Parti le 16 mars de Belém après une fête inoubliable offerte par le gouvernement de l'état du Para, nous sommes le 23 mars, en Amazonie mais ne naviguons toujours pas sur le fleuve Amazone !
En réalité nous contournons doucement l'île de Marajo par son sud en remontant le cours du fleuve Para. Pour rejoindre le fleuve Amazone qui coule au nord de cette île nous traverserons par des « estreitos » sortes de canaux étroits qui relient les deux fleuves Para et Amazone.
La navigation sur le fleuve n'est pas très difficile (d'autant plus que nous naviguons en convoi avec des pilotes brésiliens qui connaissent parfaitement le cours du fleuve). Elle s'effectue en convoi ce qui ne signifie pas en file indienne surtout sur les bras très larges du fleuve. Seulement les passages étroits ou difficiles nécessitent de se mettre en file unique. Le courant est important et la marée se fait sentir loin dans les terres. Il faut être vigilant car les eaux charrient de nombreux déchets végétaux (troncs, branchages, îles de jacinthe d'eau et arbres entiers !). En revanche les eaux ne sont pas polluées par les activités humaines.
La carte d'identité de l'Amazone et de son bassin cumule tous les superlatifs : plus long fleuve du monde (6 300 km), plus vaste bassin versant (6 millions de km²), plus fort débit (220 000 m3 à la seconde soit 700 fois celui de la Seine !). L'estuaire est large de plus de 350 km et chaque année des îles disparaissent ou se créent. En Amazonie les fleuves ont soit des eaux boueuses, limoneuses et marrons, soit noires mais plus limpides. On doit cela à la nature et à la quantité des matières organiques en suspension et dissoutes dans l'eau.
La faune et la flore ne sont pas en reste dans cette démesure de la nature, de très nombreuses espèces végétales et animales n'existent que dans la forêt d'Amazonie. Les écosystèmes sont nombreux, divers, complexes et très fragiles... le poumon vert de la planète est controversé, il est vrai que les arbres absorbent une quantité extraordinaire de carbone mais la déforestation et les brûlis produisent plus de gaz à effet de serre que les USA !
Nos navigations ne s'effectuent que de jour (de préférence tôt le matin !) et nous passons nos nuits dans des mouillages à l'abri d'une île ou à l'entrée d'un « furo » (petit canal entre deux îles) en pleine nature (Cotejuba, Araras) ou à proximité d'une bourgade (Saõ Sebastian Boa Vista) ou d'une petite ville (Breves). Les mouillages forains en pleine nature alternent avec ceux plus urbanisés
Les premiers jours, le fleuve est large puis il se resserre et il est encombré d'un dédale d'îles recouvertes d'une végétation luxuriante. Le trafic est intense de jour comme de nuit : barges poussées de 40 semi-remorques, barges de grumes de bois exotiques, bateaux de passagers à plusieurs ponts des lignes régulières (Belém ? Santarem ? Manaus) et une multitude d'embarcations assurant les dessertes locales (de la micro pirogue au bateau de 10 ? 12 mètres). Le climat est chaud et humide mais pas trop chaud. Les averses sont violentes et quotidiennes ce qui nous permet, grâce à une bâche pour récupérer de l'eau de pluie, de remplir efficacement les réservoirs de Ramatoa.
Deux journées d'escale à Saõ Sebastian Boa Vista, petite bourgade très pauvre à 200 km de Belém, mais pleine de charme car bâtie sur pilotis sur le bord du fleuve et sur les furos avoisinants.... elle est surnommée la Venise de Marajo... mais la comparaison s'arrête là !
Le touriste y est très rare, les voiliers... encore plus... une fois par an au passage du rallye. La population, très métissée d'indiens, vit sur le fleuve essentiellement de la cueillette et du trafic de l'Acai (un des 400 fruits de la forêt d'Amazonie) dont on en consomme 40 tonnes par jour à Belém !
Le marché local est haut en couleurs, la population nous accueille à bras ouverts sans rien réclamer. Les enfants sont souriants et en bonne santé. Nous explorons la ville à pied et en annexe et ... souvent sous la pluie. Les voiliers sont mouillés assez loin du débarcadère et sous les grains... ceux dont les ancres dérapent... finissent leurs courses encastrés dans la mangrove !
Deux jours de navigation plus tard nous sommes maintenant à Breves sur l'estreito de Breves qui relie le Para à l'Amazone. La remontée du canal, plus étroit, permet de mieux observer la nature et l'habitat. Breves, capitale de l'île de Marajo est bien moins touristique que Soure (proche de Belém). Ici l'économie est partagée entre la transformation du bois avec d'importantes scieries et toujours l'Acai qui est exporté vers le marché de Belém. Nous sommes amarrés à la trapiche de la ville sur des pieux ou à couple de bateaux locaux. L'animation est importante sur les quais et sur les berges. Le trafic des embarcations de toutes sortes est incessant, bruyant, malodorant et il soulève un clapot assez inconfortable !
A notre arrivée dans l'estreito de Breves, les voiliers du rallye ont été pris d'assaut par des dizaines de pirogues armées par de jeunes enfants ou par une mère et ses enfants. Ils font preuve de beaucoup d'agilité car les voiliers avancent vite, à 5 ou 6 noeuds, et aucune de ces frêles embarcations n'est percuté ou chavire. Une fois accroché à notre plat bord nous leur distribuons stylos, habits et bonbons pour les plus jeunes... heureusement que nous avions fait, avec l'aide de Cécile, un stock sérieux avant de partir.
Contrairement à Soure, la ville de Breves est située dans la moitié de l'île de Marajo recouverte par de la forêt et impropre à l'élevage, donc pas de belles fazendas à visiter et la forêt a les pieds dans l'eau à cette saison. Nous parcourons cependant la ville à pied, profitons des quelques commerces et de l'internet récemment arrivé pour mettre à jour le blog et relever notre messagerie!
De nombreuses photos ont été ajoutées sur l'album de l'étape 07 Amazone.
Enfin, pour tous ceux qui ont installé Google Earth, vous pouvez visualiser notre position sur l'image satellite en cliquant sur le lien de la dernière position.
Benoît & Dominique sur Ramatoa, rédigé et posté à Breves le 23 mars 2007.