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12 avril 2009 7 12 /04 /avril /2009 00:57
Vendredi 10 avril en début de nuit, notre ancre croche au fond d'Academia Bay sur l'île de Santa Cruz dans l'archipel des Galapagos [Equateur], terme d'une lente traversée de près de mille milles depuis Panama city. Reprenons depuis le début.


Jeudi 26 mars, nous quittons Playita de Amador et faisons, non sans difficultés car nous ne prenons que 70 gallons, le plein de gasoil à la Marina Flamenco. La veille, mercredi après-midi je suis allé au bistrot-WiFi pour mettre mon article du canal en ligne sur le blog, Jean-Pierre débarque avec moi et va faire quelques emplettes chez le shipchandler « Abernathy ». Une heure et 1/2 plus tard je vois arriver au cybercafé du Flamenco JP accompagné de Robert d'Arasec et Jean-Louis, JP les a rencontrés fortuitement dans les rayons du shipchandler. Robert avait fait le déplacement en bus depuis Panamarina où il a laissé son bateau pour profiter des 30% de remise le mercredi chez « Abernathy » !! Ils étaient à l'hôtel à Panama pour 48 heures. Pour une surprise, c'était une surprise ! On les a gardé pour le dîner et on a passé une soirée très agréable. Robert nous a raconté ses derniers exploits !

La traversée vers l'archipel des Perlas qui se trouve à une trentaine de milles au sud-est de Panama s'effectue entièrement au moteur, la mer est plate, le vent nul, la pollution omniprésente, la couleur et l'odeur de l'eau sont peu engageantes. Au départ nous slalomons entre la trentaine de cargos et de tankers au mouillage qui attendent de franchir le canal de Panama.

Les Perlas tirent leur nom des conquistadores espagnols Gaspar de Morales et Francisco Pizzaro qui dépossédèrent le roi indigène « Toe » d'une montagne de perles. En 1515 le roi est vaincu et ses plongeurs mis en esclavage. L'archipel s'étend sur une quarantaine de milles et comporte une bonne quinzaine d'îles principales et une multitude d'îlots et de cailloux isolés. Quelques îles sont peuplées de quelques villages et seule l'île de Cantadora est devenu un ghetto de millionnaires panaméens avec des villas et hôtels de grand luxe.

L'archipel est très vaste, les mouillages, pour la plupart isolés, sont très nombreux. De plus le marnage important du Pacifique offre des paysages marins de toute beauté. Les oiseaux sont très nombreux et très variés, le courant entre les îles et îlots peut être fort, la navigation et le pilotage y sont très intéressants surtout que la cartographie n'est pas aussi précise et fiable que celle du golfe du Morbihan !


Notre premier mouillage est sous le vent de l'île de Cantadora, mais dès que le week-end arrive le mouillage est envahi par de grands yachts à moteur dont les occupants nouveaux riches n'ont aucun savoir vivre et aucun respect pour la nature environnante. Nous y faisons quelques emplettes et une agréable balade à pied. Notre deuxième mouillage sera totalement solitaire sous le vent de l'isla Ampon devant isla Casaya, la passe d'accès à marée basse est étroite mais nous sommes les seuls au monde avec les pélicans innombrables.

Le dimanche 29 mars, nous quittons l'archipel en direction de l'île Coco en nous glissant tout d'abord sur une mer d'huile entre Isla la Mina et Isla Viveros puis en laissant sur notre bâbord isla Senora et Isla Pedro Gonzales. Dans ce passage la mer est couverte d'oiseaux, le ciel est noir d'oiseaux, Ramatoa traverse une escadre de plusieurs milliers de Cormorans en vol au ras de l'eau, c'est incroyable. En fait toutes ces îles et îlots sont des refuges pour l'habitat des pélicans, des frégates, des cormorans et des fous bruns. Au nord d'isla Senora, devant nous la mer écume, nous pensons à un banc de thon, mais c'est en réalité des dizaines de raies qui sautent hors de l'eau, on voit les pointes des ailes dirigées vers le ciel et le ventre blanc, c'est la première fois que nous observons cela, c'est très spectaculaire.

La route des Perlas à Coco est longue de 533 milles, elle longe à 80 milles des Perlas la « peninsula de azuero » où nous retrouvons un trafic intense de cargos et tankers qui approchent de la baie de Panama ou au contraire montent vers les USA ou vers l'Asie, naturellement il fait nuit et nous sommes bien content de pouvoir visualiser les traces AIS de ces monstres sur la cartographie du bord. Une fois ce virage passé, nous ne rencontrerons plus un seul navire de commerce. Pendant les cinq journées et quatre nuits de navigation, le vent nous a le plus souvent lâchement abandonné (< 2-3 nœuds) et de plus il vient des quatre coins cardinaux, nous avons fait beaucoup de moteur... seul avantage nous sommes arrivés à Coco avec un parc batterie chargé à 100% ... mais inconvénient logique notre cuve de gasoil est basse (200 litres environ). Le trajet de Coco aux Galapagos peut-être lui aussi sans aucun vent, il faudrait pouvoir compléter partiellement notre plein. Nous avons souvent navigué dans une atmosphère électrique avec de très nombreux orages à l'horizon, des grains sans vent (max 10-12 nœuds) mais avec de bonnes avalasses. Il n'y a pas de doute nous sommes bien dans la zone de convergence tropicale. Nous pêchons un joli thon blanc de 5-6 kg au moment où nous traversions un banc de dauphins.

