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26 février 2016 5 26 /02 /février /2016 14:42

Le 14 Novembre 2015 au petit matin, Ralph et moi prenons l'avion à Orly en direction d'Arrecife à Lanzarote dans l'archipel des Canaries. La veille au soir, une vague d'attentats sème la terreur à Paris, mais les mesures de renforcement de la sécurité dans les aéroports ne sont pas encore en place lorsque nous quittons Paris. Nous sommes cependant très choqués par ces événements.

Quatre heures plus tard nous retrouvons le soleil des Canaries et après quinze minutes de taxi nous sommes à bord de Ramatoa qui nous attend tranquillement dans la toute nouvelle marina d'Arrecife. Sur les voiliers voisins, l'ambiance est internationale, polyglotte et laborieuse car un grand nombre de voiliers préparent une traversée de l'Atlantique. Certains traversent dans le cadre des rallyes de l'ARC et de Jimmy Corneel, d'autres comme nous traversent seuls. De notre coté nous avons choisi de traverser l'Atlantique via Mindelo à Sao Vicente dans l'archipel des Îles du Cap Vert.

La marina au cœur d'Arrecife à Lanzarote.

La marina au cœur d'Arrecife à Lanzarote.

Coté « To do List », nous ne sommes pas en reste.... et la liste des taches à effectuer est conséquente, avant l'arrivée le 18 Novembre de mon cousin Hubert qui nous rejoint pour la transatlantique :

  • Installation du nouveau PC Bateau dans les emménagements de la table à cartes.

  • Installation du nouveau clavier.

  • Installation du nouvel alternateur Mastervolt.

  • Installation d'un ampli NMEA pour le signal AIS vers la centrale NKE.

  • Paramétrage sans succès des signaux AIS sur le nouveau Multifonction NKE installé sur la console de la descente. C'est mystérieux !

  • Installation gaz fixe pour le nouveau BBQ du balcon AR.

A cela s'ajoutent les habituels compléments de pleins (eau, gasoil...) et les appros pour une transat de quatre personnes en sachant qu'à l'escale de Mindelo, nous n'aurons pas un grand choix dans les magasins.

Quatre jours de travail bien remplis, le 18 nous accueillons Hubert à l'aéroport et le vendredi 20 Novembre, formalités effectuées nous quittons la marina à destination de Mindelo. La météo et les fichiers Grib sont corrects pour la semaine à venir avec un alizé bien établi autour de 20 nœuds.

La route d'Arrecife à Mindelo est longue de 984 milles nautiques et nous fait longer les côtes au vent de Lanzarote puis de Fuerteventura au cours de la première nuit.

Au départ, grand beau temps, un vent soutenu d'E-NE à 17-22 nds, une mer agitée... Bref nous avons besoin d'acclimater nos estomacs et de retrouver le pied marin. Nous nous sentirons vraiment à l'aise dans cette traversée que 24 à 36 heures après le départ.

Le trajet d'Arrecife à Mindelo s'effectue dans des conditions de vent portant exceptionnelles. Les distances quotidiennes parcourues sont élevées de 130 à 160 milles. La moyenne générale de la traversée sera de 6,07 nds... ce qui est tout à fait honnête. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas effectué une traversée dans d'aussi bonnes conditions à la voile sur tout le parcours : soleil, vent portant soutenu, pas de moteur sauf les départ et arrivée, pas de grain violent et une mer peu agitée à agitée, avec une houle raisonnable (2 à 2,5 m).

La deuxième Transatlantique de Ramatoa.

Les quarts et la vie à bord s'organisent naturellement sans difficultés en fonction des capacités et de l'expérience de chacun. L'ambiance est bonne... contemplative et musicale pour Ralph qui savoure voluptueusement sa première traversée en haute mer – studieuse, littéraire et cinéphile pour Hubert – de mon coté je profite de la mer, d'un Ramatoa qui avance bien et où tout fonctionne bien.

Nous avons eu juste une alerte, un peu avant la mi parcours, avec la rotule du pilote qui s'est desserrée et le perçage sur le palonnier de la barre s'est donc ovalisé. Contact Iridium avec le chantier puis nous avons resserré à mort la rotule, surveillance deux fois par jour mais le montage n'a plus bougé d'un poil par la suite. A Mindelo nous aurions pu démonter le palonnier, le recharger en métal puis le percer au bon diamètre, mais constatant que rien n'avait bougé, cela restera en l'état jusqu'à la fin de la transatlantique. Nous nous sommes contentés d'acheter de la boulonnerie inox en diamètre 14... au cas où !

La deuxième Transatlantique de Ramatoa.

Le jeudi 26 Novembre à la méridienne, il nous reste environ 82 milles nautiques à parcourir et nous levons le pied pour tenter d'arriver au petit jour le lendemain. L'atterrissage sur le port de Mindelo et le mouillage d'attente se font de nuit, l'implantation de la petite marina est très difficile à repérer. Nous préférons mouiller, ranger le bateau et rejoindre notre ponton en début de matinée.

La première étape de notre transatlantique est terminée, nous avons parcouru en 6 jours et 18 heures15 les 984 milles nautiques à une vitesse moyenne de 6 nds. Nous sommes en pleine forme.... Ramatoa aussi ! Nous avançons nos montres d'une heure et sommes désormais en UTC-1.

Marina de Mindelo, le rdv des transateux !

Marina de Mindelo, le rdv des transateux !

Dominique et moi avions déjà fait escale à Mindelo dans le cadre du Rallye des Îles du Soleil [RIDS] en Octobre-Novembre 2006. Nous avions apprécié le dépaysement total de cette première escale hors Europe, au large des côtes d'Afrique.

En réalité, presque dix ans plus tard, on retrouve vite l'atmosphère qui avait fait de cette escale un vrai bonheur :

  • La ville a peu évolué même si elle s'étend plus haut sur les contreforts montagneux, le centre ville est quasiment inchangé, seule la marina toute récente (4-5 ans) est très fréquentée à cette saison de transhumance. Les luxueux restaurants et boutiques du front de mer à proximité immédiate de la Marina sont nouveaux mais vides de clients en l'absence des petits paquebots qui font maintenant escale à Mindelo une à deux fois par semaine.

  • L'atmosphère du Club Nautico est toujours typique et agréable, les Caïpirinha y restent aussi bonnes et économiques !

  • L'alliance Française, son petit bistro et son ambiance vieillotte, mais avec un WiFi relativement performant, est toujours présente dans le cœur de ville qui reste le même.

  • La gentillesse naturelle des Cap-verdiens n'est pas une légende, leur amour de la musique non plus et le souvenir de Cesaria Evora omniprésent. Pour les amateurs de musique c'est une escale incontournable.

  • Les supermarchés ne sont pas plus nombreux mais plutôt mieux approvisionnés. Il est cependant illusoire de vouloir y faire un approvisionnement complet pour la traversée à venir. On ne peut espérer y trouver que l'indispensable... pour le superflu il fallait y penser avant aux Canaries et de préférence à Santa Cruz de Tenerife ou à Las palmas sur Gran Canaria !

  • La marina est agréable à vivre, son petit bar restaurant flottant fort sympathique et l'ambiance y est toujours très animée.

  • « Tuga » le patron de la marina parle des années du RIDS, de Philippe et Nicolas avec émotion... il était à l'époque l'homme de confiance des voiliers du rallye. Le revoir a été un moment très fort.

  • La Marina, occupant l'emplacement de l'ancien mouillage, accueille 120 bateaux environ mais l'abri est parfois exposé à la houle qui rentre dans la baie de Mindelo. Alors les pontons, installés en arrêtes de poisson, ancrés au fond par des chaînes mères ont très vite la danse de Saint-Guy, les pontons souffrent, les amarres cassent, les taquets des bateaux ou des pontons peuvent voler ! Le débarquement et l'embarquement par l'avant de Ramatoa peuvent s 'avérer périlleux surtout au retour du Club Nautico !! En résumé la petite marina de Mindelo est très agréable à vivre, sécurisée vis à vis des vols car bien surveillée, mais je n'y laisserai pas Ramatoa sans surveillance pour un retour en Europe comme le font certains car trop exposée aux dégâts possibles de la houle.

Mindelo presque inchangé depuis 2006 !
Mindelo presque inchangé depuis 2006 !
Mindelo presque inchangé depuis 2006 !
Mindelo presque inchangé depuis 2006 !
Mindelo presque inchangé depuis 2006 !
Mindelo presque inchangé depuis 2006 !
Mindelo presque inchangé depuis 2006 !
Mindelo presque inchangé depuis 2006 !
Mindelo presque inchangé depuis 2006 !

Mindelo presque inchangé depuis 2006 !

Cesaria EVORA - Sodade

Le lendemain de notre arrivée, Hubert accueille son épouse en provenance de Bordeaux via Lisbonne. Contrairement à Hubert qui avait préféré passer une nuit sur les banquettes de l'aéroport de Barcelone, Françoise a opté pour une nuit confortable dans une posada au cœur de Lisbonne ! On reconnaît ici la rusticité légendaire des grands reporters !

Ralph de son coté découvre, au fil de ses balades sur les pontons, quelques figures intéressantes d'oiseaux du grand large : familles au départ d'un tour d'Atlantique avec enfants en bas âge mais aussi un vieux loup de mer solitaire et novice découvrant au fil des milles parcourus la navigation à la voile et la haute mer !

Notre équipage est maintenant au complet pour la deuxième partie de la transatlantique.

Notre semaine d'escale à Mindelo s'écoule trop vite entre promenades à terre, visites de la ville, multiples restaurants, repas de poissons et estaminets locaux, une excursion en « aluger » sur l'île voisine de Sao Anton pour les plus courageux : j'ai nommé Françoise et Hubert !

Mindelo : la baie et la marina.
Mindelo : la baie et la marina.
Mindelo : la baie et la marina.

Mindelo : la baie et la marina.

Pendant notre escale l'Iridium du bord décide de rendre l'âme après presque dix années de bons et loyaux services. En fait c'est la prise du chargeur qui est morte, le minuscule socket de la carte mère qui accueille le jack de l'alimentation est cassé et dessoudé. La réparation semble bien improbable à Mindelo. Une réparation en France pourrait être proche du prix d'un téléphone neuf. Sans liaison satellite pour la traversée... cela veut dire ne plus pouvoir communiquer par email avec les familles et ne plus recevoir de fichiers Grib pour les météos... c'est gênant !

D'abord je remets en service l'abonnement BLU Sailmail que je n'utilisais plus depuis la fin du Rallye en 2007. Le nécessaire (driver, modem, abonnement...) est réinstallé sur le nouveau PC fixe de Ramatoa, des essais sur l'émetteur BLU du bord sont effectués et après quelques tâtonnements... cela fonctionne de nouveau.

Ensuite un nouveau téléphone Iridium est commandé, Dominique me l'amènera dans ses bagages en Guadeloupe à notre arrivée.

Mac Gyver intervient sur l'Iridium.

Mac Gyver intervient sur l'Iridium.

Enfin parallèlement à l'achat du nouvel Iridium je tente une « opération Mac Gyver » pour ouvrir le téléphone Iridium et essayer de le dépanner.... Pour accéder à la carte mère, il y a six micro vis dont l'empreinte ne correspond à aucun de tous les micros tournevis que je possède à bord. Comme le dit si bien Jean-Pierre : la visserie propriétaire... c'est la fortune du SAV ! Perdu pour perdu, je tente de l'ouvrir en détruisant les vis avec la perceuse Makita... c'est un peu surréaliste, je transperce la coque du téléphone sans toucher heureusement d'organe vital. Une pince en guise de forceps et quelques instants plus tard... la bête est ouverte. Il reste juste à repérer les bons contacts sur la carte mère puis y souder les fils de la nouvelle alimentation. Il fait très chaud sur la table à cartes, le voilier est secoué au ponton, nous transpirons à grosses gouttes. Avec l'aide de Ralph qui maintient la carte, j'arrive à souder des fils très fins sur les contacts. Remontage de l'ensemble puis fermeture du téléphone avec deux colliers plastiques. Essais et oh divine surprise cela fonctionne...  le téléphone convalescent est immobilisé sur son support et la réparation tiendra ainsi jusqu'à notre arrivée !!

Baie de Mindelo.

Baie de Mindelo.

Le mercredi 2 Décembre, derniers appros et j'effectue les formalités de départ dans les bureaux du port de commerce. Jeudi 3, après avoir pris la météo et chargé un Grib, nous quittons le ponton de la marina Mindelo. Nous mettons en route à la voile et avec l'aide du groupe électrogène et du désalisateur nous complétons notre plein d'eau car la potabilité de l'eau du ponton de la marina n'était pas garantie.

L'alizé souffle régulièrement à 17-20 nds de secteur est, nous sommes sous grand voile à 1 ris et avec le génois tangonné et roulé de quelques tours. La mer est peu agitée à agitée, là encore il nous faudra 24 à 36 heures pour trouver nos marques et nous sentir à l'aise. Le voilier allonge la foulée sur la longue houle de l'Atlantique. Les quarts de nuit à quatre de trois heures chacun s'installent et nous tournons d'un cran chaque jour.

Nous avançons au moteur pendant quelques heures quand nous traversons le cône de déventement de l’île de Sao Anton... puis nous remettons à la voile. Nous ne sommes pas seuls sur la mer au départ de Mindelo, un beau grand voilier nous dépasse et disparaît rapidement à l'ouest sur l’horizon, inversement nous distançons lentement un voilier plus petit que nous. La première nuit la VHF est bavarde et nous suivons les échanges radio car un cargo sous pavillon Suisse se déroute pour porter assistance à un voilier en difficulté à 60-70 milles de nous dans notre nord-ouest.

Les quatre premiers jours le vent est assez régulier de secteur est, les manœuvres d’empannage se succèdent quand l'alizé monte au nord-est ou redescend vers le sud-est. Les nuits sont claires, mais les journées sont souvent voilées par une brume de sable assez épaisse, elle gaine insensiblement le gréement les voiles et le bateau d'une fine pellicule brune et sale . Nous attendons que les pluies des grains à venir rince toute cette crasse. Il faudra attendre le Dimanche 6 Décembre en fin d’après-midi pour que cette brume faiblisse et dès le lendemain elle aura disparu pour de bon.

Nous suivons une route orthodromique d'environ 2113 milles nautiques, plus courte d'une douzaine de nautiques que la loxodromique correspondante. Nous demandons un Grib par l'Iridium tous les deux jours. Un affaiblissement de l'alizé est annoncé et se confirme rapidement car dès le 3° jour le vent tombe parfois à 8-11 nds pendant quelques heures. Les moyennes des premiers jours restent cependant très correctes car nous enregistrons aux points des méridiennes : 156 – 149 – 121 - 137 milles parcourus pour les quatre premiers jours.

La pêche miraculeuse.
La pêche miraculeuse.
La pêche miraculeuse.

La pêche miraculeuse.

Ralph passe maître dans l'art de préparer le sashimi de poisson frais et la salade tahitienne. Pour ma part je me charge du BBQ sur lequel nous grillons nos pavés et steaks de daurade. Les repas sont assurés pour les deux jours suivants pendant lesquels nous nous ferons dépasser par un grand voilier de 20 mètres puis croiserons un cargo faisant route vers l'Est. Le vent a tendance à forcir à 20-25 nds toutes les nuits, nous prenons un ris dans la GV au coucher du soleil puis nous le larguons éventuellement le jour revenu. Le temps devient plus instable avec quelques grains nocturnes modérés.

La deuxième Transatlantique de Ramatoa.
La deuxième Transatlantique de Ramatoa.

Le jeudi 10 Décembre matin sonne la fin de la 1° semaine de mer et le soir nous franchissons la mi parcours. Les moyennes aux méridiennes pour ce segment sont correctes avec 132 – 142 – 148 milles nautiques parcourus. La matinée a été marquée par la pêche d'une nouvelle belle daurade de 7-8 kg pour les uns et de poissons volants pour les autres.... nous venions juste de finir le stock de la prise précédente. Vendredi 11 Décembre nous avançons de nouveau nos montres d'une heure et passons à UTC-3

Les 11 et 12 Décembre le temps instable se confirme, le vent faiblit à 12-15 nds et le fichier Grib nous indique sur notre route une belle bulle anticyclonique avec du vent très faible dans laquelle nous allons nous engluer.  

A chacun sa pêche !
A chacun sa pêche !
A chacun sa pêche !

A chacun sa pêche !

Dans la nuit du 12 au 13, la pétole est là avec des alizés faiblards à 7-8 nœuds en vent apparent. Les voiles battent bruyamment, le voilier souffre et grince dans le reste de houle qui s’amortit doucement. Pendant le quart d'Hubert à 4h30, la drisse de GV casse au point de drisse, fatiguée de battre dans la pétole elle s'est cisaillée sur la ferrure de tête de mât. Nous immobilisons la bôme, rangeons la grand voile dans son lazy-bag et poursuivons sous génois seul. Au petit jour nous installons la balancine en guise de drisse de GV, elle est dimensionnée pour cette éventualité.

Un des seuls avantages de cette absence de vent est que nous en profitons pour nous baigner à l'arrière du bateau mis en panne. Par quatre milles mètres de fond...personne n'a pied ! Cela en rebute certain... mais j'en connais d'autres qui auraient bien renouvelé l'expérience tous les jours !

Le lundi 14 Décembre soir lassés de la pétole et ne souhaitant pas mettre quatre ou cinq jours pour nous sortir de cette bulle de calmes, nous mettons en route au moteur toutes voiles affalées sur une mer qui est devenu d'huile. Le vent est nul et variable en direction. Nous parcourrons ainsi environ 250 milles en une bonne quarantaine d'heures. Le mardi 15 Décembre, franchissement de la marque des ¾ de la route orthodromique. Sur ce 3° segment les moyennes à la méridienne oscillent entre 135 - 106 - 86 – 102 et 149 (Volvo) milles parcourus. Il faudra attendre le mercredi 16 Décembre pour remettre timidement en route à la voile sous génois seul avec un vent d'est sud-est à 9-10 nds, nous nous traînons à 3-4 nœuds. Le 17, l'alizé plus régulier s'installe et les grains modérés nocturnes ou de soirée réapparaissent.

Il est devenu impossible de traîner nos lignes pour notre subsistance car depuis la mi parcours nous naviguons dans une mer de sargasses, sous forme de longues traînées d'algues dans le lit du vent voire de bancs de sargasses agglomérés dont la surface va d'une dizaine de m² à celle d'un terrain de sports. Les lignes accrochent immédiatement plusieurs kg de sargasses, il est impossible de pêcher. C'est dommage car nous avons fini depuis bien longtemps notre dernière daurade !

 

La deuxième Transatlantique de Ramatoa.
La deuxième Transatlantique de Ramatoa.
La deuxième Transatlantique de Ramatoa.
La deuxième Transatlantique de Ramatoa.

Le vendredi 18 Décembre au lever du jour, réveil en sursaut : violent grain à 30-35 nds avec une belle saute de vent de 40-45°, le tout donnant un beau distribil pendant le quart... d'Hubert !!... Il n'y a que lui qui travaille sur ce bateau !

Insidieusement et par petites touches nous sentons que la terre est proche maintenant. Sur ce dernier tronçon la foulée s'allonge progressivement passant de 108 à 141-148 milles lors des méridiennes.

La deuxième Transatlantique de Ramatoa.
La deuxième Transatlantique de Ramatoa.
La deuxième Transatlantique de Ramatoa.
La deuxième Transatlantique de Ramatoa.

Le samedi 19 Décembre en fin de nuit pendant mon quart je vois monter sur l'horizon le feu de l’île de La Désirade que nous longeons à une douzaine de milles sous un temps gris et agrémenté de bonnes averses. Il nous reste 44 milles nautiques à parcourir pour Pointe à Pitre. Nous effectuons notre dernier changement de fuseau horaire de la traversée d'UTC-3 à UTC-4... ainsi le jet-lag progressif est facile à vivre !

