Nous voilà de retour à Nouméa, à quelques jours de notre départ vers Brisbane en Australie. Depuis notre arrivée sur le Caillou, Nouméa est notre base arrière pour les travaux que nous avons réalisés par nous même et ceux que nous avons tentés de faire faire avec plus ou moins de bonheur par des artisans locaux. En réalité nous avons alterné des séjours de quelques jours au mouillage dans la baie de l'orphelinat - avec des séjours au chantier de Numbo (dans la baie voisine et industrielle) pour la réalisation, la pose puis la modification et la repose du bimini en aluminium – et des escapades plus ou moins longues dans les îlots et baies voisines de Nouméa, une virée en baie du Prony pour observer les baleines à bosse et enfin une semaine de villégiature à l'île des Pins dans le lagon sud.
Sur le plan des travaux, tout ce qui devait être fait par nous même a été réalisé sans difficultés majeures, sur le plan technique l'escale est pleine de ressources :
- Installation d'un convertisseur sérieux 1600 W.
- Remplacement de la VHF fixe par une Icom IC-M505 couplée à un transpondeur AIS Icom MA-500TR. Le transpondeur AIS classe B signale notre position, notre route et permet un appel en DSC direct sur la cible dangereuse.
- Plus une multitude de petits bricolos.... parmi lesquels - le remplacement du sélecteur rotatif de sources 230 volts au tableau électrique (quai, groupe ou convertisseur) – pose et installation des nouveaux panneaux solaires et d'un régulateur plus costaud.... mais dans tout cela le plus pénible et le plus difficile reste toujours le passage de nouvelles gaines et de nouveaux câbles dans les emménagements !
En ce qui concerne les travaux demandés à des artisans et chantiers locaux nous avons été plus ou moins heureux :
- Pour la réalisation de la structure aluminium du bimini, le travail réalisé par Michel au chantier Nauticalu à Numbo nous satisfait totalement. De plus une erreur dans la prise des cotes et l'absence de vérification de ma part avant la fixation du bimini sur le pont de Ramatoa, nous a contraint à repasser par la case chantier pour modifier la hauteur de l'arceau central (en effet un essai de la GV bordée dans l'axe a montré que la bôme et la toile du bimini n'aurait pas fait bon ménage !). Il a donc fallu déposer le bimini, modifier l'arceau et reposer l'ensemble. Bref une adresse à recommander pour tous travaux sur aluminium, délais et tarifs tout a fait raisonnables.
- Pour la confection de la toile du bimini et du lazy bag, nous n'avons pas eu la main heureuse. Après un mois perdu à attendre un devis malgré des relances fréquentes et insistantes, l'atelier de sellerie associé à un voilier se sont montrés incapables d'approvisionner le tissu demandé (en provenance de Nouvelle Zélande, d'Australie ou des États Unis) dans des délais raisonnables laissant ensuite le temps nécessaire à la réalisation. Finalement nous avons jeté l'éponge et ferons faire tous les travaux sur les toiles en Australie... j'espère seulement que nous serons plus heureux dans le choix de l'artisan.
- Nous avons tout de même pu faire réaliser par un autre voilier un grand taud d'hivernage qui recouvrira le pont et l'annexe quand le voilier sera mis au sec sur terre plein.
En conclusion, il y a ici une profusion d'artisans gravitant autour de la plaisance mais tous ne se valent pas. Le bouche à oreille reste encore le meilleur guide !
Heureusement nous avons pu mixer ces périodes de travaux qui ne sont jamais très drôles quand on vit à bord avec des intermèdes forts agréables dans le lagon calédonien et naturellement une visite de Nouméa.
