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13 juillet 2011 3 13 /07 /juillet /2011 15:17

 

Le vendredi 3 juin, nous effectuons notre sortie des Tonga à Neiafu au « Vava'u group ». La météo n'est pas optimale pour la traversée de 450 milles qui nous attend, le temps est frais, le vent fort et la pluie incessante. Avec nos amis de « Riga 2 » et de « Ti Soaz » nous décidons de différer notre départ et de nous abriter à Port Maurelle en attendant l 'amélioration annoncée par Mister Grib !

Par ailleurs nous recevons de mauvaises nouvelles familiales de France où mon père vient d'être hospitalisé à un age avancé. Nous sommes inquiets et craignons de devoir modifier nos projets de navigation. Enfin, pour l'heure nous cherchons une fenêtre météo favorable pour mettre les voiles vers les Fidji. En liaison avec nos amis nous décidons de partir le lundi 6 juin, la météo devant très rapidement s'améliorer avant que le vent nous lâche de nouveau sur la fin de parcours.

 

Dès l'aube pâle, nous quittons notre abri, le vent d'est reste soutenu à 20-25 nœuds, le ciel bas et gris et les grains de pluie fréquents. Sortis de la baie avec 1 ris dans la grand-voile, le vent monte rapidement et nous contraint à prendre un second puis un 3° ris. Le vent grimpe à 35-40 nœuds et plus sous rafales, Ramatoa file au grand largue à 9-10 nœuds sous GV seule à 3 ris. Le ciel et la mer sont uniformément gris, nous sommes à l'abri de la houle pendant les premières heures, mais la mer devient forte assez rapidement. Vers midi le ciel s'éclaircit, le vent retombe à 20-25 nœuds et progressivement nous renvoyons de la toile au cours de l'après-midi.

Sur « Riga 2 » et « Ti Soaz », c'est aussi la bagarre sous ce très violent grain qui nous a cueilli à froid dès le départ. Les avaries sont diverses, « Ti Soaz » perd une latte de sa grand voile lors d'une prise de ris, de plus son moteur in board ne fonctionne plus depuis son arrivée à Port Maurelle, un problème d'injecteur, de pompe à injection ou de segment est suspecté. Sur « Riga 2 » la bande anti UV de la trinquette part en lambeaux et une écoute de foc arrache et plie un chandelier sous les claques du vent. Sur Ramatoa nous nous en sortons sans dégât mais nous avons failli perdre le bimini dont les sangles cuites par les UV ont lâché simultanément, Dominique et moi l'avons récupéré in extremis et ferlé sur l'arceau arrière.

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Quel départ en fanfare ! Mais très vite le vent retombe à 10-15 nœuds dès le premier soir. Avec un vent portant en dessous de 10-12 nœuds, la moyenne tombe vite et Ramatoa se traine à quatre petits nœuds. Le spi est de sortie à plusieurs reprises mais la houle assez forte le dégonfle sans cesse. Les deux premiers jours nous parcourons entre 120 et 125 milles puis sur la seconde moitié du parcours le vent tombe en dessous de 8-10 nœuds, la risée Volvo s'installe durablement sur cette fin de traversée. Le 8 juin au matin, nous franchissons le méridien 180°, dorénavant les longitudes sont Est et diminuent, nous rentrons en Europe !

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« Ti Soaz » privé de moteur est vite distancé à l'approche des premières îles et îlots du « Lau group » des Fidji. « Riga 2 » a choisi une route différente et emprunte un passage plus au nord. Heureusement la cartographie est précise dans ces parages car tous ces passages dans le « Lau group » sont très peu balisés et les feux de nuit inexistants. Les 150 derniers milles s'effectuent en alternant voiles et moteur et nous retrouvons nos amis suisses de « Riga 2 » à quelques milles de Suva où nous mouillons ensemble de nuit le jeudi 9 juin vers 23 heures. Nous sommes au mouillage de quarantaine à quelques encablures du Royal Suva Yacht Club.

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Au lever du jour nous découvrons la vaste rade et le port de Suva... Des flottilles de chalutiers coréens et chinois par dizaines, des cargos et tankers en attente de déchargement, un bruit et un trafic incessants, une saleté et une pollution repoussantes.

