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19 mars 2008 3 19 /03 /mars /2008 21:37

Après 24 heures passées au mouillage dans l'Anse Deshaies, le vent est toujours aussi musclé et la météo n'annonce pas de changement pour les deux jours à venir. Le mardi 12 février, à l'aube pâle, nous mettons les voiles pour rejoindre Saint Kitts à 85 milles nautiques au nord nord-ouest de la Guadeloupe. La route directe nous fait passer à quelques encablures de Montserrat, île dont le volcan est actif et dont la dernière éruption dramatique date de 2001. Traversée expresse (8 noeuds de moyenne) et arrivée à Basseterre sur l'île de St Kitts, le mouillage devant la petite marina est rouleur et mal abrité. Nous renonçons à faire les formalités... l'accueil est déplorable et ils nous prennent pour des américains bourrés de dollars ! Retour au bateau et nous partons mouiller au fond de la baie devant des friches industriels à deux pas d'un vétuste terminal container. La nuit sera calme et le lendemain nous effectuerons les formalités d'entrée et de sortie sans encombre. Nous allons ensuite mouiller au calme à White House Bay dans l'aride presqu'île du sud de St Kitts.

 

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En donnant son propre prénom à cette petite île, Christophe Colomb ne pouvait pas savoir qu'elle deviendrait « l'île mère » des Petites Antilles, d'où partirent tous les colons français et britanniques pour conquérir les îles voisines. La fédération St Kitts & Nevis (île voisine de St Kitts) a obtenu son indépendance totale en 1983 comme état au sein du Commonwealth. Coté ressources économiques, l'île est restée agricole (canne à sucre) malgré un flux croissant de croisièristes. Nous avons vu jusqu'à trois paquebots de croisière en escale déverser des milliers de touristes qui dépassent rarement l'extrémité du môle d'escale où se concentrent une cinquantaine de boutiques de très grand luxe (bijouteries, vêtements de grandes marques...).

 

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Le jeudi 14 février, nous franchissons l'étroit goulet qui sépare St Kitts de Nevis et rejoignons rapidement (trinquette et 1 ris dans la grand voile) le mouillage de Gustavia à Saint Barthélémy... « St Barth » pour les initiés. Découverte par Colomb, l'île aride et sèche fut colonisée vers 1665 par des Normands. Vendue à la Suède, elle redevint française en 1877 et ignora toujours l'importation de main-d'œuvre africaine. Gustavia devenu un port franc sous l'hégémonie suédoise s'essaya ensuite au commerce et à la contrebande. La mutation économique de l'île est récente, moins de quarante ans, la population augmente rapidement, mais l'île se protège intelligemment de la promotion immobilière sauvage. Saint Barth devient rapidement l'île par excellence où se retrouve la « jet set » européenne et les américains très fortunés. Elle devient avec sa voisine Saint Martin une vitrine avancée (prix hors taxes) de la mode et du luxe français aux portes des États Unis.

 

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La rade de Gustavia, que surmontent les forts Gustave et Oscar, est splendide et accueille les plus belles unités à moteur et à voiles qui naviguent aux Caraïbes... c'est le « Saint Trop » des Antilles !

 

Le bassin rectangulaire de Gustavia est bordé de belles maisons colorées de style créole, l'ensemble est propre et coquet. Pour nous... il n'est pas question de demander une place à quai, le plus petit des bateaux doit mesurer au moins 25 ou 30 mètres ! Nous expédions les formalités et mouillons en rade avec de très nombreux congénères de toutes tailles et de tous types. Nuit agitée par les incessants passages des annexes surmotorisées des grands yachts. Le lendemain nous prenons une bouée au nord de Gustavia dans l'Anse du Colombier au coeur d'une petite réserve naturelle peuplée de tortues.

 

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Le samedi 16 février nous quittons l'Anse du Colombier et franchissons la quinzaine de milles nautiques qui nous séparent de l'île de Saint Martin. En réalité notre première escale sera à Sint Maarten car cette île est partagée entre la France et la Hollande ce qui en fait le plus petit territoire au monde partagée entre deux pays. Sint Maarten appartient donc à la colonie autonome des Antilles Néerlandaises dont le Gouverneur Général et l'Assemblée se trouvent à Curaçao. Au fond de Great Bay se niche Philipsburg, la capitale Hollandaise. Cette escale est très prisée des paquebots de croisière, dont l'intérêt pour les touristes réside principalement dans le shopping « free tax » que proposent les centaines de boutiques de luxe et bijouteries de l'artère principale. Pour nous l'escale est sans intérêt particulier et nous n'y passerons qu'une seule nuit au mouillage à proximité de quatre ou cinq anciens voiliers de l'America's Cup.