Après notre premier séjour au chantier à Numbo, long de plus d'une semaine, retour à la ville pour des appros et nous larguons les amarres pour une balade dans le lagon au nord de Nouméa du 10 au 16 août. Le temps est gris, maussade et froid (17-19°). Route au nord en direction de la baie de Saint Vincent, les mouillages sont très nombreux et souvent déserts. Le mauvais temps d'ouest nous contraint à nous abriter pendant 48 heures à l'abri de l'îlot To Ndu. Puis nous poursuivons en direction de l'Îlot Hugon, à l'entrée de la vaste baie une bande de joyeux dauphins nous accompagnent et jouent avec l'étrave du bateau. Il s'agit de grands dauphins gris. Au mouillage nous avons pour voisins des moutons sur les plages et les collines qui entourent la baie totalement sauvage et déserte. Ces terres sont des terres inhabitées et sont de vastes pâtures pour des troupeaux de moutons. Nous sommes en fin d'hiver, la laine est sale et épaisse ! Toujours pas la moindre habitation ou le plus petit village en vue, seule la nature, les animaux et parfois un autre voilier comme voisin de mouillage.
Sur ces îlots plus ou moins grand, nous débarquons en annexe et explorons à pied les plages, les grèves et les collines proches. Nous marchons, cela nous fait du bien et nous récupérons ainsi des suites de nos deux grippes contractées à notre arrivée à Nouméa.
Le 13 août nous passons de l'îlot Hugon à l'île Ducos et mouillons dans la baie des Moustiques... en fait nous ne les verrons pas il y a trop de vent, il pleut à verse et il fait trop froid ! Par contre à notre arrivée des chevaux sauvages sont sur la plage à une encablure de Ramatoa, le spectacle est superbe. Nous ne sommes qu'à une quarantaine de milles de Nouméa et c'est déjà le désert et la brousse. Nous avions choisi ce mouillage pour être bien abrités des vents forts de sud-ouest annoncés par la météo, mais en réalité le vent a soufflé pendant deux jours du nord à 25 nœuds à l'ouvert de la baie, le mouillage n'a pas été des plus confortables.
En redescendant vers Nouméa nous faisons halte dans la superbe baie Maa, très vaste baie à seulement une douzaine de milles de la capitale. Bordée par une belle plage de sable blanc le mouillage se prend sur de beaux fonds de sable par 4 à 6 mètres d'eau, l'abri est excellent et la tenue est exceptionnelle. Nous y ferons halte à plusieurs reprises par la suite.
Le 16 août retour vers la baie de l'Orphelinat Nous louons une voiture pour visiter Nouméa et effectuer tous nos achats (vivres mais aussi matériels techniques pour les multiples bricolos en cours.) Le matériel VHF et AIS Icom commandé en France est prêt chez Robin Marine aux Sables d'Olonne, nous demandons l'enlèvement du colis à l'agence DHL de Nouméa.
Jusqu'à ce jour nous avions arpenté à pied le centre ville de Nouméa. Avec la voiture nous filons au centre culturel Jean-Marie Tjibaou. Fleuron touristique et culturel de la Nouvelle Calédonie, le centre est bâti sur un promontoire isolé dans la baie de Tina. Renzo Piano, l'architecte du centre Georges Pompidou à Paris, réalise une synthèse harmonieuse entre les concepts architecturaux les plus avant-gardistes et la symbolique kanak dans sa relation avec la terre et les plantes. Déployé sur 8 hectares, le site se compose de 10 grandes cases de bois, de verre et d'acier. Le centre abrite des collections permanentes et des expositions temporaires. A l'extérieur, une aire coutumière et une grande scène en pleine air face à la mer. L'ensemble est fort réussi et grandiose.
Paresseux, nous profitons de la voiture pour monter sur les différents points de vue qui entourent la ville de Nouméa. Le Ouen Toro surplombe de ses 232 m les baies de Sainte Marie et de l'anse Vata. La vue sur les baies est superbe et le belvédère dévoile parfaitement la construction de la ville sur la péninsule. Nous escaladons avec les chevaux de la Twingo - le mémorial du Maréchal Leclerc où se dresse un vaste monument surplombé d'une gigantesque croix de Lorraine – le point de vue qui surplombe la cathédrale de Nouméa avec une belle perspective sur la baie de la Moselle. Sur le retour nous faisons une halte à la Cathédrale Saint Joseph construite en 1888 par des forçats, elle possède de magnifiques vitraux.
