectionner des housses de protection pour les coussins du carré... toujours pour Thomas !

  • Soins dentaires urgents pour une douleur persistante sous une dent couronnée qui dure depuis Panama !

 

A cela s'ajoute toutes les opérations de maintenance et d'entretien de Ramatoa, de nettoyage et de rangement en prévision de l'arrivée des enfants et petit-enfant. Les journées sont bien remplies et nous découvrons très vite les quartiers de Papeete et les zones industrielles du port autonome. Les allers et retours s'effectuent en bus ou en truck. Le soir nous allons souvent avec Laurent de Balae ou avec Eva & Georges de Kopernik manger à une roulotte au rond-point de Punaauia.

Mardi 4 août, c'est le jour J... à 4H30 nous sommes à l'aéroport et accueillons les Puceulois (Habitants de Puceul-44390), tous un peu pâles et fatigués par ce long voyage. Embrassades et colliers de fleurs et en route vers la marina avec le véhicule aimablement prêté par Valérie et Patrick du catamaran Oiri. Installation à bord de tout ce petit monde. Quel bonheur de recevoir ses enfants et de retrouver la famille !

 

L'archipel des îles de la Société s'étend sur 400 milles nautiques, est situé dans la partie la plus à l'ouest de la Polynésie française et forme la région la plus importante et la plus peuplée avec près de 250 000 habitants. Il est composé en majeure partie d'îles hautes, d'origine volcanique et le plus souvent entourées d'un vaste lagon navigable percé d'une ou plusieurs passes généralement faciles d'accès. On distingue les « îles au vent » avec principalement Tahiti et Moorea et les « îles sous le vent » (100 milles plus à l'ouest) avec Huahine, Raiatea et Tahaa qui partagent le même lagon, Bora Bora et enfin Maupiti la plus occidentale. Avant de partir vers ces îles mythiques, quelques mots et nos impressions sur Tahiti.

En réalité, nous avons fait comme la grande majorité des touristes en Polynésie, nous avons peu séjourné à Tahiti et nous ne connaissons que la capitale Papeete qui accueille plus de la moitié de la population de la Polynésie française. C'est une ville commerçante, animée, sale, bruyante, encombrée et polluée... bref tout pour nous plaire. Il y a peu de beaux édifices et le front de mer est un vaste chantier permanent, toutefois le marché et sa halle sont spectaculaires. Avec les enfants nous visiterons les principaux sites de Papeete le lendemain de leur arrivée. Tahiti mérite mieux que cela et il faut s'éloigner de la capitale pour découvrir de très beaux sites sauvages et montagneux.

Le port de Papeete, véritable poumon économique de la Polynésie française, est très actif. De plus il accueille toutes les liaisons marchandises et passagers vers la totalité des archipels de la Polynésie, le trafic est incessant. De même l'aéroport international de Tahiti-Faaa reçoit le trafic long courrier mais est aussi le siège de tout le trafic interinsulaire fort actif.

Historiquement Tahiti est d'abord sous influence anglaise au début du XIX° siècle et la France y établit un protectorat sous le règne de la reine Pomare IV en 1842. Il faut attendre la fin du second conflit mondial pour que le statut évolue vers un Territoire d'Outre-Mer. Les polynésiens disposent aujourd'hui d'une très large autonomie avec un gouvernement et une assemblée propres. Papeete est le siège de tous les services de l'état français et du gouvernement local.

Jeudi 6 août nous quittons Tahiti et la marina Taina pour franchir le petit bras de mer large de 10 milles et rejoindre l'île sœur de Moorea. Le temps est au grand beau fixe,la mer est calme, le vent inexistant, nous faisons la totalité de la route au moteur. Pour les nouveaux arrivants, à bord chacun prend ses repères. Thomas se familiarise très vite avec ce nouvel environnement. Une vingtaine de milles plus tard nous mouillons dans le lagon de Moorea à l'ouvert de la baie d'Opunohu, une des deux grandes baies profondes qui échancrent la face nord de l'île. Le site est magnifique, les fonds superbes et poissonneux et il y a une douzaine de voiliers au mouillage. L'île est spectaculaire avec ses deux grandes baies et les montagnes qui culminent à près de 900 mètres.

Découverte en même temps que Tahiti par Wallis en 1767, Bougainville et Cook débarquèrent également sur Moorea. La société Maorie est vite décimée par les maladies et l'alcool. La majorité des habitants de l'île (12-15000) travaille à Papeete et emprunte quotidiennement les ferrys et navettes qui les relient à la capitale.

De notre coté nous partageons notre temps entre baignade, exploration du lagon et des patates de corail et la plage pour le petit mousse. Vendredi matin, nous embarquons tous dans l'annexe et rejoignons par l'intérieur du lagon à proximité de la passe voisine un banc de sable peuplé de raies. Le spectacle est sans danger, unique et inoubliable, avec de l'eau jusqu'à la ceinture les raies nous frôlent et il est possible de les caresser et de les nourrir dans la main. Thomas et ses parents apprécient le spectacle.

