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17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 23:15

 

Cet article est rédigé confortablement au mouillage devant Port Vila la capitale du Vanuatu située sur l'île d'Efate. Cet archipel de 83 îles est plus connu sous son ancienne dénomination de Nouvelles Hébrides. Il est situé au NE de la Nouvelle Calédonie à environ 5-600 km, orienté N NW – S SE sur près de 500 milles nautiques. Efate est au centre de l'archipel à 330 milles de Nouméa et 550 milles de Lautoka aux îles Fidji. Toutes ces îles sont d'origine volcanique et les cinq volcans encore actifs appartiennent à la ceinture de feu du Pacifique, les deux plus connus sont sur les îles de Tanna et d'Ambrym.

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Le peuplement de ces îles est très ancien (2000 av JC) et venait de Papouasie Nouvelle Guinée. Les premiers européens à toucher ces terres furent les espagnols avec Pedro Fernandez de Quiros en 1606. James Cook cartographia ces îles en 1774 et baptisa l'archipel : Nouvelles Hébrides. La colonisation missionnaire protestante débuta à la seconde moitié du 19° siècle et amena sa cohorte de maladies européennes ; comme aux îles Marquises la population indigène faillit disparaître complètement. Ces missionnaires eurent aussi une influence très forte sur l'évolution des coutumes en interdisant le cannibalisme, proscrivant la boisson du Kava et de nombreuses autres pratiques traditionnelles. En 1906 les Nouvelles Hébrides sont placées sous administration d'un condominium Franco-Britannique donnant aux deux nations des pouvoirs sur le territoire. En 1942, les forces armées US établirent des bases militaires sur les îles d'Efate et de Espiritu Santo pour contrer l'avance rapide des japonnais dans le Pacifique. Avec 500 000 hommes c'était la deuxième base US après Hawaï. En juillet 1980, l’archipel accède à l'indépendance et se renomme Vanuatu (Terre éternelle). C'est aujourd'hui une république démocratique dans la sphère d'influence de l'Australie et de la Nouvelle Calédonie.

 

Le Vanuatu possède trois langues officielles, le français (40 %), l'anglais (60 %) et le bislama (mélange de mots français et anglais avec une orthographe tout à fait spécifique et folklorique car essentiellement phonétique !). En outre plus de 110 dialectes locaux à chaque île sont couramment parlés, parfois au sein d'une même île chaque village possède son propre dialecte, c'est le cas à Anatom.

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Mis à part Port Vila, capitale moderne et assez active, et Lungaville (à un moindre niveau) sur Espiritu Santo qui sont des villes assez développées, de nombreux villages et communautés sont très isolés sur les îles éloignées et seuls les voiliers de passage et des bateaux de croisière constituent un lien avec le monde extérieur. Ici encore plus qu'aux Fidji les populations éloignées du pouvoir central d'Efate sont laissées pour compte sur le plan du développement économique, sanitaire et de la santé. Seule l'éducation avec de très nombreuses écoles semble avoir atteint ces confettis sur l'océan. Le tourisme constitue la principale ressource économique du Vanuatu en particulier sur les deux îles principales d'Efate et Espiritu Santo. Les populations vivent de la pêche et des cultures vivrières sur des terres particulièrement fertiles, les marchés sont nombreux et très riches en produits variés.

 

Mais avant d'aborder les côtes du Vanuatu, nous avons quitté les Fidji en effectuant nos formalités de sortie à Lautoka le vendredi 25 mai au matin. Le soir nous prenions un mouillage à Nomi Bay en face de la passe de Navula qui permet de quitter le lagon. La météo est médiocre et nous annonce du vent fort pour le début de la traversée, mais c'est la seule fenêtre acceptable pour la semaine à venir.