Ces trajets en véhicule nous permettent de découvrir les baies qui ceinturent la ville : - Les baies de la Moselle et de l'Orphelinat avec les installations portuaires et les marinas - La baie des Citrons et l'anse Vata avec des allures de station balnéaire bétonnée de la côte méditerranéenne, mais aussi celle de Sainte Marie, mieux préservée. Toutes les baies de Nouméa possèdent de très belles promenades en front de mer où il est très agréable de se promener.
Après une petite semaine passée à l'Orphelinat, nous décidons de descendre vers la baie du Prony pour tenter d'y observer les baleines. Il s'agit d'une véritable exploitation touristique avec des catamarans baleiniers qui opèrent au départ de port Moselle mais aussi de Prony, mais heureusement le « whale watching » est maintenant bien encadré par une réglementation que des vedettes rapides du service de Protection du Lagon font respecter pour le bien être et le respect des animaux qui se reproduisent dans ces eaux.
Le mercredi 22 août nous partons vers le sud et faisons halte pour une nuit à la baie Uié dans un paysage minéral du sud calédonien de toute beauté. Le lendemain nous franchissons le canal Woodin qui sépare l'île Ouen de la Grande Terre et prenons un coffre à l'îlot Casy dans la baie du Prony. Le vendredi, pour éviter la foule du week-end nous croisons au large de la baie pour repérer les baleines. Route au moteur par vent faible puis appuyée par la voile quand l'alizé soufflera de manière modérée. Après une heure et demi environ de zigzagodromie nous repérons des souffles de baleines à bosse près de la côte sous le cap N'Doua, mais elles sont loin et nous les perdons de vue. Nous écoutons le canal VHF sur lequel les quatre catamarans baleiniers, de sortie ce jour, trafiquent et échangent leurs observations. Rapidement nous rejoignons deux catamarans au contact des cétacés et nous pouvons les observer.... mais de trop loin à mon goût (jamais à moins de 300 m). Mais c'est sans compter avec la facétie de ces animaux car un groupe de deux baleines sonde et … réapparait quelques 8-10 minutes plus tard à seulement 50 m de Ramatoa ! Quelle belle surprise, nous sommes ravis mais nous ne réussissons pas à en faire de belles photos (internet y pourvoira). Il est difficile de mener de front, la conduite du bateau au milieu des deux ou trois autres embarcations, l'observation des animaux et en plus de prendre des photos. Nous restons une bonne heure au contact de ces animaux et nous ne nous lassons pas de les observer même si nous ne voyons pas de majestueux sauts hors de l'eau comme cela arrive lors de joutes amoureuses ou lors de combats entre mâles.
Après une trentaine de milles parcourues à courir les cétacés nous rejoignons l'îlot Casy où la Province Sud a installé et entretient des coffres, bien préférables à des mouillages sur ancre trop dévastateurs pour les fonds coralliens. Nous restons deux jours dans ce très beau mouillage et parcourons l'îlot de long en large car un sentier de randonnée balisé le sillonne. Les paysages minéraux et lunaires alternent avec des vues somptueuses sur la baies du Prony.
Le vendredi 27 août nous repartons vers le nord et faisons halte sur l'île Ouen dans la baie des Tortues. Là encore les paysages minéraux de cette île sont époustouflants de couleurs ocres, rouges et noires. Un hôtel fermé depuis plus de dix ans occupe la belle plage de sable blanc au fond de la baie. Une barque nous accoste, ce n'est pas un kanak mais un Vanuatais, gardien de la propriété de Charles Frogier, homme politique de Nouvelle Calédonie. Alexis nous dépose un panier rempli de légumes de son jardin, nous partageons une bière dans le cockpit, il nous raconte sa vie sur l'île Ouen, nous lui racontons la nôtre sur l'eau... une agréable tranche de vie. Le lendemain nous rejoignons notre mouillage à la baie de l'Orphelinat.