Le temps se couvre et il pleut, nous décidons de lever l'ancre et de rejoindre Huahine, 80 milles plus loin. Nous effectuons cette route de nuit par mer belle sans aucun vent et sous de copieuses averses. Les Puceulois dorment tous, Dominique et moi, nous nous partageons la nuit. Le jour se lève sur Huahine toute proche, le beau temps est revenu. Nous franchissons la passe Farerea et nous nous glissons derrière les motu Murimahora et Tarohu. La baie est totalement sauvage, l'eau calme comme un lac, le spectacle est superbe. Nous naviguons à vue entre les blocs de corail, l'eau est transparente, il est difficile d'estimer la profondeur réelle. Nous mouillons, seul au monde dans 3 mètres d'eau, derrière le motu Tarohu. Le site est splendide et il plait d'emblée aux enfants. Baignade, snorkeling, excursions sur le motu et vers le récif barrière. Thomas bénéficie même de son petit banc de sable à quelques mètres de Ramatoa.

Huahine, haute de 9 milles du nord au sud et large de 6 milles d'est en ouest est composée de deux îles : Huahine nui au nord qui culmine à 669 mètres et Huahine iti au sud à 462 mètres. Elles sont séparées par un chenal étroit et peu profond, navigable pour les seules embarcations, un pont les relie. Les reliefs sont doux et les pentes verdoyantes. Elle fut la dernière des îles sous le vent à être rattachée à la France en 1888 soit quarante années après Tahiti. La citoyenneté française ne fut accordée qu'en 1946.

Nous restons 48 heures dans ce petit bout de paradis et le lundi 10 août nous ressortons par la passe Farerea, contournons le lagon de Huahine par le nord pour gagner Tahaa à un vingtaine de milles et qui nous semble très proche tant le temps est clair... mais toujours sans aucun vent (5 nœuds dans les rafales). Route au moteur, grand voile haute, depuis le départ nous n'avons pas encore fait route à la voile, Guillaume doute d'être sur un voilier ! Nous devrions découvrir les mouillages de la côte ouest de Huahine à notre retour vers Tahiti.

Nous entrons dans le très vaste lagon qui ceinture les îles de Raiatea au sud et de Tahaa au nord par la passe Toatioru pour gagner un mouillage au fond de la baie d'Haamene, profonde échancrure sur la côte est de Tahaa. Déception : le mouillage est sauvage et fort bien abrité devant le petit bourg pas si typique, mais l'eau n'est pas claire, comme c'est souvent le cas dans les fonds vaseux des baies. Pas de baignade mais débarquement à terre : courses à l'épicerie et balade dans le village qui abrite le seul collège de l'île. Dès le lendemain nous corrigeons vite le tir et gagnons un mouillage superbe sous le vent du motu Mahaea dans une flaque d'eau turquoise par 4-5 mètres de fond. Le mouillage est fréquenté par les voiliers de location des bases Sunsail et Tahiti yacht Charter de Raiatea. Nous passons la journée à nous baigner et à explorer le lagon. Thomas apprécie de plus en plus et réclame souvent de « se mener bateau » à interpréter par se promener en annexe pour aller à la plage où tout simplement pour se faire secouer dans les vagues ! Je mets l'après-midi à profit pour faire un peu de mécanique et résoudre avec succès les problèmes de désamorçage du circuit de gasoil du groupe électrogène qui refusait de démarrer.

Les îles sous le vent passent sous souveraineté française en 1888 mais la rébellion de Raiatea et Tahaa dura jusqu'en 1897 où elle fut éteinte après l'envoi de trois navires de guerre et plus de mille hommes. Les chefs de la rébellion sont alors envoyés en exil à Nouméa. Tahaa est l'île de la vanille, peu peuplée alors que sa grande sœur Raiatea, avec qui elle partage le même lagon navigable percée de dix passes, est l'île sacrée qui demeure un centre culturel et religieux important dans le Pacifique et la grande Polynésie.

Nous disposons du WiFi au mouillage et les prévisions météorologiques ne sont pas excellentes. Nous préférons écourter notre exploration du lagon de Raiatea-Tahaa qui dispose d'un très grand nombre de mouillages pour gagner au plus vite Bora Bora.

Mercredi 12 août 2009, navigation au moteur sur le lagon dans le bras qui sépare Tahaa de Raiatea pour contourner le sud de Raiatea et rejoindre la haute mer par la passe de Paipai en direction de Bora Bora qui passe pour être la perle du Pacifique. Vent nul, beau temps avec quelques averses et toujours du moteur, la houle assez forte de sud-ouest (2-2,5 m) brise fortement sur le récif de chaque coté de la passe, le spectacle est magnifique et impressionnant. Dans la passe nous sommes suivis de peu par un caboteur qui ravitaille Bora Bora, nous le voyons s'éloigner en piquant du nez dans la houle et en roulant fortement. Six heures plus tard nous embouquons la large et unique passe du lagon de Bora Bora : la passe Teavanui. Il y a de nombreux voiliers au mouillage du yacht club ainsi qu'à l'entrée du lagon à l'abri du motu Tapu. Un paquebot est au mouillage dans le lagon devant Vaitape la seule ville de l'île. Nous nous glissons entre la barrière et le motu Topua et mouillons dans quelques mètres d'eau. Nous sommes à l'abri de la mer et voyons la houle briser sur le récif mais nous ne sommes guère à l'abri du vent qui se lève en soirée. La météo se dégrade et annonce un épisode de Maramu, vent fort du sud, débutant au sud-ouest et finissant au sud-est dans l'alizé et qui amène de la pluie et des bourrasques de vent soutenus (25 nds) avec des rafales assez fortes à 30-35 nœuds.