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Le vendredi matin, « Ti Soaz » appelle à la VHF. Il est devant la passe, encalminé sans vent et sans moteur il n'est pas manœuvrant, il y a un peu de trafic dans la passe et le voilier dérive lentement vers le récif frangeant qui borde la passe d'accès à Suva. La tension à bord est palpable. Nous relevons rapidement notre mouillage et faisons route à plus de sept nœuds vers la passe pour le prendre en remorque. La prise de remorque s'effectue sans difficultés et lentement nous rentrons « Ti Soaz » qui mouille en zone de quarantaine à nos cotés. Les officiels arrivent et nous passons l'inspection de la santé, de la quarantaine, de l'immigration et des douanes... tout se passe bien et dans la bonne humeur... mais que de papiers et de formulaires à remplir ! Nous sommes autorisés à débarquer et nous mouillons à proximité du Yacht Club. En fin d'après-midi, les annexes de "Riga 2" et de "Ramatoa" poussent et tirent "Ti Soaz" pour le mettre à quai dans la petite marina du RSYC, tout se passe bien, Jean-Pierre se mettra à la recherche d'un mécanicien dès mardi matin car le lundi 13 juin est un jour férié, non pour cause de Pentecôte, mais pour cause d'anniversaire de la Reine d'Angleterre... c'est comme ça dans les pays du Commonwealth !

 

Les Fidji sont un archipel de plus de 300 îles composé d'atolls coralliens mais aussi de très larges îles volcaniques. Seule une centaine d'entre elles sont habitées, les autres servent de bases de pêche ou abritent des plantations de cocotiers. Viti Levu et Vanua Levu sont les deux plus grandes et sont approximativement de la taille de la Corse. Elles sont, comme aux Tonga regroupées en différents groupes, on distingue en particulier le « Lau group » : le plus à l'est de l'archipel et le plus sauvage ; mais aussi le « Yasawa group » et le « Mamanuca group » sur la côte occidentale de Viti Levu où se concentre la majorité de l'activité nautique et touristique.

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Les premiers habitants des îles Fidji, des navigateurs Austronésiens (1 500 av. J.-C.), sont arrivés du sud-est asiatique longtemps avant que les îles fussent découvertes par l'explorateur Abel Janszoon Tasman au XVIIe siècle. Ce n'est qu'au XIXe siècle avec James Cook et Dumont d'Urville que les Européens colonisèrent ces îles pour les occuper de manière permanente. En 1874, les îles furent sous contrôle britannique. L'indépendance fut accordée en 1970. Le régime démocratique fut interrompu par deux coups d'État militaires en 1987 et 2006, car le gouvernement était perçu comme dominé par la communauté indienne.

La population est forte d'environ 900 000 habitants et près de 350 000 personnes vivent dans la capitale Suva. Elle est composé de 48% d 'indiens, l'autre moitié est de souche autochtone mélanésienne.

Initialement peuplées par des mélanésiens de souche, les émigrés indiens sont venus dans les îles au XIXe siècle, à la demande des autorités britanniques, pour cultiver la canne à sucre qui venait d'y être introduite. Les individus d'origine indienne furent longtemps victimes de discriminations, soutenues ou tolérées par certains gouvernements ayant limité leurs droits civiques (propriété foncière accordée aux seuls Fidjiens de souche). Ces tensions inter communautaire persistent encore aujourd'hui. À ce jour, les Fidji demeurent suspendues du Commonwealth, et les membres du gouvernement et de l'armée ont été frappés de sanctions par certains pays, notamment la Nouvelle-Zélande. Les pays voisins maintiennent une pression continue pour exiger un retour rapide à la démocratie.

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Les Fidji, dotées de forêts, de minerais et ressources en poissons, possèdent l'une des économies les plus développées des îles du Pacifique, malgré un secteur d'économie de subsistance toujours important. Les exportations de sucre et une industrie du tourisme en croissance sont les principales sources de devises étrangères. Le traitement du sucre compose un tiers de l'activité industrielle. L'instabilité politique aux Fidji a freine l'économie quand elle ne déclenche pas une récession. Le principal partenaire économique est aujourd'hui l'Australie et la Nouvelle Zélande dans une moindre mesure.

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Le samedi nous allons à Suva en taxi et découvrons une ville très dynamique, commerciale, active avec une circulation assez anarchique. Le marché municipal aux fruits, légumes, poissons et crustacés est vaste, les produits sont variés et abondants. Nous trouvons des supermarchés et découvrons de vastes centres commerciaux avec de nombreuses boutiques où toutes les grandes marques et enseignes de luxe sont présentes. Nous retrouvons avec un certain plaisir les « bienfaits supposés » de la société de consommation après la cure d'austérité subie aux Tonga ! De plus la vie est globalement très bon marché, surtout si on compare avec la Polynésie française ou la Nouvelle Calédonie.

