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25 février 2009 3 25 /02 /février /2009 15:09
Revenus le 11 janvier 2009 par le vol de Nantes à Pointe à Pitre, nous retrouvons Ramatoa avec plaisir et sommes d'attaque pour effectuer les quelques travaux importants que nous avons à faire ou à faire faire avant notre départ vers Panama prévu pour la fin février – début mars.


Pour les travaux qui me concernent, pas de problème il suffit de prendre son courage à deux mains et de commencer par un bout de la « To do list »... et de rayer les tâches au fur et à mesure !


Pour ce qui est des travaux à faire faire... les choses se compliquent car dès le 20 janvier la Guadeloupe sombre dans le chaos et la désorganisation totale d'une grève générale... plus d'essence pour circuler, plus de voiture de location, des magasins fermés et des rayons vides, et impossible de faire effectuer par les artisans nos petits et grands travaux... bref de bonnes galères en perspective.


Au programme : - Prendre livraison du lave linge qui nous attend et attendre... longtemps... très longtemps le soudeur qui doit confectionner le support en aluminium dans le local technique, ça y est le lave linge est à poste mais pas encore opérationnel. - Échange de la cloche moteur du moteur Volvo Penta car trois des six boulons de la flasque d'inverseur tournent fou ce qui veut dire que les filetages de la cloche sont morts... comme je ne tiens pas à renouveler nos déboires de Salvador de Bahia, je préfère changer la pièce avant qu'elle ne casse. Mais l'agent local Volvo est en grève et il faut faire venir la pièce de France ou de Belgique. Heureusement Jean-Pierre & Annick qui nous rejoignent le 27 janvier lestent leurs bagages d'une cloche moteur et de la boulonnerie qui va bien. Avec Jean-Pierre nous avançons bien le travail en désaccouplant la ligne d'arbre et en extrayant l'inverseur de la cale moteur, trois heures plus tard et des litres de sueur en moins l'inverseur est sorti de la cale moteur! Le surlendemain un mécano vient échanger la cloche et remonter inverseur et ligne d'arbre. Le moteur est à nouveau opérationnel mais il faudra nettoyer l'échangeur de température et échanger les joints car nous avons décelé un début de fuite et de colmatage.


Le catamaran Privilège 495 « d'Antilles-Sail.com », en convoyage transatlantique, nous amène nos cartons de livres et de pièces détachées, il est annoncé pour le lundi 2 février. Il contient également tout le matériel nécessaire pour brancher le lave linge et remettre en état le frigo de Ramatoa dans le cadre de la garantie Alubat... on verra la suite des travaux après le 15 février en espérant que la situation sera devenue normale. Fatigués de la grève et du climat détestable qui règne à Pointe à Pitre, nous décidons de quitter la marina et de partir vers Antigua au plus vite... nous ferons des approvisionnements plus complets à Antigua.

Samedi 31 janvier nous sommes au mouillage de l'îlet Gosier et apprécions d'avoir pu nous échapper de la marina. Dimanche : journée de lessives et de repos, dimanche en fin d'après-midi nous remontons la rade de Pointe à Pitre et mouillons devant le pont de la Gabarre qui barre l'entrée de la rivière salée. Elle coupe la Guadeloupe en deux et constitue pour les bateaux à tirant d'eau réduit un raccourci de près de plus de 50 milles. L'accès est commandé par deux ponts « la Gabarre » et « l'Alliance » qui ouvrent à heures fixes le matin à 5 H et 5H30. Le parcours, parfaitement balisé et lumineux, s'effectue de nuit au milieu de la mangrove, c'est assez amusant. Mouillage à nouveau après avoir franchi le deuxième pont pour attendre le lever du jour, dans la mangrove et avec des milliers de moustiques. Finalement on débouche au nord de la Guadeloupe dans le « grand cul-de-sac marin » à l'opposé de Pointe à Pitre. Cette vaste zone est encombrée de corail et de hauts fonds, mais le balisage est de qualité. A 7H45 nous retrouvons les eaux libres et faisons route sous voiles au petit largue dans un alizé frais vers English Harbour sur l'île d'Antigua que nous atteignons lundi 2 février en début d'après-midi après une traversée du canal d'Antigua à 7 nœuds de moyenne.

Antigua, découverte en 1493 par Christophe Colomb comme beaucoup de terres des Caraïbes, est vite abandonnée par les Espagnols, devient anglaise en 1662 et le reste jusqu'en 1967 où elle obtient le statut d'état associé avant l'indépendance de 1981. Cette présence constante des Anglais, pendant plus de trois siècles, a fait d'Antigua une île très britannique.

