Notre séjour à Taiohae s'éternise un peu plus longtemps que voulu. La météo est médiocre, la houle est forte et nous attendons une accalmie pour traverser vers les Tuamotu. Nous mettons à profit ce contretemps pour effectuer, avec Jeanne et Régis du voiler « Xe », une splendide ballade en 4x4 sur la côte nord de Nuku-Hiva depuis Hatiheu à deux pas d'Anaho jusqu'à l'aéroport puis retour par le centre de l'île et son plateau central au paysage si surprenant : on se croirait dans les Vosges ou en Suisse ! Nous assistons également au début des fêtes de juillet aux îles Marquises.
Finalement le vendredi 3 juillet, nous quittons les Marquises par un temps gris et humide. L'alizé souffle frais et la mer est chaotique. Le voilier avance bien, nous faisons de belles moyennes, de 150 à 160 milles par jour, mais l'allure est inconfortable. 491 milles plus loin et un peu plus de trois jours après, nous pénétrons dans notre premier atoll à Manihi dans l'archipel des Tuamotu.
De tous les archipels de la Polynésie française, l'archipel des Tuamotu est le plus déconcertant et atypique avec une géographie extrême. Ce chapelet de 77 atolls, délicats anneaux coralliens à fleur d'eau, s'étend sur 1500 km du nord-ouest au sud-est et sur 500 km d'est en ouest. Pas le moindre relief, des îlots : les « motu », des cocotiers et des barrières de corail perdus dans une immensité liquide.
La vie des Paumotu, habitants des Tuamotu, est simple, rude et rustique. Le quotidien est rythmé par la pêche, les travaux dans les fermes perlières ou le coprah dans les cocoteraies, par les arrivées des avions et des caboteurs qui ravitaillent les villages généralement installés sur les passes. Le milieu est fragile et vulnérable, l'érosion éolienne et marine est permanente, ces terres basses (2 à 3 mètres au dessus du niveau de la mer) sont à la merci des cyclones dévastateurs, heureusement fort rares.
L'économie de l'archipel est limitée à la pêche, au coprah et à la perliculture et plus récemment aux touristes et aux plongeurs sur quelques atolls bénéficiant de spots de plongée réputés. Cependant les atolls du nord de l'archipel tirent mieux leur épingle du jeu grâce au tourisme et à la perliculture que ceux du centre et du sud qui restent encore à l'écart de ces évolutions. Enfin le centre d'essai d'essai du Pacifique (CEP) a contribué, pendant les 35 années où la France a procédé à des tirs nucléaires dans l'atmosphère puis souterrain, à désenclaver les atolls du grand sud et à irriguer financièrement l'économie de toute la Polynésie française. Les infrastructures des atolls de Mururoa et Fangataufa sont aujourd'hui démantelées mais restent sous surveillance militaire, la grande base arrière installée sur l'atoll de Hao est en cours de reconversion pour réutiliser tout ou partie des installations abandonnées par l'état français.
Historiquement les îles Tuamotu, baptisées par les premiers navigateurs « l'archipel dangereux » en raison des risques que comportait la navigation dans ces eaux parsemées d'atolls invisibles et traversées de violents courants, ont été découvertes bien avant les îles de la Société par des navigateurs espagnols (Quiros 1605) et surtout hollandais (Le Maire et Schouten 1616 – Roggeveen 1722). Ce n'est qu'en 1950 que le SHOM termina la cartographie de l'ensemble de atolls de l'archipel.