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Le samedi dès l'aube nous quittons les Fidji et rencontrons un alizé de SE soutenu à 25 nœuds et une mer forte avec une houle de 3-4 mètres. Avec ces conditions musclées, nous sommes tous les deux atteints du mal de mer, il nous faudra 24 et 36 heures pour retrouver la forme. Ramatoa caracole comme un fou sur les vagues et nous parcourons 166 milles dans les premières 24 heures. Par la suite, les conditions vont s'améliorer et le vent nous abandonnera que sur les dernières 12 heures de la traversée. Un peu plus de trois jours plus tard, le mardi 29 mai matin l'île d'Anatom est haute sur l'horizon et nous mouillons à Anelghowhat (une des nombreuses orthographes possibles!) en fin de matinée sous un soleil radieux. Cette traversée rapide de 459 milles a été bouclée à une moyenne de 6 nœuds mais ne restera pas dans les annales des traversées les plus confortables.

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Les formalités d'entrée au Vanuatu s'effectuent au poste de Police du petit village, c'est super cool et le fonctionnaire (qui assure à lui seul Santé, Quarantaine et Douanes) est d'une gentillesse extrême. Seul manque le visa de l'officier d'immigration sur nos passeports, mais cela ne pose pas de difficultés. En fait il arrivera quelques jours plus tard lors du passage d'un paquebot de croisière et nous aurons alors nos visas.

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Le mouillage d'Anelghowhat est très bien protégé sauf si le vent et la houle viennent de l'ouest. La météo est bien instable depuis notre arrivée car nous subissons un temps très froid, gris et pluvieux. Mais cela ne nous empêche pas de découvrir le village et sa population extraordinairement accueillante, réservée mais très chaleureuse et authentique. On est loin de l'exubérance un peu envahissante et commerciale des Fidji et de Port Denarau en particulier.

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Lors d'une de nos promenades à terre, nous rencontrons le boulanger du village, il nous fait découvrir une source d'eau potable dans les rochers juste au bord de la mer. Il nous emmène chez lui et nous offre à de multiples reprises du pain et de superbes pamplemousses. Nous lui offrons en échange du kava, des vêtements et des fournitures scolaires pour ses enfants. Son père construit de petits bateaux en contreplaqué.

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Nous assistons à l'arrivée de deux paquebots de croisière chargés d'australiens. Ils débarquent en flot serré, malgré le temps gris et incertain, sur Mistery island, une petite île face au village qui abrite également le terrain d'aviation. Toute la population d'Anelghowhat se mobilise pour cette occasion et les stands nombreux constituent un folklorique marché artisanal.

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Anelghowaht est le plus important des trois villages d'Anatom, il est relié deux fois par semaine à Port Vila par un petit avion. Une barge ou un caboteur très fatigué assure des rotations pour les marchandises une à deux fois par mois. Malgré cet isolement, une petit guichet bancaire ouvert deux jours dans la semaine nous a permis d'échanger des Euros, et des Dollars US.

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Les jours s'écoulent paisiblement, les rares moments de beaux temps sont mis à profit pour faire du snorkeling en bordure du récif. Une belle tortue a ses habitudes et broute sur les herbiers à proximité du bateau. Nous sommes au mouillage en compagnie d'un autre Ovni 435 « Toucan » d'un couple irlandais et du Maramu «Cosa Nostra» d'un couple germano-vénézuelien avec qui nous sympathisons. Nos promenades à terre nous font connaître d'une grande partie des villageois. Après 5-6 jours à Anatom nous souhaitons traverser vers l'île de Tanna, 50 milles plus au N NW, le mouillage de Port Resolution est le seul praticable mais il devient intenable si le vent dépasse 10-15 nœuds et remonte au delà de l'est vers le NE ou le N... et c'est justement ce que nous annonce la météo.

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Nous devons donc attendre à Anatom que les alizés se rétablissent au SE. Une très forte houle de près de 4 mètres est annoncée et les vents tournent au NE puis au N et même à l'ouest rendant notre mouillage inconfortable avec la houle qui secoue Ramatoa. Il nous faut être patient et nous restons coincé à Anelghowhat jusqu'au vendredi 8 juin où une étroite fenêtre météo nous permet d'envisager

le départ vers Tanna, un séjour minimum à Port Resolution pour aller voir le volcan et quitter rapidement le mouillage avant le retour des vents au NE interdisant un séjour plus long sur Tanna.