Dans le petit cul-de-sac marin le vent nous abandonne progressivement et le soleil revient. Nous mouillons à l’îlet du Gosier à 3-4 milles avant Pointe à Pitre pour y manger tranquillement au mouillage. En début d'après-midi nous parcourons au moteur les quelques milles qui nous séparent de la marina du Bas du Fort. Passage par la station service avant de prendre la place 28 au ponton Malinowski. Nous sommes le samedi 19 Décembre il est 14:45 et la deuxième transat de Ramatoa est terminée... que du bonheur et de très bons moments passés avec Ralph, Francoise et Hubert.

Arrivées cinq jours plus tôt par avion, Sylvia l'épouse de Ralph et la skipette attrapent sur le ponton nos amarres et nous accueillent dans la plus pure tradition des Antilles avec un bon Planteur glacé de la Gwada, des samousass et des acras de morue... beaucoup de bonheur dans ces retrouvailles après une séparation d'un peu plus d'un mois.

Arrivée à la marina Bas du Fort à Pointe à Pitre.
Arrivée à la marina Bas du Fort à Pointe à Pitre.
Arrivée à la marina Bas du Fort à Pointe à Pitre.
Arrivée à la marina Bas du Fort à Pointe à Pitre.
Arrivée à la marina Bas du Fort à Pointe à Pitre.

Arrivée à la marina Bas du Fort à Pointe à Pitre.

Pour le bilan de cette traversée Mindelo – Pointe à Pitre :

  • 2121 Mn en 16j 5h soit une moyenne de 5,45 nds.

  • 46,7 heures de moteur dont plus de 40 dans la bulle de la 2° semaine.

  • 29 heures de groupe électrogène pour notre confort.

  • 1695 litres d'eau du désalinisateur... pour notre propreté !

  • 1 drisse de GV à remplacer.

  • 3 daurades coryphénes.

  • Des dizaines de dauphins jouant à l'étrave de Ramatoa.

  • Trois voiliers et cinq cargos aperçus de visu ou détectés sur l'AIS.

  • Quelques bonnes bouteilles pour fêter chaque marque de parcours et notre plaisir !

  • Bref beaucoup de plaisir à naviguer ensemble tous les quatre !!

La deuxième Transatlantique de Ramatoa.
La deuxième Transatlantique de Ramatoa.

Nous passerons le réveillon de Noël tous les six sur Ramatoa, puis les uns repartiront vers Libourne et d'autres prendront leurs quartiers d'hiver en Guadeloupe.

Mais tout cela est une autre histoire... un peu compliquée qui fera l'objet de mon prochain article sur le blog de Ramatoa.

 

Benoît & Dominique sur Ramatoa, rédigé et posté à Pointe à Pitre le 26/02/2016.

 

La deuxième Transatlantique de Ramatoa.
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Published by Benoît & Dominique - dans Les Etapes
20 octobre 2015 2 20 /10 /octobre /2015 16:00

Reprendre la rédaction du blog de Ramatoa après presque trois années d'interruption n'est pas une chose simple. Vous avez été nombreux à vous poser des questions et à nous les transmettre.

La vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille et elle nous a pas mal chahuté pendant ces dernières années. Mer forte à très forte, vent contraire et tempétueux, tel a été notre quotidien dès notre retour en France après notre arrivée en Australie en Novembre 2012.

Gros problèmes de santé pour la Skipette, décès de nos parents nous ont contraint à interrompre notre longue route, à nous mettre à la cape et prendre la fuite pendant les longs mois où nous sommes restés bloqués à terre. Cette escale forcée nous a permis de donner du temps à la Skipette pour guérir et mettre de l'ordre dans le quotidien des affaires de la famille.

Périodes de doutes sur la suite de notre voyage, la confiance revient au fur et à mesure que les examens médicaux et les feux passent au vert, cependant nous décidons d'interrompre notre tour du monde et d'adapter notre projet à la nouvelle donne.

Toutefois cette longue abstinence d'eau salée nous a permis d'être présent pour l'arrivée d'Henry notre dernier petit fils, de voir nos enfants à l'envie, de profiter de la famille et des amis dans le cadre d'une nouvelle maison, plus vaste et accueillante, dans laquelle nous avons emménagé en septembre 2013. Voilà bien le bon coté des choses.

Reprenons les choses dans l'ordre et faisons un bond en arrière en octobre 2012.

Notre séjour à Nouméa touche à sa fin. Formalités de départ terminées et appros effectués nous attendons au mouillage de l’îlot Maître une fenêtre favorable pour traverser vers Brisbane en Australie. Le samedi 27 octobre, nous quittons la Nouvelle Calédonie. Sept jours plus tard et 823 milles nautiques plus loin nous sommes sur la rivière de Brisbane dans la marina Rivergate. Traversée au portant avec un vent soutenu et une mer inconfortable puis quelques heures de moteur et un atterrissage nocturne délicat sur la baie de Brisbane avec un vent fort, une mer formée, de nombreux pêcheurs et un trafic commercial important dans le long chenal de près de 50 milles avant d'embouquer la Brisbane River sous un grain mémorable.

Contrairement à ce que nous avions lu dans les blogs de nos prédécesseurs, l'accueil et les formalités d'arrivée se sont très bien passés, rigoureuses mais rapides et professionnelles. Nous avions pris quelques précautions avant notre arrivée et tout s'est très bien déroulé.

Dès le lendemain nous conduisons Ramatoa dans la marina de Scarborough, à 20 nautiques au nord-ouest dans la vaste baie de Brisbane. Il y est mis à terre et hiverné pour de très longs mois... mais nous ne le savions pas encore !

Ramatoa le retour ...
Ramatoa le retour ...
Ramatoa le retour ...
Ramatoa le retour ...

Quelques mots sur Scarborough qui est un excellent port d'hivernage avec de bonnes ressources et des compétences nautiques. Nous y avons fait refaire toutes les toiles de Ramatoa. Paul, sellier de son état, nous a confectionné un superbe bimini en trois morceaux qui s'adapte à la perfection sur la structure alu rigide installée à Nouméa. Un réel morceau de bravoure. Toutes les autres toiles ont été refaites, bandes anti UV, lazy-bag, capote, taud avant et enveloppe de l'annexe.

En novembre 2013, sachant que nous ne reprendrions pas nos navigations rapidement, j'ai fait un aller-retour solitaire d'une semaine à Scarborough pour voir l'état du bateau et vérifier les travaux du voilier et de Paul le sellier. J'ai constaté les très bonnes conditions de stockage du bateau, le climat modérément poussiéreux est surtout très sec. Tous les travaux demandés sont terminés et ce séjour est l'occasion de tisser des liens d'amitiés avec Paul et Yolanda, le sellier et Rob et Sandy nos hébergeurs en chambre d’hôte à deux pas du bateau.

Au cours de l'année 2013 et au début de 2014, nous évoquons la vente de Ramatoa, son convoyage, son retour vers l'Europe tant il nous apparaît de façon claire que notre voyage doit être adapté aux nouvelles conditions de santé de la Skipette. Nous prenons la décision de rapatrier en France Ramatoa pour le réviser puis le baser en Caraïbes où il nous reste tant de choses à voir et à explorer.

C'est finalement par Docwise Yacht Transport [DYT], système de cargo dock flottant, que nous décidons de faire voyager Ramatoa de Brisbane vers la Méditerranée. La fréquence sur cette ligne régulière est annuelle, il ne faut pas louper le départ courant janvier – février. Pour 2014 c'est déjà trop tard. Nous prenons date pour la rotation de janvier 2015.

Ramatoa le retour ...
Ramatoa le retour ...
Ramatoa le retour ...

En décembre 2014 nous partons ensemble pour Scarborough afin de préparer Ramatoa à son embarquement sur le « Docwise Yacht Express », cargo-dock de 215 mètres de long au départ de Brisbane. Nous remettons Ramatoa à l'eau, le préparons à son transport et effectuons quelques travaux : nettoyage et vidange de la cuve de gasoil, remplacement de la batterie moteur et du régulateur de panneaux solaires que j'ai fusillé lors d'une mauvaise manipulation. L'attente est un peu longue à Scarborough car nous ne disposons que d'une fenêtre d’embarquement, fin janvier, sur le DYT. Nous passons le réveillon de Noël en compagnie de Rob et Sandy, celui du nouvel an à bord de Ramatoa à flot.

Le chargement se confirme pour le 17 janvier. La veille nous quittons Scarborough et rejoignons le mouillage de l’île St Helena à proximité immédiate du port de Brisbane. Finalement c'est avec un jour de retard que nous laissons Ramatoa dans la grande cale sèche du cargo-dock. La logistique est remarquable et les opérations d'embarquement sont très professionnelles. Le « Docwise Yacht Express » quittera Brisbane le 18 au soir et arrivera à Palma de Majorque fin mars après avoir fait des escales en Nouvelle Zélande, Polynésie Française, Costa Rica, Panama, Floride, Antilles Française. Nous terminons notre séjour australien avec Paul et Yolanda qui nous accueillent chez eux après le départ de Ramatoa.

Ramatoa le retour ...
Ramatoa le retour ...

Le programme à l'arrivée de Ramatoa en Méditerrané se précise : débarquement fin Mars 2015 à l'arrivée du DYT, attente en marina à Palma du mois de mai pour convoyer le voilier de Palma à Saint-Raphaël où Ramatoa sera révisé par Olivier Souply du chantier Boat Marine Services, l'agent Alubat de Méditerranée. Fin de l'été : sortir Ramatoa de la Méditerranée et le positionner aux Canaries en attente des alizés de Décembre pour traverser l'Atlantique vers Pointe à Pitre en Guadeloupe. Bref un beau programme de navigations pour 2015 !

Ramatoa le retour ...

 

Le samedi 28 mars Ramatoa sort des entrailles du DYT, nous le conduisons quelques centaines de mètres plus loin au très chic « Club de Mar » où nous occupons l'emplacement vacant d'un motor yacht de près de 100 mètres ! Nettoyage approfondi car le voilier est sous une croûte de sel des embruns et de suie des échappements.... pas de graves dommages liés au transport mis à part la peinture du liston bâbord qui a un peu souffert des multiples opérations de mise au sec et de remise en eau à chaque escale. Multiples travaux de réarmement dont le remplacement des WC, de l'ancre Brake rouillée par une Spade de 25 kg et divers travaux sur le désalinisateur (poulies, courroies et boîtier condensateur). Cette semaine passée à bord nous a permis en outre de lister précisément les travaux à demander à BMS.

Ramatoa le retour ...
Ramatoa le retour ...
Ramatoa le retour ...

Fin avril 2015, nous rejoignons Palma et Ramatoa et accueillons à bord le 29 avril enfants, petits enfants pour une semaine de vacances à Palma. Temps superbe, mer belle et vent généralement favorable nous permettent de découvrir les côtes sud et est de Majorque avec entre autres les îles Cabrera et Puerto Colom. A partir de la marina C'an Pastilla, au pied de l'aéroport, nous remettons tout ce petit monde dans l'avion et accueillons quelques jours plus tard Isabelle et Joseph, nos amis suisses, avec qui nous remonterons Ramatoa jusqu'à St Raphaël. Ayant navigué plusieurs décennies dans ces eaux espagnoles ils sont d'un excellent conseil et vont nous aider pour ce convoyage qui ne s'annonce pas si simple.

Sur Majorque le vent reste faible voir nul et nous faisons beaucoup de moteur pour rejoindre Puerto Soller sur la cote ouest de Majorque. Nous y arrivons en pleine canonnade de la fête des «  Christianos y Mauros » évocation bruyante et colorée de la résistance des chrétiens face aux barbares.

Ramatoa le retour ...

Les prévisions météo annoncent un renforcement prochain de la Tramontane et nous traversons rapidement vers la côte espagnole en visant le plus haut possible. Finalement nous rejoindrons Puerto de la Selva au dessus du cap Creus juste avant le début du BMS, mais nous effectuerons les 170 milles au moteur sur une mer d'huile.

Puerto de la Selva, nous y restons bloqué par la Tramontane (45 – 50 nds) pendant 5 jours, mais fort heureusement, Joseph & Isabelle y ont leurs habitudes car leur fidèle OpSIS y était basé avant le départ du Rallye des Îles du Soleil où nous nous sommes rencontrés. Ils connaissent tout le monde, et agrémentent notre séjour forcé de visites culturelles et gastronomiques !  

Ramatoa le retour ...
Ramatoa le retour ...
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Traversée vers Sète en profitant d'une accalmie entre deux BMS, route effectuée majoritairement au moteur. Bon accueil dans le port de plaisance nouvellement aménagé. Temps gris, pluvieux et froid, les BMS se succèdent.

Le 20 mai nous quittons Sète pour Ste Marie de la mer. Traversée par 25-30 nds de vent et rafales conséquentes. Prise de ponton travers au mistral délicate. Nouveau BMS, nouvelle attente, nous assistons à un pèlerinage des Gitans.

Finalement le 22 Mai nous quittons la Camargue en direction de Marseille, le Mistral souffle à 35-40 nds et rafales à 45 nds. La mer n'est pas très forte car nous sommes sous le vent de la cote. Une fois passé l'axe du Rhône, au niveau du golfe de Fos sur mer, le vent tombe brutalement en l'espace de quelques milles, nous finissons la route au moteur et mettons le cap sur les calanques de Cassis. Avec cinq autres bateaux nous mouillons dans la calanque de port Miou. Notre route vers St Raphaël passera par Porquerolles le temps d'un week-end et le 25 mai après-midi nous sommes à quai face à BMS.

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Ramatoa sera révisé par l'équipe BMS d'Olivier Souply du 27 mai au 20 août 2015. La liste des travaux est longue on y trouve notamment les points principaux suivants :

  • Gréement dormant : démâtage avec vérification complète et échange des étais de génois et de trinquette. Vérification des enrouleurs Profurl.

  • Dépose du safran avec remplacement des 3 paliers et des flexibles du vérin hydraulique.

  • Dépose de la dérive avec sablage, remise en peinture, vérification des bagues et patins.

  • Dépose du stop ring de la colonne de barre et mise en place de butées en ertacétal.

  • Révision générale moteur Volvo avec remplacement coude échappement et nettoyage échangeur.

  • Révision générale générateur Mastervolt avec remplacement des condensateurs et durite échangeur d'huile.

  • Remplacement bague hydrolube et joint d'arbre Volvo.

  • Révision générale désalinisateur Desalator avec remplacement des membranes d'osmose, échange des tuyaux HP et traitement des fuites du tableau de commande.

  • Remplacement turbine de refroidissement du moteur HB Tohatsu 9,8 cv.

  • Remplacement du parc batterie gel Mastervolt 6x85 Ah.

  • Électrification du winch Lewmar du piano bâbord.

  • Remplacement du guindeau Lofran totalement corrodé.

  • Réparation des fuites sur annexe AB et mise en place de roues de sortie de l'eau.

  • Révision radeau de survie.

  • Remplacement antenne VHF tête de mat.

  • Remplacement des deux HP extérieurs du cockpit.

  • Installation afficheur Multigraphic NKE sur la console et déport de l'ancien Gyrographic à la table à cartes.

  • Reprise de peinture sur le pont au pied de mat.

  • Ponçage coque alu brut et réfection liston par pose d'un strip autocollant.

  • Antifouling.

Les délais sont tenus par BMS et aucune mauvaise surprise ne vient perturber le planning. Nous venons passer quelques jours après le 14 juillet pour descendre du matériel sur le bateau et pour juger de l’avancement des travaux. Le bateau est au sec en plein chantier inhabitable dans un désordre apparent indescriptible... c'est impressionnant tout est démonté et le remontage commence tout juste. Nous sommes un peu effarés mais Olivier est tout à fait serein et optimiste sur la bonne fin du chantier.

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En effet peu avant le 20 août il nous envoie cette superbe photo de Ramatoa à flot et remis à neuf... que de chemin parcouru !

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A partir du 20 août nous nous installons à bord, peaufinons le rangement du bateau et le préparons à repartir. Béatrice et Jean deux amis Théraisiens nous accompagnent jusqu'aux Baléares. Béatrice, pour qui c'est une première traversée, bénéficiera de conditions parfaites : grand beau temps, mer plate, un peu de vent entre les longues séances de moteur, un thon de 8-10 kg à la traîne, des dauphins et des rorquals... Nous faisons escale à Cala Fornells et Ciutadella sur Minorque, à Puerto Colom sur Majorque puis à Sta Eulalia sur Ibiza où nos amis rentrent par avion via Barcelone.  

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Avec la Skipette nous poursuivons seuls vers Malaga ou nous avons rendez-vous avec Annick et Jean-Pierre qui connaissent bien Ramatoa pour y voir déjà embarqué.

De notre descente le long de cette cote espagnole d'Ibiza à Malaga nous retiendrons un fort beau mouillage à Espalmador au nord de Formentera, une superbe escale à Carthagene, une belle traversée de 140 nautiques entre ces deux étapes. Pour le reste nous avons pratiqué une navigation diurne généralement au moteur avec des escales dans des marinas de Garrucha, Aguadulce, del Este et enfin à Benalmadena (marina proche de Malaga où les plaisanciers de passage ne sont pas accueillis). L'accueil est généralement bon, les tarifs raisonnables exceptés aux Baléares où ils ont tout à fait déraisonnables. Le paysage de la Costa del Sol est totalement gâché par un bétonnage ininterrompu et par des km² de serres en plastique, l’Andalousie est un des plus grands jardins potagers de l'Europe.

 

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A Benalmadena, nous récupérons Annick et Jean-Pierre à l'aéroport de Malaga ce qui laisse le temps à un avis de grand frais de secteur ouest de s’essouffler. Le vent revient faiblement au secteur SE, nous faisons route au moteur pour rejoindre Gibraltar en faisant escale à la marina d'Estepona. Le vendredi 18 septembre nous arrivons au nord de l'enclave de Gibraltar dans la très belle et très grande marina d'Alcaidesa située juste au nord de la piste d'aviation servant de frontière. Toute neuve, elle est une alternative très intéressante et très économique aux deux marinas anglaises de Gibraltar saturées et très coûteuses.

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Il nous reste environ 600 nautiques à parcourir pour rejoindre « Marina Lanzarote » à Arrecife sur l’île de Lanzarote aux Canaries. Nous surveillons étroitement la météo et guettons la bonne fenêtre avec des vents d'est pour franchir le détroit de Gibraltar et des vents portants pour descendre le long de la cote marocaine. Le 21 septembre, nous quittons la baie de Gibraltar au moteur par un vent très faible d'est... pour les courants de marée sensibles dans le détroit... nous n'avons rien compris du tout... mais n'avons pas eu à affronter des courants contraires trop forts et trop longtemps. Six heures plus tard nous sommes au delà de Tanger sur la cote marocaine où nous nous faisons arraisonner par un garde côte du Maroc qui nous interdit l'approche du cap Espartel à moins de quatre milles. Nous suivons les instructions données bien que cette zone interdite à la navigation n'apparaisse sur aucune carte et dans aucun guide nautique.

Après 27 heures de moteur, le vent portant du NNE rentre et grimpe rapidement à force 4-5, la mer est peu agitée et se soulève sur une longue houle de NNW. Nous ferons route sous voile jusqu'à notre arrivée à Lanzarote.

Le trafic commercial est intense le long de cette côte marocaine que nous suivons à 30-40 milles de distance. Tous les cargos rejoignent ou viennent de quitter le détroit de Gibraltar ils suivent tous un cap identique descendant ou montant. La veille doit être attentive et nous apprécions l'AIS sur la carto à sa juste valeur.

Le vent oscille entre le N et le NE ce qui nous fait suivre une route plein vent arrière ou au grand largue. Les empannages s’enchaînent afin de rester sur la route la plus courte. Assez régulier le vent souffle à force 5 en moyenne avec des rafales à force 6. Si de mon coté je suis content de retrouver des conditions de navigation qui sont proches de celles des alizés avec une belle houle d'Atlantique, la Skipette apprécie modérément ces conditions pas très confortables et salue le retour dans l'Océan par un mal de mer tenace !

Finalement le vendredi 25 septembre en fin d'après-midi nous avons en vue Lanzarote et l’île de Graciosa. A 23:00 nous arrivons à la « Marina Lanzarote » d 'Arrecife où nous prenons une place non sans quelques difficultés au ponton F 07. Notre accueil est festif car sur le quai de la marina se dresse le podium d'un concert géant sous la houlette d'un DJ émule de David Guetta.... ambiance garantie, nous sommes tous sourds et ne trouverons le sommeil qu'à la fin du concert vers trois heures du matin. Heureusement les autres jours c'est beaucoup plus calme.