Aujourd'hui, à l'ère du GPS et de la cartographie électronique il est devenu plus aisé de naviguer dans l'archipel des Tuamotu. Toutefois la littérature nautique incite à une très grande prudence, à l'approche de notre premier atoll et avant d'embouquer notre première passe nous étions pas très fiers et le skipper passablement stressé ! Si le positionnement et la navigation entre les atolls, qui ne se dévoilent qu'à quelques milles de distance, se trouvent facilités le franchissement de la passe avec les courants violents, les remous voire le mascaret reste un moment délicat de la navigation dans l'archipel. En réalité il est nécessaire de calculer les marées pour se présenter à l'étale de basse mer ou au flot et éviter le plus fort du courant sortant du lagon qui peut dépasser 5-6 nœuds. Par ailleurs, une fois dans le lagon, les étendues d'eau sont si vastes qu'il est parfois difficile de trouver l'abri d'un motu ou du récif avant d'avoir traversé le lagon dans toute sa largeur. Il faut alors veiller aux patates de corail en naviguant avec le soleil haut et derrière soit : bleu profond les fonds sont supérieurs à 15 mètres, bleu turquoise on a moins de 10 mètres d'eau, marron plus ou moins sombre le récif affleure... danger. Mais on s'habitue très vite à ce type de navigation. Pour le mouillage quand les fonds sont encombrés de corail et pour éviter que la chaîne ne tricote entre les patates, nous la suspendons en attachant des flotteurs de ferme perlière tous les 5 à 10 mètres. Cela évite d'emmêler voire de casser sa chaîne dans les coups de rappel si elle se trouve trop raccourcie. Enfin dans ces atolls il est nécessaire de surveiller la météo et d'écouter les bulletins pour ne pas se trouver piégé par l'arrivée d'un gros train de houle venant du grand sud ou d'un coup de Maramu. Surprise agréable : si la cartographie s'avère parfois sommaire et minimaliste avec de vastes zones non hydrographiées, le positionnement des atolls et des passes est lui tout à fait précis car jusqu'à présent toutes les traces sur la carto électronique sont bien au centre des passes sur les alignements. Le balisage des passes est précis et souvent lumineux, de ce coté là on est bien en France et non plus en Amérique centrale ou latine !
Le vendredi 6 juillet en début d'après-midi nous sommes devant la passe Tairapa pour entrer dans le lagon de Manihi. Nous sommes à basse mer + 4 en fin de courant entrant. Aux jumelles la passe semble calme sans mascaret, l'alignement est repéré... nous sommes dessus, les voiles roulées et affalées, le moteur en route, tous les panneaux correctement fermés. On y va, on se lance... pas trop fier quand même... puis tout va très vite, le balisage latéral et le quai de la goélette dans la passe défilent, nous filons à 5 nœuds sur le fond avec un courant portant modéré et nous voilà déjà coté lagon avec des remous et une mer clapoteuse qui se calme vite... ouf c'est passé... maintenant il faut parcourir 1,5 milles en évitant les patates de corail et les stations perlières pour rejoindre le mouillage à l'abri du motu Tatarefa, car au village de Paeua le mouillage est intenable par vent d'est. Nous mouillons près de deux bateaux british, le site est superbe, le mouillage très calme nous sommes sur un lac et l'apprécions après la traversée inconfortable que nous avons connue.
Nous sommes donc aux Tuamotu.... quel monde différent de celui des Marquises, un univers liquide au ras de l'eau, seuls les cocotiers (12 mètres de haut) sur les motu rompent la régularité de notre horizon, pas de bruit sauf celui de la houle qui se brise violemment à l'extérieur de l'atoll sur le récif. Le temps est beau et sec, le vent est faible, le lagon est lisse, le mouillage paisible. Manihi mesure 18 milles de long sur 6 à 8 de large du mouillage nous ne voyons pas les motu sur l'autre bord c'est une véritable mer intérieure parsemée de fermes perlières installées sur des hauts fonds coralliens. Un chenal balisé de perches latérales ceinture l'atoll à l'intérieur et dessert tous les motu et les fermes.
Nous passons trois jours à nous baigner, à explorer le motu sous le vent duquel nous mouillons, on y trouve des fare rudimentaires habités lors de la récolte du coprah. Chaussés de sandales plastiques, nous explorons le platier et allons voir la houle casser sur le récif. Nous y découvrons une nature merveilleuse avec des bénitiers superbes aux lèvres violettes ou mauves, des crabes et des bernards l'hermite. Nous marchons dans les « hoa », ces canaux entre deux motu ou l'eau poussée par la houle franchit le platier et s'écoule avec un faible courant dans le lagon. Ils sont très riches en faune et à leur débouchés coté lagon, les coraux y sont superbes, les poissons de corail nombreux (perroquets, ballistes, carangues etc...) et quelques murènes tapies dans un trou guettant une proie, nous passons du temps en snorkeling à les observer.
A bord : lessives, nettoyage, rangement et petit entretien pour le matin. Pour la soirée : lecture, scrabble et jeux de cartes.