Grâce à ses abris naturels, dont le plus réputé est English Harbour, Antigua devint le bastion de l'escadre anglaise des « Îles sous le vent ». De ce repaire fortifié les navires de l'amiral Rodney, puis dès 1784 d'Horatio Nelson, pouvaient contrôler toute la zone maritime des West Indies. English Harbour, le repaire de Nelson est sans aucun doute le lieu le plus visité d'Antigua. Le port et les installations de l'arsenal construits entre 1725 et 1746 furent abandonnés en 1889 par l'amirauté britannique. La restauration débute dans les années 1950. Aujourd'hui les principaux bâtiments et édifices sont restaurés. Les plus belles unités de grande plaisance des Caraïbes relâchent à English Harbour ou à Falmouth Harbour, la baie voisine. La « semaine d'Antigua » : une régate annuelle regroupe les plus beaux et plus grands yachts américains et européens, les baies de Falmouth et d'English Harbour sont alors remplies de ces plus belles unités à voiles.

Les grandes unités à voiles ou à moteurs sont au quai du Nelson's dockyard, mais les petits bateaux sont au mouillage. Nous sommes au fond du repaire à Ordinance bay, mais il y a bien peu de place et je pense que si le temps se dégrade nous serons en difficulté, même dans ce trou à cyclone. Le mardi 3 février après-midi, nous basculons dans la baie voisine de Falmouth Harbour bien plus vaste et au fond de laquelle deux marinas regorgent de mega yachts. Nous y resterons trois nuits. Petits bricolos divers, pleins de vivres, de gaz et balades à terre sont au programme. Le temps est chaud, bien ventilé et agrémenté de petits passages pluvieux.

Excursion à Saint John, la capitale d'Antigua, visite du quartier historique de Redcliffe quay et de la cathédrale. Au quai des paquebots, les places sont chères : quatre bateaux de croisière déversent un flot ininterrompu de touristes à majorité britanniques ou américains. Nous terminons la journée par un approvisionnement digne de ce nom dans une grande surface de Saint John et retournons à Falmouth en taxi.

Vendredi 6 février nous quittons Falmouth Harbour pour rejoindre le North Sound, ses îles et îlots sur la côte nord d'Antigua. 25 milles d'une navigation côtière précise où il faut se glisser entre les bancs de corail et la terre ferme dans des eaux dont la profondeur n'excède jamais plus de 5 à 7 mètres. Le paysage que nous découvrons ressemble fortement à celui du Virgin Sound au nord de Virgin Gorda dans les British Virgin Island où nous avions croisé l'an dernier.

Premier mouillage à Jumby bay sur Long Island devant une grande plage sublime occupé par un complexe hôtelier de grand luxe mais vide car en travaux d'extension. Nous sommes deux bateaux français au mouillage. Long Island est une île privée où se nichent dans la végétation des villas gigantesques et fleuries pour richissimes clients ou propriétaires. Samedi 7 février nous levons l'ancre et nous nous glissons doucement vers l'est dans un dédale de corail, non balisé... il faut ouvrir l'œil la dérive relevée et le safran déverrouillé. Quatre milles plus loin nous mouillons dans une mare d'eau turquoise au pied de Great Bird Island et de ses petits îlots enchâssés dans le corail. Seul au mouillage à notre arrivée, nous sommes rejoints dans l'après-midi par deux autres voiliers... mais il y a de la place dans ce petit paradis séparé de l'océan qui gronde par le récif de corail. Jean Pierre ramasse des Lambis et les ouvre à coups de marteau non sans difficultés sur la plage arrière de Ramatoa... la prochaine fois nous les ouvrirons à la disqueuse ! Mais le résultat est là et le soir nous dégustons une succulente fricassée de Lambis.

Lundi 9 février, nous quittons le lagon au nord d'Antigua et ses mouillages sauvages pour rejoindre l'île de Barbuda à environ trente milles au nord d'Antigua. Sa découverte est naturellement attribuée à Christophe Colomb. Propriété de la couronne d'Angleterre depuis le XVII° siècle, celle-ci loua l'île à la famille Codrington qui y fit de l'élevage, mais principalement y parqua des esclaves pour les revendre dans les autres îles. Barbuda est aujourd'hui rattaché à Antigua, état indépendant. Bien moins développé qu'Antigua, Barbuda vit de la pêche, de l'agriculture et de l'exploitation du sable et des marais salants. Les Barbudiens semblent vouloir préserver leur mode de vie modeste, qui s'appuie sur les ressources naturelles de l'île.