 

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Le dimanche 17 février nous entrons dans le Simpson bay lagoon. Il s'agit d'un vaste lagon, peu profond, partagée entre la France et la Hollande. On y pénètre par des ponts routiers levants des deux cotés : français et hollandais. Au sud du coté hollandais se regroupent les plus luxueuses marinas pour les méga yachts à moteur et les plus grands voiliers, le spectacle est réellement saisissant. Plus prosaïquement nous profitons du hors taxe et des tarifs inférieurs de 30 à 40% pour faire quelques achats pour améliorer l'équipement de Ramatoa. Le mouillage dans le lagon est vaste, on y compte plusieurs centaines de bateaux, mais il est très bruyant car les Boeing 747 s'arrachent en bout de piste et nous survolent à très basse altitude. Dès que possible nous levons l'ancre et sortons du lagon par le nord du coté français et entrons dans la très belle baie de Marigot. Nous prenons une place à quai dans la marina de Fort Louis où nous sommes parfaitement accueillis.

 

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Marigot, capitale de la partie française de l'île est aussi tournée vers le luxe, la mode et le bon goût français, mais les paquebots n'ont pas de môle d'escale à Marigot. La ville est propre, coquette, colorée et la douceur de vivre y est cultivée. Tout cela tranche singulièrement avec l'affairisme de Philipsburg. Même les formalités de douanes et d'immigration sont rapides et simples coté français par rapport au coté hollandais. Nous retrouvons nos amis de Grykipac et passons deux journées très agréables mais fort occupées par les lessives et l'avitaillement pour les filles et quelques travaux pour les garçons.

 

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Pour rejoindre les BVI (British Virgin Islands ou Îles Vierges Britanniques) nous effectuons une navigation de nuit pour franchir les 90 milles qui nous séparent de Virgin Gorda la premières des BVI où nous irons. Vent soutenu de travers : 25 noeuds plus rafales sous les grains. Au lever du jour nous nous glissons dans un étroit passage entre les récifs de coraux de l'île Necker et le Gorda Sound pour contourner Virgin Gorda par le nord et gagner le mouillage de saint Thomas Bay où nous mouillons à huit heures du matin, soit moins de douze heures après notre départ de Marigot. Nous effectuons les formalités à Virgin Gorda harbour, le port d'entrée. Avec trois fonctionnaires différents et désagréables, je remplirai successivement les mêmes renseignements mais dans un ordre différent sur sept formulaires... c'est hallucinant de bêtise quand on sait que la principale ressource économique des BVI, c'est le tourisme et en particulier les flottes de location de voiliers.

 

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L'archipel des Vierges regroupe les BVI et les USVI (Îles Vierges américaines). Découvertes par Christophe Colomb, ces îles furent dédaignées par les espagnols plus intéressés par la conquête des territoires riches en or du continent sud américain. Les galions espagnols chargés du précieux butin, pour rejoindre les vents portants vers l'Espagne, frôlent les Îles vierges qui deviennent rapidement un repaire de choix pour les flibustiers anglais, hollandais et les boucaniers français tapis dans ce dédale d'îles et d'îlots. Les Anglais, installés depuis 1620 ne quittèrent plus la partie est de l'archipel (Tortola, Virgin Gorda et Anegada). Les îles de l'ouest et du sud-ouest passèrent sous la coupe des Hollandais, des Anglais, des Danois, des Français au hasard des guerres et des traités. En 1917, le Danemark cède définitivement les îles de St John, St Thomas et Ste Croix aux Etats Unis d'Amérique. Dans notre périple nous n'irons pas aux USVI.

 

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Restées colonie britannique, les BVI sont aujourd'hui administrées par un conseil exécutif, présidé par un gouverneur britannique représentant la Couronne et un conseil législatif. Bien moins peuplés que les USVI, les BVI tout en encourageant pour des raisons économiques un flux touristique (paquebots et flottes de location et charters) veillent à préserver la tranquillité et la stabilité de sa population très attachée à ses traditions et valeurs familiales.

 

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Pendant notre semaine de navigation dans les BVI, nous découvrons les îles de Virgin Gorda, Tortola, Jost Van Dyke, Coper island, Peter Island et Norman Island. Nous visitons un grand nombre de mouillages (plus d'une douzaine), parfois deux ou trois dans la même journée ! Les distances sont très courtes et le « Sir Francis Drake chanel » constitue une véritable mer intérieure. Les mouillages sont très organisés avec des bouées payantes (25 $ la nuit) ce qui est une bonne chose quand on voit la fréquentation de ces lieux par les flottes de location (plus de 1500 voiliers disponibles dans les Vierges). Par contre on rencontre très peu de voiliers de voyage mis à part quelques Américains et Canadiens.