Avec Tahiti, Bora Bora est la plus connue et la plus mythique des îles de Polynésie. Découverte par Cook en 1769, elle devient française en 1888. Les USA y installent en 1942 une importante base aéronavale pendant la guerre du Pacifique contre le Japon et à ce titre elle possède le plus ancien aérodrome en Polynésie. Le navigateur solitaire français Alain Gerbault contribua à sa renommée et ses cendres y reposent. La réputation de Bora Bora et les incitations du gouvernement Polynésien ont favorisé au cours des quinze dernières années la construction de nombreux hôtels de très grand luxe, dont les bungalows sont sur pilotis, qui en font aujourd'hui la première destination touristique de Polynésie et la plus couteuse au monde. L'offre y dépasse largement la demande, mais toutes les grandes chaînes hôtelières se doivent d'avoir leur enseigne sur le lagon de Bora. La crise touristique de Bora Bora a précédé la crise économique actuelle, le recul est sensible et de l'ordre de 20 à 30%.

Jeudi 13 août, le Maramu souffle grand frais, l'île est balayée par de violents grains de pluie et de vent... aujourd'hui cela ne sera pas une journée dans l'eau mais sous la pluie et nous en profitons pour nous rendre à Vaitape. Pour cela nous changeons de mouillage et allons prendre un coffre devant le BBYC pour « Bora Bora Yacht club »... quelle classe ! Nous irons à pied découvrir Vaitape, avec ses innombrables boutiques et joailleries pour touristes qui vendent des perles noires de Tahiti, mais en fait des touristes, nous en verrons peu car ils sortent rarement du périmètre des hôtels. Nous faisons quelques courses. Cécile et Guillaume iront fêter leurs « noces de froment » (3° anniversaire de mariage) dans un hôtel de rêve et ils y passeront une nuit. De notre coté les grands-parents assurent bien volontiers la garde de Thomas avec qui nous multiplions les occasions de « se mener en bateau » pour son plus grand plaisir. Pour sa part, le grand père souhaite conserver un souvenir indélébile et imbécile de son passage au BBYC et il s'ouvre l'arcade sourcilière sur un placard de la salle de bain qui s'est ouvert malencontreusement et me voilà parti à pied à Vaitape pour me faire poser quatre points de suture au dispensaire par un infirmier... ex militaire de la Légion Étrangère... finalement nous avions plein de choses à nous dire, la séance de couture a été très intéressante !

Le Dimanche 16 août, le beau temps revient tout doucement même si le Maramu ne s'essouffle pas et nous filons dans le lagon sur la côte est de Bora Bora. Les paysages sont sublimes car nous naviguons souvent dans quelques mètres d'eau seulement et les couleurs sont exceptionnelles. Nous ne comptons plus les bungalows sur pilotis des hôtels qui colonisent la quasi totalité des motu. Fort heureusement il reste de grands espaces vierges de constructions et nous trouvons notre petit coin de paradis en mouillant dans le sud du lagon à l'abri du motu Torere. Du bateau nous assistons au spectacle inoubliable des levers et couchers de soleil sur le cône volcanique qui domine l'île de ses 727 mètres.

Nous passons près de trois jours dans ce cadre idyllique avec des snorkeling au jardin de corail où nous voyons de très nombreux poissons, des raies et de très beaux coraux, des balades sur le motu pour aller voir la mer se briser sur le récif. Le temps passe vite, le beau temps revient progressivement et le vent fort s'assagit. Le planning de retour des enfants est modifié pour éviter un retour pénible vers Papeete à la voile avec trop ou pas assez de vent. Un vol retour Raiatea – Papeete par Air Tahiti est réservé depuis Bora Bora, ce qui nous laissera plus de temps pour explorer le lagon de Tahaa et Raiatea.

Mercredi 19 août, nous quittons le sud de Bora Bora pour rejoindre Tahaa. Comme à l'habitude le vent est retombé, la mer est calme et le temps s'est mis au beau. Nous effectuons toute la route au moteur et pénétrons dans le lagon de Tahaa par la passe Paipai, nous prenons un coffre à la pointe de Toamaro à la marina Iti. Nous effectuons un aller-retour vers Raiatea à la marina Apooiti pour quelques courses et regagnons le mouillage de la pointe Toamaro sur l'île de Tahaa. Le lagon de Tahaa-Raiatea est sillonné d'innombrables vedettes et navettes de transports de passagers, l'une d'entre-elles le « Maupiti Express » qui assure des rotations avec Bora Bora et Maupiti a été rebaptisé par les îliens le « Vomiti-Express ». Les polynésiens vivent sur le lagon mais n'ont pas le pied marin en haute mer. Nous décidons de faire le tour des îles Tahaa et Raiatea par l'intérieur du lagon ce qui représente près de 55 milles de navigation.

Nous débutons notre périple, jeudi 20 août, par le tour de Tahaa. Une fois n'est pas coutume nous pouvons naviguer à la voile dans le lagon pour gagner le mouillage devant le motu Tautau où se niche le plus luxueux hôtel de Polynésie, fréquenté par de grandes vedettes et acteurs de cinéma. Nous ne trouvons pas l'endroit où nous pouvons mouiller car les fonds passent brusquement de 20 à 1,5 m. Nos tentatives infructueuses se soldent par une pastille de sécurité du safran qui saute après avoir touché à plusieurs reprises. Nous abandonnons et poursuivons notre tour de Tahaa et trouvons quelques milles plus loin un superbe mouillage désert dans quelques mètres d'eau au sud du motu Tehotu. Débarquement sur la plage et promenades en annexe occupent l'après-midi. Le soir nous sommes seuls au monde pour assister à un coucher de soleil sublime sur Bora Bora.