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La marina Lanzarote est ouverte depuis deux ou trois ans seulement, elle n'existait pas lors de notre premier passage en 2006. Cette marina de plusieurs centaines de places (6-700 peut-être) est au fond d'un bassin désaffecté du port de commerce. Elle est très bien protégée même par gros temps de secteur S. Draguée, agrandie, moderne ielle s'adosse maintenant à un vaste mall commercial dont les boutiques, les restaurants sont des lieux de promenade et d'animation pour les habitants d'Arrecife.

La capitale de Lanzarote dispose maintenant de plusieurs centre commerciaux moins vastes que ceux de Las Palmas ou Santa Cruz de Tenerife mais suffisant pour assurer notre futur approvisionnement en vue de la transatlantique. L'aéroport est 10 minutes en taxi.

Les ressources nautiques ne sont pas exceptionnelles mais permettent cependant de faire face à de nombreuses réparations. On y trouve de très bonnes quincailleries marines, des mécaniciens et électriciens de marine et de nombreux artisans soudeurs, chaudronniers alu et inox, hélices etc...

Cette nouvelle escale sur la route des alizés conduisant en Caraïbes est une très bonne alternative aux escales traditionnelles de Gran Canaria ou de Tenerife.

Pendant notre séjour d'une semaine nous avons pu circuler dans l'île et avons arriver les concurrents de la Transat 6,50. Nous avons pu effectuer avec Jean-Pierre une foule de petits bricolages divers et variés afin de préparer au mieux Ramatoa à la future transatlantique.

C'est un peu plus de 1400 milles nautiques que nous avons parcourus depuis Saint Raphaël, cela constitue une bonne mise en jambes et nous a permis de vérifier le bon état du bateau et son bon fonctionnement après sa révision. Seul l'alternateur Mastervolt nous a donné du fil à retordre, je l'ai ramené dans mes bagages, il est en révision chez Mastervolt. Pour le reste rien à signaler.

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Le 13 novembre je redescends à Lanzarote en compagnie de Ralph, le 18 mon cousin Hubert et son épouse Françoise nous rejoignent et nous mettrons les voiles vers Mindelo dans l'archipel du Cap Vert puis vers Pointe à, Pitre en Guadeloupe où nous attendrons la Skipette et Sylvia l'épouse de Ralph. Mais tout cela constitue une autre histoire que je vous raconterai en janvier prochain.

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Published by Benoît & Dominique - dans Les Etapes
13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 06:19

 

Nous voilà de retour à Nouméa, à quelques jours de notre départ vers Brisbane en Australie. Depuis notre arrivée sur le Caillou, Nouméa est notre base arrière pour les travaux que nous avons réalisés par nous même et ceux que nous avons tentés de faire faire avec plus ou moins de bonheur par des artisans locaux. En réalité nous avons alterné des séjours de quelques jours au mouillage dans la baie de l'orphelinat - avec des séjours au chantier de Numbo (dans la baie voisine et industrielle) pour la réalisation, la pose puis la modification et la repose du bimini en aluminium – et des escapades plus ou moins longues dans les îlots et baies voisines de Nouméa, une virée en baie du Prony pour observer les baleines à bosse et enfin une semaine de villégiature à l'île des Pins dans le lagon sud.

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Sur le plan des travaux, tout ce qui devait être fait par nous même a été réalisé sans difficultés majeures, sur le plan technique l'escale est pleine de ressources :

- Installation d'un convertisseur sérieux 1600 W.

- Remplacement de la VHF fixe par une Icom IC-M505 couplée à un transpondeur AIS Icom MA-500TR. Le transpondeur AIS classe B signale notre position, notre route et permet un appel en DSC direct sur la cible dangereuse.

- Plus une multitude de petits bricolos.... parmi lesquels - le remplacement du sélecteur rotatif de sources 230 volts au tableau électrique (quai, groupe ou convertisseur) – pose et installation des nouveaux panneaux solaires et d'un régulateur plus costaud.... mais dans tout cela le plus pénible et le plus difficile reste toujours le passage de nouvelles gaines et de nouveaux câbles dans les emménagements !

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En ce qui concerne les travaux demandés à des artisans et chantiers locaux nous avons été plus ou moins heureux :

- Pour la réalisation de la structure aluminium du bimini, le travail réalisé par Michel au chantier Nauticalu à Numbo nous satisfait totalement. De plus une erreur dans la prise des cotes et l'absence de vérification de ma part avant la fixation du bimini sur le pont de Ramatoa, nous a contraint à repasser par la case chantier pour modifier la hauteur de l'arceau central (en effet un essai de la GV bordée dans l'axe a montré que la bôme et la toile du bimini n'aurait pas fait bon ménage !). Il a donc fallu déposer le bimini, modifier l'arceau et reposer l'ensemble. Bref une adresse à recommander pour tous travaux sur aluminium, délais et tarifs tout a fait raisonnables.

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- Pour la confection de la toile du bimini et du lazy bag, nous n'avons pas eu la main heureuse. Après un mois perdu à attendre un devis malgré des relances fréquentes et insistantes, l'atelier de sellerie associé à un voilier se sont montrés incapables d'approvisionner le tissu demandé (en provenance de Nouvelle Zélande, d'Australie ou des États Unis) dans des délais raisonnables laissant ensuite le temps nécessaire à la réalisation. Finalement nous avons jeté l'éponge et ferons faire tous les travaux sur les toiles en Australie... j'espère seulement que nous serons plus heureux dans le choix de l'artisan.

- Nous avons tout de même pu faire réaliser par un autre voilier un grand taud d'hivernage qui recouvrira le pont et l'annexe quand le voilier sera mis au sec sur terre plein.

En conclusion, il y a ici une profusion d'artisans gravitant autour de la plaisance mais tous ne se valent pas. Le bouche à oreille reste encore le meilleur guide !

 

Heureusement nous avons pu mixer ces périodes de travaux qui ne sont jamais très drôles quand on vit à bord avec des intermèdes forts agréables dans le lagon calédonien et naturellement une visite de Nouméa.

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Après notre premier séjour au chantier à Numbo, long de plus d'une semaine, retour à la ville pour des appros et nous larguons les amarres pour une balade dans le lagon au nord de Nouméa du 10 au 16 août. Le temps est gris, maussade et froid (17-19°). Route au nord en direction de la baie de Saint Vincent, les mouillages sont très nombreux et souvent déserts. Le mauvais temps d'ouest nous contraint à nous abriter pendant 48 heures à l'abri de l'îlot To Ndu. Puis nous poursuivons en direction de l'Îlot Hugon, à l'entrée de la vaste baie une bande de joyeux dauphins nous accompagnent et jouent avec l'étrave du bateau. Il s'agit de grands dauphins gris. Au mouillage nous avons pour voisins des moutons sur les plages et les collines qui entourent la baie totalement sauvage et déserte. Ces terres sont des terres inhabitées et sont de vastes pâtures pour des troupeaux de moutons. Nous sommes en fin d'hiver, la laine est sale et épaisse ! Toujours pas la moindre habitation ou le plus petit village en vue, seule la nature, les animaux et parfois un autre voilier comme voisin de mouillage.

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Sur ces îlots plus ou moins grand, nous débarquons en annexe et explorons à pied les plages, les grèves et les collines proches. Nous marchons, cela nous fait du bien et nous récupérons ainsi des suites de nos deux grippes contractées à notre arrivée à Nouméa.

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Le 13 août nous passons de l'îlot Hugon à l'île Ducos et mouillons dans la baie des Moustiques... en fait nous ne les verrons pas il y a trop de vent, il pleut à verse et il fait trop froid ! Par contre à notre arrivée des chevaux sauvages sont sur la plage à une encablure de Ramatoa, le spectacle est superbe. Nous ne sommes qu'à une quarantaine de milles de Nouméa et c'est déjà le désert et la brousse. Nous avions choisi ce mouillage pour être bien abrités des vents forts de sud-ouest annoncés par la météo, mais en réalité le vent a soufflé pendant deux jours du nord à 25 nœuds à l'ouvert de la baie, le mouillage n'a pas été des plus confortables.

En redescendant vers Nouméa nous faisons halte dans la superbe baie Maa, très vaste baie à seulement une douzaine de milles de la capitale. Bordée par une belle plage de sable blanc le mouillage se prend sur de beaux fonds de sable par 4 à 6 mètres d'eau, l'abri est excellent et la tenue est exceptionnelle. Nous y ferons halte à plusieurs reprises par la suite.


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Le 16 août retour vers la baie de l'Orphelinat Nous louons une voiture pour visiter Nouméa et effectuer tous nos achats (vivres mais aussi matériels techniques pour les multiples bricolos en cours.) Le matériel VHF et AIS Icom commandé en France est prêt chez Robin Marine aux Sables d'Olonne, nous demandons l'enlèvement du colis à l'agence DHL de Nouméa.

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Jusqu'à ce jour nous avions arpenté à pied le centre ville de Nouméa. Avec la voiture nous filons au centre culturel Jean-Marie Tjibaou. Fleuron touristique et culturel de la Nouvelle Calédonie, le centre est bâti sur un promontoire isolé dans la baie de Tina. Renzo Piano, l'architecte du centre Georges Pompidou à Paris, réalise une synthèse harmonieuse entre les concepts architecturaux les plus avant-gardistes et la symbolique kanak dans sa relation avec la terre et les plantes. Déployé sur 8 hectares, le site se compose de 10 grandes cases de bois, de verre et d'acier. Le centre abrite des collections permanentes et des expositions temporaires. A l'extérieur, une aire coutumière et une grande scène en pleine air face à la mer. L'ensemble est fort réussi et grandiose.

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Paresseux, nous profitons de la voiture pour monter sur les différents points de vue qui entourent la ville de Nouméa. Le Ouen Toro surplombe de ses 232 m les baies de Sainte Marie et de l'anse Vata. La vue sur les baies est superbe et le belvédère dévoile parfaitement la construction de la ville sur la péninsule. Nous escaladons avec les chevaux de la Twingo - le mémorial du Maréchal Leclerc où se dresse un vaste monument surplombé d'une gigantesque croix de Lorraine – le point de vue qui surplombe la cathédrale de Nouméa avec une belle perspective sur la baie de la Moselle. Sur le retour nous faisons une halte à la Cathédrale Saint Joseph construite en 1888 par des forçats, elle possède de magnifiques vitraux.

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Ces trajets en véhicule nous permettent de découvrir les baies qui ceinturent la ville : - Les baies de la Moselle et de l'Orphelinat avec les installations portuaires et les marinas - La baie des Citrons et l'anse Vata avec des allures de station balnéaire bétonnée de la côte méditerranéenne, mais aussi celle de Sainte Marie, mieux préservée. Toutes les baies de Nouméa possèdent de très belles promenades en front de mer où il est très agréable de se promener.

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Après une petite semaine passée à l'Orphelinat, nous décidons de descendre vers la baie du Prony pour tenter d'y observer les baleines. Il s'agit d'une véritable exploitation touristique avec des catamarans baleiniers qui opèrent au départ de port Moselle mais aussi de Prony, mais heureusement le « whale watching » est maintenant bien encadré par une réglementation que des vedettes rapides du service de Protection du Lagon font respecter pour le bien être et le respect des animaux qui se reproduisent dans ces eaux.

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Le mercredi 22 août nous partons vers le sud et faisons halte pour une nuit à la baie Uié dans un paysage minéral du sud calédonien de toute beauté. Le lendemain nous franchissons le canal Woodin qui sépare l'île Ouen de la Grande Terre et prenons un coffre à l'îlot Casy dans la baie du Prony. Le vendredi, pour éviter la foule du week-end nous croisons au large de la baie pour repérer les baleines. Route au moteur par vent faible puis appuyée par la voile quand l'alizé soufflera de manière modérée. Après une heure et demi environ de zigzagodromie nous repérons des souffles de baleines à bosse près de la côte sous le cap N'Doua, mais elles sont loin et nous les perdons de vue. Nous écoutons le canal VHF sur lequel les quatre catamarans baleiniers, de sortie ce jour, trafiquent et échangent leurs observations. Rapidement nous rejoignons deux catamarans au contact des cétacés et nous pouvons les observer.... mais de trop loin à mon goût (jamais à moins de 300 m). Mais c'est sans compter avec la facétie de ces animaux car un groupe de deux baleines sonde et … réapparait quelques 8-10 minutes plus tard à seulement 50 m de Ramatoa ! Quelle belle surprise, nous sommes ravis mais nous ne réussissons pas à en faire de belles photos (internet y pourvoira). Il est difficile de mener de front, la conduite du bateau au milieu des deux ou trois autres embarcations, l'observation des animaux et en plus de prendre des photos. Nous restons une bonne heure au contact de ces animaux et nous ne nous lassons pas de les observer même si nous ne voyons pas de majestueux sauts hors de l'eau comme cela arrive lors de joutes amoureuses ou lors de combats entre mâles.

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Après une trentaine de milles parcourues à courir les cétacés nous rejoignons l'îlot Casy où la Province Sud a installé et entretient des coffres, bien préférables à des mouillages sur ancre trop dévastateurs pour les fonds coralliens. Nous restons deux jours dans ce très beau mouillage et parcourons l'îlot de long en large car un sentier de randonnée balisé le sillonne. Les paysages minéraux et lunaires alternent avec des vues somptueuses sur la baies du Prony.

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Le vendredi 27 août nous repartons vers le nord et faisons halte sur l'île Ouen dans la baie des Tortues. Là encore les paysages minéraux de cette île sont époustouflants de couleurs ocres, rouges et noires. Un hôtel fermé depuis plus de dix ans occupe la belle plage de sable blanc au fond de la baie. Une barque nous accoste, ce n'est pas un kanak mais un Vanuatais, gardien de la propriété de Charles Frogier, homme politique de Nouvelle Calédonie. Alexis nous dépose un panier rempli de légumes de son jardin, nous partageons une bière dans le cockpit, il nous raconte sa vie sur l'île Ouen, nous lui racontons la nôtre sur l'eau... une agréable tranche de vie. Le lendemain nous rejoignons notre mouillage à la baie de l'Orphelinat.


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Nous passons une semaine bien remplie à Nouméa. Le colis DHL est arrivé... il y a de l'installation du matériel Icom dans l'air ! Nos cubes de gaz sont vides et il est impossible de les faire remplir ici... il reste la solution du transvasement qui cette fois-ci marchera très bien contrairement à notre première expérience malheureuse en Guadeloupe (à Port Vila je me suis fait bien enfumé au remplissage des deux cubes, ils ont duré 8-10 jours au maximum... mais j'ai quand même payé pour 2x4 kg de butane!).

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Niéme relance de la sellerie pour savoir si les difficultés d'approvisionnement du tissu Sunbrella de couleur jaune sont résolues ou non... car le temps presse maintenant : livraison et confection du bimini et du lazy bag... il reste tout juste un mois et demi.... cela va faire juste.

Après avoir installé la nouvelle VHF et le transpondeur AIS nous allons prendre l'air au mouillage à l'îlot Maître à trois milles au large de la rade de Nouméa, c'est une destination très prisée tous les week-ends par les plaisanciers de la ville toute proche. Là aussi une bonne quinzaine de coffres sont mouillés devant l'îlot qui abrite un hôtel. Le plan d'eau est agité par l'alizé soutenu mais aussi par les navettes incessantes des touristes et kite surfeurs qui viennent de Nouméa. Essais concluants de notre nouvelle installation VHF & AIS. Devant l'affluence attendue pour le week-end où une compétition de kites est organisée sur l'îlot, nous fuyons et remontons nous mettre à l'abri dans la baie Maa. Cette fois nous mouillons devant la plage et le petit village de cabanes et bungalows de vacances. Dominique y rencontre une famille d'expatriés en vacances sur ce site paradisiaque, de fil en aiguille et en discutant, nous mangerons avec eux le dimanche midi un bbq de poissons grillés et ils viendront à bord. Le temps est beau mais l'alizé ne s’essouffle pas. Ramatoa reçoit régulièrement la visite d'une tortue qui vient brouter sur les petits herbiers proches du bateau.

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Après trois jours de tranquillité, retour à la case civilisation. En route pour Nouméa nous voyons des baleines juste devant l'entrée de la petite rade – spectacle surprenant si proche de Nouméa - et une fois dans la baie nous voyons un nonchalant dugong baguenauder dans la baie de l'Orphelinat. Retour à la dure réalité : il faut se rendre à l'évidence, la sellerie et le voilier sont incapables d'approvisionner le tissu en temps utile. Nous déclarons forfait et laissons tomber. Il est maintenant trop tard pour faire appel à un autre atelier ou à un autre fournisseur, nous sommes victimes de l'indigence et de la nonchalance de certains artisans insulaires. C'est regrettable et nous avons le moral un peu dans les chaussettes. La structure du nouveau bimini est toujours au chantier chez le soudeur, il peut donc maintenant la peindre et la fixer sur le pont de Ramatoa.

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Du 12 au 15 septembre nous retournons au chantier pour la pose du bimini et la fixation des panneaux solaires.... c'est superbe ! Le samedi matin nous quittons la triste baie de Numbo et rejoignons de nouveau la baie Maa. Beau temps et le soleil se montre plus généreux. La tortue est toujours là ! Comble de malchance lors d'un aller-retour à la plage nous la heurterons avec l'embase moteur de l'annexe... plus de peur que de mal, nous la reverrons par la suite. Mais il y a plus grave... au mouillage de la baie Maa, nous hissons la grand voile, la bordons dans l'axe et découvrons que l'extrémité de la bôme engage le gabarit du nouveau bimini, non pas celui des tubes, mais celui de la future toile tendue entre l'arceau avant et l'arceau central. En fait c'est ce dernier qui est trop haut. Erreur dans la prise des cotes au départ et surtout absence de vérification de ma part lors des essayages en situation sur le pont de Ramatoa (obnubilé par la hauteur de la bôme au dessus du premier arceau, j'ai négligé de vérifier que la pente de la toile entre les deux arceaux serait bonne!). Il faut modifier cela.... mail à Michel de Nauticalu et rdv est pris le jeudi suivant au chantier à Numbo. Il nous reste juste le temps de faire un saut à Nouméa pour remplir la cambuse avant de rejoindre le chantier pour la troisième fois ! Démontage de la structure, retour en atelier, et peinture à nouveau. Lors de ce court séjour à Nouméa nous avons le plaisir de revoir Jean-Pierre et Didier juste avant leur départ sur « Ti Soaz » vers la Nouvelle Zélande. Ils débarquent tout juste de Paris et sont en pleine forme... le bateau aussi avec une superbe capote en composite rouge !

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Nous voici à nouveau sans bimini et avec des trous sur les passavants ! Cette fois nous décidons de rejoindre l'îlot M'Bé Kouen à 12-15 milles au large dans le lagon à proximité du récif extérieur. C'est un mouillage très sûr mais très surprenant car l'îlot est ridiculement petit, la zone de mouillage est vaste, protégée de la mer par des récifs coralliens affleurants qui ceinturent parfaitement la zone. Le week-end nous y serons plus d'une douzaine de voiliers à l'ancre. Si nous sommes en plein milieu du lagon, bien protégé de la mer, il n'en va pas de même pour l'alizé qui souffle fort... nous ne sentons pas le renfermé.

Le lundi 24 septembre nous repartons à la baie Maa vérifier que la tortue est toujours là... oui elle est toujours là (ou bien une autre.... mais Dominique veut croire que c'est celle que j'ai heurtée!). Mercredi 26 septembre, rdv à Numbo au chantier pour la pose de la structure modifiée du bimini. Cette fois-ci, tout est parfait ! Pose en un temps record car notre halte technique au ponton du chantier (4° et dernier séjour au chantier) ne durera qu'une matinée et l'après-midi nous retrouverons notre place au mouillage dans la baie de l'Orphelinat.