En annexe nous rejoignons Paeua, un village typique de 600 âmes des Tuamotu, installé sur la passe de Taipara avec son quai en eau profonde, sa placette ombragée, son école, sa mairie, sa poste, ses deux épiceries et une petite darse où se rangent les barques de pêche et les « speed boats » servant aux liaisons sur le lagon et inter-atolls. Nous y faisons deux ou trois courses et rencontrons Fernand le boulanger qui offre du pain aux voiliers de passage ! Nous assistons au passage de la goélette qui ravitaille le village, repart trois heures plus tard et poursuit sa tournée du laitier. Ici, sous un soleil de plomb aux heures les plus chaudes de la journée, calme et quiétude sont garantis et sont seulement brisés par les cris des enfants s'ébattant et jouant dans l'eau en chantant... devinez quoi... « Il pleut, il pleut bergère... » !! Le soir nous dinons dans une petite paillote sur le bord de la darse.
Au cours d'une de nos liaisons avec l'annexe entre le mouillage et le village, le moteur hors-bord émet brusquement un bruit mécanique interne fort inquiétant. Depuis ce temps il perd progressivement toute sa puissance et fume au démarrage. Nous ne pouvons plus planer et déjauger, je crains la rupture d'un segment et espère qu'il ne nous lâchera pas définitivement avant notre arrivée à Papeete.
Nous décidons de poursuivre notre découverte en allant plus au sud sur l'atoll de Toau au mouillage de l'anse Amyot. Pour arriver dans la passe de jour avec le soleil suffisamment haut, nous naviguons de nuit pour parcourir les 85 milles qui nous en séparent. La passe de Taipara à Manihi est franchi en fin d'après-midi avec une fin de courant sortant. La mer est belle, la houle faible, le vent modéré 12-15 nœuds au bon plein nous fait avancer à 5-6 nœuds, vitesse à ne pas dépasser pour ne pas arriver trop tôt devant la passe de l'anse Amyot. La lune est pleine, c'est une superbe nuit de navigation où nous longeons dans l'obscurité l'atoll d'Apataki puis découvrons Toau au lever du jour. La passe et l'alignement sont vite repérés, il y a déjà cinq voiliers au mouillage et même un thonier de Tahiti.
L'anse Amyot passe pour être, dans les guides nautiques, un des meilleurs sinon le meilleur abri des Tuamotu. En réalité ce n'est pas une passe donnant accès au lagon de Toau, mais une passe étroite et borgne car coté lagon des hauts fonds coralliens ferme le passage. Effectivement si le vent peut souffler des quatre coins cardinaux sans aucune protection (comme partout ailleurs aux Tuamotu), par contre on y est parfaitement abrité de la mer et de la houle sur tout l'horizon. Le lagon est deux pas derrière le platier de corail, les fonds sont claires, l'eau est turquoise le paysage et la nature sont sauvages et vierges.
L'anse Amyot sur sa façade nord est bordée par le motu Matariua habité par une douzaine de personnes dont la famille Damiens avec Valentine et Gaston. Ils accueillent volontiers les voileux et ont installés des bouées de mouillage, ils viennent à votre rencontre et vous aident pour la manœuvre. L'accueil est très chaleureux, tout simple, et peuplé des innombrables éclats de rires de Valentine et Gaston. Nous pensions y passer 3-4 jours, une semaine plus tard nous aurons beaucoup de mal à décoller, nous sommes scotchés par la gentillesse et l'accueil de nos hôtes. Le lendemain de notre arrivée, les autres voiliers et le thonier quittent le mouillage nous nous y retrouvons seuls, c'est extraordinaire.
Valentine et Gaston vivent de la pêche : - Traîne devant la passe pour le thon, le thazard et la coryphène – Récolte et cueillette sur le récif des langoustes la nuit, des bénitiers et des varo - Parc à poissons pour les perroquets et les mérous qui une fois transformés en filets sont expédiés par la goélette vers le magasin Carrefour de Papeete – Pêche sous-marine car Gaston est un excellent apnéiste et un redoutable chasseur. Ils exploitent également sur le lagon une petite ferme perlière : Valentine effectue la greffe des nacres, la récolte et la commercialisation des perles grises, Gaston plonge et aménage les filières de la station.
Arrivée pour l'anniversaire de Dominique, ils organisent un petit diner de fête avec langoustes et poissons crus, de notre coté nous amenons les boissons. A cinq autour de la petite table du restaurant les pieds dans l'eau, l'ambiance est chaleureuse et ils comblent Dominique de petits cadeaux : des porcelaines, des coquillages, des crayons d'oursin pour faire un collier. Ils sont dans un dénuement relatif et donnent pour le plaisir d'offrir. En retour nous partageons les fruits et légumes qui nous restent des Marquises car ici ils font cruellement défaut et leur faisons des cadeaux à notre tour.