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En compagnie de « Toucan » l'irlandais et d'un autre voilier Néo-Zélandais nous quittons Anatom pour rejoindre en fin d'après-midi Port Resolution à Tanna ; courte traversée avec du vent (20-25 nœuds) et une houle assez forte mais qui diminue au fil de la route. Le mouillage de Tanna est calme nous y sommes les seuls. Très vite l'excursion au volcan est organisée avec les guides locaux pour le lendemain soir.

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Samedi 9 juin matin nous débarquons à terre et découvrons avec amusement le mini yacht-club installé sur la falaise au dessus du mouillage, les installations sont sommaires mais sont pleines de charme. De nombreux voiliers nous y ont précédés, dans le livre d'or nous nous amusons à en retrouver la trace.

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Au village proche de Port Resolution nous sommes fort bien accueillis et trouvons fruits et légumes. Plusieurs personnes parlent le français et sont très heureuses de s'adresser à nous dans notre langue maternelle. Ici la vie est simple et rustique mais les gens y semblent heureux et vivent en harmonie avec la nature. Le mouillage est bordé par une côte rocheuse volcanique parsemée de sources d'eau chaude et de fumerolles, c'est assez spectaculaire car toutes proches des voiliers à l'ancre.

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Le samedi à 16 heures nous débarquons au yacht-club avec sac à dos, chaussures de marche et vêtements chauds. Nous embarquons dans un pickup 4x4 Toyota qui nous conduit sur des pistes sommaires en 45 minutes de tapecul environ au pied du volcan : le mont Yassur. C'est un parc naturel, nous y arrivons avant la tombée de la nuit. La piste serpente dans les champs de lave et nous amène au pied du cône du cratère. La terre est chaude, des fumerolles sortent du sol un peu partout, on entend le grondement des explosions qui se succèdent sans cesse. Un escalier et un sentier escarpé nous permettent d'accéder à un belvédère naturel qui surplombe le cratère. Le spectacle est extraordinaire et impressionnant de violence, nous le voyons de jour puis de nuit. Le lac de lave est sous nos pieds en contrebas mais on ne le voit pas, les explosions sont suivies de projections de laves et roches en fusion qui retombent sur les flancs intérieurs du cône du cratère. Des nuages de fumées sulfureuses nous enveloppe assez régulièrement. Si les éruptions étaient plus fortes les retombées pourraient se faire sur les pentes extérieures du cratère... et sur le belvédère où nous nous trouvons ! Sur la route du retour notre guide local nous explique que des accidents arrivent de temps en temps (chutes accidentelles) mais aussi blessures et morts par les retombées des projections ; un petit avion de tourisme survolant le cratère a même été touché par des projections et s'est écrasé un peu plus loin dans la jungle. Après plus d'une heure et demie sur notre belvédère en plein vent à 350 mètres d'altitude, nous sommes frigorifiés et retournons au 4x4 et retour au mouillage de Port Resolution.

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D'un commun accord avec Conor & Marion de « Toucan », nous décidons de quitter Tanna dès le dimanche matin car la météo nous annonce un retour des vents assez forts au NE puis au N rendant notre abri impraticable et dangereux. Il y a 135 milles pour rejoindre Port Vila en laissant l'île d'Eromango sur notre tribord. Départ en début de matinée, le vent est E SE très soutenu à 25-27 nœuds et la mer forte. Ramatoa avance bien, voire même trop vite car nous souhaitons arriver de jour lundi matin à Port Vila et non pas dans la nuit de dimanche à lundi. C'est donc sous grand voile seule à 1 ris puis à 2 ris que nous progressons à plus de 6 nœuds. A la tombée de la nuit nous sommes par le travers de l'île d'Eromango, le vent faiblit et refuse, nous sommes déventés par le relief de l'île mais il revient en force dès que nous attaquons le passage large de 80 milles entre Eromango et Efate. Le vent E NE s'établit à 30-35 nœuds et les rafales à 40, je pensais qu'il s 'agissait d'un grain passager... mais non cela a duré la majeure partie de la nuit, la mer est forte et la houle de près de 4 mètres. Ramatoa est bousculé dans tous les sens, ce n'est pas très confortable, à deux heures du matin une vague « scélérate » plus forte que les autres couche le bateau, à l'intérieur c'est un bruit indescriptible mais il n'y a pas de mal. Toute la nuit nous verrons les feux de « Toucan » qui suit la même route que nous. Au petit jour, l'Ovni irlandais est juste devant nous et nous arrivons vers huit heures dans la rade de Port Vila. Nous pénétrons dans le lagon protecteur derrière l'île de Iririki face au front de mer de Port Vila, nous prenons un coffre au milieu d'une trentaine de voiliers au mouillage. Matinée calme et récupération au bateau après cette nuit fort agitée. Depuis notre départ des Fidji, nous rêvons d'une traversée confortable par vent de travers modéré, 15-17 nœuds par exemple !