Île basse, on ne la découvre qu'à 5 ou 6 milles de distance, elle est ceinturée à l'est par une barrière de corail infranchissable, à l'ouest d'immense plages de sable vierge forment un cordon lagunaire devant le bourg de Codrington. Nous approchons prudemment de Cocoa Point et mouillons devant une plage battue par le ressac, le lieu est calme mais le vent souffle toujours fort rendant les débarquements en annexe humides ! De vastes et luxueux hôtels pour VIP et artistes du showbiz se nichent dans la verdure en arrière de la plage, nous n'y sommes pas les bienvenus. Nous passons trois jours à Barbuda aux mouillages de Cocoa Point et Low Bay mais l'alizé souffle fort (25 à 30 nœuds) nous privent d'excursions à terre. Codrington, l'unique village de 1500 habitants, est un vaste bourg à l'habitat dispersé et aux ressources très limitées.

Vendredi 13 février, nous quittons Barbuda pour rejoindre Falmouth Harbour à Antigua pour remplir notre cambuse un peu vide. Cette traversée rapide nous fait découvrir la superbe côte au vent d'Antigua, nous passons au large de notre mouillage de Great Bird Island et de celui de Green Island à l'entrée de Nonsuch Bay. Le 14 février, temps gris et très pluvieux : approvisionnements divers (boissons, nourriture, gaz, essence et gasoil), les nouvelles en provenance de Guadeloupe ne sont pas bonnes, la grève générale continue et la violence s'installe. Nous retrouvons OpSIS dans la baie voisine d'English Harbour, sur le conseil de Joseph, nous achetons des jerricans supplémentaires que nous remplissons d'essence ce qui nous permettra de louer un véhicule et de circuler à Pointe à Pitre, car il nous faudra bien faire le plein du bateau pour le départ vers Panama.

Dimanche 15 février, nous faisons route au moteur contre le vent dans le beau temps retrouvé vers Nonsuch Bay, la route est courte (8 milles) mais le shaker fonctionne bien dans cette mer désordonnée. Nous nous glissons derrière la barrière de corail à Green island, le mouillage est superbe et de magnifiques unités y sont à l'ancre. Apéritif dînatoire et soirée à bord d'OpSIS, nous mettons au point notre future traversée vers Panama, OpSIS à partir de Saint Martin et Ramatoa depuis la Guadeloupe. Si le plan fonctionne comme prévu, Isabelle et Joseph seront à notre bord pour le transit du canal de Panama.... mais nous n'y sommes pas encore il nous faut repasser par la case Pointe à Pitre pour terminer travaux et approvisionnements et récupérer nos cartons.

Mercredi 18 février nous quittons Antigua pour rejoindre la rivière salée de Guadeloupe que nous devrions franchir le lendemain à 4H30 à l'ouverture du pont de l'Alliance. Belle navigation et grand beau temps, mais le lendemain matin le pont ne s'ouvrira pas pour cause de grève générale. Nous sommes à 3 milles de la marina mais il y a deux ponts à franchir qui sont fermés, la seule solution qui nous reste : faire le grand tour, c'est à dire un détour de plus de 70 milles nautiques dans un alizé qui forcit à 30 nœuds ! Finalement ce n'est que le vendredi 20 après-midi que nous accostons au ponton visiteur quasiment désert.

Le climat social à Pointe à Pitre est difficile, même si les violences semblent avoir cessées. Nous récupérons nos cartons, branchons le lave-linge (les lessives se suivent à un rythme soutenu !), faisons quelques bricolos en attente et attendons le passage hypothétique de nos artisans (mécanicien, menuisier et soudeur). Nous nous attaquons également à la rude tâche des approvisionnements car les magasins sont souvent fermés et les rayons vides... les tickets de rationnement ... c'est pour bientôt !

Bref, séjour à Pointe à Pitre détestable que nous souhaitons le plus court possible afin de reprendre la mer à destination de Panama. Nous devrions quitter la Guadeloupe et sa grève générale avec soulagement entre le 28 février et le 2 mars pour arriver à Colon [Panama] une grande semaine plus tard.


Benoît & Dominique sur Ramatoa, posté le 25 février à Pointe à Pitre.




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commentaires

M
Actualité et histoire se rejoignent dans cet article, toujours très intéressant à lire. Je vous embrasse
T
Coucou bonjour les Amis,Je pensais justement à vous me demandant si vous étiez déjà dans le Pacifique !A priori c'est pour bientôt, bon vent et que Deo vous protège.Merci  encore pour ce super blog.Bises de nous deux. Josyane   Vincent <br />

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