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La semaine s'écoule rapidement entre courses, approvisionnements divers, recomplétement de gaz, et de carburant, achats de bricolos chez les shipchandlers de la place. Par ailleurs nous contactons avec succès, les chantiers et marinas capables de sortir et gardienner Ramatoa pendant la saison cyclonique. Nous décidons de nous rendre sur place pour voir les chantiers et les conditions de stockage des voiliers sur terre-plein. Les marinas et chantiers sont sur la côte occidentale de Viti Levu à 130 milles nautiques de Suva. Avec « Riga 2 » nous décidons de partir le samedi 18 juin, « Ti Soaz » immobilisé par la remise en état de son moteur diesel. La journée du vendredi est consacrée aux formalités de départ car il nous faut effectuer une clearance nationale à Suva et effectuer une entrée nationale à Lautoka, la deuxième ville et port du pays.

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Le transit de Suva à Lautoka s'effectue tranquillement, majoritairement au moteur car le vent nous fait défaut, la mer est lisse comme une flaque d'huile. Nous coupons cette route par d'agréables escales sur les îles proches de Viti Levu comme à Yanuca dans le lagon de Beqa puis sur la côte à Cuvu Harbour et à Robinson Crusoe island.

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Dans les deux dernières escales, nous mouillons devant des complexes hôteliers plus ou moins luxueux. A Robinson Crusoe, établissement modeste mais fort dynamique et sympathique nous assistons à un très beau spectacle de danses (danses traditionnelles, du feu et des sabres) et de démonstrations diverses (escalade de cocotiers, marche sur les braises), le tout autour d'un succulent buffet où viandes, poissons et légumes sont cuits dans un four enterré à la mode polynésienne.

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Le mercredi 22 juin, nous rentrons par le Navula Passage dans l'immense lagon qui protège la côte ouest de Viti Levu. Il est fermé par un chapelet de récifs, d'iles coralliennes basses et d'îles hautes volcaniques ; elles constituent un vaste et fabuleux bassin de croisière. Nous nous mettons à quai à la marina de Port Denaurau où nous trouvons le confort d'une marina moderne située au cœur d'un vaste complexe regroupant des hôtels de grand luxe, un golf 18 trous et des résidences prestigieuses. Le tout est complété par une vaste galerie commerçante et de nombreux bars et restaurants. Port Denaurau accueille des super yachts mais aussi tout le trafic touristique inter-îles avec le « Mamanuca group » et le « Yasawa group ». L'aéroport international de Nadi est à moins de 15 kilomètres.

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Dès le jeudi 23 juin, nous effectuons les formalités d'entrée aux Douanes de Lautoka, voyage aller d' une quarantaine de kilomètres en bus local (brinquebalant et fort bruyant) avec Gaby et Ricardo. Le voyage retour s'effectue en taxi, et nous nous arrêtons au passage à Vuda point marina où nous prenons la décision de mettre Ramatoa au sec après avoir visité le chantier et vu les conditions de stockage (quillards enterrés, catamarans et dériveurs posés au sol, de plus l'espace entre chaque bateau est de l'ordre de 5 à 6 mètres). Le rendez-vous est pris pour la sortie de l'eau. Par ailleurs nous trouvons rapidement nos billets d'avion retour avec une nuit de récupération à l'hôtel à Séoul.

Il nous reste une dizaine de jours pour désarmer le voilier à la marina de Port Denaurau. Travaux habituels de nettoyage, de rangement, de démontage, de maintenance et de protection. Nous trouvons une voilerie pour prendre en charge la révision et les réparations à effectuer sur les voiles et le lazy bag. Avec « Riga 2 » nous louons une voiture pendant trois jours et explorons la côte au nord de Lautoka. Visites du jardin des orchidées et d'un parc animalier riche d'un grand nombre d'oiseaux.

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Finalement tout ira vite et nous serons dans les temps. Seule la météo est un peu capricieuse avec un passage pluvieux et frais pendant deux à trois jours. Le 4 juillet Ramatoa est sorti de l'eau et installé à terre. Nous trouvons quelqu'un pour venir ouvrir et ventiler régulièrement le bateau et nettoyer le pont des feuilles tombées et des déjections d'oiseau. C'est la mort dans l'âme que le 8 juillet nous décollons de Nadi airport et rejoignons la métropole pour quelques mois. Notre séjour est écourté de deux mois et notre parcours un peu réduit. Notre date de retour n'est pas encore arrêtée, mais nous voudrions être de retour pour le tout début du mois de mars 2012.

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N'oubliez pas d'aller voir les 31 photos du nouvel album consacré aux Fidji.


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Benoît & Dominique à Nesles la vallée le 12 juillet 2011.

Mis en ligne le 13 juillet 2011 à Cergy Pontoise.

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