Nous passons une semaine bien remplie à Nouméa. Le colis DHL est arrivé... il y a de l'installation du matériel Icom dans l'air ! Nos cubes de gaz sont vides et il est impossible de les faire remplir ici... il reste la solution du transvasement qui cette fois-ci marchera très bien contrairement à notre première expérience malheureuse en Guadeloupe (à Port Vila je me suis fait bien enfumé au remplissage des deux cubes, ils ont duré 8-10 jours au maximum... mais j'ai quand même payé pour 2x4 kg de butane!).
Niéme relance de la sellerie pour savoir si les difficultés d'approvisionnement du tissu Sunbrella de couleur jaune sont résolues ou non... car le temps presse maintenant : livraison et confection du bimini et du lazy bag... il reste tout juste un mois et demi.... cela va faire juste.
Après avoir installé la nouvelle VHF et le transpondeur AIS nous allons prendre l'air au mouillage à l'îlot Maître à trois milles au large de la rade de Nouméa, c'est une destination très prisée tous les week-ends par les plaisanciers de la ville toute proche. Là aussi une bonne quinzaine de coffres sont mouillés devant l'îlot qui abrite un hôtel. Le plan d'eau est agité par l'alizé soutenu mais aussi par les navettes incessantes des touristes et kite surfeurs qui viennent de Nouméa. Essais concluants de notre nouvelle installation VHF & AIS. Devant l'affluence attendue pour le week-end où une compétition de kites est organisée sur l'îlot, nous fuyons et remontons nous mettre à l'abri dans la baie Maa. Cette fois nous mouillons devant la plage et le petit village de cabanes et bungalows de vacances. Dominique y rencontre une famille d'expatriés en vacances sur ce site paradisiaque, de fil en aiguille et en discutant, nous mangerons avec eux le dimanche midi un bbq de poissons grillés et ils viendront à bord. Le temps est beau mais l'alizé ne s’essouffle pas. Ramatoa reçoit régulièrement la visite d'une tortue qui vient brouter sur les petits herbiers proches du bateau.
Après trois jours de tranquillité, retour à la case civilisation. En route pour Nouméa nous voyons des baleines juste devant l'entrée de la petite rade – spectacle surprenant si proche de Nouméa - et une fois dans la baie nous voyons un nonchalant dugong baguenauder dans la baie de l'Orphelinat. Retour à la dure réalité : il faut se rendre à l'évidence, la sellerie et le voilier sont incapables d'approvisionner le tissu en temps utile. Nous déclarons forfait et laissons tomber. Il est maintenant trop tard pour faire appel à un autre atelier ou à un autre fournisseur, nous sommes victimes de l'indigence et de la nonchalance de certains artisans insulaires. C'est regrettable et nous avons le moral un peu dans les chaussettes. La structure du nouveau bimini est toujours au chantier chez le soudeur, il peut donc maintenant la peindre et la fixer sur le pont de Ramatoa.
Du 12 au 15 septembre nous retournons au chantier pour la pose du bimini et la fixation des panneaux solaires.... c'est superbe ! Le samedi matin nous quittons la triste baie de Numbo et rejoignons de nouveau la baie Maa. Beau temps et le soleil se montre plus généreux. La tortue est toujours là ! Comble de malchance lors d'un aller-retour à la plage nous la heurterons avec l'embase moteur de l'annexe... plus de peur que de mal, nous la reverrons par la suite. Mais il y a plus grave... au mouillage de la baie Maa, nous hissons la grand voile, la bordons dans l'axe et découvrons que l'extrémité de la bôme engage le gabarit du nouveau bimini, non pas celui des tubes, mais celui de la future toile tendue entre l'arceau avant et l'arceau central. En fait c'est ce dernier qui est trop haut. Erreur dans la prise des cotes au départ et surtout absence de vérification de ma part lors des essayages en situation sur le pont de Ramatoa (obnubilé par la hauteur de la bôme au dessus du premier arceau, j'ai négligé de vérifier que la pente de la toile entre les deux arceaux serait bonne!). Il faut modifier cela.... mail à Michel de Nauticalu et rdv est pris le jeudi suivant au chantier à Numbo. Il nous reste juste le temps de faire un saut à Nouméa pour remplir la cambuse avant de rejoindre le chantier pour la troisième fois ! Démontage de la structure, retour en atelier, et peinture à nouveau. Lors de ce court séjour à Nouméa nous avons le plaisir de revoir Jean-Pierre et Didier juste avant leur départ sur « Ti Soaz » vers la Nouvelle Zélande. Ils débarquent tout juste de Paris et sont en pleine forme... le bateau aussi avec une superbe capote en composite rouge !