Vendredi 21 août, les enfants décident de rejoindre le motu Nao Nao au sud de Raiatea, c'est à l'opposé de notre position actuelle dans le lagon, il y a plus de 30 milles à parcourir... au moteur car le vent faible nous souffle dans le nez ou nous fait totalement défaut. Six heures plus tard en ayant longé toutes les côtes nord et est de Tahaa puis de Raiatea, nous mouillons sous le vent du motu Nao Nao. Le calme est garanti, le mouillage solitaire, le site est totalement sauvage. Baignade, snorkeling et plage sont au programme de l'après-midi, pour ma part je m'attaque au nettoyage de la carène de Ramatoa où l'herbe commence à pousser un peu trop à mon goût.

Le lendemain, samedi 22 août, nous poursuivons notre tour de Raiatea avec des passages plus étroits entre les passes Punaeroa et Toamaro. Le balisage est remarquable mais il faut rester attentif et nous finissons par déboucher au niveau de la passe Toamaro et mouillons dans 3 mètres d'eau à l'abri du motu du même nom. Le snorkeling y est superbe, les fonds poissonneux et le corail en fleur... par contre sur la plage les moustiques sont voraces et nous faisons rapidement demi tour.

Dimanche 23 août, nous terminons le tour de Raiatea, toujours au moteur, mais par l'extérieur du lagon car il n'est pas navigable entre les passes de Toamaro et de Rautoanui. Nous passons devant le chantier naval des îles sous le vent où nous désarmerons prochainement Ramatoa et prenons un coffre à la marina d'Apooiti.

Ce tour des îles de Tahaa et Raiatea effectué en quatre journées à l'intérieur du lagon dans sa quasi totalité nous a offert de superbes vues sur l'île de la vanille et sur l'île sacrée et trois mouillages sauvages et solitaires de toute beauté.

Pour le dernier jour avec les enfants nous avons loué un véhicule et nous ferons le tour de Raiatea mais par la terre cette fois-ci. Nous commençons par Uturoa la ville principale de Raiatea et la deuxième ville de Polynésie française avec quelques 5000 habitants. Nous redécouvrons des paysages et des points de vue sublimes sur le lagon et visitons le marae de Taputapuatea, le plus grand de toute la Polynésie. Le soir nous profitons d'avoir une voiture pour effectuer des appros au supermarché d'Uturoa et je me fais retirer mes points de suture au dispensaire... par une fort jolie polynésienne cette fois-ci !

 

Mardi matin, c'est le moment des séparations et du long retour vers la métropole (Raiatea-Papeete-Los Angeles-Paris) pour Cécile, Guillaume et Thomas qui ne fouleront le sol de Roissy que jeudi vers 11 heures locales.

A midi, nous nous retrouvons seuls tous les deux un peu perdus et tristes. Nous décidons de quitter la marina d'Apooiti et de retourner mouiller près du motu Mahahea à Tahaa. Le temps n'est pas au grand beau fixe et après 48 heures nous nous abritons dans la baie d'Haamene pour préparer cet article et laisser passer le nouvel épisode de Maramu annoncé pour ce weekend. Le rangement, la maintenance, les lessives et le nettoyage de Ramatoa sont attaqués sans beaucoup d'entrain.

Je dresse un bilan en demie teinte de cette croisière familiale de trois semaines dans les îles de la Société... Le temps a été mauvais une semaine sur trois et l'absence de vent durant les deux belles semaines nous a empêché de naviguer à la voile, nous avons donc fait beaucoup trop de moteur au goût de tous. Le programme initial a du être modifié et adapté aux circonstances nouvelles. Cécile adore la mer mais souffre d'un mal de mer persistant, Guillaume adore observer la faune sous-marine mais il a une préférence pour le plancher des vaches... cela ne leur a pas permis d'apprécier pleinement une croisière sur notre petit voilier. Thomas s'est parfaitement adapté à ce nouvel univers et s'est montré très à l'aise tant en navigation qu'au mouillage... encore quelques années et il fera certainement un bon petit mousse. Le grand bonheur de retrouver enfants et petit-fils pour des vacances sur le bateau est bien réel pour nous deux mais la séparation après trois semaines est aussi bien difficile à vivre et avons des bleus au cœur.

Il nous reste un mois avant de mettre Ramatoa au sec à Raiatea et de le désarmer. Après quelques jours de repos nous envisageons de repartir vers Huahine pour découvrir sur la côte ouest les quelques très beaux mouillages de cette île polynésienne qui, contrairement à Bora Bora, n'a pas perdu son âme et est restée authentique. Nous vous en parlerons dans notre prochain et dernier article de notre saison de navigation 2008-2009. Notre retour en Charente maritime est toujours prévu pour le début du mois d'octobre.

 

N'oubliez pas de découvrir toutes les photos de notre séjour dans les îles au vent et sous le vent dans le nouvel album des « Îles de la Société ».

 

Benoît & Dominique sur Ramatoa le 31 août 2009 à Raiatea.

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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 13:38

Notre séjour à Taiohae s'éternise un peu plus longtemps que voulu. La météo est médiocre, la houle est forte et nous attendons une accalmie pour traverser vers les Tuamotu. Nous mettons à profit ce contretemps pour effectuer, avec Jeanne et Régis du voiler « Xe », une splendide ballade en 4x4 sur la côte nord de Nuku-Hiva depuis Hatiheu à deux pas d'Anaho jusqu'à l'aéroport puis retour par le centre de l'île et son plateau central au paysage si surprenant : on se croirait dans les Vosges ou en Suisse ! Nous assistons également au début des fêtes de juillet aux îles Marquises.