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Il est temps de mettre les voiles vers l'île de Pins où nous ne sommes toujours pas allés. Le mois de septembre est bientôt terminé, la chaleur revient doucement, le beau temps est là, les averses se font de plus en plus rare. Location de voiture, approvisionnements et achats des derniers petits bricolos pour installer tranquillement mes panneaux solaires au mouillage dans la baie de Kuto à l'île des Pins. Nous rejoignons cette île éloignée de 70 milles nautiques de Nouméa en deux journées de navigation avec une escale dans la baie du Prony à Bonne Anse, l'alizé de sud-est est faible l'essentiel de la route se fera au moteur avec une mer belle et grand soleil. Tout doucement l'île monte sur l'horizon et le dimanche 30 septembre en début d'après-midi l'ancre croche sur le fond de sable de la baie de Kuto par 4 mètres de fond. Le lieu est paradisiaque.

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L'île est longue de 18 km, large de 14, elle est recouverte par une multitude pins de plusieurs variétés dont des pins colonnaires si esthétiques. La douceur de vivre exceptionnelle, avec des plages superbes de sable fin comme de la farine lui ont valu une réputation d'éden océanien. Appelée « Kunié » par les anciens, l'île constitue un site de prédilection pour les amateurs de fonds sous-marins. Les Japonnais ont classé la baie de kuto deuxième plus belle plage au monde !

Le peuplement de l'île d'abord par les Lapita (vers 2000 av. J.-C.) puis par les mélanésiens est le plus ancien de Nouvelle Calédonie. L'explorateur anglais James Cook est le premier européen à découvrir l'île, en 1774. Surpris par la vision des grands pins colonnaires (Araucarika cooki) qui frangent le littoral, il la baptise île des Pins. En 1800 de nombreux santaliers débarquent sur l'île suivis par les missionnaires protestants anglais en 1841. Plus tard des missionnaires catholiques prennent la relève et en 1872 la France transforme l'île des Pins en colonie pénitentiaire. L'île accueillera 3000 exilés de la Commune de Paris et une centaine de Berbères algériens après la révolte kabyle de mars 1871. En 1878, 750 kanak de la Grande Terre y sont également incarcérés à la suite de la révolte kanak. On voit encore aujourd'hui les vestiges du bagne (moins impressionnant et plus petit que celui des îles du salut en Guyane française) ainsi qu'un cimetière des déportés émouvant et fort bien entretenu. Le bagne sera définitivement fermé en 1911.

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Pendant notre séjour d'une semaine, nous alternons promenades à pied, explorations en annexe et nous louons une voiture pour une journée qui nous permet de visiter les sites les plus remarquables : la baie de Gadji, la baie de Kanumera, la baie d'Oro et sa piscine naturelle où nous nous baignons, le village de Vao avec son église construite là aussi par les forçats et la baie de Saint Joseph d'où partent les pirogues chargées de touristes vers la baie d'Upi. Le temps est beau, il fait chaud, l'alizé modéré... bref des conditions de rêve !

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Après une semaine passée dans ce mouillage idyllique et fort bien abrité par temps d'alizé, nous rentrons vers la Grande Terre. Le dimanche 7 octobre sera une belle journée de voile avec un vent de travers de 15-20 nœuds, un Ramatoa qui file à 6-7 nœuds et cerise sur le gâteau : au moment du déjeuner nous pêchons un magnifique thon jaune de 8 kg. Le soir nous prenons un coffre à l'îlot Casy et gouttons le calme de ce mouillage où nous ne sommes que trois bateaux. Au menu du diner : steaks de thon... surprenant n'est ce pas !

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Nous décidons de rejoindre Nouméa par le chemin des écoliers. Mouillage sur coffre à l'îlot Amédée le lundi où nous pouvons admirer le panorama depuis le haut du phare Amédée dont l'histoire est intéressante. Ce phare de 56 m de haut est en acier. Il est construit à Paris en 1862 par l'ingénieur Rigolet avant d'être démonté et transporté dans la colonie (400 caisses sur l'Émile Péreire) puis reconstruit tel un jeu de Mécanno sur l'îlot en 1865. Toujours en service, ses deux éclats blancs portent à 22 milles et couvrent la passe de Boulari. Le lendemain nous repassons par l'îlot Maître, le temps est calme, sur des fonds superbes de 3-4 mètres nous pouvons admirer des tortues, des petits requins de lagon et même un thon en quête de son petit déjeuner ! Je profite de l'eau assez chaude (25-26°) pour donner un petit coup de propreté sur la carène de Ramatoa.

 

Finalement notre séjour en Nouvelle Calédonie touche à sa fin et nous préparons maintenant notre prochaine traversée vers Brisbane en Australie, nous avons déjà effectué un certain nombre de formalités pour cela : les visas électroniques et le mail annonçant notre arrivée avec pas moins de quatre pages de renseignements.... cela ne rigole pas en Australie !

Nous allons avoir une place à quai à la marina de Port du Sud, cela nous facilitera notre dernier approvisionnement et les formalités de départ de Nouvelle Calédonie.

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Entre tous nos vagabondages dans le lagon calédonien, nos séjours au chantier ou au mouillage de la baie de l'Orphelinat, nous avons trouvé le temps fort agréable en compagnie de nos amis de Nouméa : Dany & Pierre ainsi que Bernard & Maryline qui nous ont accueillis si gentiment et cornaqués dans Nouméa à notre arrivée, mais aussi ceux de Wé à Lifou Bernard & Carmen du « petit Pilou Siffleur ». Nous avons aussi revu notre copain de plus de trente ans... (c'est pas rien!) : Aristide Labéribe et son fils Alexandre. Grâce à vous tous, nous garderons un excellent souvenir de notre escale prolongée à Nouméa sur le Caillou, dernière étape francophone avant l'île de la Réunion si jamais le sillage de Ramatoa passe par là bas.... !

 

N'oubliez pas de regarder les très nombreuses photos ajoutées à l'album de Nouvelle Calédonie.

 

Dominique & Benoît sur Ramatoa dans la baie de l'Orphelinat à Nouméa – Nouvelle Calédonie.

Mis en ligne, le 13/10/2012 à Nouméa.

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19 août 2012 7 19 /08 /août /2012 09:04

 

Effectivement les projets sont faits pour être modifiés ! Finalement au Vanuatu il n'y aura pas de mouillages sur la côte nord d'Efate pour cause de météo instable et passablement pourrie, nous sommes très bien sur notre coffre à Port Vila. Tous les voiliers en partance, « Toucan » pour Cairns en Australie et les autres pour descendre vers les îles loyauté ou la Nouvelle Calédonie directement, guettent une fenêtre météo favorable.

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L'attente n'est pas désagréable ici à Port Vila. Le 21 juin : fête de la musique comme en métropole sous la houlette de l'Alliance Française. Quelques jours plus tard nous assistons, juste un peu avant notre départ, à l'arrivée de sept pirogues polynésiennes qui effectuent depuis plus d'un an déjà un grand tour de l'océan Pacifique. Elles sont en route vers les îles Salomon pour participer au festival des arts mélanésiens et font une escale de quelques jours à port Vila. Cela apporte de l'animation dans cette petite capitale.

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Enfin le 25 juin, la météo nous promet une fenêtre plus favorable. Les formalités de sortie du Vanuatu sont expédiées rapidement, le plein de gasoil est complété ainsi que la cave du bord et le tout hors taxes ! Nous voulons rejoindre la petite marina de Wé sur l'île de Lifou dans les Loyautés. Avec Ouvea au nord, Tiga et Mare au sud ces quatre îles situées à une petite centaine de milles au large du caillou constituent la Province des Îles de la Nouvelle Calédonie. Pour y arriver de jour et parcourir les 200 milles qui nous séparent de Wé, nous devons partir en fin d'après-midi. A 19h30 nous quittons le mouillage de port Vila et faisons route sous voile, grand voile à 2 ris et trinquette, dans un vent d'est sud-est de 25-30 nœuds qui devrait mollir en fin de nuit et dans la journée du lendemain. La mer est forte, la houle modérée, l'allure du petit largue n'est pas très confortable nous sommes de nouveau malades et payons un tribu à Neptune !

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Tout au long des 204 milles de la traversée les conditions resteront les mêmes sans amélioration aucune. Le mercredi 27 juin, le jour grisouille se lève sur Lifou qui est déjà haute sur l'horizon. Spectacle bien différent car l'île est un vaste plateau tabulaire sans aucun relief, cela change des îles hautes et volcaniques de l'archipel voisin.

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A 9 heures nous trouvons une place au quai de la petite marina de Wé, pleine comme un œuf car occupée par des enseignants et des soignants travaillant ici et vivant sur leurs voiliers. Accueil très sympathique de cette petite communauté de voileux et très bonne ambiance. Nous pensons y rester une petite semaine. En fait nous allons y rester plus de deux semaines, parce que la météo n'est pas favorable pour rejoindre la Grande Terre, mais aussi parce que nous y sommes fort bien... calme et tranquillité assurés.

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Du coté des formalités d'entrée en Nouvelle Calédonie, Wé est normalement, depuis peu, un port d'entrée... la réalité est un peu différente ! A notre arrivée le capitaine de la marina qui assure ces formalités était à Nouméa pour une durée indéterminée... seul le technicien sanitaire de la Quarantaine est venu inspecter notre frigo avec beaucoup de bienveillance. Les avis des résidents pour les Douanes et la Police de l'Air et des Frontières sont assez vagues et imprécis. Dès le lendemain, notre téléphone équipé d'une carte Sim locale me permet d'appeler les Douanes, Ramatoa est enregistré comme arrivant à Wé et il me suffira de passer récupérer le certificat d'admission en franchise temporaire (IFT) à notre arrivée à Nouméa. Pour la PAF, les avis divergent car ils semblent moins cool que les Douanes et demandent que le bateau rejoigne Nouméa sous 48 ou 72 heures... ce n'est pas notre intention. De plus à son retour, le capitaine du port confirme la nécessité de se présenter sans perdre de temps à la PAF de Nouméa. Je me résous donc à faire un aller-retour en avion à Nouméa, le lundi 2 août, pour me présenter au bureau de l'immigration avec nos deux passeports. A mon arrivée à l'aéroport de Magenta, taxi vers la zone du Port Autonome, je passe d'abord au bureau des Douanes où je récupère mon IFT sans problème avec un accueil très aimable, ensuite je me présente au bureau de la PAF où le fonctionnaire inspecte nos passeports et étant de nationalité française estime que mon déplacement n'était pas indispensable... il accepte tout de même de tamponner les passeports pour le fun ! A 10H30, tout était terminé et je baguenaude du coté de port Moselle en attendant mon vol retour en fin d'après-midi. En conclusion, formalités d'entrée possible à Lifou.... mais c'est pas très au point ni très clair... enfin c'est la Nouvelle Calédonie !

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Wé est le siège de la Province des Îles Loyautés, elle dispose d'un aéroport avec deux à trois vols quotidiens vers Nouméa, le navire à grande vitesse assure deux rotations hebdomadaires pour les 10 500 habitants de Lifou. Nous rejoignons le centre bourg de Wé en stop car la marina est à l'opposé des commerces. Nous trouvons presque tout ce dont nous avons besoin, y compris du WiFi. A la fin de notre séjour le WiFi de la marina est mis en service.... cela faisait deux ans que les résidents l'attendaient.

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Le temps s'installe durablement à la grisaille et à la pluie. Nous trouvons un jour plus clair pour louer une voiture et faire le tour des quelques points à ne pas manquer comme les falaises de Jokin, les plages de Luengoni et Peng, la baie de Santal. Les côtes et les baies sont très belles mais la route plate sur le plateau calcaire bordée d'une végétation dense est monotone.

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La province des îles Loyautés constitue une région radicalement différente des autres provinces : nord et sud de la Nouvelle Calédonie. Les îles Loyautés représentent la quintessence de la culture mélanésienne où la société kanak traditionnelle est la mieux préservée. On y vit encore à l'heure de la « coutume » et de la « tribu » et seuls les kanak peuvent posséder des terres sur ces îles. Lifou possède trois « chefferies » qui regroupe la petite douzaine de tribus . Malgré la colonisation des autorités françaises et des congrégations religieuses, en dépit des invasions, des guerres tribales et religieuses et de la lutte pour l'indépendance, les clans ont conservé leurs structures traditionnelles et leur mode de vie simple et proche de la nature. Considérée mélanésienne la population de Lifou s'est cependant mélangée avec des Polynésiens arrivés avant le XVIII° puis avec les baleiniers et santaliers anglo-saxons au XIX° siècle.

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Nous mettons à profit notre séjour en marina pour confectionner, avec le tissu acheté chez le voilier de Port Denarau et la machine à coudre acquise à Lautoka, une protection pour l'hivernage qui englobe la table de cockpit et la colonne de barre. Ainsi le teck de la table centrale grisera moins et le tableau de bord du moteur Volvo sera mieux protégé des intempéries. C'est notre première réalisation.... il nous reste maintenant à faire le taud de la bôme.

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Finalement le dimanche 15 juillet, après un dernier BBQ avec les amis de la marina, nous quittons en fin d'après-midi Wé en direction du caillou et la passe de la Havannah qui permet de rentrer dans le lagon sud. Il est nécessaire de se présenter dans la passe à l'étale de basse mer pour ne pas affronter le mascaret ni des courants trop forts. En quittant la baie de Chateaubriand dans laquelle se nichent la marina et le port de Wé, nous avons encore un vent d'Est musclé (25 nœuds) et une mer très désordonnée et fatigante. Après le cap des pins, au sud de Lifou, nous infléchissons notre route et la traversée devient tout de suite plus confortable d'autant plus que le vent faiblit progressivement. Nous franchirons la passe au moteur, faute de vent le lendemain midi. Dans l'après-midi nous entrons dans la vaste baie de Prony et trouvons un mouillage à la taille de Ramatoa dans une des nombreuses échancrures de la côte de « Bonne Anse »... il y a de la place pour un bateau... pas deux ! La nature minérale du paysage sud calédonien est grandiose et le soir nous avons une superbe lumière au soleil couchant.

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Le mardi 17 juillet nous remontons le bras de mer à l'ouest de la baie de Prony qui conduit au trou à cyclone du « Carénage ». Nous mouillons dans un des bras du Carénage, là aussi seul au monde. Nous explorons la rivière en annexe jusqu'à une chute d'eau et allons nous baigner dans le bain japonnais : en fait il s'agit d'une petite piscine aménagée sur une source d'eau chaude. Elle est très appréciée d'autant plus que le temps est gris et frais.

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Le mercredi 18 juillet, nous parcourons les 34 milles qui nous séparent de Nouméa sous ciel bas, gris et une pluie quasi continue. En début d'après-midi nous pénétrons dans la petite rade et la baie de la Moselle. Le mouillage du coté de la marina est bondé, nous mouillons en face à Nouville. Le temps se dégage ne soirée et nous gratifie d'une lumière superbe sur la ville de Nouméa.

 

Le lendemain, nous partons en reconnaissance à terre pour y trouver nos marques car Nouméa sera notre base arrière pour les trois mois à venir. Passage à la marina de Port Moselle qui, heureuse surprise, nous offre une place au ponton des visiteurs pour une durée de trois jours.... retour au bateau, nous l'occupons immédiatement. En réalité nous allons pouvoir séjourner 11 jours au ponton des visiteurs. C'est bien commode pour les courses, l'avitaillement et la découverte de la ville qui nous plait très vite à tous les deux. Le marché municipal, fruits légumes et poissons, est à deux pas du bateau, c'est super commode ! De plus nous sommes merveilleusement accueillis par Pierre et Dany... des amis de voileux croisés à La Rochelle en janvier dernier.

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Nouméa occupe une vaste péninsule. La ville ancienne se déploie face à la baie de la Moselle, les nouveaux quartiers balnéaires s'étagent sur les collines au dessus des baies de l'Orphelinat, des Citrons et de l'anse Vata. Des rues rectilignes quadrillent le centre de Nouméa autour de la grande et agréable place des cocotiers.

 

C'est le capitaine de vaisseau Tardy de Montravel, envoyé par la France en 1854 qui installe la capitale de la colonie. Nouméa s'appelle alors Port de France. Dès 1860, un pénitencier est installé sur la presqu'ile de Nou puis un bagne à Ducos. Ces prisonniers métropolitains contribuent au développement progressif de la ville avant les débuts de l'exploitation minière (or et nickel) en 1875. La révolution industrielle et le développement du nickel modifient durablement l'économie et les modes de vie à Nouméa. La seconde guerre mondiale voit arriver 40 000 soldats américains, Nouméa devient un quartier général des forces US dans le Pacifique. Cette présence développe la ville et la fait entrer dans l'ère moderne. Le boom du nickel en 1960 et 1970 se traduit par une poussée démographique.

 

Le mouvement indépendantiste kanak est apparu après le deuxième conflit mondial. Inspiré par l'indépendance de pays voisins (Fidji en 1970 et Papouasie Nouvelle Guinée en 1975) il se radicalise. Les évènements violents de 1984-1988 traduisent les affrontements entre loyalistes et indépendantistes dont le paroxysme se situe en avril 1988 avec le massacre de la grotte d'Ouvéa. Les accords de Matignon en 1988 signés par Michel Roccard, Jean Marie Tjibaou et Jacques Lafleur constituent un véritable traité de paix qui apporte un rééquilibrage politique et économique entre les ethnies et la division de la Nouvelle Calédonie en trois Provinces. Au cours des scrutins suivants les provinces du Nord et des Îles passent aux mains des indépendantistes alors que celle du Sud reste aux loyalistes.

 

Les accords de Matignon de 1988 sont suivis en 1998 par ceux de Nouméa sous l'égide de Lionel Jospin. Le référendum d'autodétermination est renvoyé au plus tôt en 2014 afin de favoriser une période de croissance économique. La Nouvelle Calédonie gagne en autonomie et devient un POM (Pays d'Outre Mer) avec des compétences élargies : institutions locales, gouvernement, congrès et transfert progressif des compétences de l’État français au gouvernement de la Nouvelle Calédonie. « Que se passera-t-il après 2014 ? » la question est dans toutes les têtes, un « destin commun » est il possible ?

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Nous profitons de notre séjour au ponton de la marina pour prendre les contacts avec les différents artisans qui vont devoir travailler sur Ramatoa. En effet, nous nous lançons ici dans des travaux d'amélioration ou de remise en état sur le voilier.

Au programme des travaux :

- Remplacement du bimini pliable par une structure fixe en alu et installation de trois panneaux solaires supplémentaires ce qui devrait porter la puissance totale à 525 W.... plus confortable.
- Nouvelles toiles de bimini, lazy bag et capote.... nous abandonnons la couleur verte pour passer au jaune.
- Installation d'un convertisseur sérieux 1600 W.

- Remplacement de la VHF fixe par une Icom couplée à un transpondeur AIS Icom. (L'accident survenu à nos amis Suisse de Riga II au large de l'Australie [collision avec un cargo qui a commis une erreur de barre] nous a fait réfléchir sur notre propre équipement et optons pour un transpondeur AIS classe B avec possibilité d'appel en DSC direct sur la cible).
- Plus une multitude de petits bricolos.... comme d'habitude !


En réalité, je pensais faire faire ces travaux en Australie à l'hivernage. Mais Riga II est très mécontent des travaux faits à Bundaberg, tarifs exorbitants et travail très mal fait. Donc quitte à payer cher... je voudrais que le travail soit bien fait.  Après avoir fait fonctionner le bouche à oreille des voileux de la place, nous pensons avoir trouvé les bonnes adresses et surtout les bonnes personnes (chaudronnier et soudeur alu, voilier pour les toiles du bimini et du lazy bag).
De plus bénéficiant de la position du bateau en IFT (Importation en Franchise Temporaire) vis à vis de Douanes j'ai tout intérêt à faire venir des matériels de France en HT (VHF fixe et AIS ICOM). Je fais de la même façon avec les fournitures achetées sur place en Nouvelle Calédonie (Panneaux solaires, régulateur, convertisseur...).


Nous mettons donc à profit cette longue escale à Nouméa pour faire ces travaux. Nous voudrions boucler cela avant la fin du mois d'août de façon à pouvoir profiter du lagon sud en septembre - octobre avant de partir pour Brisbane. La sortie du bateau est prévu à Scarborough au début du mois de Novembre et le retour en FR à la mi novembre.