Nous voici à nouveau sans bimini et avec des trous sur les passavants ! Cette fois nous décidons de rejoindre l'îlot M'Bé Kouen à 12-15 milles au large dans le lagon à proximité du récif extérieur. C'est un mouillage très sûr mais très surprenant car l'îlot est ridiculement petit, la zone de mouillage est vaste, protégée de la mer par des récifs coralliens affleurants qui ceinturent parfaitement la zone. Le week-end nous y serons plus d'une douzaine de voiliers à l'ancre. Si nous sommes en plein milieu du lagon, bien protégé de la mer, il n'en va pas de même pour l'alizé qui souffle fort... nous ne sentons pas le renfermé.
Le lundi 24 septembre nous repartons à la baie Maa vérifier que la tortue est toujours là... oui elle est toujours là (ou bien une autre.... mais Dominique veut croire que c'est celle que j'ai heurtée!). Mercredi 26 septembre, rdv à Numbo au chantier pour la pose de la structure modifiée du bimini. Cette fois-ci, tout est parfait ! Pose en un temps record car notre halte technique au ponton du chantier (4° et dernier séjour au chantier) ne durera qu'une matinée et l'après-midi nous retrouverons notre place au mouillage dans la baie de l'Orphelinat.
Il est temps de mettre les voiles vers l'île de Pins où nous ne sommes toujours pas allés. Le mois de septembre est bientôt terminé, la chaleur revient doucement, le beau temps est là, les averses se font de plus en plus rare. Location de voiture, approvisionnements et achats des derniers petits bricolos pour installer tranquillement mes panneaux solaires au mouillage dans la baie de Kuto à l'île des Pins. Nous rejoignons cette île éloignée de 70 milles nautiques de Nouméa en deux journées de navigation avec une escale dans la baie du Prony à Bonne Anse, l'alizé de sud-est est faible l'essentiel de la route se fera au moteur avec une mer belle et grand soleil. Tout doucement l'île monte sur l'horizon et le dimanche 30 septembre en début d'après-midi l'ancre croche sur le fond de sable de la baie de Kuto par 4 mètres de fond. Le lieu est paradisiaque.
L'île est longue de 18 km, large de 14, elle est recouverte par une multitude pins de plusieurs variétés dont des pins colonnaires si esthétiques. La douceur de vivre exceptionnelle, avec des plages superbes de sable fin comme de la farine lui ont valu une réputation d'éden océanien. Appelée « Kunié » par les anciens, l'île constitue un site de prédilection pour les amateurs de fonds sous-marins. Les Japonnais ont classé la baie de kuto deuxième plus belle plage au monde !
Le peuplement de l'île d'abord par les Lapita (vers 2000 av. J.-C.) puis par les mélanésiens est le plus ancien de Nouvelle Calédonie. L'explorateur anglais James Cook est le premier européen à découvrir l'île, en 1774. Surpris par la vision des grands pins colonnaires (Araucarika cooki) qui frangent le littoral, il la baptise île des Pins. En 1800 de nombreux santaliers débarquent sur l'île suivis par les missionnaires protestants anglais en 1841. Plus tard des missionnaires catholiques prennent la relève et en 1872 la France transforme l'île des Pins en colonie pénitentiaire. L'île accueillera 3000 exilés de la Commune de Paris et une centaine de Berbères algériens après la révolte kabyle de mars 1871. En 1878, 750 kanak de la Grande Terre y sont également incarcérés à la suite de la révolte kanak. On voit encore aujourd'hui les vestiges du bagne (moins impressionnant et plus petit que celui des îles du salut en Guyane française) ainsi qu'un cimetière des déportés émouvant et fort bien entretenu. Le bagne sera définitivement fermé en 1911.
