Après le départ des enfants et petit-fils le 25 août, il nous reste encore un mois à vagabonder avant de désarmer Ramatoa et de le sortir de l'eau au Chantier Naval des Îles à Raiatea. Nous souhaitons mettre ce délai à profit pour retourner à Huahine et profiter des mouillages sur la côte ouest de cette île restée très authentique car épargnée des vagues touristiques.
Nous quittons rapidement le coffre de la marina d'Apooiti et rejoignons le mouillage du motu Mahaea à Tahaa à coté de la passe Tehaotu. Le temps est médiocre, venté, le lagon est agité d'un clapot assez désagréable. La météo n'annonce pas un retour du grand beau temps dans un futur proche.
Finalement le jeudi 27 août, nous quittons le mouillage devenu trop agité et rejoignons le fond de la baie d'Haamene, le temps est gris et la météo annonce un renforcement des vents de secteur sud, sud-est, un nouveau coup de Maramu s'annonce. Au mouillage sur fond de vase la tenue de l'ancre est bonne mais les rafales s'engouffrent dans la vallée et se renforcent par effet venturi. Le clapot est fort, le mouillage devient inconfortable sans être dangereux, les nuits sont bruyantes, le vent monte à 40-45 nœuds dans les rafales. Nous profitons de notre séjour forcé pour visiter la maison de la vanille qui traite la production de plusieurs centaines de petits producteurs de Tahaa et des îles environnantes de la Société.
Le lundi 31, profitant d'une relative accalmie, nous sortons de la baie et faisons route au moteur pour gagner un meilleur abri sur la côte est de Raiatea. Dans le canal séparant Tahaa et Raiatea le lagon est blanc et le vent est établi à 30-35 nœuds. Nous prenons un coffre à la marina d'Apooiti et y trouvons un calme relatif, la mer est plate mais les rafales secouent le bateau régulièrement. Dans la journée, une place se libère au quai d'accueil et nous sautons dessus. Les rafales et les grains nous tombent dessus par le travers et Ramatoa gîte sous les claques du vent. Nous restons bloqués à ce quai durant quatre journées. Les polynésiens sont surpris de ce mauvais temps à cette époque et du temps froid qui prévaut, la nuit nous avons ressorti les couvertures en fibres polaires ! Nous nous échappons pour le weekend de l'autre coté du canal sur Tahaa sur une des bouées du Taravana Yacht Club. Nous profitons d'être sous couverture WiFi pour commander nos billets d'avion retour sur Internet.
Finalement le mauvais temps se calme et le 8 septembre nous rejoignons de nouveau le mouillage du motu Mahaea à Tahaa et le lendemain nous embouquons la passe Tehaotu et parcourons les 20 milles qui nous séparent de Huahine. Le vent est faible et nous l'avons dans le nez, la route se fait à la voile aidée du moteur. Un peu avant midi, quatre heures plus tard nous sommes dans la passe Avamoa et mouillons au sud du village de Fare, principale bourgade de l'île. On y trouve quelques boutiques, deux banques, deux stations services et un supermarché bien mieux approvisionné que le Champion, passablement pourri, d'Uturoa à Raiatea.
Le mouillage est splendide en bordure du platier entre les deux passes qui conduisent à la rade de Fare, mais il est de très mauvaise tenue et nous devons nous y reprendre à cinq reprises pour que l'ancre finisse par tenir. Il y a bien un autre mouillage proche du village à l'ouest de Fare mais il est très encombré et la houle y pénètre largement par la passe toute proche et secoue la douzaine de voiliers.
Le jeudi 10 septembre, nous descendons vers le sud en restant dans le lagon, à l'abri de la forte houle qui déferle violemment sur la barrière de corail. Tranquille navigation de 8 milles qui nous conduit dans la baie la plus sud de Huahine : la baie d 'Avea qui passe pour être la plus belle plage et le plus beau mouillage de l'île. Au cours de cette navigation au moteur, où nous nous glissons entre les les patates de corail en respectant rigoureusement le balisage, nous franchissons au compteur du GPS le cap des 20 000 milles depuis la mise à l'eau de Ramatoa le 13 avril 2006 aux Sables d'Olonne... cela commence à faire une belle distance parcourue en un peu plus de trois ans !