Finalement le vendredi 3 juillet, nous quittons les Marquises par un temps gris et humide. L'alizé souffle frais et la mer est chaotique. Le voilier avance bien, nous faisons de belles moyennes, de 150 à 160 milles par jour, mais l'allure est inconfortable. 491 milles plus loin et un peu plus de trois jours après, nous pénétrons dans notre premier atoll à Manihi dans l'archipel des Tuamotu.

De tous les archipels de la Polynésie française, l'archipel des Tuamotu est le plus déconcertant et atypique avec une géographie extrême. Ce chapelet de 77 atolls, délicats anneaux coralliens à fleur d'eau, s'étend sur 1500 km du nord-ouest au sud-est et sur 500 km d'est en ouest. Pas le moindre relief, des îlots : les « motu », des cocotiers et des barrières de corail perdus dans une immensité liquide.

La vie des Paumotu, habitants des Tuamotu, est simple, rude et rustique. Le quotidien est rythmé par la pêche, les travaux dans les fermes perlières ou le coprah dans les cocoteraies, par les arrivées des avions et des caboteurs qui ravitaillent les villages généralement installés sur les passes. Le milieu est fragile et vulnérable, l'érosion éolienne et marine est permanente, ces terres basses (2 à 3 mètres au dessus du niveau de la mer) sont à la merci des cyclones dévastateurs, heureusement fort rares.

L'économie de l'archipel est limitée à la pêche, au coprah et à la perliculture et plus récemment aux touristes et aux plongeurs sur quelques atolls bénéficiant de spots de plongée réputés. Cependant les atolls du nord de l'archipel tirent mieux leur épingle du jeu grâce au tourisme et à la perliculture que ceux du centre et du sud qui restent encore à l'écart de ces évolutions. Enfin le centre d'essai d'essai du Pacifique (CEP) a contribué, pendant les 35 années où la France a procédé à des tirs nucléaires dans l'atmosphère puis souterrain, à désenclaver les atolls du grand sud et à irriguer financièrement l'économie de toute la Polynésie française. Les infrastructures des atolls de Mururoa et Fangataufa sont aujourd'hui démantelées mais restent sous surveillance militaire, la grande base arrière installée sur l'atoll de Hao est en cours de reconversion pour réutiliser tout ou partie des installations abandonnées par l'état français.

Historiquement les îles Tuamotu, baptisées par les premiers navigateurs « l'archipel dangereux » en raison des risques que comportait la navigation dans ces eaux parsemées d'atolls invisibles et traversées de violents courants, ont été découvertes bien avant les îles de la Société par des navigateurs espagnols (Quiros 1605) et surtout hollandais (Le Maire et Schouten 1616 – Roggeveen 1722). Ce n'est qu'en 1950 que le SHOM termina la cartographie de l'ensemble de atolls de l'archipel.

Aujourd'hui, à l'ère du GPS et de la cartographie électronique il est devenu plus aisé de naviguer dans l'archipel des Tuamotu. Toutefois la littérature nautique incite à une très grande prudence, à l'approche de notre premier atoll et avant d'embouquer notre première passe nous étions pas très fiers et le skipper passablement stressé ! Si le positionnement et la navigation entre les atolls, qui ne se dévoilent qu'à quelques milles de distance, se trouvent facilités le franchissement de la passe avec les courants violents, les remous voire le mascaret reste un moment délicat de la navigation dans l'archipel. En réalité il est nécessaire de calculer les marées pour se présenter à l'étale de basse mer ou au flot et éviter le plus fort du courant sortant du lagon qui peut dépasser 5-6 nœuds. Par ailleurs, une fois dans le lagon, les étendues d'eau sont si vastes qu'il est parfois difficile de trouver l'abri d'un motu ou du récif avant d'avoir traversé le lagon dans toute sa largeur. Il faut alors veiller aux patates de corail en naviguant avec le soleil haut et derrière soit : bleu profond les fonds sont supérieurs à 15 mètres, bleu turquoise on a moins de 10 mètres d'eau, marron plus ou moins sombre le récif affleure... danger. Mais on s'habitue très vite à ce type de navigation. Pour le mouillage quand les fonds sont encombrés de corail et pour éviter que la chaîne ne tricote entre les patates, nous la suspendons en attachant des flotteurs de ferme perlière tous les 5 à 10 mètres. Cela évite d'emmêler voire de casser sa chaîne dans les coups de rappel si elle se trouve trop raccourcie. Enfin dans ces atolls il est nécessaire de surveiller la météo et d'écouter les bulletins pour ne pas se trouver piégé par l'arrivée d'un gros train de houle venant du grand sud ou d'un coup de Maramu. Surprise agréable : si la cartographie s'avère parfois sommaire et minimaliste avec de vastes zones non hydrographiées, le positionnement des atolls et des passes est lui tout à fait précis car jusqu'à présent toutes les traces sur la carto électronique sont bien au centre des passes sur les alignements. Le balisage des passes est précis et souvent lumineux, de ce coté là on est bien en France et non plus en Amérique centrale ou latine !