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Je fais naturellement une partie des travaux par moi-même mais pour la chaudronnerie et la sellerie je fais appel à des artisans de la place.... mais cela prend du temps... l'établissement des devis aussi... nous sommes sous les tropiques... même si la météo au quotidien s'emploie à nous prouver le contraire. Nous attrapons tous les deux une bonne grippe comme bon nombre d'habitants de Nouméa. De plus le pays bat des records de froid (depuis 1932) pour un mois d'Août : la nuit la température peut descendre à 13-14 ° et ne pas dépasser les 17-18° au plus chaud de la journée. Les pulls et les polaires sont de retour.... les antibiotiques, les aérosols et l'actifed également.

 

La grippe, le froid et le temps très maussade ne nous empêchent pas de rejoindre la baie voisine de Numbo. Il s'agit d'une baie industrielle voisine de Nouméa où se trouvent des chantiers navals de tous types et en particulier l'atelier Nauticalu qui va nous confectionner notre nouveau bimini. Nous stationnons dans un chantier qui ressemble plus à une friche industrielle qu'à un chantier naval plaisance... c'est un peu la zone... on n'a pas vraiment envie d'y laisser Ramatoa sans surveillance. Nous y restons huit jours, le temps de démonter l'ancien bimini et de faire les nombreux essayages du nouveau fait sur mesure. Maintenant le bimini est parti à la sellerie pour confection de la toile en forme avant de revenir à l'atelier de chaudronnerie pour mise en peinture et une pose sur le voilier d'ici un petit mois.

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Le mardi 7 aout, nous revenons à Nouméa distant de six nautiques et prenons un corps-mort qui nous est prêté dans la baie de l'orphelinat. Nous retrouvons des têtes connues des bateaux copains déjà croisés : « Cocon'Co » de Marc et Corinne, « Cosa Nostra » de Mygdali et Andreas, « Soumabre » de Pascal et Caroline. Nous avons également vu « TiSoaz » de jean-Pierre et Françoise qui attend sur le terre-plein de Nouville le retour de son skipper.

 

Nous n'avons pas encore eu le temps de visiter Nouméa en profondeur, nous allons le faire entre deux sorties de quelques jours dans les baies et îlots voisins pour récupérer de nos grippes respectives.

Le nouvel album Nouvelle Calédonie contient nos premiers clichés de Lifou, de la baie de Prony et de Nouméa. Il va s'enrichir au fil de notre séjour et de nos balades.

 

Dominique & Benoît sur Ramatoa dans la baie de Saint Vincent – Nouvelle Calédonie.

Mis en ligne, le 21/08/2012 à Nouméa.

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17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 23:15

 

Cet article est rédigé confortablement au mouillage devant Port Vila la capitale du Vanuatu située sur l'île d'Efate. Cet archipel de 83 îles est plus connu sous son ancienne dénomination de Nouvelles Hébrides. Il est situé au NE de la Nouvelle Calédonie à environ 5-600 km, orienté N NW – S SE sur près de 500 milles nautiques. Efate est au centre de l'archipel à 330 milles de Nouméa et 550 milles de Lautoka aux îles Fidji. Toutes ces îles sont d'origine volcanique et les cinq volcans encore actifs appartiennent à la ceinture de feu du Pacifique, les deux plus connus sont sur les îles de Tanna et d'Ambrym.

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Le peuplement de ces îles est très ancien (2000 av JC) et venait de Papouasie Nouvelle Guinée. Les premiers européens à toucher ces terres furent les espagnols avec Pedro Fernandez de Quiros en 1606. James Cook cartographia ces îles en 1774 et baptisa l'archipel : Nouvelles Hébrides. La colonisation missionnaire protestante débuta à la seconde moitié du 19° siècle et amena sa cohorte de maladies européennes ; comme aux îles Marquises la population indigène faillit disparaître complètement. Ces missionnaires eurent aussi une influence très forte sur l'évolution des coutumes en interdisant le cannibalisme, proscrivant la boisson du Kava et de nombreuses autres pratiques traditionnelles. En 1906 les Nouvelles Hébrides sont placées sous administration d'un condominium Franco-Britannique donnant aux deux nations des pouvoirs sur le territoire. En 1942, les forces armées US établirent des bases militaires sur les îles d'Efate et de Espiritu Santo pour contrer l'avance rapide des japonnais dans le Pacifique. Avec 500 000 hommes c'était la deuxième base US après Hawaï. En juillet 1980, l’archipel accède à l'indépendance et se renomme Vanuatu (Terre éternelle). C'est aujourd'hui une république démocratique dans la sphère d'influence de l'Australie et de la Nouvelle Calédonie.

 

Le Vanuatu possède trois langues officielles, le français (40 %), l'anglais (60 %) et le bislama (mélange de mots français et anglais avec une orthographe tout à fait spécifique et folklorique car essentiellement phonétique !). En outre plus de 110 dialectes locaux à chaque île sont couramment parlés, parfois au sein d'une même île chaque village possède son propre dialecte, c'est le cas à Anatom.

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Mis à part Port Vila, capitale moderne et assez active, et Lungaville (à un moindre niveau) sur Espiritu Santo qui sont des villes assez développées, de nombreux villages et communautés sont très isolés sur les îles éloignées et seuls les voiliers de passage et des bateaux de croisière constituent un lien avec le monde extérieur. Ici encore plus qu'aux Fidji les populations éloignées du pouvoir central d'Efate sont laissées pour compte sur le plan du développement économique, sanitaire et de la santé. Seule l'éducation avec de très nombreuses écoles semble avoir atteint ces confettis sur l'océan. Le tourisme constitue la principale ressource économique du Vanuatu en particulier sur les deux îles principales d'Efate et Espiritu Santo. Les populations vivent de la pêche et des cultures vivrières sur des terres particulièrement fertiles, les marchés sont nombreux et très riches en produits variés.

 

Mais avant d'aborder les côtes du Vanuatu, nous avons quitté les Fidji en effectuant nos formalités de sortie à Lautoka le vendredi 25 mai au matin. Le soir nous prenions un mouillage à Nomi Bay en face de la passe de Navula qui permet de quitter le lagon. La météo est médiocre et nous annonce du vent fort pour le début de la traversée, mais c'est la seule fenêtre acceptable pour la semaine à venir.

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Le samedi dès l'aube nous quittons les Fidji et rencontrons un alizé de SE soutenu à 25 nœuds et une mer forte avec une houle de 3-4 mètres. Avec ces conditions musclées, nous sommes tous les deux atteints du mal de mer, il nous faudra 24 et 36 heures pour retrouver la forme. Ramatoa caracole comme un fou sur les vagues et nous parcourons 166 milles dans les premières 24 heures. Par la suite, les conditions vont s'améliorer et le vent nous abandonnera que sur les dernières 12 heures de la traversée. Un peu plus de trois jours plus tard, le mardi 29 mai matin l'île d'Anatom est haute sur l'horizon et nous mouillons à Anelghowhat (une des nombreuses orthographes possibles!) en fin de matinée sous un soleil radieux. Cette traversée rapide de 459 milles a été bouclée à une moyenne de 6 nœuds mais ne restera pas dans les annales des traversées les plus confortables.

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Les formalités d'entrée au Vanuatu s'effectuent au poste de Police du petit village, c'est super cool et le fonctionnaire (qui assure à lui seul Santé, Quarantaine et Douanes) est d'une gentillesse extrême. Seul manque le visa de l'officier d'immigration sur nos passeports, mais cela ne pose pas de difficultés. En fait il arrivera quelques jours plus tard lors du passage d'un paquebot de croisière et nous aurons alors nos visas.

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Le mouillage d'Anelghowhat est très bien protégé sauf si le vent et la houle viennent de l'ouest. La météo est bien instable depuis notre arrivée car nous subissons un temps très froid, gris et pluvieux. Mais cela ne nous empêche pas de découvrir le village et sa population extraordinairement accueillante, réservée mais très chaleureuse et authentique. On est loin de l'exubérance un peu envahissante et commerciale des Fidji et de Port Denarau en particulier.

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Lors d'une de nos promenades à terre, nous rencontrons le boulanger du village, il nous fait découvrir une source d'eau potable dans les rochers juste au bord de la mer. Il nous emmène chez lui et nous offre à de multiples reprises du pain et de superbes pamplemousses. Nous lui offrons en échange du kava, des vêtements et des fournitures scolaires pour ses enfants. Son père construit de petits bateaux en contreplaqué.

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Nous assistons à l'arrivée de deux paquebots de croisière chargés d'australiens. Ils débarquent en flot serré, malgré le temps gris et incertain, sur Mistery island, une petite île face au village qui abrite également le terrain d'aviation. Toute la population d'Anelghowhat se mobilise pour cette occasion et les stands nombreux constituent un folklorique marché artisanal.

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Anelghowaht est le plus important des trois villages d'Anatom, il est relié deux fois par semaine à Port Vila par un petit avion. Une barge ou un caboteur très fatigué assure des rotations pour les marchandises une à deux fois par mois. Malgré cet isolement, une petit guichet bancaire ouvert deux jours dans la semaine nous a permis d'échanger des Euros, et des Dollars US.

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Les jours s'écoulent paisiblement, les rares moments de beaux temps sont mis à profit pour faire du snorkeling en bordure du récif. Une belle tortue a ses habitudes et broute sur les herbiers à proximité du bateau. Nous sommes au mouillage en compagnie d'un autre Ovni 435 « Toucan » d'un couple irlandais et du Maramu «Cosa Nostra» d'un couple germano-vénézuelien avec qui nous sympathisons. Nos promenades à terre nous font connaître d'une grande partie des villageois. Après 5-6 jours à Anatom nous souhaitons traverser vers l'île de Tanna, 50 milles plus au N NW, le mouillage de Port Resolution est le seul praticable mais il devient intenable si le vent dépasse 10-15 nœuds et remonte au delà de l'est vers le NE ou le N... et c'est justement ce que nous annonce la météo.

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Nous devons donc attendre à Anatom que les alizés se rétablissent au SE. Une très forte houle de près de 4 mètres est annoncée et les vents tournent au NE puis au N et même à l'ouest rendant notre mouillage inconfortable avec la houle qui secoue Ramatoa. Il nous faut être patient et nous restons coincé à Anelghowhat jusqu'au vendredi 8 juin où une étroite fenêtre météo nous permet d'envisager

le départ vers Tanna, un séjour minimum à Port Resolution pour aller voir le volcan et quitter rapidement le mouillage avant le retour des vents au NE interdisant un séjour plus long sur Tanna.

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En compagnie de « Toucan » l'irlandais et d'un autre voilier Néo-Zélandais nous quittons Anatom pour rejoindre en fin d'après-midi Port Resolution à Tanna ; courte traversée avec du vent (20-25 nœuds) et une houle assez forte mais qui diminue au fil de la route. Le mouillage de Tanna est calme nous y sommes les seuls. Très vite l'excursion au volcan est organisée avec les guides locaux pour le lendemain soir.

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Samedi 9 juin matin nous débarquons à terre et découvrons avec amusement le mini yacht-club installé sur la falaise au dessus du mouillage, les installations sont sommaires mais sont pleines de charme. De nombreux voiliers nous y ont précédés, dans le livre d'or nous nous amusons à en retrouver la trace.

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Au village proche de Port Resolution nous sommes fort bien accueillis et trouvons fruits et légumes. Plusieurs personnes parlent le français et sont très heureuses de s'adresser à nous dans notre langue maternelle. Ici la vie est simple et rustique mais les gens y semblent heureux et vivent en harmonie avec la nature. Le mouillage est bordé par une côte rocheuse volcanique parsemée de sources d'eau chaude et de fumerolles, c'est assez spectaculaire car toutes proches des voiliers à l'ancre.

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Le samedi à 16 heures nous débarquons au yacht-club avec sac à dos, chaussures de marche et vêtements chauds. Nous embarquons dans un pickup 4x4 Toyota qui nous conduit sur des pistes sommaires en 45 minutes de tapecul environ au pied du volcan : le mont Yassur. C'est un parc naturel, nous y arrivons avant la tombée de la nuit. La piste serpente dans les champs de lave et nous amène au pied du cône du cratère. La terre est chaude, des fumerolles sortent du sol un peu partout, on entend le grondement des explosions qui se succèdent sans cesse. Un escalier et un sentier escarpé nous permettent d'accéder à un belvédère naturel qui surplombe le cratère. Le spectacle est extraordinaire et impressionnant de violence, nous le voyons de jour puis de nuit. Le lac de lave est sous nos pieds en contrebas mais on ne le voit pas, les explosions sont suivies de projections de laves et roches en fusion qui retombent sur les flancs intérieurs du cône du cratère. Des nuages de fumées sulfureuses nous enveloppe assez régulièrement. Si les éruptions étaient plus fortes les retombées pourraient se faire sur les pentes extérieures du cratère... et sur le belvédère où nous nous trouvons ! Sur la route du retour notre guide local nous explique que des accidents arrivent de temps en temps (chutes accidentelles) mais aussi blessures et morts par les retombées des projections ; un petit avion de tourisme survolant le cratère a même été touché par des projections et s'est écrasé un peu plus loin dans la jungle. Après plus d'une heure et demie sur notre belvédère en plein vent à 350 mètres d'altitude, nous sommes frigorifiés et retournons au 4x4 et retour au mouillage de Port Resolution.

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D'un commun accord avec Conor & Marion de « Toucan », nous décidons de quitter Tanna dès le dimanche matin car la météo nous annonce un retour des vents assez forts au NE puis au N rendant notre abri impraticable et dangereux. Il y a 135 milles pour rejoindre Port Vila en laissant l'île d'Eromango sur notre tribord. Départ en début de matinée, le vent est E SE très soutenu à 25-27 nœuds et la mer forte. Ramatoa avance bien, voire même trop vite car nous souhaitons arriver de jour lundi matin à Port Vila et non pas dans la nuit de dimanche à lundi. C'est donc sous grand voile seule à 1 ris puis à 2 ris que nous progressons à plus de 6 nœuds. A la tombée de la nuit nous sommes par le travers de l'île d'Eromango, le vent faiblit et refuse, nous sommes déventés par le relief de l'île mais il revient en force dès que nous attaquons le passage large de 80 milles entre Eromango et Efate. Le vent E NE s'établit à 30-35 nœuds et les rafales à 40, je pensais qu'il s 'agissait d'un grain passager... mais non cela a duré la majeure partie de la nuit, la mer est forte et la houle de près de 4 mètres. Ramatoa est bousculé dans tous les sens, ce n'est pas très confortable, à deux heures du matin une vague « scélérate » plus forte que les autres couche le bateau, à l'intérieur c'est un bruit indescriptible mais il n'y a pas de mal. Toute la nuit nous verrons les feux de « Toucan » qui suit la même route que nous. Au petit jour, l'Ovni irlandais est juste devant nous et nous arrivons vers huit heures dans la rade de Port Vila. Nous pénétrons dans le lagon protecteur derrière l'île de Iririki face au front de mer de Port Vila, nous prenons un coffre au milieu d'une trentaine de voiliers au mouillage. Matinée calme et récupération au bateau après cette nuit fort agitée. Depuis notre départ des Fidji, nous rêvons d'une traversée confortable par vent de travers modéré, 15-17 nœuds par exemple !

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Port Vila ressemble un peu à Neiafu aux îles Tonga, mais en un peu plus grand et plus développé. La capitale du Vanuatu est une petite ville de 20 ou 25 000 habitants installée sur les hauteurs bordant une vaste baie partiellement fermée par l'île d'Iririki et cela constitue un abri de qualité à tous les vents alors que le reste de la baie est exposée aux coups de chien et à la houle d'ouest. La ville est agréable avec de nombreux restaurants en front de mer, un superbe marché aux fruits et aux légumes, mais bizarrement sans marché de poissons. Une seule chaîne de quatre supermarchés « Au bon marché » dont celui de la zone portuaire est vaste, moderne et parfaitement approvisionné de produits variés dont certain venant de France ou de Nouvelle Calédonie. Le choix et la qualité sont meilleurs qu'à Lautoka aux Fidji. En centre ville une fort belle pâtisserie « Au péché mignon » fait café, salon de thé et de dégustation... bref le luxe quoi !

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Les mouillages sont loués par Yachting World Marina qui propose les services courants. L'accueil y est fort agréable, d'autant plus qu'un plus grand nombre de personnes parlent le français. Je trouve même à faire réparer mon imprimante qui a refusé tous services cette année... mais elle est irréparable (pignon cassé), j'ai donc pu acquérir une petite multifonction 3 en 1 HP qui a trouvé sa place à bord.

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Nous nous promenons en ville, tourisme, shopping et lèche vitrine sans oublier de s’arrêter « Au péché mignon » ! Avec « Toucan » nous louons une voiture et effectuons le tour de l'île d'Efate. Une seule route de fort bonne qualité fait le tour de l'île, les 140 km sont aisément parcourus dans la journée et nous effectuons de multiples arrêts pour des photos et visiter un village culturel (danses, marche sur le feu etc...) sympathique mais de qualité bien médiocre par rapport au spectacle offert à l'île Robinson Crusoé aux Fidji. Efate est partiellement recouverte de jungle, mais on y voit également de vastes plantations de cocotiers et de très grandes prairies d'élevage. De nombreux cours d'eau et torrents descendent des montagnes intérieures de l'île vers la côte. Quelques villages le long de la route circulaire mais pas d'autres villes ou bourgades en dehors de Port Vila.

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La météo a continué à être fort capricieuse car dès le lendemain de notre arrivée le vent a tourné à l'ouest et a soufflé en tempête avec une forte houle pendant trois jours transformant la partie de la baie non abritée en un véritable chaudron totalement intenable pour les voiliers qui ne s'étaient pas mis à l'abri derrière les îles. Une dépression fort creuse au large de Sydney et remontant vers la Nouvelle Calédonie nous a valu ce coup de chien inattendu.

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Nous comptons profiter entièrement du mois de séjour offert par nos visas, mais nous ne visiterons pas les îles situées plus au nord d'Efate car nous ne souhaitons pas devoir batailler au près serré pour rejoindre plus tard les îles Loyautés en arrivant en Nouvelle Calédonie. Nous allons profiter du retour du beau temps ensoleillé mais frais le soir et la nuit dans un ou deux mouillages au nord de l'île d'Efate à Port Havannah que les américains avait transformé en base navale pendant la seconde guerre mondiale. Mais les projets sont faits pour être modifiés ! Notre arrivée à Nouméa en Nouvelle Calédonie est toujours prévu pour la mi-juillet.

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Ne manquez pas de jeter un œil aux 35 photos du nouvel album Vanuatu.

 

Dominique & Benoît sur Ramatoa à Port Vila – Vanuatu.

Mis en ligne, le 18/06/2012 au Vanuatu.

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 06:16

 

Il y a un peu plus de deux mois maintenant, nous embarquions à Roissy CDG pour un long voyage retour pour l'autre bout du monde. Difficile de faire plus loin... 22 heures de vol et 30 heures de voyage dont une escale reposante de quatre heures à Séoul. Le 2 mars au matin, nous retrouvons les Fidji et regagnons Vuda point marina où Ramatoa nous attend posé à même le sol sur le terre plein de la marina après un hivernage forcé de plus de sept mois.

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Les Fidjiens sont contents de retrouver le soleil après une saison cyclonique fort humide (en janvier, plusieurs semaines de pluies torrentielles sans discontinuer). La végétation est naturellement très verte, la chaleur moite et le vent totalement absent. Installés dans la chambre des "yachties" de l’hôtel voisin du chantier, notre petite chambre bien fraîche et ventilée est à 25 mètres du bateau... fort commode pour débuter les travaux de remise en état sans stress excessif. Nous y séjournons une semaine complète.


Ramatoa a bien résisté au déluge d'eau et l'aération fréquente du voilier par notre petit "Papy Bahros" a évité le développement de moisissures. Le bateau est propre. Seul dégât important constaté.... le capot de descente a du être fermé avec beaucoup de retard un jour d'orage et la caisse à outils rangée sous la descente a été inondée, l'outillage baignait dans 3-4 cm d'eau huileuse car j'avais bien aspergé ma boite avec du WD 40... grand nettoyage et WD 40... pas de perte importante à déplorer. L'étanchéité des deux hublots latéraux du roof sera aussi à revoir car il y des traces d'humidité sans gravité. Autre surprise... la bôme est remplie de brindilles, de papiers, de feuilles sur une longueur de plus de 3 mètres... actifs les piafs dans le pays !