Pendant notre séjour d'une semaine, nous alternons promenades à pied, explorations en annexe et nous louons une voiture pour une journée qui nous permet de visiter les sites les plus remarquables : la baie de Gadji, la baie de Kanumera, la baie d'Oro et sa piscine naturelle où nous nous baignons, le village de Vao avec son église construite là aussi par les forçats et la baie de Saint Joseph d'où partent les pirogues chargées de touristes vers la baie d'Upi. Le temps est beau, il fait chaud, l'alizé modéré... bref des conditions de rêve !
Après une semaine passée dans ce mouillage idyllique et fort bien abrité par temps d'alizé, nous rentrons vers la Grande Terre. Le dimanche 7 octobre sera une belle journée de voile avec un vent de travers de 15-20 nœuds, un Ramatoa qui file à 6-7 nœuds et cerise sur le gâteau : au moment du déjeuner nous pêchons un magnifique thon jaune de 8 kg. Le soir nous prenons un coffre à l'îlot Casy et gouttons le calme de ce mouillage où nous ne sommes que trois bateaux. Au menu du diner : steaks de thon... surprenant n'est ce pas !
Nous décidons de rejoindre Nouméa par le chemin des écoliers. Mouillage sur coffre à l'îlot Amédée le lundi où nous pouvons admirer le panorama depuis le haut du phare Amédée dont l'histoire est intéressante. Ce phare de 56 m de haut est en acier. Il est construit à Paris en 1862 par l'ingénieur Rigolet avant d'être démonté et transporté dans la colonie (400 caisses sur l'Émile Péreire) puis reconstruit tel un jeu de Mécanno sur l'îlot en 1865. Toujours en service, ses deux éclats blancs portent à 22 milles et couvrent la passe de Boulari. Le lendemain nous repassons par l'îlot Maître, le temps est calme, sur des fonds superbes de 3-4 mètres nous pouvons admirer des tortues, des petits requins de lagon et même un thon en quête de son petit déjeuner ! Je profite de l'eau assez chaude (25-26°) pour donner un petit coup de propreté sur la carène de Ramatoa.
Finalement notre séjour en Nouvelle Calédonie touche à sa fin et nous préparons maintenant notre prochaine traversée vers Brisbane en Australie, nous avons déjà effectué un certain nombre de formalités pour cela : les visas électroniques et le mail annonçant notre arrivée avec pas moins de quatre pages de renseignements.... cela ne rigole pas en Australie !
Nous allons avoir une place à quai à la marina de Port du Sud, cela nous facilitera notre dernier approvisionnement et les formalités de départ de Nouvelle Calédonie.
Entre tous nos vagabondages dans le lagon calédonien, nos séjours au chantier ou au mouillage de la baie de l'Orphelinat, nous avons trouvé le temps fort agréable en compagnie de nos amis de Nouméa : Dany & Pierre ainsi que Bernard & Maryline qui nous ont accueillis si gentiment et cornaqués dans Nouméa à notre arrivée, mais aussi ceux de Wé à Lifou Bernard & Carmen du « petit Pilou Siffleur ». Nous avons aussi revu notre copain de plus de trente ans... (c'est pas rien!) : Aristide Labéribe et son fils Alexandre. Grâce à vous tous, nous garderons un excellent souvenir de notre escale prolongée à Nouméa sur le Caillou, dernière étape francophone avant l'île de la Réunion si jamais le sillage de Ramatoa passe par là bas.... !
N'oubliez pas de regarder les très nombreuses photos ajoutées à l'album de Nouvelle Calédonie.
Dominique & Benoît sur Ramatoa dans la baie de l'Orphelinat à Nouméa – Nouvelle Calédonie.
Mis en ligne, le 13/10/2012 à Nouméa.