Le vendredi 6 juillet en début d'après-midi nous sommes devant la passe Tairapa pour entrer dans le lagon de Manihi. Nous sommes à basse mer + 4 en fin de courant entrant. Aux jumelles la passe semble calme sans mascaret, l'alignement est repéré... nous sommes dessus, les voiles roulées et affalées, le moteur en route, tous les panneaux correctement fermés. On y va, on se lance... pas trop fier quand même... puis tout va très vite, le balisage latéral et le quai de la goélette dans la passe défilent, nous filons à 5 nœuds sur le fond avec un courant portant modéré et nous voilà déjà coté lagon avec des remous et une mer clapoteuse qui se calme vite... ouf c'est passé... maintenant il faut parcourir 1,5 milles en évitant les patates de corail et les stations perlières pour rejoindre le mouillage à l'abri du motu Tatarefa, car au village de Paeua le mouillage est intenable par vent d'est. Nous mouillons près de deux bateaux british, le site est superbe, le mouillage très calme nous sommes sur un lac et l'apprécions après la traversée inconfortable que nous avons connue.

Nous sommes donc aux Tuamotu.... quel monde différent de celui des Marquises, un univers liquide au ras de l'eau, seuls les cocotiers (12 mètres de haut) sur les motu rompent la régularité de notre horizon, pas de bruit sauf celui de la houle qui se brise violemment à l'extérieur de l'atoll sur le récif. Le temps est beau et sec, le vent est faible, le lagon est lisse, le mouillage paisible. Manihi mesure 18 milles de long sur 6 à 8 de large du mouillage nous ne voyons pas les motu sur l'autre bord c'est une véritable mer intérieure parsemée de fermes perlières installées sur des hauts fonds coralliens. Un chenal balisé de perches latérales ceinture l'atoll à l'intérieur et dessert tous les motu et les fermes.

Nous passons trois jours à nous baigner, à explorer le motu sous le vent duquel nous mouillons, on y trouve des fare rudimentaires habités lors de la récolte du coprah. Chaussés de sandales plastiques, nous explorons le platier et allons voir la houle casser sur le récif. Nous y découvrons une nature merveilleuse avec des bénitiers superbes aux lèvres violettes ou mauves, des crabes et des bernards l'hermite. Nous marchons dans les « hoa », ces canaux entre deux motu ou l'eau poussée par la houle franchit le platier et s'écoule avec un faible courant dans le lagon. Ils sont très riches en faune et à leur débouchés coté lagon, les coraux y sont superbes, les poissons de corail nombreux (perroquets, ballistes, carangues etc...) et quelques murènes tapies dans un trou guettant une proie, nous passons du temps en snorkeling à les observer.

A bord : lessives, nettoyage, rangement et petit entretien pour le matin. Pour la soirée : lecture, scrabble et jeux de cartes.

En annexe nous rejoignons Paeua, un village typique de 600 âmes des Tuamotu, installé sur la passe de Taipara avec son quai en eau profonde, sa placette ombragée, son école, sa mairie, sa poste, ses deux épiceries et une petite darse où se rangent les barques de pêche et les « speed boats » servant aux liaisons sur le lagon et inter-atolls. Nous y faisons deux ou trois courses et rencontrons Fernand le boulanger qui offre du pain aux voiliers de passage ! Nous assistons au passage de la goélette qui ravitaille le village, repart trois heures plus tard et poursuit sa tournée du laitier. Ici, sous un soleil de plomb aux heures les plus chaudes de la journée, calme et quiétude sont garantis et sont seulement brisés par les cris des enfants s'ébattant et jouant dans l'eau en chantant... devinez quoi... « Il pleut, il pleut bergère... » !! Le soir nous dinons dans une petite paillote sur le bord de la darse.

Au cours d'une de nos liaisons avec l'annexe entre le mouillage et le village, le moteur hors-bord émet brusquement un bruit mécanique interne fort inquiétant. Depuis ce temps il perd progressivement toute sa puissance et fume au démarrage. Nous ne pouvons plus planer et déjauger, je crains la rupture d'un segment et espère qu'il ne nous lâchera pas définitivement avant notre arrivée à Papeete.

Nous décidons de poursuivre notre découverte en allant plus au sud sur l'atoll de Toau au mouillage de l'anse Amyot. Pour arriver dans la passe de jour avec le soleil suffisamment haut, nous naviguons de nuit pour parcourir les 85 milles qui nous en séparent. La passe de Taipara à Manihi est franchi en fin d'après-midi avec une fin de courant sortant. La mer est belle, la houle faible, le vent modéré 12-15 nœuds au bon plein nous fait avancer à 5-6 nœuds, vitesse à ne pas dépasser pour ne pas arriver trop tôt devant la passe de l'anse Amyot. La lune est pleine, c'est une superbe nuit de navigation où nous longeons dans l'obscurité l'atoll d'Apataki puis découvrons Toau au lever du jour. La passe et l'alignement sont vite repérés, il y a déjà cinq voiliers au mouillage et même un thonier de Tahiti.

L'anse Amyot passe pour être, dans les guides nautiques, un des meilleurs sinon le meilleur abri des Tuamotu. En réalité ce n'est pas une passe donnant accès au lagon de Toau, mais une passe étroite et borgne car coté lagon des hauts fonds coralliens ferme le passage. Effectivement si le vent peut souffler des quatre coins cardinaux sans aucune protection (comme partout ailleurs aux Tuamotu), par contre on y est parfaitement abrité de la mer et de la houle sur tout l'horizon. Le lagon est deux pas derrière le platier de corail, les fonds sont claires, l'eau est turquoise le paysage et la nature sont sauvages et vierges.