 

Il fait chaud et humide 31 -32° dehors et 37-38° dans le bateau chauffé à blanc en plein soleil. Les rafales de vent erratiques ne dépassent pas 2-3 nœuds et presque tous les jours nous avons droit à un bonne averse voire un orage.... que du bonheur quoi !


Nous attaquons la "To do list du réarmement".... que du classique en somme... mais quel plaisir le soir sur l'ordinateur de rayer les taches effectuées.... même si la liste ne diminue pas bien vite et que parfois même je me surprends à rajouter un nouvel item à la liste ! Dominique range, trie nettoie, les équipets, le linge et tout notre bric à brac. Nous faisons nos premiers approvisionnements à Lautoka, 2° ville du pays distante de 15 kms.  Parallèlement à ces travaux domestiques et de maintenance, je relance les fournisseurs qui travaillent à un rythme fort différent du notre.... secouer le voilier qui a toutes nos voiles en révision, relancer le chantier pour la commande d'un panneau Lewmar que je dois remplacer, rechercher désespérément un réparateur d'annexe pour effectuer quelques menues réparations, commander en Australie de l'antifouling pour coque aluminium, déposer la demande d'un cruising permit pour notre prochaine balade dans les « Mamanuca & Yasawa groups ».... etc...

Mais finalement tout finit par se faire et je suis très satisfait des travaux effectués par le chantier local « Baobab Marine », la console en inox pour l'iPad sur l'arceau de barre est très réussie (cf. page technique iPad pour plus de détails), les réparations de l'annexe sont efficaces car maintenant elle n'a plus besoin d'être remise en pression tous les 2-3 jours.

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Le 26 mars, Ramatoa regagne l'eau et stationne à la marina de Vuda Point où une petite douzaine de voiliers sont occupés en majorité par des américains. Un ballet de quatre dépressions tropicales s'annonce et nous amène de nouveau un déluge d'eau. La dernière se nommera « Daphné » car elle se creusera en tempête tropicale dans le sud des eaux Fidjiennes. A la marina, les bateaux renforcent les amarrages et se protègent le mieux possible du déluge d'eau. Le vent ne dépassera pas les 40-45 nœuds. A chaque brève accalmie, tout le monde sort de son terrier où il s'abritait... c'est assez amusant !

Mais à terre c'est tout autre chose, les inondations se révèlent encore plus importantes qu'au mois de janvier dernier. En particulier la ville de Nadi, à proximité immédiate de Port Denarau est totalement sinistrée, les dégâts sont importants et il y a des victimes.

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Après la tempête, un temps meilleur s'installe de nouveau sur l'ouest des Fidji et nous rejoignons le 4 avril Port Denaurau pour y récupérer la garde robe de Ramatoa. Le voilier a bien travaillé sur nos voiles et différentes toiles, au retour des îles du « Yassawa group », nous lui laisserons l'annexe pour la confection d'une housse. Par contre il s'avère impossible d'effectuer des courses et des approvisionnements dans la ville inondée de Nadi. Nous retournerons donc à Vuda marina pour effectuer tout notre avitaillement à Lautoka. Nous n'oublions pas nos paquets de « Kava » à offrir lors des prochains « Sevusevu ».

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Le mois d'avril est maintenant bien entamé, la saison cyclonique touche à sa fin et nous préparons activement notre dernière croisière dans les eaux Fidjiennes dans les îles du « Mamanuca et Yassawa group ». Cet archipel de près de cinquante îles forme un vaste arc de cercle long d'une cinquantaine de milles à une distance de 20-30 nautiques de la côte de Viti Levu. Ce galop d'essai permettra de vérifier que tout fonctionne bien à bord et que nous n'avons rien oublié.

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Le samedi 14 avril nous quittons Vuda marina avec un vent et une visibilité nuls sous une pluie battante qui nous accompagnera jusqu'à Musket cove sur l'île de Malolo Lailai. La route est courte : 15 milles, mais le temps bien breton, seule la température n'est pas bretonne ! Ce mouillage organisé avec des coffres est réputé ici car tout proche des marinas et il abrite une mini marina. Saturé en saison... nous ne sommes que trois bateaux au mouillage et la marina est vide. Le Musket cove yacht club est également connu pour la régate annuelle qu'il organise jusqu'à Port Villa au Vanuatu distant de 450 milles. Cette semaine de régates et de fêtes est un must local ! La baie est bordée par deux hôtels mais les plages à marée basse découvrent sur un platier corallien. Nous y passons quatre nuits et sommes bien contents d'avoir enfin fui le chantier et les marinas. Le temps est lourd et assez instable, le vent quasi nul sauf sous les orages et les grains assez fréquents.

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Le mercredi suivant, nous rejoignons, cinq milles plus loin, un mouillage sous le vent de Malolo l'île voisine. Je le croyais isolé et calme et en fait nous mouillons devant le plus récent et le plus prestigieux des resorts des Mamanuca. L'établissement est superbe dans son environnement, mais le débarquement y est interdit. Les clients se font déposer en hélicoptère ou en hydravion (15 à 30 mn de vol) depuis l'aéroport international de Nadi. Nous aurons droit aux deux pendant notre sieste... coté calme et isolement c'est un peu loupé ! Mais le WiFi y est performant et gratuit.

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Le lendemain nous choisissons de rejoindre l'île de Mana éloignée de six milles. Son accès paraît compliqué car un lagon fermé ceinture la partie sud de l'île qui abrite un hôtel de luxe et plusieurs « backpackers ». De plus la météo annonce un avis de vent fort et de houle forcissant.

En réalité, la carte Navionics indique bien une passe très étroite et en S dans le corail à l'extrémité est du lagon. Avec le WiFi du mouillage précédent j'ai effectué une capture Google Earth que j'ai géoréférencée sur la cartographie Navionics dans l'atelier cartographique de Scannav. Les deux photos ci-dessous démontrent bien l'utilité de cet outil cartographique car d'un coté la trace de Ramatoa nous fait couper dans le corail alors que sur la photo satellite nous sommes bien au centre de l'étroit chenal. Quelques jours plus tard nous aurons la même surprise de couper en deux un îlot au milieu des récifs coralliens. Les photos satellites Google Earth ainsi installées sont très précises et se révèlent être un formidable complément aux cartes succinctes ou inexactes de la région.

Sur Mana nous restons scotchés cinq jours pour cause de vent fort, le lagon est agité mais le mouillage est excellent sur fond de sable. Je répare l'éolienne qui décide de nous lâcher très bruyamment par 25 nœuds de vent, heureusement j’avais les pièces de rechange et tout est rentré dans l'ordre après une matinée de travail. Par ailleurs nous avons tout le loisir d'observer la coexistence entre la clientèle aisée de l'hôtel de luxe et les jeunes « fauteurs de troubles » qui déposent leurs sac à dos dans les trois « backpackers » du village voisin de l'hôtel. Un grillage avec portillon, une caméra et un gardien (sans arme) filtrent les passages entre l'est et l'ouest de l'île. Bref c'est le mur de Berlin sous les Tropiques !... spectacle insolite et attristant.

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Cinq jours bloqués à Mana, la météo n'annonce pas d'amélioration très sensible mais le temps nous paraît tout à fait maniable. Nous décidons de partir pour rejoindre à 15 nautiques un dernier mouillage sauvage et isolé sur l'île de Nevadra , la dernière du « Mananuca group ». Dans la passe dès 8 heures, le vent est nul, et l'horizon chargé de grains orageux. Nous slalomons au moteur entre les îlots et les hauts fonds coralliens. Progressivement l'orage se rapproche, le vent monte à 25-30 nœuds, la pluie diluvienne crépite à la surface de la mer, la visibilité tombe totalement (100 ou 200 mètres au maximum). Dans ces conditions inconfortables il faut bien faire confiance à sa cartographie et à ses captures Google earth ! Nous abandonnons rapidement l'idée de rejoindre notre mouillage de Robinson pour essayer de s'abriter sur l'île de Waya, la toute première du « Yassawa group ». Peu après midi nous mouillons sous la pointe Nabora dans Yalobi bay. Nous y sommes à l'abri du vent qui est maintenant moins fort, mais par contre une houle de SW pénètre dans ce mouillage et le rend absolument intenable, nous roulons bord sur bord en permanence, à l'intérieur tout s’entrechoque dans un vacarme pas possible. 55 minutes de réflexion et un casse croute plus tard, nous relevons l'ancre pour contourner par l'est l'île de Waya et rejoindre le mouillage de Rugu-Rugu bay dans la grande baie de Malauwaki au nord de Waya. A 15H30 nous mouillons dans une baie parfaitement calme, protégée du vent et de la houle, devant une cascade d'eau douce terminant son parcours dans la mer... le beau temps est même revenu. Partis pour 15 milles nous en avons finalement parcourus 38.

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Le site est grandiose car l'île de Waya est très escarpée (c'est la plus haute des Yassawa) et nous rappelle certains paysages des îles Marquises en Polynésie française. Nous sommes mouillés devant la cascade à deux pas du petit village de Malauwaki qui ne respire pas l'opulence. La plage n'est pas très accueillante et nous ne débarquons pas. Dès la nuit tombée les foyers au feu de bois des cuisines et quelques lumières faiblardes éclairent les cases du village. Nous apprécions ce calme et nous y passons deux nuits d'autant plus que le beau temps revient. Baignades et promenades en annexe sont au programme.

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Le jeudi 26 avril, nous parcourons 5 milles (toujours au moteur car le vent dépasse rarement les 5-6 nœuds) et basculons sur la côte ouest de Waya et mouillons devant « Octopus resort » petite structure hôtelière très accueillante pour les voiliers. Nous sommes d'ailleurs le premier voilier de la saison à remonter au nord dans les Yassawa. La baie est ouverte mais la houle ne rentre pas, les fonds sont superbes et les herbiers habités par une belle et grande tortue Luth. Nous débarquons et profitons du bar et du restaurant de l'hôtel . Deux fois par jour nous assistons au passage du « Yellow boat » qui dépose et reprend les clients de tous ces hôtels isolés sur les îles des Yassawa. Le bateau de passagers qui vient de Port Denarau met en panne dans la baie devant la plage et des barques assurent le transbordement des clients avec armes et bagages... c'est plus sportif et spectaculaire que la dépose en hélicoptère ou en hydravion.... c'est aussi probablement plus économique ! Nous le rencontrerons à plusieurs reprises lors de notre avancée dans le groupe d'îles.

 

Le samedi 28 avril, nous poursuivons notre avancée dans les Yassawa et abordons l'île de Naviti pour rejoindre le mouillage de Somosomo tout au nord. La route sous le vent de Naviti nous fait passer dans de splendides passages étroits entre les îles et îlots. La navigation n'est pas très difficile car le vent est très faible, la mer plate et les courants de marée peu sensibles car nous sommes en mortes eaux. Cependant avec une cartographie sommaire il faut rester vigilant et bien suivre sa progression car le balisage est totalement inexistant et les hauts fonds coralliens sont très nombreux et ils ne se manifestent pas toujours par des brisants car la houle est trop faible. Pour nous aider j'avais les traces de bateaux qui sont passés dans ces mêmes eaux par le passé. Nous mouillons dans la superbe et vaste baie de Somosomo. Le village est sur la plage juste devant nous.

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Le dimanche matin nous débarquons à terre et allons sacrifier au rituel du Sevusevu. Il s'agit de la cérémonie rituelle d'accueil dans un village. Les Yassawa restent très à l'écart du modernisme de la grande île Viti Levu, nous sommes ici à des années lumières de la capitale Suva, de Lautoka et de Nadi. Les traditions restent très vivaces et le Sevusevu continue à jouer un rôle important dans la culture traditionnelle Fidjienne. Les visiteurs que nous sommes demandent à voir le chef de village afin de lui offrir un bouquet de racines de Kava. Assis sur la natte il accepte notre paquet et prononce les phrases rituelles. Le kava est bu en décoction dans toutes les importantes cérémonies (il est légèrement euphorisant). Une fois cette démarche effectuée nous sommes autorisés à visiter le village et à rencontrer ses habitants. En réalité un villageois, le « spokeman »,est désigné comme intermédiaire entre nous et le chef mais aussi entre les habitants et le chef. A Somosomo, c'est une « spokewoman » qui nous accueille et nous offre du thé et des beignets à la farine de manioc. Nous reviendrons le lendemain matin pour acheter des papayes et assister au départ des enfants du village vers l'école située dans le village de Gounou dans la baie d'à coté.... l'embarquement est haut en couleurs et la barque file le plat bord au ras de l'eau. Nous avons bien apprécié notre premier contact avec la population des Yassawa.

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Après deux nuits devant le village nous quittons Naviti pour rejoindre le mouillage de Blue Lagoon qui passe pour être un des plus beaux de l'archipel. Courte et belle navigation de 15 milles au moteur et nous nous glissons entre les quatre îles qui délimitent le fameux Blue Lagoon. Les eaux sont claires, le site est fort beau, les plages et les coraux affleurent un peu partout. Là encore les hôtels ont squatté les plus beaux emplacements, pas moins d'une dizaine d'établissements ceinture ce lagon. Nous mouillons devant un petit resort sur l'île de Nanuya Lailai qui accepte que nous débarquions. Nous sommes seuls sur le plan d'eau, en saison il peut y avoir jusqu’à 15-20 bateaux au mouillage. L'île voisine Turtle island est la propriété privée d'un milliardaire américain qui a aménagé un lodge hors normes avec une dizaine de suites, au prix astronomique de 4000 dollars fidjiens (# 2000 €) la nuit ; tout est inclus (repas, boissons et activités) le séjour est au minimum d'une semaine, les enfants interdits sauf pendant les vacances de Noël. Le site de Blue Lagoon est beau sans être exceptionnel... on devient difficile après avoir séjourné en Polynésie française ! Nous y restons quand même deux nuits.

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Le mercredi 2 mai nous levons l'ancre pour rejoindre le site de Sawa-i-lau sur la côte sud de l'île Yassawa. Courte navigation de 12 milles et nous découvrons un très beau site. L'île de Sawa-i-lau nous rappelle les massifs calcaires des Tonga soulevés par effet tectonique (avec grottes et caves sous-marines) et l'étroit passage qui la sépare de l'île Yassawa possède la même palette de couleurs que les étroits chenaux du platier aux Tuamotu. C'est le site que nous préférons de tout notre périple dans ce groupe d'îles. Nous y effectuons des balades en annexe et du snorkeling.

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Nous débarquons dans le petit village de Nabukeru. Le chef est absent c'est Jo le « spokeman » qui le remplace et nous accueille à bras ouverts après avoir accepté le Sevusevu et son kava. Nous visitons le village et son école. Nous buvons une fort bonne infusion de feuilles de citronniers et goûtons les très bons pancakes de sa femme Alexi. L'accueil est bien plus chaleureux qu'à Somosomo. Nous leur donnons un peu de gasoil pour le générateur du village et Jo nous vend un excellent régime de petites bananes. Le matin un pécheur vient nous vendre langoustes et crabes, nous acceptons les langoustes et lui laissons les crabes. Toujours tout seul nous resterions bien là un peu plus longtemps que deux nuits tant le contact avec ces gens simples et chaleureux se révèle exceptionnel. La dernière nuit le vent monte à 20-25 nœuds sous effet venturi de l'île de Sawa-i-lau, mais le fond est de très bonne tenue par 18-20 mètres de profondeur.

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Nous n'irons pas plus avant dans les Yassawa, la dernière île nommée Yassawa donne son nom au groupe d'îles et s'étire sur près de 20 kilomètres. Nous amorçons notre descente vers le sud que nous ferons en trois étapes. La première nous conduit à Somosomo sur l'île de Naviti et nous bénéficions d'une belle brise qui nous permet de faire presque toute la route à la voile ; nous y sommes accueillis par des pêcheurs qui nous vendent trois belles langoustes. Le lendemain la seconde étape nous amène à « Octopus resort » sur l'île de Waya où nous resterons deux jours malgré une petite houle qui rend le mouillage un peu rouleur... mais le restaurant est trop tentant ! Pour la dernière étape nous contournerons Waya par l'ouest entre le récif et la côte et retraversons en direction de Port Denarau que nous atteignons le lundi 7 mai dans l'après-midi. Nous y laissons notre annexe au voilier pour qu'il réalise une belle housse de protection, elle devrait être prête le 17 ou le 18 mai. Mercredi nous quittons Port Denarau pour rejoindre notre base arrière à Vuda marina.

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Nous préparons désormais notre départ vers le Vanuatu (ex archipel des Nouvelles Hébrides), approvisionnement, complément des pleins en gasoil, en gaz et en mélange pour le hors-bord. Les formalités de sortie s'effectueront à Lautoka et nous devrions atteindre Anatom notre première escale au Vanuatu vers le 1° juin. La traversée sera de 450 milles soit 3-4 jours de mer.

 

Notre croisière dans les « Mamanuca et Yassawa groups » nous a permis d'attendre agréablement la fin de la saison des cyclones. Si le premier groupe d'îles est un peu envahi et dénaturé par tous les hôtels les Yassawa nous ont conquis par leurs paysages grandioses et la chaleur de l'accueil de cette population qui vit encore très modestement et proche de la nature alors qu'à vol d'oiseau l'opulence et la richesse relatives de Viti Levu s'étalent. Les Yassawa comme d'autre groupes d'îles éloignées et isolées sont des laisser pour compte du développement économique, sanitaire et social. Par contre la culture traditionnelle Fidjienne y demeure bien plus vivace.

 

N'oubliez pas d'aller voir les 46 nouvelles photos ajoutées dans l'album des Fidji.

 

Notre prochain bassin de croisière : les îles du Vanuatu, ne permettra probablement pas de mettre un article en ligne ; l'ADSL n'atteignant pas ces contrées éloignées mais vous recevrez une newsletter lors de notre escale à PortVilla, la capitale. Le prochain article sera mis en ligne à Nouméa en Nouvelle Calédonie.

 

Benoît & Dominique sur Ramatoa à Vuda marina.

Mis en ligne le 12/05/2012 aux Fidji.

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13 juillet 2011 3 13 /07 /juillet /2011 15:17

 

Le vendredi 3 juin, nous effectuons notre sortie des Tonga à Neiafu au « Vava'u group ». La météo n'est pas optimale pour la traversée de 450 milles qui nous attend, le temps est frais, le vent fort et la pluie incessante. Avec nos amis de « Riga 2 » et de « Ti Soaz » nous décidons de différer notre départ et de nous abriter à Port Maurelle en attendant l 'amélioration annoncée par Mister Grib !

Par ailleurs nous recevons de mauvaises nouvelles familiales de France où mon père vient d'être hospitalisé à un age avancé. Nous sommes inquiets et craignons de devoir modifier nos projets de navigation. Enfin, pour l'heure nous cherchons une fenêtre météo favorable pour mettre les voiles vers les Fidji. En liaison avec nos amis nous décidons de partir le lundi 6 juin, la météo devant très rapidement s'améliorer avant que le vent nous lâche de nouveau sur la fin de parcours.

 

Dès l'aube pâle, nous quittons notre abri, le vent d'est reste soutenu à 20-25 nœuds, le ciel bas et gris et les grains de pluie fréquents. Sortis de la baie avec 1 ris dans la grand-voile, le vent monte rapidement et nous contraint à prendre un second puis un 3° ris. Le vent grimpe à 35-40 nœuds et plus sous rafales, Ramatoa file au grand largue à 9-10 nœuds sous GV seule à 3 ris. Le ciel et la mer sont uniformément gris, nous sommes à l'abri de la houle pendant les premières heures, mais la mer devient forte assez rapidement. Vers midi le ciel s'éclaircit, le vent retombe à 20-25 nœuds et progressivement nous renvoyons de la toile au cours de l'après-midi.