Le mouillage dans la baie d'Avea se situe devant une très belle plage bordée par un récif frangeant, l'ancre descend par 12-13 mètres de fond, l'eau est si claire que nous la voyons parfaitement. Nous sommes 5-6 voiliers au mouillage mais cela bouge un peu tous les jours avec des arrivées et des départs, en particulier les voiliers des flottes de location et de charter.
De notre coté, nous apprécions ce mouillage vaste et tranquille ourlé d'une très belle plage. Nos journées sont bien remplies, baignades, exploration du lagon et de l'immense platier qui s'étend jusqu'à la barrière, promenades à pied et en « truck », le bus coloré construit sur un châssis de camion. Excursion en annexe jusqu'au plus ancien Marae de l'île. Nous allons même à la ville de Fare en truck pour compléter nos provisions. Un petit restaurant local « bb »est installé sur la plage, on y mage des plats locaux tout à fait corrects, et le soir la camionnette du boulanger klaxonne et s'y arrête.... notre petite vie tranquille s'organise au fil des jours.
Un Ovni 455, superbement entretenu, baptisé « Toa Marama » que nous avions repéré à notre passage à Tahiti à la marina Taina rejoint le petit groupe de voiliers au mouillage et va directement s'ancrer sur le platier de sable au beau milieu de la flaque d'eau turquoise dans 1,6 mètres d'eau. Nous faisons rapidement connaissance de Jean Pierre et Monique et sur leur conseil faisons de même dès le lendemain et les rejoignons dans cette piscine naturelle. La tenue y est excellente car l'alizé souffle à 25-30 nœuds. Quel bonheur de se baigner à coté du bateau en ayant de l'eau jusqu'à la poitrine. De temps en temps une raie ou une tortue passe sous le bateau et nous voyons les 20 mètres de chaine et l'ancre qui tirent à l'horizontal dans une eau cristalline. A coup sur c'est un mouillage qui aurait emballé les enfants quelques semaines plus tôt !
Après une semaine passée dans ce petit coin de paradis, nous faisons la route inverse et remontons vers Fare. Cette fois, il n'y a pas de houle, le temps est calme et le mouillage pas trop encombré, nous y trouvons une place pour y mettre notre ancre. Complément d'avitaillement, deux bidons de gasoil et nous goutons le soir aux délices d'un steak frites à la « roulotte » sur le quai de Fare en assistant au chargement de la goélette qui repart sur Tahiti... il y a du spectacle, du bruit, de la poussière et des rires !
Le dimanche 20 septembre, nous quittons Huahine par la passe Avamoa et faisons route rapidement à la voile vers Raiatea. Nous pénétrons dans le lagon par la passe Iriru et allons prendre un coffre dans la vaste baie de Faaroa. Le lundi nous regagnons par l'intérieur du lagon la ville d'Uturoa et allons faire le plein de gasoil au quai derrière la marina. En fin de matinée nous sommes à quai à la marina d 'Apooiti.
Le rendez-vous pour la sortie de l'eau est fixé au vendredi 25 septembre, mais d'ici là il y a une très longue liste d'opérations de désarment à effectuer avant de pouvoir sortir Ramatoa de l'eau. Nous profitons d'être à quai pour dégréer toutes les voiles, les plier et les donner à réviser. Avec plus de 8000 milles parcourus cette année, la grand-voile et le lazy-bag ont besoin d'une bonne révision. Le génois a peu souffert et sur la capote et le bimini il y a toujours des kilomètres de couture à reprendre. Tout le gréement courant est démonté, inspecté, rinçé, séché et rangé dans les coffres. Il faut également penser aux vidanges du moteur inboard et du groupe électrogène, à la stérilisation du désalinisateur... bref sur la « To do list du désarmement » il y a près de 200 opérations à effectuer. Dominique a débuté depuis Huahine le tri systématique de toute la pharmacie et de tout le stock alimentaire. Bref les journées sont bien remplies !