 

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De ces mouillages, nous en retenons trois : les Baths et Prickly Pear à Virgin Gorda, White bay à Jost Van Dyke.... pour des raisons différentes !

 

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Le parc naturel des Baths, au sud de l'île de Virgin Gorda, est un site granitique de toute beauté qui rappelle les blocs de Praslin aux îles Seychelles. Ici le chaos granitique est moins étendu mais les cavernes se visitent et constituent un merveilleux parcours sous les blocs de granit polis par l'érosion et la mer. L'eau est claire, le sable est fin et comme toujours aux BVI l'organisation est omniprésente ! Nous en gardons cependant un souvenir éblouissant.

 

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Au mouillage de Prickly Pear, pour une fois nous sommes quasiment seul au mouillage dans un recoin désertique du Gorda Sound, vaste baie protégée par un dédale de récifs coralliens, situé au nord de l'île de Virgin Gorda. Nous débarquons sur une plage à la taille de notre annexe, plongeons pour observer les coraux et les poissons, et nous ne nous lassons pas du spectacle des pélicans, fous et frégates qui plongent sur les bancs de petits poissons en surface. Ce mouillage restera dans nos mémoires car il est le plus sauvage que nous ayons pratiqué dans cet archipel.

 

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Enfin pour le « fun » nous vous présentons le mouillage de White bay à Jost van Dyke. Très belle plage de sable blanc et fin derrière un barrière de corail, l'eau turquoise est splendide. La plage est envahie par de nombreux camelots, snacks et bars. De plus un incessant va-et-vient de bateaux à moteurs locaux déverse un flot ininterrompu de touristes en provenance des paquebots de croisière en escale à Road Harbour sur l'île voisine de Tortola. Le spectacle du touriste américain blanc et gras de « mal bouffe » est affligeant... à vous de juger... c'est cela le tourisme de masse !

 

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De ce séjours aux îles vierges, nous gardons de très belles images des sites magnifiques, mais peu de contact avec la population qui est très américanisée (culture, musique, alimentation et $ omniprésent).

 

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Le samedi 1° mars nous quittons l'archipel pour redescendre vers la Guadeloupe. En réalité nous irons là où le vent voudra bien nous conduire car la météo n'est pas idéale : vent d'est 25 à 30 noeuds et une mer forte. Nous voilà donc parti pour 36 heures de près très inconfortable dans une mer courte de 2 à 3 mètres et un alizé très frais qui s'obstine à ne pas remonter au nord-est. Avec la grand voile arisée, la trinquette installée à Pointe à Pitre fait des merveilles. Nous atterrissons finalement à Saint Kitts, ne faisons pas de formalités et passons une nuit calme au mouillage de White House Bay. Le lendemain petite étape pour rejoindre Nevis. De Nevis nous rejoindrons ensuite un mouillage sauvage et désert à Montserrat au bas d'une coulée de lave. Le mercredi 5 mars au soir nous sommes au mouillage de l'Anse Deshaies... nous voilà de retour en Guadeloupe. Avant de rejoindre Pointe à Pitre et la marina du bas du fort, nous passerons une très belle nuit dans le mouillage de l'Anse à la Barque, si petite que seuls 5 ou 6 bateaux peuvent y ancrer. Nous ne gardons pas un souvenir impérissable de ce retour des BVI avec une navigation difficile et ventée tout au long des 320 milles nautiques.

 

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Le samedi 8 mars nous retrouvons un ponton à la marina de Pointe à Pitre où nous retrouvons nos amis d'Arasec et d'OpSIS. Le lundi avec l'aide de Stéphane j'installe les panneaux solaires sur le portique de Ramatoa.

 

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Dimanche 9 mars nous partons pique-niquer sur une très belle plage au nord de Sainte Rose, nous y retrouvons Brigitte et Dominique les copains de Domenico.

 

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Le séjour de Jean-Pierre & Annick touche à sa fin et nous les quittons à l'aéroport le jeudi 13 mars.

 


 

Vous trouverez de très nombreuses photos des BVI dans l'album : Caraïbes-2.

 


 

Benoît & Dominique sur Ramatoa à l'îlet Gosier le dimanche 16 mars.
Posté à Pointe à Pitre le 19 mars 2008.

 
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commentaires

S
Joyeuses PâquesAttention de ne pas vous faire pincer les fesses par un pélican ou autre oiseau Fou.Ici, moins exotique mais plus familliale : les fiançailles de ptit lou.Bises
M
Un petit coucou...Idem que Marc pour l'avis sur les photos, vraiment magnifiques, sauf une, un peu moins ;-)
M
Merci pour ces belles images (sauf les cheese-beurker !) et ces nav partagées.

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