Sur « Riga 2 » et « Ti Soaz », c'est aussi la bagarre sous ce très violent grain qui nous a cueilli à froid dès le départ. Les avaries sont diverses, « Ti Soaz » perd une latte de sa grand voile lors d'une prise de ris, de plus son moteur in board ne fonctionne plus depuis son arrivée à Port Maurelle, un problème d'injecteur, de pompe à injection ou de segment est suspecté. Sur « Riga 2 » la bande anti UV de la trinquette part en lambeaux et une écoute de foc arrache et plie un chandelier sous les claques du vent. Sur Ramatoa nous nous en sortons sans dégât mais nous avons failli perdre le bimini dont les sangles cuites par les UV ont lâché simultanément, Dominique et moi l'avons récupéré in extremis et ferlé sur l'arceau arrière.

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Quel départ en fanfare ! Mais très vite le vent retombe à 10-15 nœuds dès le premier soir. Avec un vent portant en dessous de 10-12 nœuds, la moyenne tombe vite et Ramatoa se traine à quatre petits nœuds. Le spi est de sortie à plusieurs reprises mais la houle assez forte le dégonfle sans cesse. Les deux premiers jours nous parcourons entre 120 et 125 milles puis sur la seconde moitié du parcours le vent tombe en dessous de 8-10 nœuds, la risée Volvo s'installe durablement sur cette fin de traversée. Le 8 juin au matin, nous franchissons le méridien 180°, dorénavant les longitudes sont Est et diminuent, nous rentrons en Europe !

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« Ti Soaz » privé de moteur est vite distancé à l'approche des premières îles et îlots du « Lau group » des Fidji. « Riga 2 » a choisi une route différente et emprunte un passage plus au nord. Heureusement la cartographie est précise dans ces parages car tous ces passages dans le « Lau group » sont très peu balisés et les feux de nuit inexistants. Les 150 derniers milles s'effectuent en alternant voiles et moteur et nous retrouvons nos amis suisses de « Riga 2 » à quelques milles de Suva où nous mouillons ensemble de nuit le jeudi 9 juin vers 23 heures. Nous sommes au mouillage de quarantaine à quelques encablures du Royal Suva Yacht Club.

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Au lever du jour nous découvrons la vaste rade et le port de Suva... Des flottilles de chalutiers coréens et chinois par dizaines, des cargos et tankers en attente de déchargement, un bruit et un trafic incessants, une saleté et une pollution repoussantes.

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Le vendredi matin, « Ti Soaz » appelle à la VHF. Il est devant la passe, encalminé sans vent et sans moteur il n'est pas manœuvrant, il y a un peu de trafic dans la passe et le voilier dérive lentement vers le récif frangeant qui borde la passe d'accès à Suva. La tension à bord est palpable. Nous relevons rapidement notre mouillage et faisons route à plus de sept nœuds vers la passe pour le prendre en remorque. La prise de remorque s'effectue sans difficultés et lentement nous rentrons « Ti Soaz » qui mouille en zone de quarantaine à nos cotés. Les officiels arrivent et nous passons l'inspection de la santé, de la quarantaine, de l'immigration et des douanes... tout se passe bien et dans la bonne humeur... mais que de papiers et de formulaires à remplir ! Nous sommes autorisés à débarquer et nous mouillons à proximité du Yacht Club. En fin d'après-midi, les annexes de "Riga 2" et de "Ramatoa" poussent et tirent "Ti Soaz" pour le mettre à quai dans la petite marina du RSYC, tout se passe bien, Jean-Pierre se mettra à la recherche d'un mécanicien dès mardi matin car le lundi 13 juin est un jour férié, non pour cause de Pentecôte, mais pour cause d'anniversaire de la Reine d'Angleterre... c'est comme ça dans les pays du Commonwealth !

 

Les Fidji sont un archipel de plus de 300 îles composé d'atolls coralliens mais aussi de très larges îles volcaniques. Seule une centaine d'entre elles sont habitées, les autres servent de bases de pêche ou abritent des plantations de cocotiers. Viti Levu et Vanua Levu sont les deux plus grandes et sont approximativement de la taille de la Corse. Elles sont, comme aux Tonga regroupées en différents groupes, on distingue en particulier le « Lau group » : le plus à l'est de l'archipel et le plus sauvage ; mais aussi le « Yasawa group » et le « Mamanuca group » sur la côte occidentale de Viti Levu où se concentre la majorité de l'activité nautique et touristique.

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Les premiers habitants des îles Fidji, des navigateurs Austronésiens (1 500 av. J.-C.), sont arrivés du sud-est asiatique longtemps avant que les îles fussent découvertes par l'explorateur Abel Janszoon Tasman au XVIIe siècle. Ce n'est qu'au XIXe siècle avec James Cook et Dumont d'Urville que les Européens colonisèrent ces îles pour les occuper de manière permanente. En 1874, les îles furent sous contrôle britannique. L'indépendance fut accordée en 1970. Le régime démocratique fut interrompu par deux coups d'État militaires en 1987 et 2006, car le gouvernement était perçu comme dominé par la communauté indienne.

La population est forte d'environ 900 000 habitants et près de 350 000 personnes vivent dans la capitale Suva. Elle est composé de 48% d 'indiens, l'autre moitié est de souche autochtone mélanésienne.

Initialement peuplées par des mélanésiens de souche, les émigrés indiens sont venus dans les îles au XIXe siècle, à la demande des autorités britanniques, pour cultiver la canne à sucre qui venait d'y être introduite. Les individus d'origine indienne furent longtemps victimes de discriminations, soutenues ou tolérées par certains gouvernements ayant limité leurs droits civiques (propriété foncière accordée aux seuls Fidjiens de souche). Ces tensions inter communautaire persistent encore aujourd'hui. À ce jour, les Fidji demeurent suspendues du Commonwealth, et les membres du gouvernement et de l'armée ont été frappés de sanctions par certains pays, notamment la Nouvelle-Zélande. Les pays voisins maintiennent une pression continue pour exiger un retour rapide à la démocratie.

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Les Fidji, dotées de forêts, de minerais et ressources en poissons, possèdent l'une des économies les plus développées des îles du Pacifique, malgré un secteur d'économie de subsistance toujours important. Les exportations de sucre et une industrie du tourisme en croissance sont les principales sources de devises étrangères. Le traitement du sucre compose un tiers de l'activité industrielle. L'instabilité politique aux Fidji a freine l'économie quand elle ne déclenche pas une récession. Le principal partenaire économique est aujourd'hui l'Australie et la Nouvelle Zélande dans une moindre mesure.

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Le samedi nous allons à Suva en taxi et découvrons une ville très dynamique, commerciale, active avec une circulation assez anarchique. Le marché municipal aux fruits, légumes, poissons et crustacés est vaste, les produits sont variés et abondants. Nous trouvons des supermarchés et découvrons de vastes centres commerciaux avec de nombreuses boutiques où toutes les grandes marques et enseignes de luxe sont présentes. Nous retrouvons avec un certain plaisir les « bienfaits supposés » de la société de consommation après la cure d'austérité subie aux Tonga ! De plus la vie est globalement très bon marché, surtout si on compare avec la Polynésie française ou la Nouvelle Calédonie.

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La semaine s'écoule rapidement entre courses, approvisionnements divers, recomplétement de gaz, et de carburant, achats de bricolos chez les shipchandlers de la place. Par ailleurs nous contactons avec succès, les chantiers et marinas capables de sortir et gardienner Ramatoa pendant la saison cyclonique. Nous décidons de nous rendre sur place pour voir les chantiers et les conditions de stockage des voiliers sur terre-plein. Les marinas et chantiers sont sur la côte occidentale de Viti Levu à 130 milles nautiques de Suva. Avec « Riga 2 » nous décidons de partir le samedi 18 juin, « Ti Soaz » immobilisé par la remise en état de son moteur diesel. La journée du vendredi est consacrée aux formalités de départ car il nous faut effectuer une clearance nationale à Suva et effectuer une entrée nationale à Lautoka, la deuxième ville et port du pays.

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Le transit de Suva à Lautoka s'effectue tranquillement, majoritairement au moteur car le vent nous fait défaut, la mer est lisse comme une flaque d'huile. Nous coupons cette route par d'agréables escales sur les îles proches de Viti Levu comme à Yanuca dans le lagon de Beqa puis sur la côte à Cuvu Harbour et à Robinson Crusoe island.

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Dans les deux dernières escales, nous mouillons devant des complexes hôteliers plus ou moins luxueux. A Robinson Crusoe, établissement modeste mais fort dynamique et sympathique nous assistons à un très beau spectacle de danses (danses traditionnelles, du feu et des sabres) et de démonstrations diverses (escalade de cocotiers, marche sur les braises), le tout autour d'un succulent buffet où viandes, poissons et légumes sont cuits dans un four enterré à la mode polynésienne.

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Le mercredi 22 juin, nous rentrons par le Navula Passage dans l'immense lagon qui protège la côte ouest de Viti Levu. Il est fermé par un chapelet de récifs, d'iles coralliennes basses et d'îles hautes volcaniques ; elles constituent un vaste et fabuleux bassin de croisière. Nous nous mettons à quai à la marina de Port Denaurau où nous trouvons le confort d'une marina moderne située au cœur d'un vaste complexe regroupant des hôtels de grand luxe, un golf 18 trous et des résidences prestigieuses. Le tout est complété par une vaste galerie commerçante et de nombreux bars et restaurants. Port Denaurau accueille des super yachts mais aussi tout le trafic touristique inter-îles avec le « Mamanuca group » et le « Yasawa group ». L'aéroport international de Nadi est à moins de 15 kilomètres.

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Dès le jeudi 23 juin, nous effectuons les formalités d'entrée aux Douanes de Lautoka, voyage aller d' une quarantaine de kilomètres en bus local (brinquebalant et fort bruyant) avec Gaby et Ricardo. Le voyage retour s'effectue en taxi, et nous nous arrêtons au passage à Vuda point marina où nous prenons la décision de mettre Ramatoa au sec après avoir visité le chantier et vu les conditions de stockage (quillards enterrés, catamarans et dériveurs posés au sol, de plus l'espace entre chaque bateau est de l'ordre de 5 à 6 mètres). Le rendez-vous est pris pour la sortie de l'eau. Par ailleurs nous trouvons rapidement nos billets d'avion retour avec une nuit de récupération à l'hôtel à Séoul.

Il nous reste une dizaine de jours pour désarmer le voilier à la marina de Port Denaurau. Travaux habituels de nettoyage, de rangement, de démontage, de maintenance et de protection. Nous trouvons une voilerie pour prendre en charge la révision et les réparations à effectuer sur les voiles et le lazy bag. Avec « Riga 2 » nous louons une voiture pendant trois jours et explorons la côte au nord de Lautoka. Visites du jardin des orchidées et d'un parc animalier riche d'un grand nombre d'oiseaux.

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Finalement tout ira vite et nous serons dans les temps. Seule la météo est un peu capricieuse avec un passage pluvieux et frais pendant deux à trois jours. Le 4 juillet Ramatoa est sorti de l'eau et installé à terre. Nous trouvons quelqu'un pour venir ouvrir et ventiler régulièrement le bateau et nettoyer le pont des feuilles tombées et des déjections d'oiseau. C'est la mort dans l'âme que le 8 juillet nous décollons de Nadi airport et rejoignons la métropole pour quelques mois. Notre séjour est écourté de deux mois et notre parcours un peu réduit. Notre date de retour n'est pas encore arrêtée, mais nous voudrions être de retour pour le tout début du mois de mars 2012.

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N'oubliez pas d'aller voir les 31 photos du nouvel album consacré aux Fidji.


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Benoît & Dominique à Nesles la vallée le 12 juillet 2011.

Mis en ligne le 13 juillet 2011 à Cergy Pontoise.

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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 23:28

 

Nous avons quitté Niuatoputapu le mardi 17 Mai dès que les premières lueurs du jour nous ont permis de distinguer l'alignement de sortie. La fenêtre météo est favorable avec un vent modéré d'est pour faire route au sud et franchir les 176 milles nautiques qui nous séparent de Neiafu au Vava'u group.

POL08-02Traversée rapide avec un vent soutenu de 17-21 nœuds tout au long de la route, le temps est beau, la mer agitée mais pas de forte houle. Ramatoa avale les milles à six nœuds de moyenne et caracole sur la mer cabossée. Trente heures plus tard nous pénétrons dans le fiord de Neiafu, un véritable trou à cyclones. Le plan d'eau est lisse comme un miroir, les collines protègent du vent. Une fois amarré sur un coffre devant le bourg de Neiafu on est entouré par un cercle de verdure et il est difficile de voir par quelle passage nous sommes rentrés. Nous arrivons quelques heures seulement après nos amis d e « Ti Soaz » à qui nous avions donné rendez-vous aux Tonga à notre départ de Raiatea... la synchro est vraiment parfaite !

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Situé au cœur du Pacifique sud, le Royaume des Tonga est composé de plus de 170 îles dont une quarantaine est habitée. Du sud au nord ces îles sont regroupées en quatre entités : Le « Tongatapu group » qui abrite la capitale Nuku'alofa, le « Ha'apai group » 160 km plus au nord, le « Vava'u group » 100 km encore plus au nord, puis perdu à 300 km dans le nord des Vava'u le « Niuas group » qui comprend Niuatoputapu. 110 000 personnes habitent ce vaste archipel.

La majorité des ces îles sont des blocs coralliens soulevés par les mouvements tectoniques, mais il y également des îles volcaniques et les Tonga possèdent encore quatre volcans en activité et une zone de forte activité volcanique sous-marine.

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Le Vava'u group est connu des navigateurs à la voile car il constitue un superbe bassin de croisière et se trouve sur la route directe conduisant de Polynésie française vers les Fidji. Composé d'une île principale Vava'u et d'une bonne trentaine de petits ilots, ces îles sont plates et élevées de 50 à 300 m et recouvertes d'une végétation luxuriante. La base de ces « porte-avions posés sur l'eau » est rongée par l'érosion marine et il y a de nombreuses grottes et caves sous-marines. La ville principale du groupe est Neiafu, une grosse bourgade. Des liaisons aériennes intérieures la relie quotidiennement aux autres groupes et à la capitale économique Nuku'alofa, un ferry assure également une rotation hebdomadaire entres les groupes.

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Les premiers habitants arrivèrent probablement des Samoa il y a 2000 ans et créèrent au XIII° siècle un vaste empire qui s'étendait de Niue à l'est jusqu'aux Fidji à l'ouest. L'archipel est découvert au début du XVII° par les Hollandais Schouten et Lemaire. Cook y fit ensuite escale et les nomma les « Îles des amis ».

Dans les années 1820, les missionnaires prirent possession du territoire et mirent fin aux guerres tribales. La dynastie actuelle est créé en 1845, le roi actuel est le cinquième du nom : Taufa'a-hau Tupou V. La demande d'évolution démocratique existe mais elle reste timide. A la fin du XIX° siècle, pour éviter d'être colonisé par les Allemands, les Tonga se placèrent sous la protection du Commonwealth et devinrent pleinement indépendant en 1958. Contrairement aux autres petits états de la région, les Tonga n'entretiennent pas de relations privilégiées (économie, immigration...) avec une ancienne puissance colonisatrice.

L'économie est basée sur l'agriculture (coprah et bananes) et un peu d'artisanat. Le tourisme se développe et devient une réelle source de revenus mais le Royaume des Tonga dépend considérablement de l'aide économique massive octroyée par la Nouvelle Zélande, et l'Europe.

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Le tour de Neiafu et de ses ressources est vite fait. Deux ou trois petits supermarché tenus par des chinois, un marché aux fruits et légumes, deux ou trois banques et pas mal de petits bistrots sur le front de mer. L'ambiance est très agréable, la population est d'une gentillesse remarquable. Les coutumes vestimentaires sont vivaces, ici aussi le repos dominical est respecté. Les hommes portent des jupes longues sombres, les femmes recouvrent leurs jupes longues par des tabliers de raphia plus ou moins richement travaillés et décorés. La religion est partout, les offices et les chants polyphoniques superbes sont quasi permanents tant le nombre d'églises, de chapelles et de cultes sont nombreux. Internet et WiFi ne sont pas d'une rapidité et d'une fiabilité extrême mais nous pouvons tout de même, sans trop de difficultés, mettre en ligne nos articles du blog.

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Arrivé un mercredi après-midi, nous bouclons rapidement les formalités d'entrée car l'entrée officielle a déjà été déjà faite aux Niuas à Niuatoputapu, mais un changement de groupe d'îles entraîne cependant un passage obligé aux Douanes. Jeudi, courses et vivres frais (plus que limités...) et vendredi nous quittons notre abri pour aller explorer les mouillages idylliques que notre guide de croisière nous décrit. Les distances à parcourir, généralement au moteur, sont faibles : 15 à 20 milles au grand maximum, les mouillages sont très nombreux, on en dénombre une bonne quarantaine dans le seul groupe des îles Vava'u.

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Notre premier mouillage, à tout juste 7 milles de distance, est Port Maurelle une petite baie bordée d'une plage sur l'île voisine de Kapa. Nous y arrivons sous un bon grain de pluie. Nous sommes les deux seuls bateaux avec nos amis de « Ti Soaz ». Le lendemain le mouillage se remplit et toutes les bouées sont prises. Nous partons visiter avec nos annexes une grotte à la pointe de l'île de Kapa. Elle est suffisamment vaste pour que nous y rentrions avec les deux pneumatiques, le temps est peu ensoleillé et la grotte reste un peu sombre, mais c'est assez extraordinaire à voir et à explorer. La découverte accidentelle de l'île de Vava'u revient à l'espagnol Francisco Maurelle qui en Mai 1781 fit escale dans l'actuelle baie qui porte son nom pour y faire le plein d'eau et de vivres frais et soigner un équipage et un galion bien mal-en-point.

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Second mouillage au nord de l'îlot Tapana, le vent fort et la mauvaise visibilité liée au temps gris nous empêchent de slalomer dans les hauts fonds coralliens pour rejoindre plus à l'est un mouillage prometteur. À l'abri derrière deux petits îlots nous laissons passer le temps perturbé pendant près de 48 heures. Sur Tapana sont installés depuis 22 ans Maria et Eduardo qui à l'issue d'un voyage en voilier ont posé sac à terre ici aux Tonga. Ils ont ouvert un tout petit restaurant où nous avons dégusté des tapas délicieux et une superbe paëlla. Maria, espagnole de Valence, aime cuisiner des plats de son pays natal et parle un français très correct qu'elle a appris lors de son passage en Polynésie française. Eduardo, brésilien d'origine et hippie soixante-huitard de nature, chante après le repas des airs et mélodies de son pays en s'accompagnant de sa guitare. Ambiance Live Music  fort sympathique.

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Troisième mouillage à Vaka'eitu dans le sud de l'île de Nuapau. Superbement abrité, il est bordé par une belle et longue plage de sable doré où la végétation exubérante vient à toucher l'eau à marée haute. La nuit pas une seule lumière à l'horizon, nous sommes seuls au monde. Les eaux sont claires mais les fonds coralliens sont plutôt moins beaux qu'en Polynésie française et surtout bien moins poissonneux. Nous croisons de petits bateaux pour la récolte du coprah sur les îlots mais peu de barques de pêche.

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Le quatrième mouillage sera juste une halte pour le repas tant le temps est gris, le vent fort et les bourrasques de pluie fréquentes. C'est dommage car le mouillage de Blue lagoon au sud de l'île de Hunga est absolument superbe. Nous y reviendrons dès que le temps reviendra au beau fixe.

L'entrée du cinquième mouillage à Hunga est tout à fait remarquable, il s'agit d'un vaste lac de la forme d'un cratère ouvert sur l'océan par une faille dans la falaise d'une trentaine de mètres. L'approche et le passage sont spectaculaires, les fonds sont limités à 3 mètres le corail et la roche pas bien loin dans l'étroit chenal. Une fois à l'intérieur de ce vaste lac la protection est exceptionnelle et le calme garanti. Devant le village perché sur la crête, un nouveau quai a été construit et la route y conduisant ressemble à un toboggan géant en béton armé... c'est pas une réussite architecturale !