L'anse Amyot sur sa façade nord est bordée par le motu Matariua habité par une douzaine de personnes dont la famille Damiens avec Valentine et Gaston. Ils accueillent volontiers les voileux et ont installés des bouées de mouillage, ils viennent à votre rencontre et vous aident pour la manœuvre. L'accueil est très chaleureux, tout simple, et peuplé des innombrables éclats de rires de Valentine et Gaston. Nous pensions y passer 3-4 jours, une semaine plus tard nous aurons beaucoup de mal à décoller, nous sommes scotchés par la gentillesse et l'accueil de nos hôtes. Le lendemain de notre arrivée, les autres voiliers et le thonier quittent le mouillage nous nous y retrouvons seuls, c'est extraordinaire.

Valentine et Gaston vivent de la pêche : - Traîne devant la passe pour le thon, le thazard et la coryphène – Récolte et cueillette sur le récif des langoustes la nuit, des bénitiers et des varo - Parc à poissons pour les perroquets et les mérous qui une fois transformés en filets sont expédiés par la goélette vers le magasin Carrefour de Papeete – Pêche sous-marine car Gaston est un excellent apnéiste et un redoutable chasseur. Ils exploitent également sur le lagon une petite ferme perlière : Valentine effectue la greffe des nacres, la récolte et la commercialisation des perles grises, Gaston plonge et aménage les filières de la station.

Arrivée pour l'anniversaire de Dominique, ils organisent un petit diner de fête avec langoustes et poissons crus, de notre coté nous amenons les boissons. A cinq autour de la petite table du restaurant les pieds dans l'eau, l'ambiance est chaleureuse et ils comblent Dominique de petits cadeaux : des porcelaines, des coquillages, des crayons d'oursin pour faire un collier. Ils sont dans un dénuement relatif et donnent pour le plaisir d'offrir. En retour nous partageons les fruits et légumes qui nous restent des Marquises car ici ils font cruellement défaut et leur faisons des cadeaux à notre tour.

Nous visitons leur petit domaine, les habitations, le restaurant, le générateur, les citernes... et la chapelle car Valentine est très croyante et pratiquante, c'est elle qui anime un office de prières le dimanche matin. Nous partageons un peu leur quotidien et ils nous parlent de la vie simple et rude sur Toau, de l'amour de la pêche et de la nature, des difficultés, des croyances, des traditions Paumotu... et tout cela dans des éclats de rires incessants. Les enfants du couple sont installés à Tahiti, seule Lisa la sœur de Valentine tient la pension de famille juste à coté et reçoit des groupes de plongeurs venant de Fakarawa pour des périodes de deux jours.

Gaston finit d'installer et de construire un nouveau piège à poissons à deux pas de Ramatoa, nous allons le voir. Le lendemain il vient me chercher pour aller traîner devant la passe au lever du jour mais nous ne prenons rien alors que la veille au soir il a pris deux thons jaunes et cinq bonites en moins de deux heures.

Notre ami Laurent sur « Balae », nous a rejoint en direct d'Ua-Pou aux Marquises, nous l'accueillons au petit matin.

Le surlendemain, le mardi 14 juillet, Gaston et Valentine nous invitent à leur donner un coup de main pour la préparation des filets de poisson. Le piège à poissons est vidé, les prises débarquées sur le petit abri, puis triées pour ne garder que les perroquets et les mérous marbrés, vidées et enfin sur la table de découpe les filets sont levés, pesés et mis en sachet et entreposés dans des glacières pleines de glace. Nous sommes six et il y a plus de cent kg de poissons à traiter. Nous apprenons les gestes simples mais qui nous sont méconnus, ma maladresse les font bien rire. Le travail est long mais l'ambiance est au beau fixe. Les déchets sont remis à l'eau et c'est le festin : poissons de corail mais aussi des requins pointes noires et même un gris, des murènes, des raies mantas et pastenagues et un superbe napoléon... le débarcadère de Valentine est un aquarium géant, l'eau bouillonne.

L'après-midi Valentine et Gaston mettent le speed-boat à l'eau, chargent les glacières et partent à Apataki pour les mettre à bord de la goélette qui fait escale dans la nuit, le, produit se retrouvera dans deux jours sur les étalages des hypermarchés Carrefour de Papeete. Ils reviennent le lendemain dans la journée, le petit bateau plein de victuailles, de glace, de gaz et de carburant, après avoir fait les appros pour la semaine chez le chinois à Niutahi. Ce scénario se renouvelle une fois par semaine voire plus si une rotation vers Fakarawa est aussi organisée. Apataki est à une vingtaine de milles et Fakarawa à 35 milles de l'anse Amyot.

Valentine veut encore nous faire découvrir la station perlière et passer une journée BBQ sur le motu voisin, de son coté Gaston veut lui n'emmener pécher des langoustes et chasser des varo.... mais le temps nous presse si nous voulons être au rendez-vous de Papeete, début août, pour l'arrivée de Cécile, Guillaume et Thomas. Nous avons décidé de partir demain, ce soir BBQ d'adieu organisé par Valentine et Gaston pour nous remercier du coup de main donné la veille. Nous remplissons le livre d'or où nous retrouvons la trace de nos illustres prédécesseurs car c'est un centaine de voiliers qui tous les ans découvrent ce petit bout de paradis sur terre. Embrassades et étreintes, nous promettons de revenir l'an prochain en avril-mai 2010 avant de mettre le cap plus à l'ouest car nous avons le sentiment que notre séjour aux Tuamotu va être bien trop court, il nous manque au moins trois ou quatre semaines !