Nous visitons leur petit domaine, les habitations, le restaurant, le générateur, les citernes... et la chapelle car Valentine est très croyante et pratiquante, c'est elle qui anime un office de prières le dimanche matin. Nous partageons un peu leur quotidien et ils nous parlent de la vie simple et rude sur Toau, de l'amour de la pêche et de la nature, des difficultés, des croyances, des traditions Paumotu... et tout cela dans des éclats de rires incessants. Les enfants du couple sont installés à Tahiti, seule Lisa la sœur de Valentine tient la pension de famille juste à coté et reçoit des groupes de plongeurs venant de Fakarawa pour des périodes de deux jours.
Gaston finit d'installer et de construire un nouveau piège à poissons à deux pas de Ramatoa, nous allons le voir. Le lendemain il vient me chercher pour aller traîner devant la passe au lever du jour mais nous ne prenons rien alors que la veille au soir il a pris deux thons jaunes et cinq bonites en moins de deux heures.
Notre ami Laurent sur « Balae », nous a rejoint en direct d'Ua-Pou aux Marquises, nous l'accueillons au petit matin.
Le surlendemain, le mardi 14 juillet, Gaston et Valentine nous invitent à leur donner un coup de main pour la préparation des filets de poisson. Le piège à poissons est vidé, les prises débarquées sur le petit abri, puis triées pour ne garder que les perroquets et les mérous marbrés, vidées et enfin sur la table de découpe les filets sont levés, pesés et mis en sachet et entreposés dans des glacières pleines de glace. Nous sommes six et il y a plus de cent kg de poissons à traiter. Nous apprenons les gestes simples mais qui nous sont méconnus, ma maladresse les font bien rire. Le travail est long mais l'ambiance est au beau fixe. Les déchets sont remis à l'eau et c'est le festin : poissons de corail mais aussi des requins pointes noires et même un gris, des murènes, des raies mantas et pastenagues et un superbe napoléon... le débarcadère de Valentine est un aquarium géant, l'eau bouillonne.
L'après-midi Valentine et Gaston mettent le speed-boat à l'eau, chargent les glacières et partent à Apataki pour les mettre à bord de la goélette qui fait escale dans la nuit, le, produit se retrouvera dans deux jours sur les étalages des hypermarchés Carrefour de Papeete. Ils reviennent le lendemain dans la journée, le petit bateau plein de victuailles, de glace, de gaz et de carburant, après avoir fait les appros pour la semaine chez le chinois à Niutahi. Ce scénario se renouvelle une fois par semaine voire plus si une rotation vers Fakarawa est aussi organisée. Apataki est à une vingtaine de milles et Fakarawa à 35 milles de l'anse Amyot.
Valentine veut encore nous faire découvrir la station perlière et passer une journée BBQ sur le motu voisin, de son coté Gaston veut lui n'emmener pécher des langoustes et chasser des varo.... mais le temps nous presse si nous voulons être au rendez-vous de Papeete, début août, pour l'arrivée de Cécile, Guillaume et Thomas. Nous avons décidé de partir demain, ce soir BBQ d'adieu organisé par Valentine et Gaston pour nous remercier du coup de main donné la veille. Nous remplissons le livre d'or où nous retrouvons la trace de nos illustres prédécesseurs car c'est un centaine de voiliers qui tous les ans découvrent ce petit bout de paradis sur terre. Embrassades et étreintes, nous promettons de revenir l'an prochain en avril-mai 2010 avant de mettre le cap plus à l'ouest car nous avons le sentiment que notre séjour aux Tuamotu va être bien trop court, il nous manque au moins trois ou quatre semaines !
Quand je révèle à Gaston la signification de « Ramatoa » en langue malgache et le pourquoi de ce nom, il m'explique que cela a aussi une signification en langage Paumotu : « Rama » c'est la nuit et « Toa » le corail, on pourrait donc dire « Corail de nuit ». Cela nous fait très plaisir de le découvrir car incontestablement notre passage ici restera dans nos mémoires comme un des meilleurs souvenirs de Polynésie.
Vendredi 16 juillet, nous quittons l'anse Amyot dès le lever du jour car il faut se présenter dans la passe Pakaka d'Apataki après la renverse de courant et nous avons 22 milles à parcourir. À 11 heures nous sommes à Pakaka et laissons sur tribord le petit village de Niutahi. Une fois dans le lagon, nous rejoignons le motu RuaVahiné à cinq milles du village, nous sommes bien abrités alors que l'alizé souffle frais. Balade et exploration du platier et des bancs de sable. La nuit est ventée mais le plan d'eau reste calme à l'abri du motu et du récife qui gronde avec une houle qui s'amplifie sous l'effet des dépressions qui passent plus au sud dans les îles australes.