Jeudi 2 avril, nous découvrons les hauteurs d'isla de Coco entre deux grains de pluie. Nous mouillons dans Chatam Bay sous un déluge d'eau à la tombée de la nuit. Le mouillage est vaste nous y sommes avec deux bateaux de plongeurs. Premier contact agréable avec les Rangers du parc marin, ils reviendront demain matin pour les formalités réduites d'entrée au Costa Rica.

Le Costa Rica, baigné par la mer des Caraïbes et l'océan Pacifique, est situé entre le Panama et le Nicaragua et passe pour être le pays le plus stable et démocratique d'Amérique Latine, son niveau de vie est le plus élevé d 'Amérique Centrale. A 300 milles au large dans le Pacifique se trouve l'île Coco, destination de rêve et légendaire Île au Trésor. Des centaines d'expéditions ont recherché en vain différents trésors que l'on y dit enterrés. Le véritable trésor de l'île est sa nature vierge, Coco est classée Parc national. La beauté de la végétation et des paysages, les oiseaux et les fonds poissonneux en font un site remarquable. C'est un spot de plongé subaquatique mondialement connu en particulier pour l'observation des grands requins marteaux.

Vendredi matin, le beau temps est revenu. Le Rangers du parc marin accompagné d'une jeune volontaire (étudiante en environnement) nous accueillent à Coco et nous font payer les diverses taxes relatives à notre séjour (125 $ par jour pour quatre personnes et pour le bateau, heureusement il n'y a pas de plongeur car cela augmenterait la note de 10 $ supplémentaire). En fait Dominique négocie en espagnol et obtient, pour le prix de trois journées (375 $ quand même), la possibilité de rester quatre journées et cinq nuits au mouillage dans ce parc marin. Si c'est pas du racket... c'est quand même bien imité et c'est un avant goût de ce qui nous attend aux Galapagos ! L'étudiante et le Rangers sont très aimables, à notre demande il négocie directement avec les capitaines des bateaux de plongeurs la vente de 45 gallons de gasoil pour compléter notre plein. Nous visionnons un DVD du parc qui nous permet de découvrir les requins marteaux que nous ne verrons pas car nous ne sommes pas des plongeurs aguerris.

Notre séjour à Chatam Bay est des plus agréable. Balade à terre, bain rafraîchissant sous une cascade à deux pas de la plage où nous débarquons, promenade en annexe pour découvrir les oiseaux sur les îlots et rochers avoisinants. Nous y découvrons des fous bruns, des frégates, des sternes, des mouettes d'Amérique et tous les petits de l'année dans les nids sur la roche, c'est superbe. Nous découvrons en snorkeling les fonds poissonneux et rocheux de Chatam Bay et de l'îlot Manuelita. Si nous avons vu de multiples petits requins dormeurs endormis sur les plaques de sable entre les rochers, nous n'avons pas vu les fameux requins marteaux qui font la réputation de Coco. Par contre nous avons aussi vu des raies léopards et pastenagues ainsi que des requins pointes blanches. Il n'y avait pas besoin d'aller bien loin, sous le bateau par 12-14 mètres de fond, il y avait toujours une petite centaine de poissons coralliens avec de très belles carangues.

Dans ce décor de Robinson où les cascades d'eau douce tombent dans la mer, nous sommes souvent seul dans le mouillage ou parfois nous le partageons avec un ou deux bateaux de plongeurs qui viennent pour une semaine de plongée depuis la côte du Costa Rica, la clientèle est essentiellement américaine. C'est la seule activité touristique très réglementée et organisée d'isla de Coco. C'est auprès de l'un d'eux que nous achetons 45 gallons de gasoil à 0,56 € le litre !

Lundi 6 avril, quatre voiliers rejoignent le mouillage, nous ne sommes plus les seuls il est temps de partir ! Mardi matin nous quittons Chatam Bay et mettons le cap vers Puerto Ayora sur l'île de Santa Cruz à 430 milles. Premières 24 heures au moteur puis le vent revient doucement du sud-est, c'est l'alizé, même s 'il n'est pas très fort. Nous alternons voile et moteur, glissons sous spi par petit temps et heureusement nous faisons moins de moteur que pour le trajet Perlas – Coco. Nous avons fait près de 150 heures de moteur depuis notre départ de Panama ! Nous pêchons sans beaucoup de succès depuis les Coco... un très beau thon de 8-10 kg... mais le tout le corps a été dévoré par un requin quand je le ramennais à bord, par contre nous avons pris des fous bruns qui plongent sur les leurres ou se prennent dans le fil de traîne... bilan : zéro poisson mais trois fous au tableau de chasse.

Pour son troisième anniversaire (dans trois jours) Ramatoa s'offre pour la troisième fois le passage de la ligne, l'équateur est passé vers le sud, nous avons maintenant la tête en bas et les pieds l'air !

Arrivés aux Galapagos, nous avons hâte de découvrir ce sanctuaire de la vie animale, mais nous craignons aussi les excès et le coté aléatoire des formalités d'arrivée à Puerto Ayora.... on verra bien et vous le saurez au prochain article. Berny & Cathy nous rejoignent le 14 avril alors que Jean-Pierre & Annick qui nous accompagnent depuis la Guadeloupe rentrent à Lorient le 19 avril, un grand merci pour leur amitié et leur fidélité.



Benoît & Dominique sur Ramatoa à Puerto Ayora [Santa Cruz – Galapagos] posté le 11 avril 2009.

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commentaires

L
Salut! Vous avez beaucoup de chance de se détendre dans un endroit magique!
M
C'est très beau ! Bon week-end de Pâques la tête en bas et les pieds en l'air ;-)

Bienvenue sur Ramatoa

Ce weblog constitue  notre carnet de voyage......
Il est notre journal de bord au fil de ces années sur les océans Atlantique et Pacifique à bord de "Ramatoa".
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