Quand je révèle à Gaston la signification de « Ramatoa » en langue malgache et le pourquoi de ce nom, il m'explique que cela a aussi une signification en langage Paumotu : « Rama » c'est la nuit et « Toa » le corail, on pourrait donc dire « Corail de nuit ». Cela nous fait très plaisir de le découvrir car incontestablement notre passage ici restera dans nos mémoires comme un des meilleurs souvenirs de Polynésie.

Vendredi 16 juillet, nous quittons l'anse Amyot dès le lever du jour car il faut se présenter dans la passe Pakaka d'Apataki après la renverse de courant et nous avons 22 milles à parcourir. À 11 heures nous sommes à Pakaka et laissons sur tribord le petit village de Niutahi. Une fois dans le lagon, nous rejoignons le motu RuaVahiné à cinq milles du village, nous sommes bien abrités alors que l'alizé souffle frais. Balade et exploration du platier et des bancs de sable. La nuit est ventée mais le plan d'eau reste calme à l'abri du motu et du récife qui gronde avec une houle qui s'amplifie sous l'effet des dépressions qui passent plus au sud dans les îles australes.

Le lendemain nous traversons le lagon au moteur pour rejoindre le motu Tamaro où sont installés Assam, Alfred et Pauline. Ils accueillent les voiliers de passage, Alfred lance un chantier « Apataki Carénage Service » avec la possibilité de sortir les bateaux de l'eau avec un chariot hydraulique sur une rampe (en cours de bétonnage). Tout n'est pas encore opérationnel mais il y a déjà des clients au sec. Le site est splendide et isolé, Alfred et son fils Tony sont d'une gentillesse incroyable, mais cela reste à mon goût un peu loin de tout et des fournisseurs. La ferme perlière familiale est de taille moyenne, nous visitons les installations, écoutons les explications et assistons à la récolte des perles grises dans les nacres.

Aujourd'hui Dimanche, Alfred traverse le lagon et se rend au village, avec sa grosse barque et son gros hors-bord, pour récupérer un colis à l'arrivée de l'avion de 7 heures du matin, Dominique en profite pour aller faire quelques courses au village. Mais au dernier moment tout tombe à l'eau car nous apprenons que le vol qui dessert Apataki est annulé car ... il y a trop de houle !! Eh oui, la piste construite aux abords immédiats du village de Niutahi est en partie sur la mer et la houle de 3 mètres de sud-ouest inonde la piste qui est impraticable pour les ATR 42 d'Air Tahiti... c'est aussi cela les aléas du quotidien au bout du monde !

La journée se termine en beauté autour d'un cochon grillé pour l'anniversaire de Patrick, qui restaure un vieux cotre cinquantenaire en bois traditionnel, l'ambiance musicale (guitare, ukulele et jambe) est assurée par tous les membres de la petite communauté vivant sur le motu, les trois voiliers au mouillage et les deux bateaux au sec.

Depuis plusieurs jours le temps est maussade et le Maramu souffle, c'est l'hiver austral. La forte houle du sud-ouest remplit le lagon en passant par dessus le récif et dans les hoa, le niveau du lagon monte et peine ensuite à se vider par la passe en générant des courants plus violents qu'à l'ordinaire. Mardi 21 juillet, nous profitons d'une fenêtre météo à priori favorable avec une houle en baisse, pour quitter Tamaro et son mouillage. Adieu et échange de coordonnées avec Alfred et Pauline, nous récupérons les commandes de bracelet quechis pour Chantal de « SeaLance ». 240 milles nous séparent de Marina Taina, la zone de mouillage des voiliers à l'ouest de Papeete. Le franchissement de la passe s'effectue sans difficulté particulière, le courant est légèrement entrant, mais les remous restent modérés. Cette courte traversée ne restera pas dans nos mémoires, le vent de nord-est est modéré puis tombe complètement à 50 milles de Tahiti, la houle s'amplifie à 2–2,5 mètres et la mer est agitée et croisée, nous avançons trop vite pour arriver de jour, il faut ralentir Ramatoa et c'est inconfortable au vent arrière. Pour couronner le tout, l'arrivée s'effectue comme en Bretagne sous un ciel bas et gris avec un crachin bien fin. Le chenalage par l'étroit chenal de Faa dans le lagon, qui contourne l'aéroport pour rejoindre Marina Taina, est un peu sinistre par ce temps. La zone de mouillage est vaste mais saturé de voiliers, pas de bouée de libre, nous mouillons en limite du chenal au sud de la marina.

Depuis que nous avons quitté Panama city (fin mars 2009), nous avons fréquenté des contrées plus ou moins retirées voire franchement isolées comme les Tuamotu. Le retour à la civilisation est brutal et rude, nous avions oublié le bruit, la pollution, les odeurs, les embarras de la circulation, la crasse, la misère et les SDF, le coût de la vie exorbitant.... mais aussi des magasins avec des rayons qui ne sont pas vides et des habitants aimables et souriants... bref tout ce qui fait les petits bonheurs et les désagréments de la vie à Papeete la capitale administrative et économique de la Polynésie française. Nous vous en parlerons plus longuement dans le prochain article.


N'oubliez pas d'aller voir les photos supplémentaires que nous avons ajoutées à votre intention dans l'album des Marquises et de découvrir celles de notre séjour au bout du monde dans le nouvel album des Tuamotu.


Benoît & Dominique sur Ramatoa le 25 juillet 2009 à Papeete.

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