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Nos amis suisse de « Riga II » nous rejoignent. Nous sommes tous invités à un service religieux de l'Eglise libre des Tonga, une église qui a fait sécession d'une autre église protestante . Très beaux chants et un prédicateur virulent dont le prêche est d'une violence rare ! Nous sommes un peu surpris. Avant l'office les hommes sont invités à partager le « Kava » sur la natte dans la case du chef de l'église, il s'agit d'une décoction aqueuse et fadasse d'une racine de poivrier qui a des vertus euphorisantes. A l'issue de la cérémonie, nous sommes tous invités à partager un repas tongien.... en réalité les plats sont présentés sur une nappe sur la natte, les invités mangent en premier, notre hôte discute avec nous et nous regarde manger. Le repas se termine par la remise des cadeaux que nous lui avions préparés en remerciement du repas et des fruits offerts aux trois bateaux : riz, huile, café, une cafetière et des couverts. C'était un échange intéressant et une expérience exceptionnelle.

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Notre séjour aux Tonga se termine, nous retournons à Neiafu où nous faisons provision de vivres frais, complétons nos pleins et effectuons les formalités de départ. La prochaine escale sera aux Fidji, mais cela fera l'objet du prochain article et d'ici là il y a 450 milles nautiques à parcourir.

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Ne manquez pas de jeter un œil aux 28 photos du nouvel album consacré au Vava'u Group.

 

Benoît & Dominique sur Ramatoa à Neiafu le 31 Mai 2011.

Mis en ligne le 1° juin 2011 à Neiafu.

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 23:37

 

Après notre semaine de vie de Robinson à Suwarow nous souhaitions rejoindre les Tonga en plongeant au sud-ouest en passant par Niue, un des plus petits états indépendants du monde et le plus gros bloc de corail du monde soulevé par les mouvements tectoniques, une curiosité avec de nombreuses grottes et caves sous-marines ou terrestres creusées par l'érosion. Mais la météo en a décidé autrement en nous proposant au menu : vent faible pour la 1° partie et vent contraire pour la fin du parcours. De plus l'absence de mouillage abrité par vents d'ouest rend incertain le séjour à Niue.... c'est dommage ! La solution de rechange c'est de rejoindre Apia aux Samoa occidentales à ne pas confondre avec les Samoa américaines qui dépendent des USA.

 

La distance à parcourir est la même, mais la météo nous annonce des vents faibles, voire très faibles mais pas de vents contraires. La traversée de 520 milles nautiques restera dans les annales comme un record de lenteur. Nous quittons Suwarow le samedi matin par grand beau temps et vent faible d'est. Les deux premières journées se passent entièrement à la voile avec des vents portants faibles de 7 à 9 nœuds, ce qui est bien peu pour animer Ramatoa. La houle est faible et le temps se maintient au beau fixe. Les moyennes sont de 100 et 104 milles nautiques pour les deux premières journées de la traversée. La suite est encore moins brillante car le vent tombe régulièrement en dessous de 5 nœuds, la brise Volvo-Penta rentre en action pour les dernières 36 heures de la traversée.

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A plusieurs reprises nous avons porté difficilement le spi asymétrique et avons du réparer la poulie de tête de la chaussette du spi puis une déchirure.... bref du bricolage et des travaux de voilerie pour occuper le skipper et la skippette. Pour le reste c'est programme lecture, scrabble et une petite vie sur l'eau bien tranquille rythmée par les quarts, la fabrication du pain et des yaourts.

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Le mercredi en début d'après-midi nous arrivons au port d'Apia et y découvrons une mini marina avec tout le confort souhaité, c'est le retour à la civilisation. Nos amis de « TagoMago », croisé à Suwarow, nous y précède de près de 36 heures. Le lendemain matin, c'est le concurrent Néo Calédonien Yves Eccarlat de la dernière Route du Rhum qui range son Pogo 40 « Vale Nouvelle Caledonie » au ponton voisin.

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Il nous faudra attendre le lendemain matin pour que le défilé des officiels (santé, douanes, immigration et autorités portuaires) commence. Tous très aimables mais pas pressés du tout. Les officiels masculins revêtent la jupe du costume traditionnel. L'apothéose sera l'inspection du bateau par le chien renifleur d'une brigade canine des douanes : résultat des tonnes de poils noirs sur tous les coussins et les draps, c'est une chance qu'il n'ait pas fait ses besoins dans la cabine ! Trois lessives avec la machine à laver du bord et Ramatoa retrouve son aspect propre. Enfin le jeudi après-midi nous pouvons sortir de l'enceinte de la marina et découvrir Apia la capitale des Samoa.

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Les Samoa, anciennement connues sous le nom de Samoa occidentales, sont composées de deux îles principales : Upolu et Savai'i, et de huit îlots. Savai'i est la plus grande, mais Upolu est la plus développée économiquement, abrite le gouvernement, les administrations, le port de commerce d'Apia et de nombreux négoces. Ces îles hautes sont couvertes d'une épaisse végétation et de forêt tropicale. Peuplées de près de 180 000 personnes, Apia la capitale en abrite près de 38 000. Le peuplement de cet archipel est très ancien, évalué à 1000 ans avant JC en provenance d'Asie du sud-est et ensuite les Samoans colonisèrent l'archipel des Tonga. Cette région hautement sismique est régulièrement frappée par des tremblements de terre et des tsunamis. Le dernier en date de septembre 2009, laisse une cicatrice bien visible et a fait de nombreux morts. De plus de décembre à avril, les cyclones balayent régulièrement cette zone du pacifique sud. Les Samoa entretiennent d'étroites relations économiques avec la Nouvelle Zélande et l'Australie, les deux grandes puissances régionales qui subviennent aux besoins des petits états de la région. Avec des attraits touristiques assez limités, les Samoa développent le tourisme avec comme points forts : une vie paisible, et une population très accueillante. En arrivant de Polynésie française, le coût de la vie est bon marché, les Samoa paraissent pauvres mais elles sont pourtant bien riches en comparaison des Tonga.

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L'aventurier écossais Robert Louis Stevenson, auteur de « L'île au trésor » appréciait la douceur de vivre du Samoan way of life. Il s'était installé avec sa famille sur l'île d'Upolu au début des années 1890. Il reste de son passage un musée dans la superbe demeure coloniale qu'il occupait au milieu d'une plantation à Vailima.

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Notre séjour dans la marina d'Apia, où les places vides sont majoritaires, a été animé par un tournoi international de pêche au gros, nous avons admiré de belles prises. Nous avons pu compléter notre réserve de gasoil largement entamée. 300 litres de carburant à bidonner.... cela occupe le skipper et le fait transpirer, car l'atmosphère est lourde et humide et l'absence de vent totale. Mais la gentillesse des Samoans est remarquable. Un chauffeur de taxi m'a conduit, une matinée entière dans les quincailleries et boutiques d'Apia, pour y trouver en vain une nouvelle défense boule pour Ramatoa, de nous deux il était le plus déçu de n'avoir pu me donner satisfaction. Coté restaurants, la nourriture est riche, de nombreux plats viande ou poisson sont pannés. Nous avons tout de même mangé d'excellentes langoustes au restaurant du yacht club, servies sur une terrasse face à la mer par un personnel exquis !

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La fête des mères aux Samoa tombe le dimanche 9 mai, donc en toute logique le lundi est férié et le vendredi on débraye en avance... le week-end a été long, pluvieux et la ville totalement déserte. Mardi 11 mai nous effectuons assez rapidement les formalités de départ, un dernier tour au supermarché et au marché local. Le soir à la tombée de la nuit nous quittons Apia pour rejoindre Niuatoputapu au sud-ouest à 186 milles nautiques.

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La météo nous annonce des vents de travers modérés puis faibles sur la fin de parcours. En réalité le contournement de l'île d'Upolu et la passage du détroit s'est fait au moteur dans des brises évanescentes, une atmosphère électrique et nuageuse et un trafic maritime auquel nous n'étions plus habitués depuis longtemps (tanker, voilier et flottilles de pêcheurs non éclairés naturellement). A la sortie du détroit le vent de sud-est est au rendez vous, la houle de 2,5 m aussi. A la fin de la 2° nuit le vent nous abandonne et nous terminons les 12 derniers milles au moteur. Traversée à la voile assez rapide mais pas très confortable. D'autant plus rapide qu'en cours de route nous avons perdu le jeudi 12 Mai.... en effet les Tonga sont situés à l'est du méridien 180° [173° 45 E], mais la ligne internationale de changement de date fait un crochet pour inclure les Tonga à l'ouest. Nous sommes restés à la même heure locale mais la date avance d'un jour en passant d'UTC-11 à UTC+13. Notre décalage horaire n'est plus de -13 heures avec la France mais de +11 heures. Désormais nous allons remonter lentement le temps pour vous rejoindre !

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La passe d'accès, au petit lagon qui ne couvre que le flanc nord de Niuatupatopu, est très étroite mais elle couverte par un excellent alignement à terre... heureusement car les autres balises latérales sont toutes plus ou moins détruites ou pliées, mais une d'entre-elles à moitié immergée continue à s'allumer la nuit tombée ! Arrivée à 8h30 devant le petit quai du village, nous mouillons dans 10 m d'une eau verte et bien moins claire qu'à Suwarow ou en Polynésie française. Par contre des tortues sont présentes et nous ne voyons pas de requins tourner autour de Ramatoa. Annexe mise à l'eau et première baignade avant d'accueillir les officiels. Contrairement à Apia, tout se passe très vite et dans la bonne humeur. Deux pickups Toyota arrivent sur le wharf, j'embarque les trois officiels sur l'annexe pour rejoindre le bateau. Les nombreux papiers de la quarantaine, de la santé, de l'immigration et des douanes se remplissent tranquillement autour de la table du cockpit avec un verre de jus d'orange à la main. L'accueil est chaleureux, nous sommes invités dès l'après-midi à assister à une rencontre de rugby entre les écoles du groupe d'îles, c'est à dire Niuatoputapu et Tafahi : un petit cône volcanique parfaitement régulier à 4 milles de distance.

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Le dépaysement est grand, à notre arrivée à marée basse devant le village à une encâblure du bateau, des femmes décatissent du raphia dans l'eau de mer, des chevaux, des porcs sont en liberté entre les maisons du village et au bord de l'eau. L'île a été dévastée par le tsunami de 2009 et a payé un lourd tribu humain. Le rivage est abimé avec beaucoup de bois morts et inondés, l'habitat traditionnel sinistré a laissé la place à des bungalows préfabriqués de la Croix Rouge posés sur des parpaings. Quelques bâtiments publics seulement et toutes les églises ont été reconstruits dans les trois villages de Niuatoputapu qui abrite 800 âmes environ. Ici pas de 4x4 rutilants comme à Raiatea, mais de vieilles guimbardes et un parc automobile très réduit, le cheval est très présent pour le transport des hommes et des charges. Le cochon noir est partout dans les villages, la culture vivrière est le taro. Une liaison aérienne hebdomadaire avec le Vavau group et un caboteur touche le wharf de Niuatoputapu tous les un ou deux mois. Pas de réseau électrique ni d'Internet mais le téléphone portable fonctionne. Contrairement à ce que nous avions vu partout en Polynésie française, il n'y a pas de réseau d'alerte Tsunami avec des sirènes automatiques.

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Ici comme aux Samoa, les religions – pas moins d'une douzaine- sont omniprésentes, si dans le village il y a des édifices en bon état, ce sont bien les églises et les chapelles des différents cultes qui se côtoient harmonieusement. A leur invitation nous sommes allés à la messe et avons beaucoup apprécié les chants superbes de la chorale forte d'une vingtaine de personnes. Contrairement à la Polynésie, pas de belles tenues et de belles coiffures blanches mais tout un chacun revêt les beaux habits du dimanche avec la ceinture traditionnelle pour les femmes et la jupe pour les hommes. L'assistance est à majorité féminine et les enfants sont nombreux : les petites filles habillées en rose Barbie. Le jour du Seigneur, il est interdit de travailler ou d'avoir des activités, même sur le voilier au mouillage. Quelle chance... je sors mon hamac au plus vite.

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Nous vous parlerons plus longuement du royaume des Tonga dans notre prochain article qui traitera de notre séjour au Vavau group distant de 170 milles plus au sud.

 

Ne manquez pas de jeter un œil aux photos des nouveaux albums consacrés aux "Samoa" et à "Niuatoputapu".

 

Benoît & Dominique sur Ramatoa à Niuatoputapu le 15 Mai 2011.

Mis en ligne le 19 mai 2011 à Neiafu.

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7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 05:30

 

La traversée de Bora Bora à l'atoll de Suwarow, longue de 692 milles nautiques s'est déroulée sans encombre majeur mais ne restera pas dans les annales des traversées les plus confortables. Parti le lundi 18 avril nous bénéficions d'un vent de nord-est de 17-21 nœuds tout à fait favorable, la houle de sud-ouest reste forte de l'ordre de trois mètres et s'oppose à la mer du vent ce qui lève une mer croisée très inconfortable, Ramatoa transformé en shaker trace cependant un joli sillage de 131 milles. Le temps beau est agrémenté de grains. 

Notre route, ouest nord-ouest, nous fait passer à une douzaine de milles au nord de l'île haute de Maupiti et de son lagon puis le lendemain nous passons à faible distance du Motu One  le dernier confetti le plus occidental de la Polynésie française. Pour ce dernier pas de regret il n'y a pas de passe d'accès au lagon, par contre nous regrettons de n'avoir pu rejoindre Maupiti dont la barre devant la passe unique orientée au sud est absolument impraticable avec des houles supérieures à deux mètres.

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Le troisième jour, nous rencontrons une petite zone perturbée avec un temps couvert et des lignes de grains à 25-30 nœuds, le vent toujours de nord-est nous abandonne souvent après le passage de ces grains. Pendant la nuit, un pétrel vient faire escale dans les barres de flèches puis sur les panneaux solaires de Ramatoa en y laissant moult traces !

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La fin de parcours est moins brillante car conformément aux prévisions de « Mister Grib », le vent tombe à 7-8 nœuds ce qui est un peu faiblard pour les 12 tonnes de Ramatoa au portant. Essai d'envoi su spi asymétrique mais la poulie de tête du va et vient de la chaussette du spi éclate. Bricolage et remplacement de la poulie. Le lendemain le spi flotte pour quelques heures avant qu'un grain bref mais violent nous contraigne à le rentrer. Pour ne pas arriver de nuit à Suwarow et passer une nuit supplémentaire à attendre le lever du jour devant la passe, nous finissons la route au moteur dans une pétole généralisée. Les oiseaux : fous brun, pétrels et frégates, de plus en plus nombreux annoncent l'approche de ce bout de terre au milieu de nulle part.

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Naturellement, vers 15 heures devant la passe, le temps est gris et les rideaux de pluie défilent sur l'atoll. La passe large de 0,2 mille, sans être très difficile est cependant délicate car en zig-zag et au débouché dans le lagon trois récifs affleurants délimitent deux passages étroits. Pas de balisage, mais un alignement au 175° d'un motu à cinq milles par un des récifs affleurants.... c'est à dire absolument impraticable car soit la passe est agitée et c'est blanc partout, soit elle est calme et le déferlement sur le récif est trop faible. De plus par temps gris les nuances de bleu sont inexistantes. Il faut faire confiance à la carto, qui est heureusement parfaitement exacte ici, puis à l'approche le récif à contourner se distingue assez bien même par temps gris. Le courant sortant de l'ordre de trois nœuds crée quelques marmites mais cela reste aisément négociable. A 16 heures nous mouillons un peu à l'aveuglette par 18 mètres de fond derrière Anchorage Island et apprécions le calme du lagon même si le soleil reste souvent voilé. Le coucher de l'astre solaire sera superbe dans un ciel tourmenté, ici le décalage horaire est déjà de 25 minutes par rapport à Bora Bora. Nous fêtons Pâques à Suwarow... c'est pas commun !

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Suwarow est un atoll inhabité classé réserve naturelle. Il appartient aux îles Cook, ex état du Commonwealth devenu indépendant en 1965, ayant choisi la libre association avec la Nouvelle Zélande son puissant voisin régional du Pacifique sud. Les îles Cook se divisent en deux groupes géographiques sud et nord. Le drapeau comporte 15 étoiles blanches en cercle sur fond bleu symbolisant les 15 îles, plus ou moins grandes, éparpillées sur l'océan en latitude du 8°S au 23°S et en longitude du 156°W au 167°W. La capitale est Avatiu sur Rarotonga. Le groupe nord est composé d'îles basses et d'atolls contrairement aux îles volcaniques hautes et montagneuses du groupe sud. Nombre d'entre-elles ont été découvertes par le capitaine Cook... mais ce n'est pas le cas de notre atoll de Suwarow visité pour la première fois en 1814 par Lazarev, un explorateur Russe, qui donna à sa découverte le nom de son navire : le « Suvarov », puis changé en Suwarow plus conforme aux intonations de la langue Maori des îles Cook.

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Pendant la traversée, nous avions lu toute la documentation du bord sur notre destination. Nous savions que les rangers, gardiens du parc naturel, n'étaient présents que pendant la saison de migration des voileux. Partis tôt en saison, nous espérions ne pas les voir à notre arrivée et trouver un mouillage vide de voilier et un atoll libre de toute occupation humaine. Bref nous nourrissions un peu un rêve de Robinson Crusoé : débarquer sur une île déserte. En réalité à notre arrivée nous découvrons un peu déçus, à quelques encâblures du mouillage que deux voiliers sont déjà à l'ancre. Par contre à notre débarquement nous apprendrons que les rangers ne s'installent sur l'atoll que du 1° juin au 1° novembre.

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Le premier voilier « Vita » est Autrichien et déjà croisé par le passé, il quitte le mouillage dès le dimanche de Pâques. Le second « Agent secret man », quel drôle de nom, vient de Seattle skippé par un solitaire : Eric, avec qui nous faisons rapidement connaissance. Trois jours après notre arrivée, nous sommes rejoint au petit jour par « TagoMago » un voilier français de Toulon, mais dont le breton du bord a vite repéré le pavillon noir et blanc  aux hermines dans nos barres de flèches.

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La notoriété de Suwarow vient d'un aventurier natif de Nouvelle Zélande qui choisit cet atoll comme lieu d'ermitage. Tom Neal vécut ici en ermite de 1952 à 1978 où il décède d'un cancer. Pendant ces longues années il vit en symbiose avec les oiseaux, la cocoteraie et surtout l'océan dont il tire sa nourriture mais subit également les assauts et les cyclones. Inlassablement il construit et reconstruit avec obstination son habitat sommaire et la petite jetée sur le lagon. Il écrivit un livre relatant sa vie d'ermite « An island to Oneself ». Les équipages, des voiliers qui firent escale pendant cette période, ont tous été séduits par cet homme hors du commun les accueillant avec plaisir. Parmi eux, Bernard Moitessier se rendit à plusieurs reprises à Suwarow, il relate ses rencontres avec Tom Neal dans son dernier ouvrage « Tamata ou l'alliance ».

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Sur Anchorage island, les installations des rangers sont minimales et rustiques, elles côtoient la stèle à la mémoire de Tom Neal. Le bâtiment principal est construit sur pilotis de façon à procurer un abri au 1° étage, en cas d'inondation, de cyclone ou de tsunami. Le rez de chaussée de cette construction récente abrite le « Suwarow Yacht Club » décoré des drapeaux laissés par les voiliers de passage, c'est une vision étonnante si loin de tout, au beau milieu du Pacifique.

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Nous multiplions les promenades pédestres à terre, en annexe sur le lagon et sur les motu voisins pour observer les nombreux oiseaux de la réserve. Nous nous baignons dans une eau particulièrement chaude à 29°, sur la petite plage proche de la jetée en ruine car autour du voilier une bonne douzaine de requins pointes noires sont en maraude permanente, depuis que notre ancre a touché le fond du lagon. Nous ne sommes pas téméraires même si ces requins là (dixit la littérature) ne sont pas agressifs, très curieux et encore plus froussards que nous... mais la profusion impressionne.

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Ne manquez pas de jeter un œil aux photos du nouvel album consacré à Suwarow.

 

Benoît & Dominique sur Ramatoa à Suwarow le 28 avril 2011. Mis en ligne le 06 mai 2011 à Apia aux Samoa oocidentales.

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