Le lendemain nous traversons le lagon au moteur pour rejoindre le motu Tamaro où sont installés Assam, Alfred et Pauline. Ils accueillent les voiliers de passage, Alfred lance un chantier « Apataki Carénage Service » avec la possibilité de sortir les bateaux de l'eau avec un chariot hydraulique sur une rampe (en cours de bétonnage). Tout n'est pas encore opérationnel mais il y a déjà des clients au sec. Le site est splendide et isolé, Alfred et son fils Tony sont d'une gentillesse incroyable, mais cela reste à mon goût un peu loin de tout et des fournisseurs. La ferme perlière familiale est de taille moyenne, nous visitons les installations, écoutons les explications et assistons à la récolte des perles grises dans les nacres.
Aujourd'hui Dimanche, Alfred traverse le lagon et se rend au village, avec sa grosse barque et son gros hors-bord, pour récupérer un colis à l'arrivée de l'avion de 7 heures du matin, Dominique en profite pour aller faire quelques courses au village. Mais au dernier moment tout tombe à l'eau car nous apprenons que le vol qui dessert Apataki est annulé car ... il y a trop de houle !! Eh oui, la piste construite aux abords immédiats du village de Niutahi est en partie sur la mer et la houle de 3 mètres de sud-ouest inonde la piste qui est impraticable pour les ATR 42 d'Air Tahiti... c'est aussi cela les aléas du quotidien au bout du monde !
La journée se termine en beauté autour d'un cochon grillé pour l'anniversaire de Patrick, qui restaure un vieux cotre cinquantenaire en bois traditionnel, l'ambiance musicale (guitare, ukulele et jambe) est assurée par tous les membres de la petite communauté vivant sur le motu, les trois voiliers au mouillage et les deux bateaux au sec.
Depuis plusieurs jours le temps est maussade et le Maramu souffle, c'est l'hiver austral. La forte houle du sud-ouest remplit le lagon en passant par dessus le récif et dans les hoa, le niveau du lagon monte et peine ensuite à se vider par la passe en générant des courants plus violents qu'à l'ordinaire. Mardi 21 juillet, nous profitons d'une fenêtre météo à priori favorable avec une houle en baisse, pour quitter Tamaro et son mouillage. Adieu et échange de coordonnées avec Alfred et Pauline, nous récupérons les commandes de bracelet quechis pour Chantal de « SeaLance ». 240 milles nous séparent de Marina Taina, la zone de mouillage des voiliers à l'ouest de Papeete. Le franchissement de la passe s'effectue sans difficulté particulière, le courant est légèrement entrant, mais les remous restent modérés. Cette courte traversée ne restera pas dans nos mémoires, le vent de nord-est est modéré puis tombe complètement à 50 milles de Tahiti, la houle s'amplifie à 2–2,5 mètres et la mer est agitée et croisée, nous avançons trop vite pour arriver de jour, il faut ralentir Ramatoa et c'est inconfortable au vent arrière. Pour couronner le tout, l'arrivée s'effectue comme en Bretagne sous un ciel bas et gris avec un crachin bien fin. Le chenalage par l'étroit chenal de Faa dans le lagon, qui contourne l'aéroport pour rejoindre Marina Taina, est un peu sinistre par ce temps. La zone de mouillage est vaste mais saturé de voiliers, pas de bouée de libre, nous mouillons en limite du chenal au sud de la marina.
Depuis que nous avons quitté Panama city (fin mars 2009), nous avons fréquenté des contrées plus ou moins retirées voire franchement isolées comme les Tuamotu. Le retour à la civilisation est brutal et rude, nous avions oublié le bruit, la pollution, les odeurs, les embarras de la circulation, la crasse, la misère et les SDF, le coût de la vie exorbitant.... mais aussi des magasins avec des rayons qui ne sont pas vides et des habitants aimables et souriants... bref tout ce qui fait les petits bonheurs et les désagréments de la vie à Papeete la capitale administrative et économique de la Polynésie française. Nous vous en parlerons plus longuement dans le prochain article.
N'oubliez pas d'aller voir les photos supplémentaires que nous avons ajoutées à votre intention dans l'album des Marquises et de découvrir celles de notre séjour au bout du monde dans le nouvel album des Tuamotu.
Benoît & Dominique sur Ramatoa le 25 juillet 2009 à Papeete.