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Port Vila ressemble un peu à Neiafu aux îles Tonga, mais en un peu plus grand et plus développé. La capitale du Vanuatu est une petite ville de 20 ou 25 000 habitants installée sur les hauteurs bordant une vaste baie partiellement fermée par l'île d'Iririki et cela constitue un abri de qualité à tous les vents alors que le reste de la baie est exposée aux coups de chien et à la houle d'ouest. La ville est agréable avec de nombreux restaurants en front de mer, un superbe marché aux fruits et aux légumes, mais bizarrement sans marché de poissons. Une seule chaîne de quatre supermarchés « Au bon marché » dont celui de la zone portuaire est vaste, moderne et parfaitement approvisionné de produits variés dont certain venant de France ou de Nouvelle Calédonie. Le choix et la qualité sont meilleurs qu'à Lautoka aux Fidji. En centre ville une fort belle pâtisserie « Au péché mignon » fait café, salon de thé et de dégustation... bref le luxe quoi !

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Les mouillages sont loués par Yachting World Marina qui propose les services courants. L'accueil y est fort agréable, d'autant plus qu'un plus grand nombre de personnes parlent le français. Je trouve même à faire réparer mon imprimante qui a refusé tous services cette année... mais elle est irréparable (pignon cassé), j'ai donc pu acquérir une petite multifonction 3 en 1 HP qui a trouvé sa place à bord.

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Nous nous promenons en ville, tourisme, shopping et lèche vitrine sans oublier de s’arrêter « Au péché mignon » ! Avec « Toucan » nous louons une voiture et effectuons le tour de l'île d'Efate. Une seule route de fort bonne qualité fait le tour de l'île, les 140 km sont aisément parcourus dans la journée et nous effectuons de multiples arrêts pour des photos et visiter un village culturel (danses, marche sur le feu etc...) sympathique mais de qualité bien médiocre par rapport au spectacle offert à l'île Robinson Crusoé aux Fidji. Efate est partiellement recouverte de jungle, mais on y voit également de vastes plantations de cocotiers et de très grandes prairies d'élevage. De nombreux cours d'eau et torrents descendent des montagnes intérieures de l'île vers la côte. Quelques villages le long de la route circulaire mais pas d'autres villes ou bourgades en dehors de Port Vila.

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La météo a continué à être fort capricieuse car dès le lendemain de notre arrivée le vent a tourné à l'ouest et a soufflé en tempête avec une forte houle pendant trois jours transformant la partie de la baie non abritée en un véritable chaudron totalement intenable pour les voiliers qui ne s'étaient pas mis à l'abri derrière les îles. Une dépression fort creuse au large de Sydney et remontant vers la Nouvelle Calédonie nous a valu ce coup de chien inattendu.

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Nous comptons profiter entièrement du mois de séjour offert par nos visas, mais nous ne visiterons pas les îles situées plus au nord d'Efate car nous ne souhaitons pas devoir batailler au près serré pour rejoindre plus tard les îles Loyautés en arrivant en Nouvelle Calédonie. Nous allons profiter du retour du beau temps ensoleillé mais frais le soir et la nuit dans un ou deux mouillages au nord de l'île d'Efate à Port Havannah que les américains avait transformé en base navale pendant la seconde guerre mondiale. Mais les projets sont faits pour être modifiés ! Notre arrivée à Nouméa en Nouvelle Calédonie est toujours prévu pour la mi-juillet.

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Ne manquez pas de jeter un œil aux 35 photos du nouvel album Vanuatu.

 

Dominique & Benoît sur Ramatoa à Port Vila – Vanuatu.

Mis en ligne, le 18/06/2012 au Vanuatu.

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