La veille de la sortie de l'eau de Ramatoa, nous prenons un coffre face au chantier. Au petit jour un très violent grain s'abat sur la zone de mouillage et le canal Tahaa-Raiatea, la mer est blanche, elle fume à l'horizontale le vent souffle en bourrasques à plus de 40-45 nœuds. Je surveille le coffre auquel nous sommes accrochés car il ne me semble pas d'une résistance à toute épreuve. Le grain dure, il est quasi stationnaire, je doute fort que la manutention du bateau puisse s'effectuer dans de telles conditions.
Finalement vers 9 heures du matin, le grain s'éloigne, le vent tombe et le soleil revient. Le chantier nous appelle à la VHF pour venir prendre position dans le chariot de sortie de l'eau. Ici ce n'est pas un travelift qui assure la manutention des bateaux mais un chariot supportant un berceau adapté au type de bateau (quillard, dériveur, catamaran...) qui descend dans l'eau sur un plan incliné. Le calage du bateau sur le berceau est effectué par des hommes dans l'eau. Le travail est lent mais très professionnel, le calage se révèle parfait une fois le voilier tiré au sec. C'est la première fois que nous utilisons ce système et sommes très intéressés de voir son déroulement. Il faut compter deux bonnes heures pour la sortie et encore une pour le calage sur le lieu de stockage... on est très loin de la productivité du chantier Peake à Trinidad !
Le chantier est de petite taille, l'équipe très sympathique se révèle être efficace et compétente. Comme toujours dans les chantiers, la vie sur un bateau à terre accroché à son berceau à près de 3 mètres de hauteur n'est pas toujours facile ni agréable. Les commerces sont éloignés, il faut y aller en annexe, mais tous les midi des plats sont livrés aux habitants des voiliers du chantier par une cuisinière voisine du CNI. C'est sur Ramatoa du haut de notre berceau que nous vivrons l'alerte au Tsunami après le séisme des îles Samoa... en réalité nous ne verrons rien, pas de vague seulement la fermeture en urgence de tous les commerces qui font d'Uturoa une ville morte pendant une bonne partie de la matinée.
Nous retrouvons nos amis Sandrine et Laurent de « Quickenning » qui rentrent de deux mois passés en France. Ils sont installés à la marina municipale d'Uturoa et comptent y rester pendant quelques mois pour remplir la caisse de bord. Nous serons heureux de les retrouver à notre retour au mois de mars 2010.
Le samedi 3 octobre, Sandrine et son copain Jo nous accompagnent à l'aéroport de Raiatea où nous embarquons pour Tahiti via Bora Bora. Sandrine veut nous voir revenir prochainement et sacrifie à la tradition polynésienne de nous offrir deux beaux colliers de coquillages. A l'aéroport de Faa à Tahiti dans la file d'attente à l'enregistrement de notre vol Los Angeles Paris, nous rencontrons Jeanne et Régis du voilier « XE » ils viennent raccompagner fils et belle fille, nous voyagerons ensemble. Voyage long mais bien moins pénible et fatiguant que les vols au retour de Trinidad.
Voilà c'est fini pour cette année, nous repartirons vers la Polynésie à la fin du mois de mars 2010. Pas d'article nouveau à attendre d'ici là, sauf des mises à jour des bilans techniques et la création de pages récapitulant tous les mouillages pratiqués au cours de la dernière année de navigation.... histoire d'occuper les longues soirées d'hiver qui arrivent !
Enfin en guise de surprise à la fin de cette année de navigation et d'articles... vous découvrirez :
- La nouvelle mise en page et le nouveau look du blog, nous espérons qu'ils vous plairont.
- Un magnifique diaporama réalisé par les enfants lors de leur séjour à bord de Ramatoa au mois d'aout dernier.
A très bientôt !
Benoît & Dominique à Châtelaillon-Plage le 20 octobre 2009.